Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-09-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 septembre 1859 15 septembre 1859
Description : 1859/09/15 (A4,N78). 1859/09/15 (A4,N78).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295133
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 2T7
gleterre s'exposait au malheur peu sympathique de
cette avidité proverbiale qui lâche une proie ac-
quise et sûre pour courir après une ombre.
ERNEST DESPLACES.
COMMENTAIRES DU TIMES SUR L'ÉCRIT DE M. LANGF.
Dans son article quotidien de la Bourse et la cité
(Money market and city intelligence,) le Times résume
et commente en ces termes l'appel à l'opinion anglaise
que nous venons tout à l'heure de signaler à nos lec-
teurs :
« M. Lange, représentant à Londres la Compagnie du
canal de Suez, vient de publier une brochure sur la
position de ce projet. La Compagnie, dit-il, après avoir
réuni les fonds nécessaires, a commencé ses opérations
et est déterminée à les continuer « quoique l'interven-
tion illégitime » des représentants anglais en Turquie et
en Egypte ait pour un moment entravé le cours ré-
gulier des travaux. Un appel h la protection des gou-
vernements des pays financièrement intéressés dans l'en-
treprise serait le remède contre cet abus « d'influence
politique» ; mais avant de recourir à cette pénible né-
cessité, on juge désirable de soumettre de nouveau le
sujet à la sérieuse considération des banquiers, négo-
ciants et armateurs de la Grande-Bretagne. S'appuyant
sur diverses résolutions obtenues, il y a un ou deux
ans, des chambres de commerce de nos provinces, corps
solides quand il s'agit de prononcer une opinion, mais
fantastiques quand il s'agit des moyens de la réaliser,
M. Lange prétend que les classes commerciales de l'An-
gleterre sont entièrement en faveur de l'entreprise, et
que les préjugés de lord Palmerston constituent le seul
obstacle à sa poursuite. Il fait observer que le pré-
sent chancelier de l'échiquier, -ainsi que M. Sydney
Herbert, ministre de la guerre ; M. Milner Gibson, mi-
nistre du commerce, et lord John Russell, ministre des
affaires étrangères, se sont tous, lorsqu'ils n'étaient pas
au pouvoir, très-énergiquement opposés à l'intervention
du gouvernement dans cette affaire, lord John Russell
spécialement ayant blâmé avec la plus grande force
toute opposition à la création de cette « grande route
» additionnelle entre deux parties du monde. » C'est
« lord Palmerston seul, par conséquent, qui détermine la
» marche maintenant suivie, » et M. Lange et ses
amis paraissent considérer qu'au nom de la consistance,
les collègues de Sa Seigneurie, non moins que la com-
munauté commerciale sont obligés de le faire céder fi
tout prix.
» Les arguments habituels sont ensuite employés
pour montrer que l'entreprise serait d'un bénéfice spécial
pour la puissance et le commerce britanniques ; que la
Turquie, au lieu de peser sur l'Egypte affaiblie, se trou-
verait par l'exécution du projet merveilleusement for-
tifiée, et que l'intense anxiété de la France sur cette
question ne lui est inspirée que par des sympathies
commerciales.
» Le 15 novembre prochain, l'assemblée générale des
actionnaires doit se tenir à Paris. Alors, dit M. Lange,
on demandera naturellement - la raison pour laquelle le
cours régulier des travaux a été interrompu ; le Conseil
d'administration, nous dit-on, « n'aura pas d'autre alter-
» native que de déclarer aux actionnaires que cette
« circonstance est due à l'intervention du gouvernement
» anglais en Turquie et en Egypte, intervention en
a outre sur la légitimité de laquelle il existe une
» grande diversité d'opinions dans le cabinet anglais
» lui-même, et qui de plus a été taxée par plusieurs
» de ses membres en plein parlement d'inconsti-
» tutionnelle. » Ce qui doit s'en suivre n'est pas expri-
mé si ce n'est implicitement. « Nous n'avons qu'à nous
» demander ce que nous ferions dans un cas semblable ?
