Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-09-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 septembre 1859 15 septembre 1859
Description : 1859/09/15 (A4,N78). 1859/09/15 (A4,N78).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295133
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 275
Les seules et réelles difficultés de notre entreprise
sont créées par la politique de quelques hommes
d'Etat de l'Angleterre dont l'influence est combattue
dans leur propre pays. Depuis mon retour de l'Orient,
le Conseil d'administration de la Compagnie a été
appelé à prendre cette situation en très-sérieuse con-
sidération et il se propose de rédiger, dans sa pro-
chaine séance mensuelle, une pétition à S. M. l'Em-
pereur des Français en même temps que des démar-
ches seront faites auprès des autres souverains de
l'Europe dans le but de solliciter l'ouverture de né-
gociations destinées à établir une entente générale
sur les questions que soulève la politique.
Agréez, etc.
FERD. DE LESSEPS.
APPEL D'UN ANGLAIS A L'OPINION ANGLAISE.
M. Lange, représentant de la Compagnie de Suez
en Angleterre, vient d'adresser aux classes commer-
ciales du Royaume-Uni un écrit que nous croyons
devoir reproduire dans son étendue, et que nos lec-
teurs trouveront plus loin. Nous n'avons point, par
conséquent, à analyser ce travail excellent ; il nous
suffit de dire qu'il fait un nouvel appel aux sympa-
thies exprimées du commerce britannique pour mettre
enfin un terme au dangereux et déplorable antago-
nisme que suscite entre les deux pays la question si
débattue du canal de Suez.
Sans répéter les arguments d'un de ses patriotes
et d'un de ses négociants, nous pouvons seulement
dire à l'Angleterre que l'écrivain est encore au-
dessous de la vérité, quand il peint en traits chaleu-
reux la profonde blessure faite aux sentiments de
justice et de tfierté de la France, nous pourrions
ajouter et de tout le continent, par l'opposition injus-
tifiée et injustifiable que ce grand projet rencontre
daus un seul gouvernement. Il n'est pas une classe
dans notre population, en haut, en bas, au milieu, qui
ne s'étonne et ne s'enflamme d'impatience à cette
longue lutte, et jamais aucune complication n'a plus
généralement laissé appréhender au peuple français
que l'hostilité de l'Angleterre ne fût irréconciliable, et
que ses intérêts ne fussent incompatibles avec ceux
des autres portions de l'humanité. Sous ce rapport, le
chancelier actuel de l'échiquier, l'honorable et éloquent
M. Gladstone, n'a été qu'un trop véridique prophète,
quand il s'est écrié que cette politique aveugle et sans
intelligence faisait plus de mal à la puissance an-
glaise que dix révoltes comme celle de l'Inde.
Pour nous, dans cette triste occurrence, une cir-
constance nous étonne, c'est la défaillance du bon
sens ordinaire aux hommes d'Etat anglais. Qu'ils
soient égoïstes, qu'ils soient injustes, qu'ils soient
jaloux, on le leur reproche ; nous n'avons ni à les en
laver, ni à les en accuser ; mais qu'ils tournent le dos
aux plus pressants intérêts de leur pays, qu'ils n'a-
perçoivent pas l'urgence et l'importance d'une com-
munication maritime et continue entre les mers d'Asie
et le centre de leur vaste empire, c'est ce qui ne cesse
de nous surprendre, de nous confondre en face de
toutes les évidences qui frappent nos yeux et notre
esprit.
