Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-09-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 septembre 1859 01 septembre 1859
Description : 1859/09/01 (A4,N77). 1859/09/01 (A4,N77).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529512p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
266 - L'ISTHME DE SUEZ,
légumes secs, et cela sous un ciel torride, sous des
pluies diluviennes, qui engendraient le scorbut.
» Car les renseignements donnés aux chefs de l'expé-
dition paraissent avoir été erronés, également en ce
point qu'on s'attendait à opérer dans la saison sèche,
tandis que l'armée expéditionnaire a été assaillie par
un véritable déluge. Nos soldats et nos marins, obligés
de remuer la terre sous des torrents d'eau, pour établir
leurs batteries ; exposés tantôt à ce déluge, tantôt à un
soleil de quarante degrés ; couchant sous la tente, nour-
ris d'aliments échauffants, ne tardèrent pas à voir leurs
rangs décimés par la maladie, impossible à guérir sur
les lieux. Le dévouement le plus éclairé de la science
restait impuissant à lutter contre l'influence pernicieuse
du climat. Cette fois encore le commandant ne faillit
pas à sa tâche. Des hôpitaux furent formés à Macao et
dans l'île anglaise de Hong-Kong. Malheureusement
ces deux points, les plus voisins qu'il fut possible de
choisir pour fonder de pareils établissements, sont en-
core bien éloignés. Ainsi que nous l'avons dit tout à
l'heure, la plupart des malades qui y parvinrent furent
guéris.
» Mais l'effectif se trouva sensiblement réduit. Il le
fut plus encore, quand l'amiral résolut de s'emparer de
la riche ville de Saigon, tant pour exercer l'activité de
nos troupes que pour frapper un nouveau coup qui dé-
terminât l'empire annamite à conclure la paix.
D Nous n'avons pas besoin de rappeler l'éclat de ce
nouvel épisode. La ville fut prise avec cet entrain dont
nos soldats font preuve partout où on les conduit. Là,
du moins, nous trouvâmes une population amie. Ce ne
furent pas les chrétiens cochinchinois, mais les idolâ-
tres enfants de la Chine qui nous accueillirent en alliés,
et fournirent- au corps expéditionnaire toute sorte de
rafraîchissements. Disons à la décharge des chrétiens de
l'empire d'Annam que, dans ce pays de persécutions et
de cruautés raffinées, celui qui prend parti contre le
gouvernement n'expose pas seulement sa personne au
supplice, mais entraine la ruine et la mort de tous ses
parents. On peut donc comprendre à la rigueur l'aban-
don dans lequel nous ont laissés ceux que nous allions
secourir.
» Pendant cette expédition, la faible garnison laissée
à Tourane se- trouvait dans une situation critique. Les
Cochinchinois, dans les premiers engagements qui avaient
suivi l'occupation de Tourane, avaient fait des pertes
considérables. Leur tactique était défectueuse en ce sens
qu'ils nous attaquaient en masse, et l'on peut se faire
une idée des ravages qu'opéraient dans ces bandes com-
pactes nos armes de précision, nos baïonnettes et notre
mitraille. Ils venaient, au commencement, se jeter à dé-
couvert sur nos batteries qu'ils jonchaient de leurs ca-
davres. Instruits par l'expérience et dirigés sans doute
aussi par ces renégats de la civilisation, l'écume de tous
les peuples, qu'on voit trop souvent mettre la lumière
de la science européenne au service du paganisme et de
-la barbarie orientale, les Cochinchinois adoptèrent un
système plus prudent et plus dangereux. Non contents
de nous bloquer dans la péninsule de Tourane, ils for-
mèrent régulièrement, suivant les lois de la tactique
- européenne, le siège de nos batteries. Ils ouvrirent la
tranchée, et conduisirent leurs lignes jusque sous nos
canons, dans toutes les règles de la science moderne. En
dernier lieu, ils étaient parvenus à s'approcher si près
de nos pièces, qu'ils entretenaient notre garnison dans
une alerte continuelle : ils se glissaient derrière nos
sentinelles, ils les enlevaient et ne nous les rendaient
qu'affreusement mutilées. Mais comme l instinct du vol
domine encore la barbarie chez ces Asiatiques, c'étaient
aussi contre nos cuisines et contre nos approvisionnements
qu'ils dirigeaient leurs expéditions nocturnes. Les sor-
ties de notre garnison n'avaient aucun résultat sensi-
ble. Les Cochinchinois fuyaient devant nous et reve-
naient à la charge dès que nous étions rentrés dans nos
lignes.