« Aurions-nous consenti à employer quatre années en
» efforts consacrés à nous concilier la puissance qui
» avait pris un tel parti, plutôt que de courir le risque
» d'amener un conflit ouvert entre les deux pays. »
» Heureusement une réponse peut être faite dontM. Lange
paraît ne se pas douter, Ce cas est justement le nôtre,
car nous avons vu faire échouer non-seulement un
projet anglais pour une grande route vers l'Orient,
mais aussi la simple construction d'une communica-
tion télégraphique, en un moment ou grâce à la révolte,
l'existence même de l'Inde semblait dépendre de cette
communication. Le chemin de fer de l'Euphrate et le
télégraphe de jonction avec l'Inde ont été anéantis par
déférence, à ce qu'on croit, à l'opposition déterminée
de la France. Les actionnaires du télégraphe, après
avoir reçu toute espèce d'assurances de la part de leur
gouvernement, du gouvernement turc, aussi bien que
du parlement, ont été sacrifiés sans un mot d'excuse ou
d'explication avec une perte de 50 0/o sur leurs verse-
ments. Mais ils n'ont pas, comme M. Lange semble
supposer que c'eût été le cas, présenté au gouverne-
ment une requête ayant pour objet de mettre pour cela
les deux pays « en conflit ouvert. » Ils ont eu le bon
sens et l'abnégation de prendre sur eux de croire qu'il
y avait des aspects de la question qu'ils ne connaissaient
pas, qu'il serait inopportun de discuter, et en rationnels
et patriotiques Anglais, ils se sont résignés à leur
désappointement et à leur perte.
» Peut-être ces faits pourront-ils servir à tempérer les
desseins du Conseil d'administration de M. de Lesseps. En
attendant, comme M. Lange est disposé à faire appel
logiquement à nos classes commerciales, il voudra
peut-être expliquer à quel degré l'action des représen-
tants anglais en Turquie et en Egypte a été « illégitime.»
Si l'on a demandé leur opinion, ou si même ils l'ont
volontairement donnée, il n'y a rien d'illégitime dans
un tel procédé. Il doit aussi nous indiquer ce qu'il en-
tend par son appel « à la protection des pays financiè-
» rement intéressés dans l'entreprise. D Le sultan de
Turquie, par suite de bons ou mauvais conseils, peu im-
porte, refuse, dans l'exercice de son pouvoir souverain,
de permettre la continuation des- travaux. Les autres
pays financièrement intéressés dans ces plans doivent-
ils protéger M. de Lesseps coupant le territoire du sul-
tan, que Sa Majesté l'approuve ou non ? S'il en est ainsi,
nous pouvons avoir un corps « protégé » de capitalistes
continentaux qui viendront chez nous insister pour ou-
vrir un canal maritime le long du chemin de fer de
Brighton, ou pour établir une poudrière dans le London-
dock, avec la permission des propriétaires, s'ils veulent
bien la donner, ou sinon, en s'en passant. La question
sous ce jour pourra être pratiquement comprise par
nos hommes d'affaires, et il sera bon dès lors que
M. Lange explique avec précision comment il la consl-
gleterre s'exposait au malheur peu sympathique de
cette avidité proverbiale qui lâche une proie ac-
quise et sûre pour courir après une ombre.
ERNEST DESPLACES.
COMMENTAIRES DU TIMES SUR L'ÉCRIT DE M. LANGF.
Dans son article quotidien de la Bourse et la cité
(Money market and city intelligence,) le Times résume
et commente en ces termes l'appel à l'opinion anglaise
que nous venons tout à l'heure de signaler à nos lec-
teurs :
« M. Lange, représentant à Londres la Compagnie du
canal de Suez, vient de publier une brochure sur la
position de ce projet. La Compagnie, dit-il, après avoir
réuni les fonds nécessaires, a commencé ses opérations
et est déterminée à les continuer « quoique l'interven-
tion illégitime » des représentants anglais en Turquie et
en Egypte ait pour un moment entravé le cours ré-
gulier des travaux. Un appel h la protection des gou-
vernements des pays financièrement intéressés dans l'en-
treprise serait le remède contre cet abus « d'influence
politique» ; mais avant de recourir à cette pénible né-
cessité, on juge désirable de soumettre de nouveau le
sujet à la sérieuse considération des banquiers, négo-
ciants et armateurs de la Grande-Bretagne. S'appuyant
sur diverses résolutions obtenues, il y a un ou deux
ans, des chambres de commerce de nos provinces, corps
solides quand il s'agit de prononcer une opinion, mais
fantastiques quand il s'agit des moyens de la réaliser,
M. Lange prétend que les classes commerciales de l'An-
gleterre sont entièrement en faveur de l'entreprise, et
que les préjugés de lord Palmerston constituent le seul
obstacle à sa poursuite. Il fait observer que le pré-
sent chancelier de l'échiquier, -ainsi que M. Sydney
Herbert, ministre de la guerre ; M. Milner Gibson, mi-
nistre du commerce, et lord John Russell, ministre des
affaires étrangères, se sont tous, lorsqu'ils n'étaient pas
au pouvoir, très-énergiquement opposés à l'intervention
du gouvernement dans cette affaire, lord John Russell
spécialement ayant blâmé avec la plus grande force
toute opposition à la création de cette « grande route
» additionnelle entre deux parties du monde. » C'est
« lord Palmerston seul, par conséquent, qui détermine la
» marche maintenant suivie, » et M. Lange et ses
amis paraissent considérer qu'au nom de la consistance,
les collègues de Sa Seigneurie, non moins que la com-
munauté commerciale sont obligés de le faire céder fi
tout prix.
