Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-08-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 août 1859 15 août 1859
Description : 1859/08/15 (A4,N76). 1859/08/15 (A4,N76).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295118
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 245
l'élan de ses sympathies motivées à l'égard du canal
de Suez.
Quant aux dernières complications nous serions
injustes d'en faire peser le poids sur la Turquie ou
sur l'Egypte. La Porte a sans doute obéi à une im-
pulsion artificielle à laquelle il lui était impossible de
résister. Le vice-roi a, dans ces conjonctures aussi
difficiles que délicates pour lui, montré à la fois sa
modération, sa réserve et l'invincible solidité de ses
affections et pour l'œuvre et pour son promoteur.
C'est un fait acquis à la postérité comme aux
contemporains que l'Europe pourrait aujourd'hui com-
muniquer par l'isthme avec l'Asie, si depuis quatre ans
le gouvernement anglais n'accumulait autour de cette
grande conception toutes les manœuvres et tous les
obstacles. C'est à lui de voir s'il veut encore autori-
ser la voix rude de M. Hœbuck à lui crier, comme
il l'a fait à ses prédécesseurs, « l'honneur de l'An-
gleterre a été traîné dans la boue. »
Mais le canal ne périrait pas dans cette honte de
l'Angleterre.
ERNEST DESPLACES.
LES CORRESPONDANCES D'ORIENT.
Nous groupons en un ensemble les correspondances
soit d'Alexandrie, soit de Constantinople, où se trou-
vent en quelque sorte tracées de jour en jour les
péripéties des intrigues que la paix, rendue à l'Eu-
rope, a fait si heureusement échouer.
Ces informations ont chacune leur intérêt, leur im-
portance propre ; il est curieux de voir les correspon-
dances françaises d'Alexandrie se contrôler et se
confirmer, pour ainsi dire, par les correspondances
anglaises de Constantinople.
La lettre que nous empruntons au Times a natu-
rellement son cachet particulier. Elle trahit à la fois
le dépit qui sent qu'une savante machination va
échouer, et le dédain profond qu'on éprouve pour les
dupes dont on voulait se servir. Les Turcs, pourtant,
dans l'embarras où la diplomatie anglaise les plon-
geait, ont trouvé moyen de donner une leçon au
Times lui-même. Ils lui ont appris les avantages de
l'astrologie appliquée à la stratégie politique.
J. MONGIN.
(Correspondance particulière du CONSTITUTIONNEL.)
Alexandrie, 25 juillet.
Je vous ai tenu fidèlement au courant des intrigues
que la diplomatie anglaise a ourdies en Egypte pour
empêcher le percement de l'isthme de Suez. Mais, jus-
qu'ici, j'avais cru devoir tenir sous le rideau tout un
côté de la question : le côté de la politique générale
qui, contre le gré de la Compagnie, dont l'objet est
purement commercial, se mêle à cette importante en-
treprise.
Le moment me parait venu de déchirer le voile qui,
d'ailleurs, a été dernièrement soulevé par le journal
l'Univers religieux, et de vous communiquer des faits
dont l'exactitude ne saurait être révoquée en doute.
Vous vous souvenez des démarches faites, à plu-
sieurs reprise, tant par le consul anglais, M. Green,
que par son successeur, M. Walne, pour déterminer le
vice-roi à désavouer son mandataire, M. de Lesseps, et
à se prononcer contre la continuation des travaux du
canal. Il faut rendre justice au prince Mohammed-Saïd;
ni les menaces des agens anglais, ni les sollicitations
d'une partie de son entourage, n'ont pu lui arracher un
désavœu qui d'ailleurs n'eût pas été soutenable ; mais,
pendant un moment, ces manœuvres ont réussi, comme
vous le savez, à causer des embarras à l'entreprise.
Le curieux est de savoir par quelle politique à double
face la diplomatie britannique avait cherché à acquérir
de l'influence sur son esprit.
