Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-09-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 septembre 1859 01 septembre 1859
Description : 1859/09/01 (A4,N77). 1859/09/01 (A4,N77).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529512p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNALJDE L'UNION DES DEUX MERS.
261
Nous avons dû faire tomber sur les Anglais seuls la
responsabilité de ces déplorables intrigues, et nous
avons fait savoir au public le peu de succès qui, en dé-
finitive, les avait couronnées.
Aussi le journal que nous venons de citer nous ap-
prend-il qu'on ne s'en est point tenu là. Un véritable
complot a été tramé à Constantinople au moment où la
France était engagée dans le plus fort de la guerre d'I-
talie, et sous l'ascendant réuni des ambassadeurs d'Au-
triche et d'Angleterre, la Porte était contrainte de pren-
dre une part dans ce complot. Par des interprétations et
des rapports que le Times lui-même avoue avoir été
exagérés, on avait persuadé au divan que le vice-roi
conspirait contre la suzeraineté du sultan et qu'il vou-
lait proclamer son indépendance. Tout à coup, on ap-
prend avec étonnement en Europe que S. H , pour des
raisons d'État, a résolu de se rendre à Alexandrie, et, par
une coïncidence très-significative, au moment où le sul-
tan, escorté d'une escadre, devait entrer dans ce port,
une puissante flotte anglaise se présente simultanément
devant Alexandrie.
Voici ce dont il s'agissait : nous n'en pouvons douter
puisque c'est le Times lui-même qui nous l'apprend.
Le voyage du sultan avait pour objet de contenir les
prétendues velléités d'indépendance du vice-roi et en
même temps de lui prêter force, c'est-à-dire de lui im-
poser une contrainte pour enterrer le projet de perce-
ment de l'isthme de Suez.
Par malheur, la paix de Villafranca a mis en déroute
ces beaux desseins; le sultan n'est point allé en Egypte ;
la flotte anglaise s'en est retournée comme elle était
venue, en ne laissant après elle que la lumière jetée
sur les motifs qui l'avaient amenée.
Les journaux de Constantinople et de Marseille pu-
blient que des explications sur cette étrange apparition
de la flotte anglaise en Egypte ont été demandées à
l'ambassadeur anglais. Ce diplomate aurait répondu
assez vaguement que la flotte avait pour objet de con-
courir aux honneurs qu'on devait rendre au sultan;
mais nous savons par le Times qu'elle était destinée à
concourir à des mesures énergiques contre le canal de
Suez.
Nous ne savons quel effet cette violence préméditée
produira en Angleterre ; nous savons seulement que les
journaux de Londres ont jusqu'ici gardé sur cet inci-
dent le silence le plus profond.
Il est évident pour nous que l'Angleterre voulait pro-
fiter de la guerre qui sévissait dans l'Europe occi-
dentale pour frapper un grand coup en Egypte et sur-
tout pour se débarrasser, par l'exhibition de ses canons,
d'une entreprise qui a le tort de n'être pas exclusive-
ment anglaise et de n'être point dirigée dans l'intérêt
exclusif de l'Angleterre.
L'Europe certainement verra dans cette singulière
tentative une nouvelle preuve de la sincérité avec la-
quelle, de l'autre côté du détroit, on pratique les prin-
cipes de la réciprocité et de la libre concurrence. Il est
significatif de voir l'Angleterre employer de semblables
moyens pour empêcher l'ouverture d'un passage dont
son pavillon ne jouirait pas seul, et dont le seul crime
est de faire participer toutes les nations maritimes aux
chances et aux avantages de l'échange et du commerce
dans les mers asiatiques.
Nous aurons à observer jusqu'à quel point le ministère
libéral qui a manifesté tant d'excellents sentiments
pour la France persistera dans la voie de ses prédéces-
seurs, et nous espérons avoir, sur la présence suspecte
de la flotte anglaise à Alexandrie, des explications un
peu plus claires et un peu plus satisfaisantes que celles
qu'a données l'ambassadeur britannique auprès de la
Sublime-Porte.
Nous désirons qu'enfin le long et ténébreux mystère
de la conduite de l'Angleterre envers le canal de Suez
aboutisse au grand jour ; nous désirons que toutes les
situations soient désormais bien définies. L'Europe ne
peut plus tolérer que, tandis que publiquement et offi-
ciellement le gouvernement anglais proteste de sa neu-
tralité dans la question de Suez, il fasse agir d'un autre
côté les ressorts souterrains de la diplomatie, et que,
sous son voile d'indifférence, il aille jusqu'à envoyer ses
flottes en bataille contre une simple compagnie indus-
trielle, coupable de vouloir donner au monde un nouvel
et puissant instrument de civilisation et de commerce.