» Les arguments habituels sont ensuite employés
pour montrer que l'entreprise serait d'un bénéfice spécial
pour la puissance et le commerce britanniques ; que la
Turquie, au lieu de peser sur l'Egypte affaiblie, se trou-
verait par l'exécution du projet merveilleusement for-
tifiée, et que l'intense anxiété de la France sur cette
question ne lui est inspirée que par des sympathies
commerciales.
» Le 15 novembre prochain, l'assemblée générale des
actionnaires doit se tenir à Paris. Alors, dit M. Lange,
on demandera naturellement - la raison pour laquelle le
cours régulier des travaux a été interrompu ; le Conseil
d'administration, nous dit-on, « n'aura pas d'autre alter-
» native que de déclarer aux actionnaires que cette
« circonstance est due à l'intervention du gouvernement
» anglais en Turquie et en Egypte, intervention en
a outre sur la légitimité de laquelle il existe une
» grande diversité d'opinions dans le cabinet anglais
» lui-même, et qui de plus a été taxée par plusieurs
» de ses membres en plein parlement d'inconsti-
» tutionnelle. » Ce qui doit s'en suivre n'est pas expri-
mé si ce n'est implicitement. « Nous n'avons qu'à nous
» demander ce que nous ferions dans un cas semblable ?
« Aurions-nous consenti à employer quatre années en
» efforts consacrés à nous concilier la puissance qui
» avait pris un tel parti, plutôt que de courir le risque
» d'amener un conflit ouvert entre les deux pays. »
» Heureusement une réponse peut être faite dontM. Lange
paraît ne se pas douter, Ce cas est justement le nôtre,
car nous avons vu faire échouer non-seulement un
projet anglais pour une grande route vers l'Orient,
mais aussi la simple construction d'une communica-
tion télégraphique, en un moment ou grâce à la révolte,
l'existence même de l'Inde semblait dépendre de cette
communication. Le chemin de fer de l'Euphrate et le
télégraphe de jonction avec l'Inde ont été anéantis par
déférence, à ce qu'on croit, à l'opposition déterminée
de la France. Les actionnaires du télégraphe, après
avoir reçu toute espèce d'assurances de la part de leur
gouvernement, du gouvernement turc, aussi bien que
du parlement, ont été sacrifiés sans un mot d'excuse ou
d'explication avec une perte de 50 0/o sur leurs verse-
ments. Mais ils n'ont pas, comme M. Lange semble
supposer que c'eût été le cas, présenté au gouverne-
ment une requête ayant pour objet de mettre pour cela
les deux pays « en conflit ouvert. » Ils ont eu le bon
sens et l'abnégation de prendre sur eux de croire qu'il
y avait des aspects de la question qu'ils ne connaissaient
pas, qu'il serait inopportun de discuter, et en rationnels
et patriotiques Anglais, ils se sont résignés à leur
désappointement et à leur perte.
» Peut-être ces faits pourront-ils servir à tempérer les
desseins du Conseil d'administration de M. de Lesseps. En
attendant, comme M. Lange est disposé à faire appel
logiquement à nos classes commerciales, il voudra
peut-être expliquer à quel degré l'action des représen-
tants anglais en Turquie et en Egypte a été « illégitime.»
Si l'on a demandé leur opinion, ou si même ils l'ont
volontairement donnée, il n'y a rien d'illégitime dans
un tel procédé. Il doit aussi nous indiquer ce qu'il en-
tend par son appel « à la protection des pays financiè-
» rement intéressés dans l'entreprise. D Le sultan de
Turquie, par suite de bons ou mauvais conseils, peu im-
porte, refuse, dans l'exercice de son pouvoir souverain,
de permettre la continuation des- travaux. Les autres
pays financièrement intéressés dans ces plans doivent-
ils protéger M. de Lesseps coupant le territoire du sul-
tan, que Sa Majesté l'approuve ou non ? S'il en est ainsi,
nous pouvons avoir un corps « protégé » de capitalistes
continentaux qui viendront chez nous insister pour ou-
vrir un canal maritime le long du chemin de fer de
Brighton, ou pour établir une poudrière dans le London-
dock, avec la permission des propriétaires, s'ils veulent
bien la donner, ou sinon, en s'en passant. La question
sous ce jour pourra être pratiquement comprise par
nos hommes d'affaires, et il sera bon dès lors que
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