Nous ne croyons point, et il n'est point en Europe
un homme politique de quelque valeur qui croie que
le gouvernement britannique combat le percement
de l'isthme de Suez parce qu'il voit dans l'exécution
de ce projet ou une menace pour l'intégrité de l'em-
pire ottoman, ou un élément de plus dans la sépara-
tion possible de l'Egypte et de la Turquie, ou enfin
un danger du côté de la France pour les possessions
anglaises dans l'Inde. Nous ne faisons point à ces
hommes d'Etat l'affront de croire leur effroi sérieux
de ces fantômes bons pour les foules ignorantes ou
crédules. Au fond de ces répugnances, il ne peut
couver qu'une autre pensée ; l'Egypte serait le ma-
gnifique complément du réseau commercial, maritime
et colonial dont l'Angleterre enveloppe les diverses
parties du monde. La formation du Bosphore de Suez
serait à coup sûr un obstacle à la prise de posses-
sion plus ou moins éventuelle, plus ou moins éloi-
gnée de l'Egypte par l'Angleterre, comme le Bos-
phore de Tbrace est un obstacle à la possession de
Constantinople par la Russie. Il ne faut donc pas
multiplier les difficultés de cette conquête savam-
ment convoitée, et créer à l'Europe un intérêt de
plus à y maintenir le statu quo, si l'on veut pouvoir
guetter et saisir l'occasion d'arriver à la fin préconçue.
Voilà, selon nous, la véritable pensée de l'opposi-
tion anglaise au canal de Suez : elle ne peut pas être
avouée ; elle est de celles qu'il faut enfouir dans
toutes les profondeurs des secrets d'Etat ; mais elle
n'en est pas moins la tradition de la vieille politique ;
elle est restée la loi et les prophètes des bureaux inti-
mes du foreign-office, et, comme nous l'avons dit, elle
anime tous ces ressorts souterrains qui sont dirigés
contre le succès de la Compagnie universelle.
Pourtant nous persistons à dire que cette politique
n'a rien d'intelligent, qu'elle a le malheur d'être anti-
datée d'un demi-siècle, et que pour l'Angleterre elle
ne peut aboutir qu'à lâcher la proie pour courir après
l'ombre.
Expliquons-nous : rien n'est plus problématique que
l'occupation de l'Egypte par la Grande-Bretagne, et
certes rien, dans tous les cas, n'est plus incertain
que l'époque de cette occupation. C'est une espérance,
une hypothèse, une chance dans les mystères de l'ave-
nir politique et rien de plus ; mais ce serait bâtir sur
le sable de l'inconnu que de sacrifier à cette perspective
nuageuse les avantages tangibles, immédiats et cer-
tains du jour et du moment.
Les seules et réelles difficultés de notre entreprise
sont créées par la politique de quelques hommes
d'Etat de l'Angleterre dont l'influence est combattue
dans leur propre pays. Depuis mon retour de l'Orient,
le Conseil d'administration de la Compagnie a été
appelé à prendre cette situation en très-sérieuse con-
sidération et il se propose de rédiger, dans sa pro-
chaine séance mensuelle, une pétition à S. M. l'Em-
pereur des Français en même temps que des démar-
ches seront faites auprès des autres souverains de
l'Europe dans le but de solliciter l'ouverture de né-
gociations destinées à établir une entente générale
sur les questions que soulève la politique.
Agréez, etc.
FERD. DE LESSEPS.
APPEL D'UN ANGLAIS A L'OPINION ANGLAISE.
M. Lange, représentant de la Compagnie de Suez
en Angleterre, vient d'adresser aux classes commer-
ciales du Royaume-Uni un écrit que nous croyons
devoir reproduire dans son étendue, et que nos lec-
teurs trouveront plus loin. Nous n'avons point, par
conséquent, à analyser ce travail excellent ; il nous
suffit de dire qu'il fait un nouvel appel aux sympa-
thies exprimées du commerce britannique pour mettre
enfin un terme au dangereux et déplorable antago-
nisme que suscite entre les deux pays la question si
débattue du canal de Suez.
