Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-10-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 octobre 1859 01 octobre 1859
Description : 1859/10/01 (A4,N79). 1859/10/01 (A4,N79).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529514h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
298 L'ISTHME DE SUEZ.
nements de France et d'Angleterre, et l'extrême déli-
catesse de conduite des officiers à empêcher la naissance
de ces jalousies que l'histoire signale si souvent entre
alliés. Je suis de ceux qui pensent que lorsqu'un pays
est en guerre il est bon qu'il ait des alliés, mais qu'en
même temps il vaut mieux que nous combattions de
notre côté et que nos alliés combattent du leur. J'ai la
confiance qu'en poursuivant cette querelle, les deux
gouvernements en sortiront aussi bons amis qu'en y
entrant et qu'ils sauront atteindre leurs fins sans au-
cune jalousie; car, quelle que soit la grandeur du mal
actuel, il serait encore beaucoup plus grand si au-
cune jalousie éclatait entre la France et l'Angleterre. »
On sait qu'annuellement les vacances parlementai-
res en Angleterre sont la saison de ces réunions agri-
coles, d'où habituellement la politique est écartée.
Mais cette année, il a été fait une très-générale excep-
tion à cette règle, et dans un grand nombre de ces
réunions, on s'est particulièrement entretenu de la
grande préoccupation des esprits, la querelle avec la
Chine et les difficultés que son heureuse issue pouvait
présenter. Plusieurs orateurs ont préparé le pays à
de grands sacrifices d'hommes et d'argent, et chacun
d'eux n'a pas manqué de se féliciter du concours que
promettait la France dans ces très-graves conjonc-
tures.
Parmi ces discours qui tous sont empreints d'une
renaissance de sentiments affectueux envers notre
pays, nous avons choisi pour les citer les paroles de
M. Henley, voici nos raisons :
M. Henley était ministre du commerce dans le der-
nier cabinet de lord Derby ; il sortit du cabinet avec
le ministre de l'intérieur, M. Walpole, parce qu'il ne
jugea pas assez libérales certaines clauses du bill de
réforme électorale que ses collègues avaient résolu de
présenter au Parlement; l'événement lui donna plei-
nement raison puisque la désapprobation de ce projet
par la chambre des communes amena la chute du ca-
binet tory. M. Henley est en réalité un des membres
notables, influents et éclairés de ce parti et sa conduite
dans la circonstance que nous venons d'indiquer n'a
pas peu contribué à augmenter son autorité.
Toutefois M. Henley était encore membre de l'ad-
ministration en juin 1858, lors du fameux débat de la
motion Rœbuck sur l'intervention anglaise dans la
question du canal de Suez et des engagements de neu-
tralité pris dans cette séance par M. Disraëli. Nous ne
pouvons savoir à quel point il approuva dans le conseil
dont il faisait partie, la conduite ultérieure de son
collègue lord Malmersbury, si contraire aux promesses
solennelles exprimées dans la chambre des communes.
Quoi qu'il en soit, nous aimons à voir dans son allo-
cution aux fermiers d'Oxfordshire une protestation
contre ces sentiments de jalousie et d'exclusivisme qui
ont inspiré la conduite du dernier ministère dans
l'affaire de Suez.