» C'est alors que l'amiral Rigault, revenu de Sai-
gon, conçut le projet d'une expédition qui rejetterait
l'ennemi loin de nos batteries et détruirait ses ouvra-
ges. Il profita du passage d'un navire qui portait quel-
ques soldats en Chine pour renforcer les détachements
à la tête desquels il voulait opérer avec sa vigueur or-
dinaire.
» On marcha à l'ennemi. Parvenus à une certaine dis-
tance, nos marins se trouvèrent en face d'une levée de
terre, renforcée par un clayonnage, à l'abri duquel les
Cochinchinois tiraient sur eux avec impunité. L'assaut
fut ordonné; mais un certain nombre de nos hommes,
en Foulant y monter, s'embarrassèrent par des piéges
de toutes sortes que l'ennemi avait dressés pour sa dé-
fense. Nous perdîmes plus de soixante hommes tués ou
blessés dans cette affaire.
» Les Cochinchinois ont été rejetés loin de nous ; mais
il est plus qu'évident que l'arrivée des renforts expédiés
de France est d'une grande urgence. Il n'a fallu rien
moins que la haute autorité et la confiance sans bornes
dont jouit à si juste titre l'amiral Rigault, pour main-
tenir la position dans des circonstances si critiques. Les
représentants de notre armée sur cette terre éloignée
ont donné une nouvelle preuve d'énergie morale et de
patient courage.
» Loin de la patrie, quand les longs jours se passent
à regarder vainement l'horizon pour y chercher une
voile française ; quand il est si excusable de se croire
oublié au milieu d'événements de la plus haute gravité ;
quand à tous ces prétextes de découragements se joi-
gnent l'accablement de la chaleur, l'allanguissement
résultant d'un trop long séjour dans des climats 'inter-
tropicaux, enfin, quand les privations, la maladie et le
fer de l'ennemi, diminuant chaque jour les rangs,
ajoutent un nouvel élément à toutes les causes de
nostalgie, il ne faut pas une médiocre vertu pour rester
fidèle à la discipline. Honneur soit donc rendu à ces
braves enfants du pays, qui partout savent porter si
haut le sentiment du devoir et du dévoûment à la
France.
D On comprend que l'énorme distance qui sépare
l'Europe de la Cochinchine ait aggravé les difficultés
que l'expédition présentait eu elle-même. Si le projet
vraiment civilisateur qui tend à diminuer de moitié la
distance entre l'Occident et l'Orient était mis prompte-
ment à exécution, les forces que nous aurons désormais
à entretenir dans les mers de l'Inde et de lat Chine
légumes secs, et cela sous un ciel torride, sous des
pluies diluviennes, qui engendraient le scorbut.
» Car les renseignements donnés aux chefs de l'expé-
dition paraissent avoir été erronés, également en ce
point qu'on s'attendait à opérer dans la saison sèche,
tandis que l'armée expéditionnaire a été assaillie par
un véritable déluge. Nos soldats et nos marins, obligés
de remuer la terre sous des torrents d'eau, pour établir
leurs batteries ; exposés tantôt à ce déluge, tantôt à un
soleil de quarante degrés ; couchant sous la tente, nour-
ris d'aliments échauffants, ne tardèrent pas à voir leurs
rangs décimés par la maladie, impossible à guérir sur
les lieux. Le dévouement le plus éclairé de la science
restait impuissant à lutter contre l'influence pernicieuse
du climat. Cette fois encore le commandant ne faillit
pas à sa tâche. Des hôpitaux furent formés à Macao et
dans l'île anglaise de Hong-Kong. Malheureusement
ces deux points, les plus voisins qu'il fut possible de
choisir pour fonder de pareils établissements, sont en-
core bien éloignés. Ainsi que nous l'avons dit tout à
l'heure, la plupart des malades qui y parvinrent furent
guéris.
» Mais l'effectif se trouva sensiblement réduit. Il le
fut plus encore, quand l'amiral résolut de s'emparer de
la riche ville de Saigon, tant pour exercer l'activité de
nos troupes que pour frapper un nouveau coup qui dé-
terminât l'empire annamite à conclure la paix.
D Nous n'avons pas besoin de rappeler l'éclat de ce
nouvel épisode. La ville fut prise avec cet entrain dont
nos soldats font preuve partout où on les conduit. Là,
du moins, nous trouvâmes une population amie. Ce ne
furent pas les chrétiens cochinchinois, mais les idolâ-
tres enfants de la Chine qui nous accueillirent en alliés,
et fournirent- au corps expéditionnaire toute sorte de
rafraîchissements. Disons à la décharge des chrétiens de
l'empire d'Annam que, dans ce pays de persécutions et
de cruautés raffinées, celui qui prend parti contre le
gouvernement n'expose pas seulement sa personne au
supplice, mais entraine la ruine et la mort de tous ses
parents. On peut donc comprendre à la rigueur l'aban-
don dans lequel nous ont laissés ceux que nous allions
secourir.
