Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-09-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 septembre 1859 15 septembre 1859
Description : 1859/09/15 (A4,N78). 1859/09/15 (A4,N78).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295133
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
280 L'ISTHME DE SUEZ,
intéressé leurs capitaux dans le canal de trente lieues
de Suez ou dans le chemin de fer de quatre cents
lieues ajouté à la navigation de l'Euphrate.
Il nous suffit qu'on reconnaisse que l'Angleterre
n'a aucun intérêt légitime à entraver et a tout inté-
rêt commercial à favoriser l'ouverture du canal de
Suez.
Pourtant il ne faudrait pas que, comme par le
passé, les actes hurlent contre les mots ; ce n'est point
d'aujourd'hui que le Times nous gratifie de ces pro-
testations, et dans ces derniers mois nous avons eu deux
fois à en enregistrer de semblables. Elles n'ont pas em-
pêché l'activité des démarches hostiles de MM. Green
et Walne en Egypte et de M. Bulwer à Constantinople;
elles n'ont pas e upêché cette présence soudaine de la
flotte anglaise devant Alexandrie, à laquelle toute
l'Europe a, d'accord, donné une signification mena-
çante. Nous avons le ferme espoir que d'aussi tristes
incidents n'auront plus à se reproduire, et dans le cas
contraire nous avons le droit de compter qu'elles
provoqueraient les justes vitupérations du Times.
Cela dit, nous désirons entrer, pour notre part,
dans l'examen des objections que le Times présente à
M. Lange. Le représentant de la Compagnie à Lon-
dres signale l'action illégitime des agents anglais en
Turquie et en Egypte à propos du canal de Suez.
L'article demande en quoi consiste cette illégitimité,
et dans les influences exercées il ne veut pas voir
autre chose qu'un avis demandé et donné ou bien spon-
tanément offert. Est ce sérieusement que le Times
pose ainsi la question ? Est-ce à lui qu'il faut appren-
dre que le gouvernement anglais est loin de s'être
borné à un conseil amical et dont la nature nous
semblerait encore déplorable en cette affaire; mais que
depuis six ans il a pesé de toutes ses menaces, de
toutes ses intimidations sur les résolutions et du sul-
tan et du - vice-roi ! Sans doute, à ces actes inavouables
on a mis des sourdines ; on s'est appliqué à ne livrer
ni au Caire ni à Constantinople un seul écrit qui
pût laisser des preuves de cette intervention pro-
hibée par l'effet d'un grand débat parlementaire; mais
les correspondances de Constantinople pendant ces six
années, mais les plaintes du vice-roi, mais le langage
souvent tenu à Constantinople, mais la conscience du
monde entier et le for intérieur du Times lui-même,
ne sont-ils pas autant de témoignages qu'on a agi,
non par le conseil, mais parla compression. Qu'est-ce
que les démarches de M. Green si caractérisées que
la presse anglaise a dû les désavouer ? Qu'est-ce que
cette note de lord Malmesbury lue par M. Walne à
Saïd-Pacha qu'on croyait plus facilement intimider pen-
dant la guerre d'Italie? Qu'est-ce que cette communi-
cation d'une copie de la lettre vizirielle adressée par
M. Bulwer à son agent en Egypte pour le fortifier
dans ses démarches contre le canal de Suez ? Qu'est-
ce que cette concordance du voyage projeté du sultan
à Alexandrie avec l'arrivée des vaisseaux britanniques
dans ceport? Qu'est-ce, dès le début, que cette décla-
ration formelle d'hostilités faite par lord Stratford
de Redcîiffe à M. Ferd. de Lesseps ? Qu'est-ce, enfin,
que certain aveu dont M. Lange parle dans sa bro-
- chure, et qui est dernièrement émané du foreign-
office ? Nous ne savons si en Angleterre le Times
pourra faire croire à un seul esprit sérieux et impar-
tial que l'action du gouvernement anglais dans cette
affaire s'est bornée à des conseils inoffensifs, mais à
coup sûr personne n'en croira pas un mot ni au Caire,
ni à Constantinople, ni à Paris, ni à Vienne, ni à
Saint-Pétersbourg.
Des conseils ! Mais quelle est la nature du conseil?