Nous ne pouvons supposer qu'un homme de bon
sens en Angleterre puisse à la fois invoquer la co-
opération de la France dans les luttes de l'Angleterre
contre la Chine, et lui refuser la seule route par la-
quelle elle puisse raisonnablement et opportunément
ravitailler ses forces de terre et de mer, et se mettre
en communication avec elles. Dans cette nouvelle
phase de l'alliance, nous dit M. Henley, les deux pays
ne doivent pas se montrer jaloux l'un envers l'autre;
ils doivent s'entendre pour atteindre chacun de leur
côté leurs fins de bon accord. Rien n'est plus juste et
rien n'est plus vrai. Mais comment cette entente
pourrait-elle exister, comment l'Angleterre pourrait-
elle prétendre s'affranchir du reproche de jalousie et
même d'injustice, si, en combattant avec la France,
elle entendait lui fermer la seule porte par laquelle elle
puisse recueillir le fruit de ses combats et de ses sa-
crifices! Nous ne pouvons admettre qu'en invitant
les deux peuples à ne se point jalouser, l'honorable
M. Henley puisse sous-entendre que la France ne ja-
lousera pas l'Angleterre en Chine,mais que l'Angleterre
continuera à jalouser la France à Suez. Nous ne pou-
vons donc donner qu'un seul sens à sa patriotique et
généreuse recommandation, et ce sens est celui d'un
blâme et d'un désaveu directs contre les tristes
moyens employés et par le ministère Derby et par le
ministère Palmerston contre une entreprise aussi
utile à l'Angleterre qu'à la France, et qui n'est com-
battue par quelques préjugés et par quelques pas-
sions retrogades, que parce qu'elle peut servir à la
France aussi bien qu'à l'Angleterre.
Nous sommes heureux de voir des hommes aussi
importants que M. Henley dans le parti conservateur
répandre parmi leurs concitoyens des idées aussi ca-
pables de resserrer l'intimité et de renouveler la po-
pularité de l'alliance. Mais nous nous permettons de
rappeler qu'il ne faut pas s'arrêter à la théorie et qu'il
y faut joindre la pratique.
J. MO:\GI.
NOUVELLES MANIFESTATIONS.
Nous avons le droit de dire sans exagération que
le percement de l'isthme de Suez, pensée du peuple,
pensée du monde, est en même temps l'aspiration de
tous les grands esprits. Ce projet a pour ainsi dire
remué l'àme humaine par tous ses points sensibles.
Pour le navigateur et le négociant, il étend le champ
des relations et des échanges ; pour les savants, il
ouvre de nouvelles carrières aux découvertes et à la
science; pour le philosophe, il va faire luire le flam-
beau de la civilisation dans les brumes des barbaries
séculaires; pour les hommes religieux, il est un instru-
ment de plus pour les puissances de la foi et de la
prédication. Par ses différents côtés, il attire les pré-
dilections des intelligences d'élite. Nous en avons
nements de France et d'Angleterre, et l'extrême déli-
catesse de conduite des officiers à empêcher la naissance
de ces jalousies que l'histoire signale si souvent entre
alliés. Je suis de ceux qui pensent que lorsqu'un pays
est en guerre il est bon qu'il ait des alliés, mais qu'en
même temps il vaut mieux que nous combattions de
notre côté et que nos alliés combattent du leur. J'ai la
confiance qu'en poursuivant cette querelle, les deux
gouvernements en sortiront aussi bons amis qu'en y
entrant et qu'ils sauront atteindre leurs fins sans au-
cune jalousie; car, quelle que soit la grandeur du mal
actuel, il serait encore beaucoup plus grand si au-
cune jalousie éclatait entre la France et l'Angleterre. »
On sait qu'annuellement les vacances parlementai-
res en Angleterre sont la saison de ces réunions agri-
coles, d'où habituellement la politique est écartée.
Mais cette année, il a été fait une très-générale excep-
tion à cette règle, et dans un grand nombre de ces
réunions, on s'est particulièrement entretenu de la
grande préoccupation des esprits, la querelle avec la
Chine et les difficultés que son heureuse issue pouvait
présenter. Plusieurs orateurs ont préparé le pays à
de grands sacrifices d'hommes et d'argent, et chacun
d'eux n'a pas manqué de se féliciter du concours que
promettait la France dans ces très-graves conjonc-
tures.
Parmi ces discours qui tous sont empreints d'une
renaissance de sentiments affectueux envers notre
pays, nous avons choisi pour les citer les paroles de
M. Henley, voici nos raisons :
M. Henley était ministre du commerce dans le der-
nier cabinet de lord Derby ; il sortit du cabinet avec
le ministre de l'intérieur, M. Walpole, parce qu'il ne
jugea pas assez libérales certaines clauses du bill de
réforme électorale que ses collègues avaient résolu de
présenter au Parlement; l'événement lui donna plei-
nement raison puisque la désapprobation de ce projet
par la chambre des communes amena la chute du ca-
binet tory. M. Henley est en réalité un des membres
notables, influents et éclairés de ce parti et sa conduite
dans la circonstance que nous venons d'indiquer n'a
pas peu contribué à augmenter son autorité.
