Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-09-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 septembre 1859 01 septembre 1859
Description : 1859/09/01 (A4,N77). 1859/09/01 (A4,N77).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529512p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 269
cannes, couleurs, peaux de panthère, papeterie, cu-
riosités.
Nous allons montrer maintenant quelle est l'im-
portance du grand courant d'eau du Soghalien et
quels rapports nouveaux il va donner à la Hussie.
Après les travaux d'hydrographie commencés en
1847 et continués depuis avec persévérance sur l'em-
bouchure de l'Amur et ses parages, et exécutés par
des officiers distingués, MM. Poplouski, Savïne Orloff,
Graviloff, Newelski, Kazakewitsh, Popoff, llimski, Kor-
saffoff, presque tous aujourd'hui contre-amiraux, le
gouverneur général Mourawieff voulut faire étudier
sous le rapport minéralogique le cours du fleuve et
de ses afiiuents. MM. Pirmikine, le botaniste Hirsfeld,
l'archimandrite Avacum Sytschewski, sinologue, et
un grand nombre de savants composèrent une com-
mission polytechnique qui devait rendre compte au
gouvernement de toutes les ressources que présentait
l'Amur pour en tirer tout le parti que la science au-
rait signalé.
Nerschinsk fut le lieu d'embarquement. Déjà on y
construisait un grand nombre de navires destinés au
service du fleuve. De Nerschinsk à la forteresse de
Strelotscúenaïa on reconnut que quatre rivières se
jetaient dans la Chilka (nom de l'Amur avant sa
réunion à l'Argoûn); ce sont la Kara, la Tchernaïa,
la petite Gorbiza, la Schetucha; on reconnut que les
rives de la Kara sont riches en mines d'or. Les mon-
tagnes sont boisées; elles forment une des branches
des monts Stanovoï.
Depuis Schilkinsk, en descendant jusqu'à la petite
Gorbiza, le sol présente des veines du plus beau marbre
blanc, du granit et du porphyre. L'ardoise y est en
grande abondance pendant cinquante verstes.
La rive gauche paraît abonder en métaux pré-
cieux; l'Amur coule constamment dans un lit pro-
fond ; les bâtiments à voiles et à vapeur peuvent y
naviguer facilement; quelques individus, parmi les
naturels, parlaient plusieurs langues : le russe, le
chinois et le mandjour ; les bords du fleuve sont cou-
verts de frênes, de pins et de bouleaux.
A l'endroit où se trouvait Albazine, la rivière Al-
bazicha se jette dans l'Amur sur la rive droite. On
trouve là d'immenses prairies et d'excellents pâtu-
rages. Les pentes des montagnes sont ombragées par
le chêne, le bouleau noir, l'ormeau, le noisetier, le
saule, le frêne et le rosier. On y voit fleurir le pavot
blanc, la filoselle et le rodhodendron. Dans la vallée
de Buringa on reconnut les traces de l'ancien éta-
blissement russe d'Audruschkina.
A cette hauteur on commence à apercevoir des îles
couvertes de peupliers, de frênes et de saules. Les ri-
vières Toro et Angan entourent une riche vallée ou-
verte où l'œil est séduit par des perspectives char-
mantes. On aperçoit là de petits troupeaux de che-
vaux appartenant à des Manégriens. Les falaises de la
rive gauche sont de granit. Dans une échancrure de
la rive gauche on aperçoit en descendant une mon-
tagne fameuse dans le pays qui se nomme Zagajan ;
les Manégriens, qui sont adonnés au culte du chama-
nisme, prétendent qu'elle est habitée par les esprits.
Ils disent qu'aussitôt qu'un homme ose s'en approcher,
elle vomit des torrents de fumée ; quand il s'en éloi-
gne, la montagne cesse de fumer. L'essai qu'on en
fit confirma le phénomène. On pense que le voisinage
pourrait être exploité comme contenant du charbon
de terre.
On passe ensuite devant les confluents des rivières
lJlardali, H.ikaut Grand-Hagau et Schagdsha, puis bien-
tôt à celui de la rivière de Bulkun.