Le plus cher, le plus constant des vœux de tous les
princes ottomans dont l'esprit est cultivé et généreux,
est de laisser à leurs fils l'héritage de leur pouvoir. On
sait que, d'après la loi suivie à Constantinople, c'est le
plus âgé de la famille qui succède au souverain décédé,
et c'est cette loi qui avait entretenu parmi les sultans
l'usage de faire périr tous ceux que leur âge eût des-
tinés au trône à l'exclusion de celui qu'on voulait en
faire héritier.
De nos jours, où la civilisation ne permet plus ces
exécutions officielles, ce n'est point une raison pour
qu'on étouffe le sentiment paternel qui, en définitive,
est une garantie de stabilité et de moralité pour tous
les gouvernements.
Dans un entretien qui eut lieu au Caire, le 19 dé-
cembre dernier, entre le vice-roi et M. Green, entretien
dont je vous ai rendu compte, Mohammed-Saïd, pressé
de se prononcer contre l'exécution du canal, avait ré-
pondu à l'agent britannique :
« L'un des motifs qui me guident dans les encoura
gements que j'accorde à l'entreprise du percement de
l'isthme, c'est le désir de laisser à mon fils l'héritage
du gouvernement de l'Egypte. Pour parvenir à ce but,
j'ai besoin de m'assurer l'appui de l'opinion publique et
des gouvernements de l'Europe. Le percement de l'is-
thme est une entreprise de haute civilisation qui, en
assurant l'estime du monde à mon gouvernement, doit
me gagner le concours de la majorité des Etats de
l'Europe pour la satisfaction légitime du sentiment pa-
ternel qui m'anime. »
L'agent anglais fit entendre au v:ce-roi que son but
serait plus sûrement atteint, s'il était aidé par la poli-
tique de. l'Angleterre, dont il pourrait obtenir le concours
au prix de l'abandon du canal de Suez. Cette ouverture
fut suivie d'autres communications du même genre par
lesquelles on ne cessa pas d'entretenir le pacha dans l'es-
poir que l'Angleterre seconderait son désir. En dernier
lieu, la guerre avec l'Autriche venant il éclater, on per-
suada au vice-roi que cette dernière puissance s'unirait
à l'Angleterre pour obtenir à Constantinople la réforme
l'élan de ses sympathies motivées à l'égard du canal
de Suez.
Quant aux dernières complications nous serions
injustes d'en faire peser le poids sur la Turquie ou
sur l'Egypte. La Porte a sans doute obéi à une im-
pulsion artificielle à laquelle il lui était impossible de
résister. Le vice-roi a, dans ces conjonctures aussi
difficiles que délicates pour lui, montré à la fois sa
modération, sa réserve et l'invincible solidité de ses
affections et pour l'œuvre et pour son promoteur.
C'est un fait acquis à la postérité comme aux
contemporains que l'Europe pourrait aujourd'hui com-
muniquer par l'isthme avec l'Asie, si depuis quatre ans
le gouvernement anglais n'accumulait autour de cette
grande conception toutes les manœuvres et tous les
obstacles. C'est à lui de voir s'il veut encore autori-
ser la voix rude de M. Hœbuck à lui crier, comme
il l'a fait à ses prédécesseurs, « l'honneur de l'An-
gleterre a été traîné dans la boue. »
Mais le canal ne périrait pas dans cette honte de
l'Angleterre.
ERNEST DESPLACES.
LES CORRESPONDANCES D'ORIENT.
Nous groupons en un ensemble les correspondances
soit d'Alexandrie, soit de Constantinople, où se trou-
vent en quelque sorte tracées de jour en jour les
péripéties des intrigues que la paix, rendue à l'Eu-
rope, a fait si heureusement échouer.
Ces informations ont chacune leur intérêt, leur im-
portance propre ; il est curieux de voir les correspon-
dances françaises d'Alexandrie se contrôler et se
confirmer, pour ainsi dire, par les correspondances
anglaises de Constantinople.