L'Anglerre veut-elle ou ne veut-elle pas se poser en
ennemie des nations et du progrès du genre humain ?
C'est ce qu'il est temps qu'elle fasse savoir, sans recou-
rir à ces hypocrisies et à ces perfidies qui déshonorent
les gouvsrnements et ne les servent point.
Mais il est un autre point de vue sur lequel nous de-
vons aussi appeler l'attention du public et celle de la
Turquie. On puisait le prétexte du complot qui vient d'a-
vorter dans les aspirations d'indépendance prêtées au
vice-roi.
Nous avons dit bien souvent que ces accusations n'a-
vaient aucun fondement. L'Egypte, dans toute la guerre
d'Orient, s'est montrée vassale aussi dévouée qu'uti!e;
elle n'a épargné ni ses trésors, ni ses flottes, ni ses sol-
dats pour la défense de l'empire ottoman. Dans l'affaire
de Suez elle-même, elle a poussé jusqu'à l'extrême li-
mite ses scrupules et sa déférence, envers la suzeraineté
du sultan; mais enfin il n'est ni droit ni autorité qui
n'ait ses bornes, et ces bornes, elles commencent où
l'intervention du suzerain ag'it et combat contre les in-
térêts des peuples auxquels il doit justice et protection.
Les liens qui rattachent l'Egypte à la Turquie ont évi-
demment pour principe les intérêts communs et de
l'Egypte et de l'Europe ; mais s'il était démontré que la
Turquie envisage avec soupçon et malveillance le déve-
loppement de la prospérité égyptienne ; qu'elle entend
lui interdire l'exploitation des avantages naturels de sa
position géographique ; qu'elle veut la maintenir autant
qu'il est en elle dans l'état de misère et de barbarie;
qu'elle n'est pas même arrêtée dans ce système par
l'inconvénient de blesser les vœux et les intérêts euro-
péens en même temps que l'intérêt de l'Egypte, il fau-
drait avouer que l'Egypte aurait toute espèce de droits
d'aspirer à son indépendance, et l'Europe toute espèce
de raisons de l'aider à l'obtenir. Les choses étant ainsi,
la Turquie n'aurait qu'à s'en prendre à elle-même ; nous
ne sommes plus à l'époque où les peuples et les plus
hautes nécessités du genre humain peuvent être sacri-
fiés à des caprices ou au calcul égoïste d'un despotisme
261
Nous avons dû faire tomber sur les Anglais seuls la
responsabilité de ces déplorables intrigues, et nous
avons fait savoir au public le peu de succès qui, en dé-
finitive, les avait couronnées.
Aussi le journal que nous venons de citer nous ap-
prend-il qu'on ne s'en est point tenu là. Un véritable
complot a été tramé à Constantinople au moment où la
France était engagée dans le plus fort de la guerre d'I-
talie, et sous l'ascendant réuni des ambassadeurs d'Au-
triche et d'Angleterre, la Porte était contrainte de pren-
dre une part dans ce complot. Par des interprétations et
des rapports que le Times lui-même avoue avoir été
exagérés, on avait persuadé au divan que le vice-roi
conspirait contre la suzeraineté du sultan et qu'il vou-
lait proclamer son indépendance. Tout à coup, on ap-
prend avec étonnement en Europe que S. H , pour des
raisons d'État, a résolu de se rendre à Alexandrie, et, par
une coïncidence très-significative, au moment où le sul-
tan, escorté d'une escadre, devait entrer dans ce port,
une puissante flotte anglaise se présente simultanément
devant Alexandrie.
Voici ce dont il s'agissait : nous n'en pouvons douter
puisque c'est le Times lui-même qui nous l'apprend.
Le voyage du sultan avait pour objet de contenir les
prétendues velléités d'indépendance du vice-roi et en
même temps de lui prêter force, c'est-à-dire de lui im-
poser une contrainte pour enterrer le projet de perce-
ment de l'isthme de Suez.
Par malheur, la paix de Villafranca a mis en déroute
ces beaux desseins; le sultan n'est point allé en Egypte ;
la flotte anglaise s'en est retournée comme elle était
venue, en ne laissant après elle que la lumière jetée
sur les motifs qui l'avaient amenée.
Les journaux de Constantinople et de Marseille pu-
blient que des explications sur cette étrange apparition
de la flotte anglaise en Egypte ont été demandées à
l'ambassadeur anglais. Ce diplomate aurait répondu
assez vaguement que la flotte avait pour objet de con-
courir aux honneurs qu'on devait rendre au sultan;
mais nous savons par le Times qu'elle était destinée à
concourir à des mesures énergiques contre le canal de
Suez.