Toutefois M. Henley était encore membre de l'ad-
ministration en juin 1858, lors du fameux débat de la
motion Rœbuck sur l'intervention anglaise dans la
question du canal de Suez et des engagements de neu-
tralité pris dans cette séance par M. Disraëli. Nous ne
pouvons savoir à quel point il approuva dans le conseil
dont il faisait partie, la conduite ultérieure de son
collègue lord Malmersbury, si contraire aux promesses
solennelles exprimées dans la chambre des communes.
Quoi qu'il en soit, nous aimons à voir dans son allo-
cution aux fermiers d'Oxfordshire une protestation
contre ces sentiments de jalousie et d'exclusivisme qui
ont inspiré la conduite du dernier ministère dans
l'affaire de Suez.
Nous ne pouvons supposer qu'un homme de bon
sens en Angleterre puisse à la fois invoquer la co-
opération de la France dans les luttes de l'Angleterre
contre la Chine, et lui refuser la seule route par la-
quelle elle puisse raisonnablement et opportunément
ravitailler ses forces de terre et de mer, et se mettre
en communication avec elles. Dans cette nouvelle
phase de l'alliance, nous dit M. Henley, les deux pays
ne doivent pas se montrer jaloux l'un envers l'autre;
ils doivent s'entendre pour atteindre chacun de leur
côté leurs fins de bon accord. Rien n'est plus juste et
rien n'est plus vrai. Mais comment cette entente
pourrait-elle exister, comment l'Angleterre pourrait-
elle prétendre s'affranchir du reproche de jalousie et
même d'injustice, si, en combattant avec la France,
elle entendait lui fermer la seule porte par laquelle elle
puisse recueillir le fruit de ses combats et de ses sa-
crifices! Nous ne pouvons admettre qu'en invitant
les deux peuples à ne se point jalouser, l'honorable
M. Henley puisse sous-entendre que la France ne ja-
lousera pas l'Angleterre en Chine,mais que l'Angleterre
continuera à jalouser la France à Suez. Nous ne pou-
vons donc donner qu'un seul sens à sa patriotique et
généreuse recommandation, et ce sens est celui d'un
blâme et d'un désaveu directs contre les tristes
moyens employés et par le ministère Derby et par le
ministère Palmerston contre une entreprise aussi
utile à l'Angleterre qu'à la France, et qui n'est com-
battue par quelques préjugés et par quelques pas-
sions retrogades, que parce qu'elle peut servir à la
France aussi bien qu'à l'Angleterre.
Nous sommes heureux de voir des hommes aussi
importants que M. Henley dans le parti conservateur
répandre parmi leurs concitoyens des idées aussi ca-
pables de resserrer l'intimité et de renouveler la po-
pularité de l'alliance. Mais nous nous permettons de
rappeler qu'il ne faut pas s'arrêter à la théorie et qu'il
y faut joindre la pratique.
J. MO:\GI.
NOUVELLES MANIFESTATIONS.
Nous avons le droit de dire sans exagération que
le percement de l'isthme de Suez, pensée du peuple,
pensée du monde, est en même temps l'aspiration de
tous les grands esprits. Ce projet a pour ainsi dire
remué l'àme humaine par tous ses points sensibles.
Pour le navigateur et le négociant, il étend le champ
des relations et des échanges ; pour les savants, il
ouvre de nouvelles carrières aux découvertes et à la
science; pour le philosophe, il va faire luire le flam-
beau de la civilisation dans les brumes des barbaries
séculaires; pour les hommes religieux, il est un instru-
ment de plus pour les puissances de la foi et de la
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