Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-08-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 août 1859 15 août 1859
Description : 1859/08/15 (A4,N76). 1859/08/15 (A4,N76).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295118
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
046 L'ISTHME DE SUEZ,
que le pacha désire introduire dans les usages qui rè-
glent les droits de succession dans son pays. ,
Or, tandis que la diplomatie anglaise jouait ce jeu en
Egypte, que faisait l'ambassade britannique à Constan-
tinople? Elle s'autorisait de la confidence faite à M. Green
pour représenter le vice-roi d'Egypte comme un ambi-
tieux et un rebelle, qui, en projetant le percement de
l'isthme de Suez, entretenait la pensée de se rendre in-
dépendant et de porter atteinte à l'intégrité de l'empire
ottoman. Elle se servait de cet argument, entre autres,
pour déterminer les ministres de S. H. à soulever des ob-
jections contre l'ouverture immédiate du canal de Suez.
Mais il n'était pas possible que le secret de cette dou-
ble intrigue ne fut pas bientôt révélé. Il fallait payer
au sultan sa complaisance. Donc M. Bulwer adressa une
dépêche au consul anglais d'Alexandrie, avec invitation
de la lire au vice roi. La première partie de cette dépê-
che avait trait au canal. L'ambassadeur y exprimait la
pensée que le commencement des travaux du canal avait
indisposé la Porte.
C'était pure calomnie, car la Porte n'avait cédé qu'à
l'obsession de l'Angleterre, et c'était, en outre, une in-
gérence illégitime dans les rapports qui doivent exister
directement entre le gouvernement du sultan et celui
du vice-roi.
La seconde partie de la dépèche, faisant allusion au
désir exprimé par le pacha touchant la succession au
gouvernement de l'Egypte, affectait de considérer ce
désir comme un moyen de se rendre indépendant de la
Porte. M. Bulwer ajoutait que la nature des relations du
pacha avec le divan devenait fort inquiétante, et il pro-
posait la médiation des agents anglais pour rétablir les bons
rapports entre le sultan et son vassal.
On voit qu'il était difficile de pousser plus loin l'abus
de confiance, et de se jouer plus audacieusement des
- meilleurs sentiments d'un souverain.
Le vice-roi se contint, mais il ne voulut point H.
tendre la fin de la dépêche. L'agent auglais, pour
exécuter ses instructions, dut aller en achever la lec-
ture auprès du secrétaire des commandements de S. A.
Tel est l'exposé incontestable des dernières dé-
marches de la politique anglaise pour arrêter le cours
d'une entreprise contre laquelle elle se butte on ne
sait pourquoi. On dit que le gouvernement anglais est
disposé à nier devant le parlement qu'il ait exercé
aucune pression sur le divan. Il est impossible que
des hommes d'Etat, pour peu qu'ils se respectent, osent
avancer d'une manière aussi audacieuse le contraire de
la vérité. L'affirmation serait inutile d'ailleurs, car les
preuves existent.
, On aurait compris, à la rigueur, que le gouverne-
ment britannique abusât du sentiment si louable qu'a-
vait exprimé le vice-roi, pour chercher à le r.ndre
suspect à la Porte, au détriment de l'entreprise du
canal de Suez; mais que dire de cette politique de
Janus, qui flatte au Caire les sentiments fort naturels
du vice-roi, et qui se sert de ces mêmes sentiments
pour le desservir à Constantinople? Que dire de cet
acharnement sans exemple contre une œuvre où le
monde entier est intéressé ? Que dire enfin d'une op-
position qui rougit d elle-même, qui cherche de faux-
fuyants et de mauvais prétextes, qui en est réduite à
nier ses actes les plus évidents, et qu'on peut mettre au
défi de dire son secret, parce qu'elle susciterait contre
elle, avec l'indignation du monde civilisé, la juste ré-
probation de la conscience publique, en Angleterre
même.
P. DrnOIS,
(Correspondance particulière du TIMES.)
Il Constantinople, le 27 juillet.
4 Le sultan a quitté Constantinople, se rendant à Sa -
Ionique, samedi dernier 23 ; on ne connaît positivement
ni l'objet ni la limite de son expédition. Son projet de
voyage a été ici le sujet des conversations pendant ces
dernières semaines, et on considérait généralement
Alexandrie comme le lieu de sa destination.