Les vallées qui bordent les rives du fleuve s'agran-
dissent, les montagnes à pic s'éloignent, les prairies
sont couvertes de gras pâturages, le fleuve coule
avec rapidité vers le sud, le nombre des îles aug-
mente, les coudes sont quelquefois si brusques vers
le sud-ouest qu'il semble que l'on revient sur ses pas,
la trre se pare de buissons de sureau à graines
rouges, de peupliers, de frênes et de pommiers sau-
vages.
On arrive bientôt à la Kamara, dont les eaux sont
abondantes, mais leur cours n'a pas plus de 300 vers-
tes avant de s'unir au courant de l'Amur.
Les Russes ont établi à cette hauteur un poste pour
remplacer celui que Chabaroff y avait placé en 1651.
A 76 verstes au-dessous du confluent de la Kamara,
il y a sur la rive gauche de l'Amur un autre poste
militaire composé de trois huttes construites en bois
et couvertes en joncs. On y vit un temple dédié au
dieu de la guerre, Huan-lo.
A 117 verstes plus loin, sur la rive droite de
l'Amur, on rangea le village &Amba-Sachalgau, com-
posé de 23 maisons. Ces maisons étaient construites
en bois, cimentées d'argile et couvertes de joncs; du
papier huilé servait de fenêtres, les chambres étaient
ornées de peintures sur toiles, celles-ci représentaient
Fô et des dieux boudhistes. On y voyait des armoires
à serrer les ustensiles de ménage. Auprès de chaque
maison il y avait des massifs de verdure composés de
bouleaux, d'ormeaux, d'érables, d'acacias et des in-
comparables pyrus spectabilis. Chaque maison a son
jardin, ensemencé de radis gris, de poireaux, d'ail,
de poivre d'Espagne, de haricots, de deux variétés de
choux magnifiques ; de petits cochons de la Chine et
des poules d'une espèce particulières couraient devant
les habitations. Les habitants valides étaient à la
chasse ou à la pèche ; on ne rencontra que quatre
vieillards, deux vieilles femmes et trois jeunes en-
fants.
Puis bientôt, après avoir doublé le cap sur la gau-
che, l'immensejvallée de la Séja déroula à perte de
vue ses horizons grandioses. Ce tableau frappa d'ex-
tase toute la commission ; aucun de ses membres,
cannes, couleurs, peaux de panthère, papeterie, cu-
riosités.
Nous allons montrer maintenant quelle est l'im-
portance du grand courant d'eau du Soghalien et
quels rapports nouveaux il va donner à la Hussie.
Après les travaux d'hydrographie commencés en
1847 et continués depuis avec persévérance sur l'em-
bouchure de l'Amur et ses parages, et exécutés par
des officiers distingués, MM. Poplouski, Savïne Orloff,
Graviloff, Newelski, Kazakewitsh, Popoff, llimski, Kor-
saffoff, presque tous aujourd'hui contre-amiraux, le
gouverneur général Mourawieff voulut faire étudier
sous le rapport minéralogique le cours du fleuve et
de ses afiiuents. MM. Pirmikine, le botaniste Hirsfeld,
l'archimandrite Avacum Sytschewski, sinologue, et
un grand nombre de savants composèrent une com-
mission polytechnique qui devait rendre compte au
gouvernement de toutes les ressources que présentait
l'Amur pour en tirer tout le parti que la science au-
rait signalé.
Nerschinsk fut le lieu d'embarquement. Déjà on y
construisait un grand nombre de navires destinés au
service du fleuve. De Nerschinsk à la forteresse de
Strelotscúenaïa on reconnut que quatre rivières se
jetaient dans la Chilka (nom de l'Amur avant sa
réunion à l'Argoûn); ce sont la Kara, la Tchernaïa,
la petite Gorbiza, la Schetucha; on reconnut que les
rives de la Kara sont riches en mines d'or. Les mon-
tagnes sont boisées; elles forment une des branches
des monts Stanovoï.
Depuis Schilkinsk, en descendant jusqu'à la petite
Gorbiza, le sol présente des veines du plus beau marbre
blanc, du granit et du porphyre. L'ardoise y est en
grande abondance pendant cinquante verstes.