Sans répéter les arguments d'un de ses patriotes
et d'un de ses négociants, nous pouvons seulement
dire à l'Angleterre que l'écrivain est encore au-
dessous de la vérité, quand il peint en traits chaleu-
reux la profonde blessure faite aux sentiments de
justice et de tfierté de la France, nous pourrions
ajouter et de tout le continent, par l'opposition injus-
tifiée et injustifiable que ce grand projet rencontre
daus un seul gouvernement. Il n'est pas une classe
dans notre population, en haut, en bas, au milieu, qui
ne s'étonne et ne s'enflamme d'impatience à cette
longue lutte, et jamais aucune complication n'a plus
généralement laissé appréhender au peuple français
que l'hostilité de l'Angleterre ne fût irréconciliable, et
que ses intérêts ne fussent incompatibles avec ceux
des autres portions de l'humanité. Sous ce rapport, le
chancelier actuel de l'échiquier, l'honorable et éloquent
M. Gladstone, n'a été qu'un trop véridique prophète,
quand il s'est écrié que cette politique aveugle et sans
intelligence faisait plus de mal à la puissance an-
glaise que dix révoltes comme celle de l'Inde.
Pour nous, dans cette triste occurrence, une cir-
constance nous étonne, c'est la défaillance du bon
sens ordinaire aux hommes d'Etat anglais. Qu'ils
soient égoïstes, qu'ils soient injustes, qu'ils soient
jaloux, on le leur reproche ; nous n'avons ni à les en
laver, ni à les en accuser ; mais qu'ils tournent le dos
aux plus pressants intérêts de leur pays, qu'ils n'a-
perçoivent pas l'urgence et l'importance d'une com-
munication maritime et continue entre les mers d'Asie
et le centre de leur vaste empire, c'est ce qui ne cesse
de nous surprendre, de nous confondre en face de
toutes les évidences qui frappent nos yeux et notre
esprit.
Nous ne croyons point, et il n'est point en Europe
un homme politique de quelque valeur qui croie que
le gouvernement britannique combat le percement
de l'isthme de Suez parce qu'il voit dans l'exécution
de ce projet ou une menace pour l'intégrité de l'em-
pire ottoman, ou un élément de plus dans la sépara-
tion possible de l'Egypte et de la Turquie, ou enfin
un danger du côté de la France pour les possessions
anglaises dans l'Inde. Nous ne faisons point à ces
hommes d'Etat l'affront de croire leur effroi sérieux
de ces fantômes bons pour les foules ignorantes ou
crédules. Au fond de ces répugnances, il ne peut
couver qu'une autre pensée ; l'Egypte serait le ma-
gnifique complément du réseau commercial, maritime
et colonial dont l'Angleterre enveloppe les diverses
parties du monde. La formation du Bosphore de Suez
serait à coup sûr un obstacle à la prise de posses-
sion plus ou moins éventuelle, plus ou moins éloi-
gnée de l'Egypte par l'Angleterre, comme le Bos-
phore de Tbrace est un obstacle à la possession de
Constantinople par la Russie. Il ne faut donc pas
multiplier les difficultés de cette conquête savam-
ment convoitée, et créer à l'Europe un intérêt de
plus à y maintenir le statu quo, si l'on veut pouvoir
guetter et saisir l'occasion d'arriver à la fin préconçue.
Voilà, selon nous, la véritable pensée de l'opposi-
tion anglaise au canal de Suez : elle ne peut pas être
avouée ; elle est de celles qu'il faut enfouir dans
toutes les profondeurs des secrets d'Etat ; mais elle
n'en est pas moins la tradition de la vieille politique ;
elle est restée la loi et les prophètes des bureaux inti-
mes du foreign-office, et, comme nous l'avons dit, elle
anime tous ces ressorts souterrains qui sont dirigés
contre le succès de la Compagnie universelle.
Pourtant nous persistons à dire que cette politique
n'a rien d'intelligent, qu'elle a le malheur d'être anti-
datée d'un demi-siècle, et que pour l'Angleterre elle
ne peut aboutir qu'à lâcher la proie pour courir après
l'ombre.
Expliquons-nous : rien n'est plus problématique que
l'occupation de l'Egypte par la Grande-Bretagne, et
certes rien, dans tous les cas, n'est plus incertain
que l'époque de cette occupation. C'est une espérance,
une hypothèse, une chance dans les mystères de l'ave-
nir politique et rien de plus ; mais ce serait bâtir sur
le sable de l'inconnu que de sacrifier à cette perspective
nuageuse les avantages tangibles, immédiats et cer-
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