» Pendant cette expédition, la faible garnison laissée
à Tourane se- trouvait dans une situation critique. Les
Cochinchinois, dans les premiers engagements qui avaient
suivi l'occupation de Tourane, avaient fait des pertes
considérables. Leur tactique était défectueuse en ce sens
qu'ils nous attaquaient en masse, et l'on peut se faire
une idée des ravages qu'opéraient dans ces bandes com-
pactes nos armes de précision, nos baïonnettes et notre
mitraille. Ils venaient, au commencement, se jeter à dé-
couvert sur nos batteries qu'ils jonchaient de leurs ca-
davres. Instruits par l'expérience et dirigés sans doute
aussi par ces renégats de la civilisation, l'écume de tous
les peuples, qu'on voit trop souvent mettre la lumière
de la science européenne au service du paganisme et de
-la barbarie orientale, les Cochinchinois adoptèrent un
système plus prudent et plus dangereux. Non contents
de nous bloquer dans la péninsule de Tourane, ils for-
mèrent régulièrement, suivant les lois de la tactique
- européenne, le siège de nos batteries. Ils ouvrirent la
tranchée, et conduisirent leurs lignes jusque sous nos
canons, dans toutes les règles de la science moderne. En
dernier lieu, ils étaient parvenus à s'approcher si près
de nos pièces, qu'ils entretenaient notre garnison dans
une alerte continuelle : ils se glissaient derrière nos
sentinelles, ils les enlevaient et ne nous les rendaient
qu'affreusement mutilées. Mais comme l instinct du vol
domine encore la barbarie chez ces Asiatiques, c'étaient
aussi contre nos cuisines et contre nos approvisionnements
qu'ils dirigeaient leurs expéditions nocturnes. Les sor-
ties de notre garnison n'avaient aucun résultat sensi-
ble. Les Cochinchinois fuyaient devant nous et reve-
naient à la charge dès que nous étions rentrés dans nos
lignes.
» C'est alors que l'amiral Rigault, revenu de Sai-
gon, conçut le projet d'une expédition qui rejetterait
l'ennemi loin de nos batteries et détruirait ses ouvra-
ges. Il profita du passage d'un navire qui portait quel-
ques soldats en Chine pour renforcer les détachements
à la tête desquels il voulait opérer avec sa vigueur or-
dinaire.
» On marcha à l'ennemi. Parvenus à une certaine dis-
tance, nos marins se trouvèrent en face d'une levée de
terre, renforcée par un clayonnage, à l'abri duquel les
Cochinchinois tiraient sur eux avec impunité. L'assaut
fut ordonné; mais un certain nombre de nos hommes,
en Foulant y monter, s'embarrassèrent par des piéges
de toutes sortes que l'ennemi avait dressés pour sa dé-
fense. Nous perdîmes plus de soixante hommes tués ou
blessés dans cette affaire.
» Les Cochinchinois ont été rejetés loin de nous ; mais
il est plus qu'évident que l'arrivée des renforts expédiés
de France est d'une grande urgence. Il n'a fallu rien
moins que la haute autorité et la confiance sans bornes
dont jouit à si juste titre l'amiral Rigault, pour main-
tenir la position dans des circonstances si critiques. Les
représentants de notre armée sur cette terre éloignée
ont donné une nouvelle preuve d'énergie morale et de
patient courage.
» Loin de la patrie, quand les longs jours se passent
à regarder vainement l'horizon pour y chercher une
voile française ; quand il est si excusable de se croire
oublié au milieu d'événements de la plus haute gravité ;
quand à tous ces prétextes de découragements se joi-
gnent l'accablement de la chaleur, l'allanguissement
résultant d'un trop long séjour dans des climats 'inter-
tropicaux, enfin, quand les privations, la maladie et le
fer de l'ennemi, diminuant chaque jour les rangs,
ajoutent un nouvel élément à toutes les causes de
nostalgie, il ne faut pas une médiocre vertu pour rester
fidèle à la discipline. Honneur soit donc rendu à ces
braves enfants du pays, qui partout savent porter si
haut le sentiment du devoir et du dévoûment à la
France.
D On comprend que l'énorme distance qui sépare
l'Europe de la Cochinchine ait aggravé les difficultés
que l'expédition présentait eu elle-même. Si le projet
vraiment civilisateur qui tend à diminuer de moitié la
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ment à exécution, les forces que nous aurons désormais
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