» Croyant possible que la visite de S. M. I. dans cette
partie de ses domaines pût avoir un double objet, sa-
voir : contrecarrer toute manifestation du vice-roi ten-
dant à amoindrir l'autorité de la sublimePurte: et en
même temps affermir la main du gouvernement égyp-
tien en mettant un terme aux manœuvres de M. de Les-
seps, je m'adressai à toutes les sources d'information de
quelque valeur, afin de vérifier la portée réelle des ré-
cits en circulation. L'expédition partirait-elle réelle-
ment ? En ce cas, à quelle époque et pour quel lieu ?
» J'aurais pu m'épargner toute cette peine. S. M. I.
elle-même n'eût pas pu me donner là-dessus un ren-
seignement certain. Sur le moment de son départ elle
en savait aussi peu que l'homme dans la lune et pro-
bablement moins, ce moment dépendant des étoiles.
Pendant quelques jours rien ne parut certain ; le chef
des astrologues ne voulait pas qu'on pressât sa décision
sur une chose si importante, et il avait raison : le temps
avait été menaçant et variable, et un peu de mal de
mer aurait matériellement ébranlé la foi de son maître
impérial, sinon dans les mystères de la science occulte
en elle-même, du moins dans la capacité de son grand-
prêtre..
» Enfin l'oracle parla et avec un très-estimable degré
de précision. Le samedi, vingt et une minutes après
cinq heures, ce qui, dans la façon de compter des
Turcs, représente pour nous un peu plus de midi, fut
fi.\é comme le moment propice pour le départ du sultan,
et je suis heureux de pouvoir porter le témoignage de
la parfaite sérénité de la mer et du ciel à cette heure.
L'escadre qui escorte le-sultan, Abdul Aziz-Effendi, son
frère, et trois des princes, ses fils, avec Mehemet-Ali et
Riza-Pacha, se compose d'un vaisseau à deux ponts à
hélice et de trois frégates à vapeur. Ces vaisseaux sur
leur route ont été joints par quelques autres qui les
attendaient à Gallipoli. Il est encore incertain si l'ex-
péditiou s'étendra jusqu'à Alexandrie , mais je ne le
pense pas ; il est difficile d'apercevoir l'objet politique
que pourrait effectuer la visite du sult.n en Egypte.
Quelque disposé que puisse être Saïd-Pacha à se décla-
rer indépendant s'il s'en présentait une occasion favo-
rable, il ne peut, dans les circonstances présentes, être
incliné à pousser les choses à l'extrême. En outre j'ai de
bonnes raisons d'assurer que certaines expressions et
certains actes d'indiscrétion de sa part ont été exagérés
que le pacha désire introduire dans les usages qui rè-
glent les droits de succession dans son pays. ,
Or, tandis que la diplomatie anglaise jouait ce jeu en
Egypte, que faisait l'ambassade britannique à Constan-
tinople? Elle s'autorisait de la confidence faite à M. Green
pour représenter le vice-roi d'Egypte comme un ambi-
tieux et un rebelle, qui, en projetant le percement de
l'isthme de Suez, entretenait la pensée de se rendre in-
dépendant et de porter atteinte à l'intégrité de l'empire
ottoman. Elle se servait de cet argument, entre autres,
pour déterminer les ministres de S. H. à soulever des ob-
jections contre l'ouverture immédiate du canal de Suez.
Mais il n'était pas possible que le secret de cette dou-
ble intrigue ne fut pas bientôt révélé. Il fallait payer
au sultan sa complaisance. Donc M. Bulwer adressa une
dépêche au consul anglais d'Alexandrie, avec invitation
de la lire au vice roi. La première partie de cette dépê-
che avait trait au canal. L'ambassadeur y exprimait la
pensée que le commencement des travaux du canal avait
indisposé la Porte.
C'était pure calomnie, car la Porte n'avait cédé qu'à
l'obsession de l'Angleterre, et c'était, en outre, une in-
gérence illégitime dans les rapports qui doivent exister
directement entre le gouvernement du sultan et celui
du vice-roi.
La seconde partie de la dépèche, faisant allusion au
désir exprimé par le pacha touchant la succession au
gouvernement de l'Egypte, affectait de considérer ce
désir comme un moyen de se rendre indépendant de la
Porte. M. Bulwer ajoutait que la nature des relations du
pacha avec le divan devenait fort inquiétante, et il pro-
posait la médiation des agents anglais pour rétablir les bons
rapports entre le sultan et son vassal.
On voit qu'il était difficile de pousser plus loin l'abus
de confiance, et de se jouer plus audacieusement des
- meilleurs sentiments d'un souverain.
