Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-10-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 octobre 1859 01 octobre 1859
Description : 1859/10/01 (A4,N79). 1859/10/01 (A4,N79).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529514h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
300 L'ISTHME DE SUEZ,
» Lorsque, dans le courant de l'année dernière, M. Roe-
buck soumettait au vote de la chambre des communes
une motion ayant pour but de faire décider « que le
pouvoir et l'influence de l'Angleterre ne seraient pas
employés à contraindre le Sultan à refuser son assenti-
ment au projet du canal de Suez, » quatre membres de
cette chambre, lord John Russell. MM. Gladstone, Mil-
ner-Gibson et Sydney-Herbert, qui siégeaient alors sur
les bancs libéraux, et qui, tous quatre aujourd'hui ff,nt
partie du ministère, soutinrent cette motion.
» Lord John Russell déclara qu'il était du devoir et de
l'intérêt de son pays de ne pas faire d'obstacle soit en
Egypte, soit en Turquie, à l'exécution du canal; que
l'Angleterre, en adoptant cette conduite, prouverait
qu'elle était prête à s'entendre avec le reste du monde,
sans chercher à satisfaire des idées égoïstes.
» M.Gladstone proclamait la politique suivie dans cette
question non-seulement comme une mauvaise politi-
que, mais comme une politique scandaleuse, illicite, et
qui ne s'appuyait que sur les moyens les plus illégitimes.
» M. Milner-Gibson constatait hautement que le projet
dont il s'agissait avait rencontré en Angleterre, dans
les villes mêmes où cette entreprise pouvait être le
mieux appréciée, de vives et nombreuses sympathies ;
que la chambre devait décliner toute intervention de
la part du gouvernement, et que le sultan devait res-
ter le seul juge d'une question qui concernait les inté.
rêts de ses propres Etats.
» M. Sydney-Herbert, enfin, appuya de son vote la mo-
tion de M. Rœbuck.
Il Nous ne ferons pas à ces hommes politiques l'injure
de croire que le rôle qu'ils occupaient dans l'opposition
ait seul inspiré leur langage. Ils obéissaient alors à des
convictions auxquelles ils ne sauraient cesser d'obéir
aujourd'hui. De là le changement profond qui ne peut
que se manifester dans l'attitude du gouvernement an-
glais, en raison même des circonstances que nous ve-
nons de rappeler, et qui détruirait le dernier prétexte
du cabinet ottoman à refuser au vice-roi d'Egypte le
firman depuis trop longtemps attendu.
» Le Times ne s'y est pas trompé. Il a compris que
lord John Russell, que MM. Gladstone, Milner-Gibson et
Sydney-Herbert étaient liés par leur langage et leur
vote à propos de la motion Rœbuck. Voilà précisément
ce que le Times ne veut pas. Aussi, pour prouver que
les ministres de la reine peuvent en toute conscience
se déjuger, qu'ils ne sont pas tenus de se montrer fa-
vorables à l'exécution du canal de Suez, à une idée
d'ailleurs toute française, le journal anglais met en
avant, dans son numéro du 9 septembre, la plus auda-
cieuse accusation. Il prétend que la France se serait
récemment opposée à l'établissement par l'Angleterre
du télégraphe sous-marin de Suez à Aden, destiné à
prolonger la communication électrique aujourd'hui
existante d'Alexandrie à Suez. Nous répondons à cette
accusation par la plus énergique dénégation. La France
n'a jamais eu à intervenir, et elle n'est jamais inter-
venue dans la question du télégraphe de la mer Rouge.
» En résumé, l'entreprise du canal de Suez entre, selon
nous, dans une nouvelle et plus favorable phase. Elle
ne peut tarder à ne plus être envisagée à Constantino-
ple que comme une entreprise commerciale, à laquelle
l'esprit comme la lettre du hatti-chériff que nous avons
rappelé feraient à la Porte un devoir de s'associer. Il
nous plaît de croire, en effet, que lord John Russell et
ses principaux collègues, loin de partager l'opposition
systématique de leurs prédécesseurs, à l'accomplisse-
ment d'une grande et féconde pensée, et fidèles d'ail-
leurs à leur opinion, voudront une fois, au moins, am-
nistier la politique anglaise du reproche d'égoïsme
qu'elle n'a que trop souvent mérité. »
Louis BELLET.
