Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-10-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 octobre 1859 01 octobre 1859
Description : 1859/10/01 (A4,N79). 1859/10/01 (A4,N79).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529514h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 293
« plus près de l'Egypte que l'Angleterre, et qu'ils ga-
- » gneraient un avantage commercial par l'exécution
» du canal, sa réponse était que notre principe consis-
» tait à rendre le commerce aussi libre que possible ;
» que c'était notre politique depuis plusieurs années;
» que c'était une politique juste et généreuse et, dans
a sa conviction, en même temps très-avantageuse à
» lAngleterre; mais que si des marchandises pouvaient
» être fournies de France, de Suisse ou d'Italie aux
» sujets de la reine dans l'Inde à un prix plus bas que
a les marchandises anglaises d'une qualité semblable
» ou inférieure, quel droit avaient les autorités exécu-
» tives en Angleterre pour empêcher les sujets de S. M.
» dans l'Inde de jouir des avantages qu'ils pouvaient
» ainsi obtenir? »
Je ne pense pas avoir besoin d'aller plus loin pour
prouver que j'avais de bonnes raisons pour affirmer qu'il
existe une grande diversité d'opinions dans le cabinet
anglais quant à la légitimité de l'intervention de notre
gouvernement en Egypte et en Turquie ; ce serait
rendre peu de justice au discernement de ces ministres
de supposer qu'ils auraient dénoncé les actes du pouvoir
exécutif du moment comme illégitimes, s'ils avaient
absolument ignoré l'intention du Sultan d'accorder le
firman, s'il était livré à lui-même. Toutefois, même en
présumant leur complète ignorance des favorables dis-
positions de ce prince, et se limitant à la simple allu-
sion faite à l'intervention en elle-même qualifiée d'il-
légitime, sans rechercher les désirs du Sultan, quel degré
nouveau de gravité ne prend pas cette accusation, lors-
qu'on trouve qu'une contrainte actuelle a été exercée sur
les intentions exprimées du Grand Seigneur? Maintenant
les choses en sont à ce point, que le Sultan est très-
anxieux d'accorder le firman, et que la seule chose qui
l'empêche de le faire immédiatement est la crainte
d'offenser le gouvernement anglais, en ne tenant pas
compte de sa signification dictatoriale, sinon dans le
cas où la Turquie serait appuyée par une autre puissance
européenne. C'est cette tournure de l'affaire que je vou-
drais éviter en donnant de la publicité à ces faits, dans la
pensée d'empêcher le pays de se trouver graduellement
compromis trop profondément dans une conduite admise
comme illégitime et constamment insoutenable.
Vous désirez que j'explique ce que j'entends par « un
appel au gouvernement des pays financièrement inté-
ressés à l'entreprise. »
Je réponds que cette question s'appuie sur la supposi-
tion que le Sultan refuse sa sanction au projet ; que,
« M. de Lesseps ne peut dès lors être protégé par d'autres
» pays dans le projet de couper malgré lui le territoire du
» territoire du Sultan. » Or, comme j'ai établi que le Sul-
tan ne refuse pas et voudrait, au contraire, accorder le
firman, s'il était laissé à son libre arbitre, je n'allongerai
pas sans nécessité cette lettre, me contentant simplement
de déclarer que M. de Lesseps n'a pas l'intention del« cou-
per le territoire du Sultan, qu'il y consente ou non. » Au
contraire, c'est précisément par déférence à l'embarras-
sante position où Sa Majesté est placée, que nous avons
adopté la conduite qui se poursuit en ce moment.
DANIEL-A. LANGE, F. R. G. V.
Directeur et représentant des intérêts de la
Compagnie du Canal de Suez, enAngleterre.
L'OPPOSITION DE L'ANGLETERRE.
La polémique, comme on vient de le voir, continue
à Londres entre le Times et le représentant de la
Compagnie universelle, sur la politique du gouver-
nement anglais envers le canal de Suez.