C'est essentiellement de laisser à celui qui le reçoit la
faculté définitive d'agir selon son jugement et son in-
clination ; sans cela il n'y a pas conseil, il y a comman-
dement, contrainte, négation de la liberté de choisir.
Et quel est et était le jugement et l'inclination de
la Porte, relativement au canal de Suez ? C'est en le
constatant que nous allons connaître le caractère de
l'influence exercée sur elle par le gouvernement
anglais.
La concession du vice-roi date de la fin de 1854;
nous touchons à l'expiration de la cinquième année à
partir de cette date : or, depuis cette époque, par ses
actes officiels, par les journaux qui lui servent d'or-
gane reconnu, par les communications personnelles
de ses ministres soit avec le concessionnaire, soit avec
divers membres du corps diplomatique, la Porte n'a
cessé de manifester son penchant et son désir à don-
ner la ratification qui lui est demandée.
Dès le 1er mars 1855, le grand-vizir Reschid-Pa-
cha déclarait, dans une lettre rendue publique et
adressée au vice-roi, qu'il considérait le projet comme
« une entreprise des plus utiles «, que le sultan avait
accueilli avec la plus grande faveur le négociateur
du prince, M. de Lesseps, et qu'un ordre impérial
avait prescrit l'examen de l'affaire en conseil des mi-
nistres.
Le 20 novembre 1856, le Journal de Constantinople
déclarait, au nom de la Porte, que, de son côté, « au-
cune difficulté comme aucune volonté» ne s'élevait
contre ce projet, et que la seule entrave provenait « de
dissidences purement politiques » existant entre les
gouvernements étrangers.
Le 16 mars 1857, le même journal proclamait que « ce
» projet grandiose s'était vu entouré des sympathies
» générales, » et que « les gouvernements et la presse de
Il tous les pays l'avaient discuté et lui avaient donné leur
» entière -approbation. » Il ajoutait que ce grand ou-
vrage, complément des découvertes de la vapeur et
de l'électricité, « était devenu un besoin impérieux
# pour le génie de l'homme, et un devoir sacré que
» lui imposait la loi du progrès. » C'est ainsi, conti-
nuait l'organe de la Porte, que le percement de l'isthme
intéressé leurs capitaux dans le canal de trente lieues
de Suez ou dans le chemin de fer de quatre cents
lieues ajouté à la navigation de l'Euphrate.
Il nous suffit qu'on reconnaisse que l'Angleterre
n'a aucun intérêt légitime à entraver et a tout inté-
rêt commercial à favoriser l'ouverture du canal de
Suez.
Pourtant il ne faudrait pas que, comme par le
passé, les actes hurlent contre les mots ; ce n'est point
d'aujourd'hui que le Times nous gratifie de ces pro-
testations, et dans ces derniers mois nous avons eu deux
fois à en enregistrer de semblables. Elles n'ont pas em-
pêché l'activité des démarches hostiles de MM. Green
et Walne en Egypte et de M. Bulwer à Constantinople;
elles n'ont pas e upêché cette présence soudaine de la
flotte anglaise devant Alexandrie, à laquelle toute
l'Europe a, d'accord, donné une signification mena-
çante. Nous avons le ferme espoir que d'aussi tristes
incidents n'auront plus à se reproduire, et dans le cas
contraire nous avons le droit de compter qu'elles
provoqueraient les justes vitupérations du Times.
Cela dit, nous désirons entrer, pour notre part,
dans l'examen des objections que le Times présente à
M. Lange. Le représentant de la Compagnie à Lon-
dres signale l'action illégitime des agents anglais en
Turquie et en Egypte à propos du canal de Suez.
