Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-10-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 octobre 1859 01 octobre 1859
Description : 1859/10/01 (A4,N79). 1859/10/01 (A4,N79).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529514h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
292 L'ISTHME DE SUEZ,
Vous suggérez d'abord que je devrais établir à quel
degré l'action des représentants anglais en Turquie et
en Egypte a été illégitime.
Les renseignements suivants, qui m'ont été en leur
temps transmis d'Alexandrie, et dont je vous envoie un
extrait traduit, pourront jeter quelque jour sur ce
point :
« Dans une entrevue qui eut lieu au Caire le 19 décem-
» bre dernier, entre le vice-roi d'Egypte et M. Green, l'a-
» gent britannique, Mohammed-Saïd, pressé de se pronon-
» cer contre l'exécution du canal répondit ainsi à cet
» agent : Un des motifs qui m'ont guidé dans les encou-
» ragements que j'ai donnés à l'entreprise du canal de
D Suez, c'est le désir de laisser à mon fils l'héritage du
» gouvernement d'Égypte ; pour atteindre cet objet, j'a-
» vais besoin de m'assurer l'appui de l'opinion publique
» et des gouvernements de l'Europe ; le percement de
» l'isthme est au plus haut degré une entreprise de ci-
» vilisation qui, en attirant sur mon gouvernement l'es-
» time du monde, doit me gagner la coopération de la
» majorité des États européens, qui sympathiseront avec
« les sentiments paternels qui m'animent. L'agent an-
» glais alors donna à entendre au vice-roi que sa pensée
» pouvait être plus facilement réalisée si Son Altesse
» était assistée par la diplomatie anglaise, dont elle pou-
» vait s'assurer le concours à une condition, savoir :
» l'abandon du canal de Suez. Cette ouverture fut suivie
» par d'autres communications d'une semblable nature ;
« on entretint le vice-roi dans l'espoir que l'Angleterre
» seconderait ses désirs. Il faut ajouter que lorsque la
» dernière guerre avec l'Autriche éclt a, le vice-roi était
» persuadé que cette puissance s'unirait avec l'Angle-
» terre, afin d'obtenir à Constantinople la réforme que
» le Pacha désirait introduire dans les usages réglant
» les droits de succession dans son pays. Mais ce qu'on
» aura peine à croire, c'est que, tandis que le représentant
» anglais en Egypte présentait ces perspectives au vice-
» roi, l'ambassadeur anglais à Constantinople, de son
» côté, prenant avantage de la confidence faite à M. Green
» par Son Altesse, allait accuser auprès du sultan de Tur-
» quie le vice-roi d'entretenir des intentions ambitieuses
» et rebelles envers Sa Majesté, et que de plus il nourris-
» sait l'idée de se rendre indépendant et d'attenter à
» l'intégrité de l'empire. Tels sont les moyens employés
» pour entraîner les ministres du sultan à élever des ob-
» stacles contre l'ouverture immédiate du canal de
» Suez. »
On peut argumenter, en réponse à l'extrait ci-dessus,
que, quoiqu'il tende certainement à prouver l'emploi
de moyens illégitimes pour aboutir à certaines fins, il me
reste pourtant à montrer que ces fins elles-mêmes sont
illégitimes. Je craindrais qu'on m'accusât de présomp-
tion si j'avançais mon opinion individuelle sur l'illégiti-
mité de cette politique, et c'est pour cela que, dans ma
brochure, j'ai recouru aux témoignages de plusieurs
membres du cabinet actuel, pensant que je ne pouvais
mieux faire que d'en appeler à l'autorité de ces minis-
tres eux-mêmes, auxquels le pays a en partie confié
la direction de ses affaires. Voici ces témoignages invo-
qués par moi et condensés dans le but d'économiser l'es-
pace.