Nous ne savons quel effet cette violence préméditée
produira en Angleterre ; nous savons seulement que les
journaux de Londres ont jusqu'ici gardé sur cet inci-
dent le silence le plus profond.
Il est évident pour nous que l'Angleterre voulait pro-
fiter de la guerre qui sévissait dans l'Europe occi-
dentale pour frapper un grand coup en Egypte et sur-
tout pour se débarrasser, par l'exhibition de ses canons,
d'une entreprise qui a le tort de n'être pas exclusive-
ment anglaise et de n'être point dirigée dans l'intérêt
exclusif de l'Angleterre.
L'Europe certainement verra dans cette singulière
tentative une nouvelle preuve de la sincérité avec la-
quelle, de l'autre côté du détroit, on pratique les prin-
cipes de la réciprocité et de la libre concurrence. Il est
significatif de voir l'Angleterre employer de semblables
moyens pour empêcher l'ouverture d'un passage dont
son pavillon ne jouirait pas seul, et dont le seul crime
est de faire participer toutes les nations maritimes aux
chances et aux avantages de l'échange et du commerce
dans les mers asiatiques.
Nous aurons à observer jusqu'à quel point le ministère
libéral qui a manifesté tant d'excellents sentiments
pour la France persistera dans la voie de ses prédéces-
seurs, et nous espérons avoir, sur la présence suspecte
de la flotte anglaise à Alexandrie, des explications un
peu plus claires et un peu plus satisfaisantes que celles
qu'a données l'ambassadeur britannique auprès de la
Sublime-Porte.
Nous désirons qu'enfin le long et ténébreux mystère
de la conduite de l'Angleterre envers le canal de Suez
aboutisse au grand jour ; nous désirons que toutes les
situations soient désormais bien définies. L'Europe ne
peut plus tolérer que, tandis que publiquement et offi-
ciellement le gouvernement anglais proteste de sa neu-
tralité dans la question de Suez, il fasse agir d'un autre
côté les ressorts souterrains de la diplomatie, et que,
sous son voile d'indifférence, il aille jusqu'à envoyer ses
flottes en bataille contre une simple compagnie indus-
trielle, coupable de vouloir donner au monde un nouvel
et puissant instrument de civilisation et de commerce.
L'Anglerre veut-elle ou ne veut-elle pas se poser en
ennemie des nations et du progrès du genre humain ?
C'est ce qu'il est temps qu'elle fasse savoir, sans recou-
rir à ces hypocrisies et à ces perfidies qui déshonorent
les gouvsrnements et ne les servent point.
Mais il est un autre point de vue sur lequel nous de-
vons aussi appeler l'attention du public et celle de la
Turquie. On puisait le prétexte du complot qui vient d'a-
vorter dans les aspirations d'indépendance prêtées au
vice-roi.
Nous avons dit bien souvent que ces accusations n'a-
vaient aucun fondement. L'Egypte, dans toute la guerre
d'Orient, s'est montrée vassale aussi dévouée qu'uti!e;
elle n'a épargné ni ses trésors, ni ses flottes, ni ses sol-
dats pour la défense de l'empire ottoman. Dans l'affaire
de Suez elle-même, elle a poussé jusqu'à l'extrême li-
mite ses scrupules et sa déférence, envers la suzeraineté
du sultan; mais enfin il n'est ni droit ni autorité qui
n'ait ses bornes, et ces bornes, elles commencent où
l'intervention du suzerain ag'it et combat contre les in-
térêts des peuples auxquels il doit justice et protection.
Les liens qui rattachent l'Egypte à la Turquie ont évi-
demment pour principe les intérêts communs et de
l'Egypte et de l'Europe ; mais s'il était démontré que la
Turquie envisage avec soupçon et malveillance le déve-
loppement de la prospérité égyptienne ; qu'elle entend
lui interdire l'exploitation des avantages naturels de sa
position géographique ; qu'elle veut la maintenir autant
qu'il est en elle dans l'état de misère et de barbarie;
qu'elle n'est pas même arrêtée dans ce système par
l'inconvénient de blesser les vœux et les intérêts euro-
péens en même temps que l'intérêt de l'Egypte, il fau-
drait avouer que l'Egypte aurait toute espèce de droits
d'aspirer à son indépendance, et l'Europe toute espèce
de raisons de l'aider à l'obtenir. Les choses étant ainsi,
la Turquie n'aurait qu'à s'en prendre à elle-même ; nous
ne sommes plus à l'époque où les peuples et les plus
hautes nécessités du genre humain peuvent être sacri-
fiés à des caprices ou au calcul égoïste d'un despotisme
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 5/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6529512p/f5.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6529512p/f5.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6529512p/f5.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6529512p
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6529512p
Facebook
Twitter