M. Lange, dans sa brochure, a très-heureusement
placé la discussion sur un terrain désastreux pour
les préjugés qu'on cherche à nourrir, de l'autre côté
du détroit, contre un projet appuyé des sympathies
et des vœux du monde entier. Il a établi la contro-
verse sur les deux points qui peuvent affecter les in-
térêts anglais, l'intérêt commercial et l'intérêt poli-
tique. Au premier de ces points de vue, il constate
que l'intérêt anglais est conforme à celui de tous les
autres peuples par les unanimes délibérations de
toutes les grandes cités commerciales du Royaume-
Uni, et nous devons ajouter que les adversaires eux-
mêmes de l'entreprise n'ont pu élever de ce côté une
seule objection. Quant à l'intérêt politique, il oppose
à l'opinion à peu près isolée de lord Palmerston les
opinions des hommes politiques les plus considérables
et les plus populaires dans lachambre des communes et
dans son propre cabinet. Fort de ces autorités, il recher-
che et démontre les grands avantages politiques devant
résulter pour l'Angleterre du percement de l'isthme, et
nous ne trouvons rien ni dans le Times, ni ailleurs qui
soit venu contester la justesse de ses conclusions.
Dès lors comment la question ne serait-elle point
moralement résolue ? Lord Palmerston a contre lui
toutes les nuances du sentiment public dans son pays.
La grande majorité de la presse anglaise s'est pro-
noncée en faveur du canal de Suez, et ceux des écri-
vains qui l'ont attaqué ne l'ont fait qu'au point de
vue de l'impraticabilité du projet ou de ses perspec-
tives de rémunération ; mais tous ont protesté que
l'Angleterre se déshonorerait si, dans des vues per-
sonnelles ou politiques, elle essayait de fermer cette
grande route maritime au commerce du globe. Les
classes commerciales de la Grande-Bretagne applau-
dissent à cette conception ; les patriotes les plus om-
brageux, les plus généreusement susceptibles quand
il s'agit de la puissance et de la gloire de leur pays,
tels que M. Rœbuck, s'élèvent avec indignation contre
la résistance, selon eux aveugle autant qu'injuste,
du gouvernement ; les membres du ministère actuel
les plus éminents par leur éloquence, par leur expé-
rience, par leur poids personnel, considèrent cette ré-
sistance comme également empreinte d'illégitimité,
d'arbitraire, d'imprévoyance, et comme pleine de pé-
lils de toute nature pour le présent et l'avenir du
prestige anglais parmi les peuples.
Ces opinions ont été résumées avec une prophétique
énergie par l'un des hommes les plus honnêtes et les
plus éclairés qui ornent les conseils et la tribune de la
Grande-Bretagne: « Si nous persévérions, a dit
« plus près de l'Egypte que l'Angleterre, et qu'ils ga-
- » gneraient un avantage commercial par l'exécution
» du canal, sa réponse était que notre principe consis-
» tait à rendre le commerce aussi libre que possible ;
» que c'était notre politique depuis plusieurs années;
» que c'était une politique juste et généreuse et, dans
a sa conviction, en même temps très-avantageuse à
» lAngleterre; mais que si des marchandises pouvaient
» être fournies de France, de Suisse ou d'Italie aux
» sujets de la reine dans l'Inde à un prix plus bas que
a les marchandises anglaises d'une qualité semblable
» ou inférieure, quel droit avaient les autorités exécu-
» tives en Angleterre pour empêcher les sujets de S. M.
» dans l'Inde de jouir des avantages qu'ils pouvaient
» ainsi obtenir? »
Je ne pense pas avoir besoin d'aller plus loin pour
prouver que j'avais de bonnes raisons pour affirmer qu'il
existe une grande diversité d'opinions dans le cabinet
anglais quant à la légitimité de l'intervention de notre
gouvernement en Egypte et en Turquie ; ce serait
rendre peu de justice au discernement de ces ministres
de supposer qu'ils auraient dénoncé les actes du pouvoir
exécutif du moment comme illégitimes, s'ils avaient
absolument ignoré l'intention du Sultan d'accorder le
firman, s'il était livré à lui-même. Toutefois, même en
présumant leur complète ignorance des favorables dis-
positions de ce prince, et se limitant à la simple allu-
sion faite à l'intervention en elle-même qualifiée d'il-
légitime, sans rechercher les désirs du Sultan, quel degré
nouveau de gravité ne prend pas cette accusation, lors-
qu'on trouve qu'une contrainte actuelle a été exercée sur
les intentions exprimées du Grand Seigneur? Maintenant
les choses en sont à ce point, que le Sultan est très-
anxieux d'accorder le firman, et que la seule chose qui
l'empêche de le faire immédiatement est la crainte
d'offenser le gouvernement anglais, en ne tenant pas
compte de sa signification dictatoriale, sinon dans le
cas où la Turquie serait appuyée par une autre puissance
européenne. C'est cette tournure de l'affaire que je vou-
drais éviter en donnant de la publicité à ces faits, dans la
pensée d'empêcher le pays de se trouver graduellement
compromis trop profondément dans une conduite admise
comme illégitime et constamment insoutenable.