Dans le mois de juin de l'année dernière, le chance-
lier actuel de l'échiquier, le très-honorable W. E. Glads-
tone, déclara, dans la chambre des communes, « qu'il
» désirait qu'un terme fût mis au système vicieux dont
» il craignait que lord Palmerston ne fût le principal
» auteur, système d'intervention arbitraire et gratuite
» dans le but d'empêcher l'exécution du canal de Suez
» sur des motifs qui étaient ou nuls ou sans valeur, et
qui, en réalité, étaientpires, parce qu'ils devaient mettre
» l'Angleterre en désaccord avec le monde et l'engager
» dans une contestation où elle devait nécessairement
» succomber. Que si lord Palmerston prétendait que
» l'effet de la résolution serait d'encourager le projet,
» il (M. Gladstone) avait à faire cette réponse péremp-
» toire, que la résolution ne donnait aucun autre en-
» couragement que celui résultant naturellement du
» retrait d'une opposition inconvenante, indue, illégi-
» time et poursuivie contre l'entreprise par des moyens
» illégitimes. Il n'y avait pas un État en Europe qui ne
» déclarât que l'opposition de l'Angleterre à ce projet,
» opposition que lui (M. Gladstone) affirmait ne point
D provenir du peuple anglais, n'était que l'opposition
» du gouvernement exécutif, agissant dans le secret et
» dans les ténèbres. Il n'y avait pas un État sur le
» continent de l'Europe qui ne dénonçât cette opposition
» comme une politique injustifiable et égoïste. »
Le ministre actuel du commerce, l'honorable T. Milner
Gibson, « désirait voir le Sultan abandonné à l'exercice
» de son libre arbitre dans cette question, et ne pouvait
» s'empêcher de penser que c'était là une plus sage
» marche à suivre que celle d'intervenir indûment dans
» la politique de ce monarque, pour le placer, comme
n ce serait le cas probable, en collision avec les autres
11 puissances de l'Europe. Il espérait que la politique de
D lord Palmerston ne continuerait pas à influencer le
» Foreign Office. »
Le ministre actuel de la guerre, le très-honorable
Sidney Herbert, appuya cette façon de voir, et le mi-
nistre actuel des affaires étrangères, lord John Russell,
protesta « qu'il avait toujours été reconnu par lord Pal-
» merston, et qu'il n'avait pas été nié par le sous-secré-
» taire d'État aux affaires étrangères, que pendant plu-
» sieurs années la puissance et l'influence de l'Angle-
» terre avaient été employées à pousser le Sultan à
» refuser son assentiment au projet d'ouvrir un canal
» à travers l'isthme de Suez. Si le gouvernement turc
» avait des raisons à lui pour refuser son assentiment,
» il s'ensuivait qu'il n'était pas besoin de l'emploi de
» la puissance et de l'influence de l'Angleterre. On di-
» sait cependant et on avait souvent soutenu qu'il exis-
» tait des raisons pour lesquelles l'Angleterre, dans son
» propre intérêt, devait s'attacher à prévenir la construc-
» tion de ce canal ; or tout dommage dont cet ouvrage
» nous menacerait devait survenir soit pendant la paix,
» soit pendant la guerre. Il (lord John Russell) ne pou-
» vait concevoir que, pendant une période de paix, l'é-
» tablissement de moyens additionnels pour le commer.
» ce, la formation d'une grande route additionnelle entre
» les différentes parties du monde pussent être dommagea-
» ble à l'Angleterre. Que si on lui objectait que certains
» ports de France et d'autres pays continentaux étaient
Vous suggérez d'abord que je devrais établir à quel
degré l'action des représentants anglais en Turquie et
en Egypte a été illégitime.
Les renseignements suivants, qui m'ont été en leur
temps transmis d'Alexandrie, et dont je vous envoie un
extrait traduit, pourront jeter quelque jour sur ce
point :
« Dans une entrevue qui eut lieu au Caire le 19 décem-
» bre dernier, entre le vice-roi d'Egypte et M. Green, l'a-
» gent britannique, Mohammed-Saïd, pressé de se pronon-
» cer contre l'exécution du canal répondit ainsi à cet
» agent : Un des motifs qui m'ont guidé dans les encou-
» ragements que j'ai donnés à l'entreprise du canal de
D Suez, c'est le désir de laisser à mon fils l'héritage du
» gouvernement d'Égypte ; pour atteindre cet objet, j'a-
» vais besoin de m'assurer l'appui de l'opinion publique
» et des gouvernements de l'Europe ; le percement de
» l'isthme est au plus haut degré une entreprise de ci-
» vilisation qui, en attirant sur mon gouvernement l'es-
» time du monde, doit me gagner la coopération de la
» majorité des États européens, qui sympathiseront avec
« les sentiments paternels qui m'animent. L'agent an-
» glais alors donna à entendre au vice-roi que sa pensée
» pouvait être plus facilement réalisée si Son Altesse
» était assistée par la diplomatie anglaise, dont elle pou-
» vait s'assurer le concours à une condition, savoir :
» l'abandon du canal de Suez. Cette ouverture fut suivie
» par d'autres communications d'une semblable nature ;
« on entretint le vice-roi dans l'espoir que l'Angleterre
» seconderait ses désirs. Il faut ajouter que lorsque la
» dernière guerre avec l'Autriche éclt a, le vice-roi était
» persuadé que cette puissance s'unirait avec l'Angle-
» terre, afin d'obtenir à Constantinople la réforme que
» le Pacha désirait introduire dans les usages réglant
» les droits de succession dans son pays. Mais ce qu'on
» aura peine à croire, c'est que, tandis que le représentant
» anglais en Egypte présentait ces perspectives au vice-
» roi, l'ambassadeur anglais à Constantinople, de son
» côté, prenant avantage de la confidence faite à M. Green
» par Son Altesse, allait accuser auprès du sultan de Tur-
» quie le vice-roi d'entretenir des intentions ambitieuses
» et rebelles envers Sa Majesté, et que de plus il nourris-
» sait l'idée de se rendre indépendant et d'attenter à
» l'intégrité de l'empire. Tels sont les moyens employés
» pour entraîner les ministres du sultan à élever des ob-
» stacles contre l'ouverture immédiate du canal de
» Suez. »
On peut argumenter, en réponse à l'extrait ci-dessus,
que, quoiqu'il tende certainement à prouver l'emploi
de moyens illégitimes pour aboutir à certaines fins, il me
reste pourtant à montrer que ces fins elles-mêmes sont
illégitimes. Je craindrais qu'on m'accusât de présomp-
tion si j'avançais mon opinion individuelle sur l'illégiti-
mité de cette politique, et c'est pour cela que, dans ma
brochure, j'ai recouru aux témoignages de plusieurs
membres du cabinet actuel, pensant que je ne pouvais
mieux faire que d'en appeler à l'autorité de ces minis-
tres eux-mêmes, auxquels le pays a en partie confié
la direction de ses affaires. Voici ces témoignages invo-
qués par moi et condensés dans le but d'économiser l'es-
pace.