La rive gauche paraît abonder en métaux pré-
cieux; l'Amur coule constamment dans un lit pro-
fond ; les bâtiments à voiles et à vapeur peuvent y
naviguer facilement; quelques individus, parmi les
naturels, parlaient plusieurs langues : le russe, le
chinois et le mandjour ; les bords du fleuve sont cou-
verts de frênes, de pins et de bouleaux.
A l'endroit où se trouvait Albazine, la rivière Al-
bazicha se jette dans l'Amur sur la rive droite. On
trouve là d'immenses prairies et d'excellents pâtu-
rages. Les pentes des montagnes sont ombragées par
le chêne, le bouleau noir, l'ormeau, le noisetier, le
saule, le frêne et le rosier. On y voit fleurir le pavot
blanc, la filoselle et le rodhodendron. Dans la vallée
de Buringa on reconnut les traces de l'ancien éta-
blissement russe d'Audruschkina.
A cette hauteur on commence à apercevoir des îles
couvertes de peupliers, de frênes et de saules. Les ri-
vières Toro et Angan entourent une riche vallée ou-
verte où l'œil est séduit par des perspectives char-
mantes. On aperçoit là de petits troupeaux de che-
vaux appartenant à des Manégriens. Les falaises de la
rive gauche sont de granit. Dans une échancrure de
la rive gauche on aperçoit en descendant une mon-
tagne fameuse dans le pays qui se nomme Zagajan ;
les Manégriens, qui sont adonnés au culte du chama-
nisme, prétendent qu'elle est habitée par les esprits.
Ils disent qu'aussitôt qu'un homme ose s'en approcher,
elle vomit des torrents de fumée ; quand il s'en éloi-
gne, la montagne cesse de fumer. L'essai qu'on en
fit confirma le phénomène. On pense que le voisinage
pourrait être exploité comme contenant du charbon
de terre.
On passe ensuite devant les confluents des rivières
lJlardali, H.ikaut Grand-Hagau et Schagdsha, puis bien-
tôt à celui de la rivière de Bulkun.
Les vallées qui bordent les rives du fleuve s'agran-
dissent, les montagnes à pic s'éloignent, les prairies
sont couvertes de gras pâturages, le fleuve coule
avec rapidité vers le sud, le nombre des îles aug-
mente, les coudes sont quelquefois si brusques vers
le sud-ouest qu'il semble que l'on revient sur ses pas,
la trre se pare de buissons de sureau à graines
rouges, de peupliers, de frênes et de pommiers sau-
vages.
On arrive bientôt à la Kamara, dont les eaux sont
abondantes, mais leur cours n'a pas plus de 300 vers-
tes avant de s'unir au courant de l'Amur.
Les Russes ont établi à cette hauteur un poste pour
remplacer celui que Chabaroff y avait placé en 1651.
A 76 verstes au-dessous du confluent de la Kamara,
il y a sur la rive gauche de l'Amur un autre poste
militaire composé de trois huttes construites en bois
et couvertes en joncs. On y vit un temple dédié au
dieu de la guerre, Huan-lo.
A 117 verstes plus loin, sur la rive droite de
l'Amur, on rangea le village &Amba-Sachalgau, com-
posé de 23 maisons. Ces maisons étaient construites
en bois, cimentées d'argile et couvertes de joncs; du
papier huilé servait de fenêtres, les chambres étaient
ornées de peintures sur toiles, celles-ci représentaient
Fô et des dieux boudhistes. On y voyait des armoires
à serrer les ustensiles de ménage. Auprès de chaque
maison il y avait des massifs de verdure composés de
bouleaux, d'ormeaux, d'érables, d'acacias et des in-
comparables pyrus spectabilis. Chaque maison a son
jardin, ensemencé de radis gris, de poireaux, d'ail,
de poivre d'Espagne, de haricots, de deux variétés de
choux magnifiques ; de petits cochons de la Chine et
des poules d'une espèce particulières couraient devant
les habitations. Les habitants valides étaient à la
chasse ou à la pèche ; on ne rencontra que quatre
vieillards, deux vieilles femmes et trois jeunes en-
fants.
Puis bientôt, après avoir doublé le cap sur la gau-
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