Vous désirez que j'explique ce que j'entends par « un
appel au gouvernement des pays financièrement inté-
ressés à l'entreprise. »
Je réponds que cette question s'appuie sur la supposi-
tion que le Sultan refuse sa sanction au projet ; que,
« M. de Lesseps ne peut dès lors être protégé par d'autres
» pays dans le projet de couper malgré lui le territoire du
» territoire du Sultan. » Or, comme j'ai établi que le Sul-
tan ne refuse pas et voudrait, au contraire, accorder le
firman, s'il était laissé à son libre arbitre, je n'allongerai
pas sans nécessité cette lettre, me contentant simplement
de déclarer que M. de Lesseps n'a pas l'intention del« cou-
per le territoire du Sultan, qu'il y consente ou non. » Au
contraire, c'est précisément par déférence à l'embarras-
sante position où Sa Majesté est placée, que nous avons
adopté la conduite qui se poursuit en ce moment.
DANIEL-A. LANGE, F. R. G. V.
Directeur et représentant des intérêts de la
Compagnie du Canal de Suez, enAngleterre.
L'OPPOSITION DE L'ANGLETERRE.
La polémique, comme on vient de le voir, continue
à Londres entre le Times et le représentant de la
Compagnie universelle, sur la politique du gouver-
nement anglais envers le canal de Suez.
M. Lange, dans sa brochure, a très-heureusement
placé la discussion sur un terrain désastreux pour
les préjugés qu'on cherche à nourrir, de l'autre côté
du détroit, contre un projet appuyé des sympathies
et des vœux du monde entier. Il a établi la contro-
verse sur les deux points qui peuvent affecter les in-
térêts anglais, l'intérêt commercial et l'intérêt poli-
tique. Au premier de ces points de vue, il constate
que l'intérêt anglais est conforme à celui de tous les
autres peuples par les unanimes délibérations de
toutes les grandes cités commerciales du Royaume-
Uni, et nous devons ajouter que les adversaires eux-
mêmes de l'entreprise n'ont pu élever de ce côté une
seule objection. Quant à l'intérêt politique, il oppose
à l'opinion à peu près isolée de lord Palmerston les
opinions des hommes politiques les plus considérables
et les plus populaires dans lachambre des communes et
dans son propre cabinet. Fort de ces autorités, il recher-
che et démontre les grands avantages politiques devant
résulter pour l'Angleterre du percement de l'isthme, et
nous ne trouvons rien ni dans le Times, ni ailleurs qui
soit venu contester la justesse de ses conclusions.
Dès lors comment la question ne serait-elle point
moralement résolue ? Lord Palmerston a contre lui
toutes les nuances du sentiment public dans son pays.
La grande majorité de la presse anglaise s'est pro-
noncée en faveur du canal de Suez, et ceux des écri-
vains qui l'ont attaqué ne l'ont fait qu'au point de
vue de l'impraticabilité du projet ou de ses perspec-
tives de rémunération ; mais tous ont protesté que
l'Angleterre se déshonorerait si, dans des vues per-
sonnelles ou politiques, elle essayait de fermer cette
grande route maritime au commerce du globe. Les
classes commerciales de la Grande-Bretagne applau-
dissent à cette conception ; les patriotes les plus om-
brageux, les plus généreusement susceptibles quand
il s'agit de la puissance et de la gloire de leur pays,
tels que M. Rœbuck, s'élèvent avec indignation contre
la résistance, selon eux aveugle autant qu'injuste,
du gouvernement ; les membres du ministère actuel
les plus éminents par leur éloquence, par leur expé-
rience, par leur poids personnel, considèrent cette ré-
sistance comme également empreinte d'illégitimité,
d'arbitraire, d'imprévoyance, et comme pleine de pé-
lils de toute nature pour le présent et l'avenir du
prestige anglais parmi les peuples.
Ces opinions ont été résumées avec une prophétique
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plus éclairés qui ornent les conseils et la tribune de la
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