P. S. Le lendemain, la Patrie rectifiait en ces termes
une erreur de détail commise dans son article ci-des-
sus :
« Nous avions dit que le Times, dans son numéro du
9 septembre, avait accusé la France d'avoir fait obstacle
à l'établissement par l'Angleterre du télégraphe de
Suez à Aden. C'est au chemin de fer de l'Euphrate et
au télégraphe de jonction de l'Inde (Indian jonction tele-
graph) que s'applique cette accusation. Ces deux projets,
suivant le Times, ont été écrasés (sic) par égard à l'op-
position déterminée de la France. Ce fait une fois ré -
tabli, nous devons ajouter que la dénégation absolue
que nous avons opposée à la prétendue intervention de
la France au sujet du télégraphe de la mer Rouge, sub-
siste en entier en ce qui concerne le railway et le té-
légraphe par la vallée de l'Euphrate. »
LE SIÈCLE ET L'ALLIANCE ANGLAISE.
Organe d'une entreprise de paix et de confraternité
entre les nations, nous avertissons tous les jours l'o-
pinion publique en Angleterre du sourd grondement
de la tempête dont les orgueils ou les préjugés de
l'autre côté du détroit semblent prendre plaisir à amas-
ser en France les éléments évanouis ou dispersés.
Nous cherchons à être impartiaux l t vrais; nous ne
voudrions tromper personne, et en même temps nous
affirmons que dans notre pays il n'y a pas de haines
systématiques, quoi qu'on en dise, il n'y a aucun es-
prit de vengeance pour les souvenirs du passé. La
France au total n'a pas à regretter les dures leçons
de l'expérience; elle ne tient plus aux conquêtes, elle
n'aspire plus à des agrandissements territoriaux; con-
tente de sa force, résultant d'une nation compacte,
unie, reliée par les mêmes lois, le même langage, le
même cœur, les mêmes besoins, elle se sent en état de
tenir pai iblement sa place dans le monde. Mais elle
ne veut pas en déchoir, elle veut garder son rang et
sa dignité, elle ne consent pas qu'on la traite en su-
balterne ou en ennemie ; elle n'est point jalouse de l'An-
gleterre, et trop souvent elle aperçoit que l'Angleterre
est jalouse d'elle, c'est là le ver rongeur de l'alliance,
c'est le danger que nous ne cessons de signaler. De-
puis quelque temps nos voisins ont compris que ce
sentiment grondait et grossissait dans le sein de notre
» Lorsque, dans le courant de l'année dernière, M. Roe-
buck soumettait au vote de la chambre des communes
une motion ayant pour but de faire décider « que le
pouvoir et l'influence de l'Angleterre ne seraient pas
employés à contraindre le Sultan à refuser son assenti-
ment au projet du canal de Suez, » quatre membres de
cette chambre, lord John Russell. MM. Gladstone, Mil-
ner-Gibson et Sydney-Herbert, qui siégeaient alors sur
les bancs libéraux, et qui, tous quatre aujourd'hui ff,nt
partie du ministère, soutinrent cette motion.
» Lord John Russell déclara qu'il était du devoir et de
l'intérêt de son pays de ne pas faire d'obstacle soit en
Egypte, soit en Turquie, à l'exécution du canal; que
l'Angleterre, en adoptant cette conduite, prouverait
qu'elle était prête à s'entendre avec le reste du monde,
sans chercher à satisfaire des idées égoïstes.
» M.Gladstone proclamait la politique suivie dans cette
question non-seulement comme une mauvaise politi-
que, mais comme une politique scandaleuse, illicite, et
qui ne s'appuyait que sur les moyens les plus illégitimes.
» M. Milner-Gibson constatait hautement que le projet
dont il s'agissait avait rencontré en Angleterre, dans
les villes mêmes où cette entreprise pouvait être le
mieux appréciée, de vives et nombreuses sympathies ;
que la chambre devait décliner toute intervention de
la part du gouvernement, et que le sultan devait res-
ter le seul juge d'une question qui concernait les inté.
rêts de ses propres Etats.
» M. Sydney-Herbert, enfin, appuya de son vote la mo-
tion de M. Rœbuck.
Il Nous ne ferons pas à ces hommes politiques l'injure
de croire que le rôle qu'ils occupaient dans l'opposition
ait seul inspiré leur langage. Ils obéissaient alors à des
convictions auxquelles ils ne sauraient cesser d'obéir
aujourd'hui. De là le changement profond qui ne peut
que se manifester dans l'attitude du gouvernement an-
glais, en raison même des circonstances que nous ve-
nons de rappeler, et qui détruirait le dernier prétexte
du cabinet ottoman à refuser au vice-roi d'Egypte le
firman depuis trop longtemps attendu.