Le vice-roi se contint, mais il ne voulut point H.
tendre la fin de la dépêche. L'agent auglais, pour
exécuter ses instructions, dut aller en achever la lec-
ture auprès du secrétaire des commandements de S. A.
Tel est l'exposé incontestable des dernières dé-
marches de la politique anglaise pour arrêter le cours
d'une entreprise contre laquelle elle se butte on ne
sait pourquoi. On dit que le gouvernement anglais est
disposé à nier devant le parlement qu'il ait exercé
aucune pression sur le divan. Il est impossible que
des hommes d'Etat, pour peu qu'ils se respectent, osent
avancer d'une manière aussi audacieuse le contraire de
la vérité. L'affirmation serait inutile d'ailleurs, car les
preuves existent.
, On aurait compris, à la rigueur, que le gouverne-
ment britannique abusât du sentiment si louable qu'a-
vait exprimé le vice-roi, pour chercher à le r.ndre
suspect à la Porte, au détriment de l'entreprise du
canal de Suez; mais que dire de cette politique de
Janus, qui flatte au Caire les sentiments fort naturels
du vice-roi, et qui se sert de ces mêmes sentiments
pour le desservir à Constantinople? Que dire de cet
acharnement sans exemple contre une œuvre où le
monde entier est intéressé ? Que dire enfin d'une op-
position qui rougit d elle-même, qui cherche de faux-
fuyants et de mauvais prétextes, qui en est réduite à
nier ses actes les plus évidents, et qu'on peut mettre au
défi de dire son secret, parce qu'elle susciterait contre
elle, avec l'indignation du monde civilisé, la juste ré-
probation de la conscience publique, en Angleterre
même.
P. DrnOIS,
(Correspondance particulière du TIMES.)
Il Constantinople, le 27 juillet.
4 Le sultan a quitté Constantinople, se rendant à Sa -
Ionique, samedi dernier 23 ; on ne connaît positivement
ni l'objet ni la limite de son expédition. Son projet de
voyage a été ici le sujet des conversations pendant ces
dernières semaines, et on considérait généralement
Alexandrie comme le lieu de sa destination.
» Croyant possible que la visite de S. M. I. dans cette
partie de ses domaines pût avoir un double objet, sa-
voir : contrecarrer toute manifestation du vice-roi ten-
dant à amoindrir l'autorité de la sublimePurte: et en
même temps affermir la main du gouvernement égyp-
tien en mettant un terme aux manœuvres de M. de Les-
seps, je m'adressai à toutes les sources d'information de
quelque valeur, afin de vérifier la portée réelle des ré-
cits en circulation. L'expédition partirait-elle réelle-
ment ? En ce cas, à quelle époque et pour quel lieu ?
» J'aurais pu m'épargner toute cette peine. S. M. I.
elle-même n'eût pas pu me donner là-dessus un ren-
seignement certain. Sur le moment de son départ elle
en savait aussi peu que l'homme dans la lune et pro-
bablement moins, ce moment dépendant des étoiles.
Pendant quelques jours rien ne parut certain ; le chef
des astrologues ne voulait pas qu'on pressât sa décision
sur une chose si importante, et il avait raison : le temps
avait été menaçant et variable, et un peu de mal de
mer aurait matériellement ébranlé la foi de son maître
impérial, sinon dans les mystères de la science occulte
en elle-même, du moins dans la capacité de son grand-
prêtre..
» Enfin l'oracle parla et avec un très-estimable degré
de précision. Le samedi, vingt et une minutes après
cinq heures, ce qui, dans la façon de compter des
Turcs, représente pour nous un peu plus de midi, fut
fi.\é comme le moment propice pour le départ du sultan,
et je suis heureux de pouvoir porter le témoignage de
la parfaite sérénité de la mer et du ciel à cette heure.
L'escadre qui escorte le-sultan, Abdul Aziz-Effendi, son
frère, et trois des princes, ses fils, avec Mehemet-Ali et
Riza-Pacha, se compose d'un vaisseau à deux ponts à
hélice et de trois frégates à vapeur. Ces vaisseaux sur
leur route ont été joints par quelques autres qui les
attendaient à Gallipoli. Il est encore incertain si l'ex-
péditiou s'étendra jusqu'à Alexandrie , mais je ne le
pense pas ; il est difficile d'apercevoir l'objet politique
que pourrait effectuer la visite du sult.n en Egypte.
Quelque disposé que puisse être Saïd-Pacha à se décla-
rer indépendant s'il s'en présentait une occasion favo-
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