Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-09-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 septembre 1859 15 septembre 1859
Description : 1859/09/15 (A4,N78). 1859/09/15 (A4,N78).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295133
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 281
de Suez a été compris, et encore une fois, par une allusion
des plus transparentes, il écartait de la responsabilité
du gouvernement turc les considérations politiques
qui en retardaient l'exécution, répétait que sa réalisa-
tion importait aux intérêts du monde entier, et expri-
mait la ferme croyance et le vœu fervent que le projet
obtiendrait un jour l'adhésion de toutes les puis-
sances.
Certes, il était impossible de mettre plus énergi-
quement en contraste et l'adhésion de la Porte d'un
côté et la résistance isolée et coërcitive de l'Angle-
terre de l'autre.
A la fin de 1857, M. de Lesseps se rend de nou-
veau à Constantinople ; le successeur de Reschid,
S. A. Aali-Pacha, avait précédemment exprimé, pen-
dant les conférences de Paris dont il faisait partie,
les sentiments dont son gouvernement était animé en
faveur du canal de Suez. Pendant les six mois de son
dernier séjour dans la cité du Bosphore, M. Ferdi-
nand de Lesseps eut avec le grand-vizir de longues
et fréquentes conférences ; il lui soumit les plans des
ingénieurs, tous les documents relatifs à l'affaire; il
l'instruisit de tout ce qui s'était fait et de, tout ce qui
allait se faire; dans ses communications réitérées,
jamais il ne rencontra une objection et jamais il ne
recueillit de la bouche du premier ministre de l'em-
pire que des paroles de concours et d'encouragement.
Le gouvernement turc ne manquait pas une occa-
-sion d'exprimer les mêmes dispositions toutes les fois
qu'il avait à s'ouvrir sur cet objet à quelques mem-
bres du corps diplomatique sympathiques à l'entre-
prise ; il avait plusieurs fois entretenu l'ambassade
française en ce sens, et le 8 avril 1858, un des am-
bassadeurs des cinq grandes puissances rendait
compte en ces termes à M. Ferdinand de Lesseps
d'une conférence qu'il venait d'avoir avec deux des
principaux ministres du divan : « J'ai vu ce matin
J Aali-Pacha (grand-vizir) et Fuad-Pacha (ministre
» des affaires étrangères), je les ai trouvés l'un et
» l'autre dans les mêmes dispositions, c'est-à-dire
» toujours favorables au canal et DÉSIREUX D'ÉTABLIR
» PUBLIQUEMENT que la Forte n'oppose, de son chef,
» aucun obstacle à la réalisation de votre grande
» entreprise. »
Nous croyons avoir le droit d'affirmer que très-
récemment encore la Porte a protesté officiellement
à Constantinople de son vif désir de pouvoir satis-
faire l'attente du monde civilisé en accordant pleine
carrière à un projet si favorable aux intérêts de son
empire.
Enfin, le 17 août dernier, elle faisait insérer
dans son journal semi-officiel une note remarquable
et qu'en effet toute l'Europe a remarquée; elle était
ainsi conçue : « M. de Lesseps, qui est de retour à
» Paris, se dispose à partir bientôt pour se rendre à
» Londres, dans le but, assure-t-on, d'aplanir et de
t
» lever les obstacles QUE LE GOUVERNEMENT ANGLAIS
» OPPOSE au percement de l'isthme de Suez. » -
Dans les circonstances oùscette note a été rédigée
et publiée, elle montrait le but évident comme elle
décelait le besoin de bien définir la position des par-
ties respectives; autrement, à quoi bon parler d'un
fait que le journal lui-même indique comme hypothé-
tique; mais la Porte voulait que personne ne pût
douter en Europe que les obstacles ne venaient pas
d'elle et venaient de l'Angleterre, et enfin, pour la
première fois, elle déclare explicitement que l'oppo-
sition au canal n'est que l'opposition de l'An-
gleterre.