» Le Times ne s'y est pas trompé. Il a compris que
lord John Russell, que MM. Gladstone, Milner-Gibson et
Sydney-Herbert étaient liés par leur langage et leur
vote à propos de la motion Rœbuck. Voilà précisément
ce que le Times ne veut pas. Aussi, pour prouver que
les ministres de la reine peuvent en toute conscience
se déjuger, qu'ils ne sont pas tenus de se montrer fa-
vorables à l'exécution du canal de Suez, à une idée
d'ailleurs toute française, le journal anglais met en
avant, dans son numéro du 9 septembre, la plus auda-
cieuse accusation. Il prétend que la France se serait
récemment opposée à l'établissement par l'Angleterre
du télégraphe sous-marin de Suez à Aden, destiné à
prolonger la communication électrique aujourd'hui
existante d'Alexandrie à Suez. Nous répondons à cette
accusation par la plus énergique dénégation. La France
n'a jamais eu à intervenir, et elle n'est jamais inter-
venue dans la question du télégraphe de la mer Rouge.
» En résumé, l'entreprise du canal de Suez entre, selon
nous, dans une nouvelle et plus favorable phase. Elle
ne peut tarder à ne plus être envisagée à Constantino-
ple que comme une entreprise commerciale, à laquelle
l'esprit comme la lettre du hatti-chériff que nous avons
rappelé feraient à la Porte un devoir de s'associer. Il
nous plaît de croire, en effet, que lord John Russell et
ses principaux collègues, loin de partager l'opposition
systématique de leurs prédécesseurs, à l'accomplisse-
ment d'une grande et féconde pensée, et fidèles d'ail-
leurs à leur opinion, voudront une fois, au moins, am-
nistier la politique anglaise du reproche d'égoïsme
qu'elle n'a que trop souvent mérité. »
Louis BELLET.
P. S. Le lendemain, la Patrie rectifiait en ces termes
une erreur de détail commise dans son article ci-des-
sus :
« Nous avions dit que le Times, dans son numéro du
9 septembre, avait accusé la France d'avoir fait obstacle
à l'établissement par l'Angleterre du télégraphe de
Suez à Aden. C'est au chemin de fer de l'Euphrate et
au télégraphe de jonction de l'Inde (Indian jonction tele-
graph) que s'applique cette accusation. Ces deux projets,
suivant le Times, ont été écrasés (sic) par égard à l'op-
position déterminée de la France. Ce fait une fois ré -
tabli, nous devons ajouter que la dénégation absolue
que nous avons opposée à la prétendue intervention de
la France au sujet du télégraphe de la mer Rouge, sub-
siste en entier en ce qui concerne le railway et le té-
légraphe par la vallée de l'Euphrate. »
LE SIÈCLE ET L'ALLIANCE ANGLAISE.
Organe d'une entreprise de paix et de confraternité
entre les nations, nous avertissons tous les jours l'o-
pinion publique en Angleterre du sourd grondement
de la tempête dont les orgueils ou les préjugés de
l'autre côté du détroit semblent prendre plaisir à amas-
ser en France les éléments évanouis ou dispersés.
Nous cherchons à être impartiaux l t vrais; nous ne
voudrions tromper personne, et en même temps nous
affirmons que dans notre pays il n'y a pas de haines
systématiques, quoi qu'on en dise, il n'y a aucun es-
prit de vengeance pour les souvenirs du passé. La
France au total n'a pas à regretter les dures leçons
de l'expérience; elle ne tient plus aux conquêtes, elle
n'aspire plus à des agrandissements territoriaux; con-
tente de sa force, résultant d'une nation compacte,
unie, reliée par les mêmes lois, le même langage, le
même cœur, les mêmes besoins, elle se sent en état de
tenir pai iblement sa place dans le monde. Mais elle
ne veut pas en déchoir, elle veut garder son rang et
sa dignité, elle ne consent pas qu'on la traite en su-
balterne ou en ennemie ; elle n'est point jalouse de l'An-
gleterre, et trop souvent elle aperçoit que l'Angleterre
est jalouse d'elle, c'est là le ver rongeur de l'alliance,
c'est le danger que nous ne cessons de signaler. De-
puis quelque temps nos voisins ont compris que ce
sentiment grondait et grossissait dans le sein de notre
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