Dans le mois de juin de l'année dernière, le chance-
lier actuel de l'échiquier, le très-honorable W. E. Glads-
tone, déclara, dans la chambre des communes, « qu'il
» désirait qu'un terme fût mis au système vicieux dont
» il craignait que lord Palmerston ne fût le principal
» auteur, système d'intervention arbitraire et gratuite
» dans le but d'empêcher l'exécution du canal de Suez
» sur des motifs qui étaient ou nuls ou sans valeur, et
qui, en réalité, étaientpires, parce qu'ils devaient mettre
» l'Angleterre en désaccord avec le monde et l'engager
» dans une contestation où elle devait nécessairement
» succomber. Que si lord Palmerston prétendait que
» l'effet de la résolution serait d'encourager le projet,
» il (M. Gladstone) avait à faire cette réponse péremp-
» toire, que la résolution ne donnait aucun autre en-
» couragement que celui résultant naturellement du
» retrait d'une opposition inconvenante, indue, illégi-
» time et poursuivie contre l'entreprise par des moyens
» illégitimes. Il n'y avait pas un État en Europe qui ne
» déclarât que l'opposition de l'Angleterre à ce projet,
» opposition que lui (M. Gladstone) affirmait ne point
D provenir du peuple anglais, n'était que l'opposition
» du gouvernement exécutif, agissant dans le secret et
» dans les ténèbres. Il n'y avait pas un État sur le
» continent de l'Europe qui ne dénonçât cette opposition
» comme une politique injustifiable et égoïste. »
Le ministre actuel du commerce, l'honorable T. Milner
Gibson, « désirait voir le Sultan abandonné à l'exercice
» de son libre arbitre dans cette question, et ne pouvait
» s'empêcher de penser que c'était là une plus sage
» marche à suivre que celle d'intervenir indûment dans
» la politique de ce monarque, pour le placer, comme
n ce serait le cas probable, en collision avec les autres
11 puissances de l'Europe. Il espérait que la politique de
D lord Palmerston ne continuerait pas à influencer le
» Foreign Office. »
Le ministre actuel de la guerre, le très-honorable
Sidney Herbert, appuya cette façon de voir, et le mi-
nistre actuel des affaires étrangères, lord John Russell,
protesta « qu'il avait toujours été reconnu par lord Pal-
» merston, et qu'il n'avait pas été nié par le sous-secré-
» taire d'État aux affaires étrangères, que pendant plu-
» sieurs années la puissance et l'influence de l'Angle-
» terre avaient été employées à pousser le Sultan à
» refuser son assentiment au projet d'ouvrir un canal
» à travers l'isthme de Suez. Si le gouvernement turc
» avait des raisons à lui pour refuser son assentiment,
» il s'ensuivait qu'il n'était pas besoin de l'emploi de
» la puissance et de l'influence de l'Angleterre. On di-
» sait cependant et on avait souvent soutenu qu'il exis-
» tait des raisons pour lesquelles l'Angleterre, dans son
» propre intérêt, devait s'attacher à prévenir la construc-
» tion de ce canal ; or tout dommage dont cet ouvrage
» nous menacerait devait survenir soit pendant la paix,
» soit pendant la guerre. Il (lord John Russell) ne pou-
» vait concevoir que, pendant une période de paix, l'é-
» tablissement de moyens additionnels pour le commer.
» ce, la formation d'une grande route additionnelle entre
» les différentes parties du monde pussent être dommagea-
» ble à l'Angleterre. Que si on lui objectait que certains
» ports de France et d'autres pays continentaux étaient
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 4/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6529514h/f4.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6529514h/f4.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6529514h/f4.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6529514h
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6529514h
Facebook
Twitter