Après cet exposé très-incomplet encore, mais très-
suffisamment démonstratif, ne reste-t-il pas certain
que la Porte n'a pas été laissée libre de suivre son
propre penchant, d'obéir à son propre jugement, d'é-
couter la voix de ses intérêts et de celui de ses peu-
ples, et a plié devant une volonté étrangère
lui imposant un sacrifice pénible pour les impulsions
de son cœur, pour les élans de son intelligence, pour
son besoin de se concilier l'estime et la reconnais-
sance du monde.
Et malgré tout cela la Porte a résisté dans toute la
mesure possible à sa faiblesse : on lui interdisait
d'accorder sa sanction, mais elle n'a jamais voulu
aller jusqu'à la refuser, malgré les incitations
les plus laborieuses et les plus persévérantes.
N'est-ce point un éclatant signe de plus de ses véri-
tables dispositions ?
Il résulte évidemment de tous ces faits que ce n'est
point par le conseil, mais par l'action coërcitive, que
le cabinet britannique a agi sur les résolutions du di-
van et qu'il a pesé sur sa volonté, non par la per-
suasion, mais par la pression et la crainte. En un mot,
on a forcé le sultan à faire ce qu'il ne voulait pas
faire, et à ne point faire ce qu'il aurait voulu faire.
Voilà ce que M. Lange a qualifié avec toute raison
d'influence illégitime.
Bien plus, ce n'est point seulement cette interven-
tion illégitime, c'est une intervention de toute espèce
dans la question que le dernier cabinet a niée à la
séance du 2 juin 1858, et qu'il s'est engagé de s'in-
terdire devant le blâme de l'opposition, l'attitude de
la chambre et les termes de la motion Rœbuck. Sous
tous les rapports donc, les derniers incidents et la
conduite continue du] gouvernement anglais dans
cette affaire ne sont point susceptibles de justifica-
tion.
Il nous semble que dès à présent, et par l'exposé
ci-dessus, nous avons très-amplement répondu à cette
protestation du Times contre la prétendue violence
que la Compagnie, selon lui, essaierait d'imposer au
sultan. On ne fait certes pas violence à un gouverne-
ment en réalisant ce qu'il désire ; on résisterait, tout
au plus, aux oppresseurs qui l'empêchent de le réa-
de Suez a été compris, et encore une fois, par une allusion
des plus transparentes, il écartait de la responsabilité
du gouvernement turc les considérations politiques
qui en retardaient l'exécution, répétait que sa réalisa-
tion importait aux intérêts du monde entier, et expri-
mait la ferme croyance et le vœu fervent que le projet
obtiendrait un jour l'adhésion de toutes les puis-
sances.
Certes, il était impossible de mettre plus énergi-
quement en contraste et l'adhésion de la Porte d'un
côté et la résistance isolée et coërcitive de l'Angle-
terre de l'autre.
A la fin de 1857, M. de Lesseps se rend de nou-
veau à Constantinople ; le successeur de Reschid,
S. A. Aali-Pacha, avait précédemment exprimé, pen-
dant les conférences de Paris dont il faisait partie,
les sentiments dont son gouvernement était animé en
faveur du canal de Suez. Pendant les six mois de son
dernier séjour dans la cité du Bosphore, M. Ferdi-
nand de Lesseps eut avec le grand-vizir de longues
et fréquentes conférences ; il lui soumit les plans des
ingénieurs, tous les documents relatifs à l'affaire; il
l'instruisit de tout ce qui s'était fait et de, tout ce qui
allait se faire; dans ses communications réitérées,
jamais il ne rencontra une objection et jamais il ne
recueillit de la bouche du premier ministre de l'em-
pire que des paroles de concours et d'encouragement.