L'article demande en quoi consiste cette illégitimité,
et dans les influences exercées il ne veut pas voir
autre chose qu'un avis demandé et donné ou bien spon-
tanément offert. Est ce sérieusement que le Times
pose ainsi la question ? Est-ce à lui qu'il faut appren-
dre que le gouvernement anglais est loin de s'être
borné à un conseil amical et dont la nature nous
semblerait encore déplorable en cette affaire; mais que
depuis six ans il a pesé de toutes ses menaces, de
toutes ses intimidations sur les résolutions et du sul-
tan et du - vice-roi ! Sans doute, à ces actes inavouables
on a mis des sourdines ; on s'est appliqué à ne livrer
ni au Caire ni à Constantinople un seul écrit qui
pût laisser des preuves de cette intervention pro-
hibée par l'effet d'un grand débat parlementaire; mais
les correspondances de Constantinople pendant ces six
années, mais les plaintes du vice-roi, mais le langage
souvent tenu à Constantinople, mais la conscience du
monde entier et le for intérieur du Times lui-même,
ne sont-ils pas autant de témoignages qu'on a agi,
non par le conseil, mais parla compression. Qu'est-ce
que les démarches de M. Green si caractérisées que
la presse anglaise a dû les désavouer ? Qu'est-ce que
cette note de lord Malmesbury lue par M. Walne à
Saïd-Pacha qu'on croyait plus facilement intimider pen-
dant la guerre d'Italie? Qu'est-ce que cette communi-
cation d'une copie de la lettre vizirielle adressée par
M. Bulwer à son agent en Egypte pour le fortifier
dans ses démarches contre le canal de Suez ? Qu'est-
ce que cette concordance du voyage projeté du sultan
à Alexandrie avec l'arrivée des vaisseaux britanniques
dans ceport? Qu'est-ce, dès le début, que cette décla-
ration formelle d'hostilités faite par lord Stratford
de Redcîiffe à M. Ferd. de Lesseps ? Qu'est-ce, enfin,
que certain aveu dont M. Lange parle dans sa bro-
- chure, et qui est dernièrement émané du foreign-
office ? Nous ne savons si en Angleterre le Times
pourra faire croire à un seul esprit sérieux et impar-
tial que l'action du gouvernement anglais dans cette
affaire s'est bornée à des conseils inoffensifs, mais à
coup sûr personne n'en croira pas un mot ni au Caire,
ni à Constantinople, ni à Paris, ni à Vienne, ni à
Saint-Pétersbourg.
Des conseils ! Mais quelle est la nature du conseil?
C'est essentiellement de laisser à celui qui le reçoit la
faculté définitive d'agir selon son jugement et son in-
clination ; sans cela il n'y a pas conseil, il y a comman-
dement, contrainte, négation de la liberté de choisir.
Et quel est et était le jugement et l'inclination de
la Porte, relativement au canal de Suez ? C'est en le
constatant que nous allons connaître le caractère de
l'influence exercée sur elle par le gouvernement
anglais.
La concession du vice-roi date de la fin de 1854;
nous touchons à l'expiration de la cinquième année à
partir de cette date : or, depuis cette époque, par ses
actes officiels, par les journaux qui lui servent d'or-
gane reconnu, par les communications personnelles
de ses ministres soit avec le concessionnaire, soit avec
divers membres du corps diplomatique, la Porte n'a
cessé de manifester son penchant et son désir à don-
ner la ratification qui lui est demandée.
Dès le 1er mars 1855, le grand-vizir Reschid-Pa-
cha déclarait, dans une lettre rendue publique et
adressée au vice-roi, qu'il considérait le projet comme
« une entreprise des plus utiles «, que le sultan avait
accueilli avec la plus grande faveur le négociateur
du prince, M. de Lesseps, et qu'un ordre impérial
avait prescrit l'examen de l'affaire en conseil des mi-
nistres.
Le 20 novembre 1856, le Journal de Constantinople
déclarait, au nom de la Porte, que, de son côté, « au-
cune difficulté comme aucune volonté» ne s'élevait
contre ce projet, et que la seule entrave provenait « de
dissidences purement politiques » existant entre les
gouvernements étrangers.
Le 16 mars 1857, le même journal proclamait que « ce
» projet grandiose s'était vu entouré des sympathies
» générales, » et que « les gouvernements et la presse de
Il tous les pays l'avaient discuté et lui avaient donné leur
» entière -approbation. » Il ajoutait que ce grand ou-
vrage, complément des découvertes de la vapeur et
de l'électricité, « était devenu un besoin impérieux
# pour le génie de l'homme, et un devoir sacré que
» lui imposait la loi du progrès. » C'est ainsi, conti-
nuait l'organe de la Porte, que le percement de l'isthme
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