La lettre que nous empruntons au Times a natu-
rellement son cachet particulier. Elle trahit à la fois
le dépit qui sent qu'une savante machination va
échouer, et le dédain profond qu'on éprouve pour les
dupes dont on voulait se servir. Les Turcs, pourtant,
dans l'embarras où la diplomatie anglaise les plon-
geait, ont trouvé moyen de donner une leçon au
Times lui-même. Ils lui ont appris les avantages de
l'astrologie appliquée à la stratégie politique.
J. MONGIN.
(Correspondance particulière du CONSTITUTIONNEL.)
Alexandrie, 25 juillet.
Je vous ai tenu fidèlement au courant des intrigues
que la diplomatie anglaise a ourdies en Egypte pour
empêcher le percement de l'isthme de Suez. Mais, jus-
qu'ici, j'avais cru devoir tenir sous le rideau tout un
côté de la question : le côté de la politique générale
qui, contre le gré de la Compagnie, dont l'objet est
purement commercial, se mêle à cette importante en-
treprise.
Le moment me parait venu de déchirer le voile qui,
d'ailleurs, a été dernièrement soulevé par le journal
l'Univers religieux, et de vous communiquer des faits
dont l'exactitude ne saurait être révoquée en doute.
Vous vous souvenez des démarches faites, à plu-
sieurs reprise, tant par le consul anglais, M. Green,
que par son successeur, M. Walne, pour déterminer le
vice-roi à désavouer son mandataire, M. de Lesseps, et
à se prononcer contre la continuation des travaux du
canal. Il faut rendre justice au prince Mohammed-Saïd;
ni les menaces des agens anglais, ni les sollicitations
d'une partie de son entourage, n'ont pu lui arracher un
désavœu qui d'ailleurs n'eût pas été soutenable ; mais,
pendant un moment, ces manœuvres ont réussi, comme
vous le savez, à causer des embarras à l'entreprise.
Le curieux est de savoir par quelle politique à double
face la diplomatie britannique avait cherché à acquérir
de l'influence sur son esprit.
Le plus cher, le plus constant des vœux de tous les
princes ottomans dont l'esprit est cultivé et généreux,
est de laisser à leurs fils l'héritage de leur pouvoir. On
sait que, d'après la loi suivie à Constantinople, c'est le
plus âgé de la famille qui succède au souverain décédé,
et c'est cette loi qui avait entretenu parmi les sultans
l'usage de faire périr tous ceux que leur âge eût des-
tinés au trône à l'exclusion de celui qu'on voulait en
faire héritier.
De nos jours, où la civilisation ne permet plus ces
exécutions officielles, ce n'est point une raison pour
qu'on étouffe le sentiment paternel qui, en définitive,
est une garantie de stabilité et de moralité pour tous
les gouvernements.
Dans un entretien qui eut lieu au Caire, le 19 dé-
cembre dernier, entre le vice-roi et M. Green, entretien
dont je vous ai rendu compte, Mohammed-Saïd, pressé
de se prononcer contre l'exécution du canal, avait ré-
pondu à l'agent britannique :
« L'un des motifs qui me guident dans les encoura
gements que j'accorde à l'entreprise du percement de
l'isthme, c'est le désir de laisser à mon fils l'héritage
du gouvernement de l'Egypte. Pour parvenir à ce but,
j'ai besoin de m'assurer l'appui de l'opinion publique et
des gouvernements de l'Europe. Le percement de l'is-
thme est une entreprise de haute civilisation qui, en
assurant l'estime du monde à mon gouvernement, doit
me gagner le concours de la majorité des Etats de
l'Europe pour la satisfaction légitime du sentiment pa-
ternel qui m'anime. »
L'agent anglais fit entendre au v:ce-roi que son but
serait plus sûrement atteint, s'il était aidé par la poli-
tique de. l'Angleterre, dont il pourrait obtenir le concours
au prix de l'abandon du canal de Suez. Cette ouverture
fut suivie d'autres communications du même genre par
lesquelles on ne cessa pas d'entretenir le pacha dans l'es-
poir que l'Angleterre seconderait son désir. En dernier
lieu, la guerre avec l'Autriche venant il éclater, on per-
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