Le gouvernement turc ne manquait pas une occa-
-sion d'exprimer les mêmes dispositions toutes les fois
qu'il avait à s'ouvrir sur cet objet à quelques mem-
bres du corps diplomatique sympathiques à l'entre-
prise ; il avait plusieurs fois entretenu l'ambassade
française en ce sens, et le 8 avril 1858, un des am-
bassadeurs des cinq grandes puissances rendait
compte en ces termes à M. Ferdinand de Lesseps
d'une conférence qu'il venait d'avoir avec deux des
principaux ministres du divan : « J'ai vu ce matin
J Aali-Pacha (grand-vizir) et Fuad-Pacha (ministre
» des affaires étrangères), je les ai trouvés l'un et
» l'autre dans les mêmes dispositions, c'est-à-dire
» toujours favorables au canal et DÉSIREUX D'ÉTABLIR
» PUBLIQUEMENT que la Forte n'oppose, de son chef,
» aucun obstacle à la réalisation de votre grande
» entreprise. »
Nous croyons avoir le droit d'affirmer que très-
récemment encore la Porte a protesté officiellement
à Constantinople de son vif désir de pouvoir satis-
faire l'attente du monde civilisé en accordant pleine
carrière à un projet si favorable aux intérêts de son
empire.
Enfin, le 17 août dernier, elle faisait insérer
dans son journal semi-officiel une note remarquable
et qu'en effet toute l'Europe a remarquée; elle était
ainsi conçue : « M. de Lesseps, qui est de retour à
» Paris, se dispose à partir bientôt pour se rendre à
» Londres, dans le but, assure-t-on, d'aplanir et de
t
» lever les obstacles QUE LE GOUVERNEMENT ANGLAIS
» OPPOSE au percement de l'isthme de Suez. » -
Dans les circonstances oùscette note a été rédigée
et publiée, elle montrait le but évident comme elle
décelait le besoin de bien définir la position des par-
ties respectives; autrement, à quoi bon parler d'un
fait que le journal lui-même indique comme hypothé-
tique; mais la Porte voulait que personne ne pût
douter en Europe que les obstacles ne venaient pas
d'elle et venaient de l'Angleterre, et enfin, pour la
première fois, elle déclare explicitement que l'oppo-
sition au canal n'est que l'opposition de l'An-
gleterre.
Après cet exposé très-incomplet encore, mais très-
suffisamment démonstratif, ne reste-t-il pas certain
que la Porte n'a pas été laissée libre de suivre son
propre penchant, d'obéir à son propre jugement, d'é-
couter la voix de ses intérêts et de celui de ses peu-
ples, et a plié devant une volonté étrangère
lui imposant un sacrifice pénible pour les impulsions
de son cœur, pour les élans de son intelligence, pour
son besoin de se concilier l'estime et la reconnais-
sance du monde.
Et malgré tout cela la Porte a résisté dans toute la
mesure possible à sa faiblesse : on lui interdisait
d'accorder sa sanction, mais elle n'a jamais voulu
aller jusqu'à la refuser, malgré les incitations
les plus laborieuses et les plus persévérantes.
N'est-ce point un éclatant signe de plus de ses véri-
tables dispositions ?
Il résulte évidemment de tous ces faits que ce n'est
point par le conseil, mais par l'action coërcitive, que
le cabinet britannique a agi sur les résolutions du di-
van et qu'il a pesé sur sa volonté, non par la per-
suasion, mais par la pression et la crainte. En un mot,
on a forcé le sultan à faire ce qu'il ne voulait pas
faire, et à ne point faire ce qu'il aurait voulu faire.
Voilà ce que M. Lange a qualifié avec toute raison
d'influence illégitime.
Bien plus, ce n'est point seulement cette interven-
tion illégitime, c'est une intervention de toute espèce
dans la question que le dernier cabinet a niée à la
séance du 2 juin 1858, et qu'il s'est engagé de s'in-
terdire devant le blâme de l'opposition, l'attitude de
la chambre et les termes de la motion Rœbuck. Sous
tous les rapports donc, les derniers incidents et la
conduite continue du] gouvernement anglais dans
cette affaire ne sont point susceptibles de justifica-
tion.
Il nous semble que dès à présent, et par l'exposé
ci-dessus, nous avons très-amplement répondu à cette
protestation du Times contre la prétendue violence
que la Compagnie, selon lui, essaierait d'imposer au
sultan. On ne fait certes pas violence à un gouverne-
ment en réalisant ce qu'il désire ; on résisterait, tout
au plus, aux oppresseurs qui l'empêchent de le réa-
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