Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-08-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 août 1859 15 août 1859
Description : 1859/08/15 (A4,N76). 1859/08/15 (A4,N76).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295118
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
244 L'ISTHME pE SUEZ,
être appuyé par la présence d'une puissante flotte
an glaise dans le port égyptien.
Quel était le projet qui réunissait toute cette puis-
sance et toute cette forcelvers les embouchures du Nil ?
Le Times lui même va nous le dire. Dans une corres-
pondance que nous publions plus bas il attribue à
cette manifestation combinée cette double pensée :
1° de contenir le vice-roi dans ses prétendues idées
d'indépendance; 20 de lui prêter main forte, c'est-à-
dire de le contraindre à porter le coup mortel au canal
de Suez.
Bouleverser l'Egypte, la replonger dans cette anar-
chie qui a si bien servi les empiétements de l'Angle-
terre dans les Indes, employer et compromettre la
Sublime-Porte dans cette œuvre, et, par la même
occasion, se défaire de ce cauchemar du percement
de l'isthme, était-ce donc la tentative que. sous le
voile du voyage impérial, était chargée d'aller ac-
complir la flotte britannique?
Il est certain que cette sorte d'agression morale, ce
déploiement menaçant effectué à l'improviste devant
les rivages d'Alexandrie, ont causé en Europe un pro-
fond étonnement. Il est certain que cette flotte n'a
été considérée rien moins que comme une colombe de
paix, soit en Egypte, soit à Constantinople, et dans
cette dernière ville, où l'on pouvait connaître mieux
qu'ailleurs la signification de ces mesures, voici,
d'après la Presse d'Orient, l'opinion qui circulait,
même parmi les conseillers, de là Porte avec assez de
gravité pour que ce journal se soit cru autorisé à
en instruire le public. Nous lisons dans son numéro
du 3 août, qui nous est arrivé le 12 :
« Depuis deux jours le bruit s'est répandu à Cons-
» tantinople qu'une escadre anglaise s'était dirigée
1 sur Alexandrie.
» Nous ne saurions dire exactement quelles raisons
» ont déterminé un acte aussi grave ; mais nous avons
» des raisons de croire à la vraisemblance de cette
» nouvelle.
« A la Porte on paraît pressentir, depuis une semaine,
» de sérieuses complications du côté de l'Egypte. »
Il n'est certainement pas un esprit éclairé en Eu-
rope qui ne soit frappé de la nature et de la signifi-
cation de toutes ces coïncidences étranges. Que tra-
mait donc la diplomatie anglaise? Evidemment il y
avait un complot, ce complot comptait sur la durée
de la guerre, mais quel était son but définitif ?
Par bonheur la paix, l'heureuse paix de Villafranca
est venue d'un seul coup faire avorter tous ces des-
seins ténébreux. Le sultan, mieux conseillé, n'ira
pas en Egypte pour servir d'innocent instrument
aux vues de la politique anglaise en ce pays. La
flotte qui l'attendait a quitté elle-même Alexandrie,
assez déconcertée, et ne laissant après elle que la
lumière jetée par les événements sur sa destination
suspecte.
Cependant quelle va être maintenant l'attitude du
ministère anglais? Va-t-il prendre pour son compte
la responsabilité de tous les actes que nous venons
d'exposer? Va-t-il assumer devant l'Europe l'o-
dieux de cette tentative sombre qui rappellerait,
sous une autre forme et dans d'autres conditions, la
célèbre histoire de Copenhague « ou l'honneur an-
» glais avait coulé par tous les pores P » Le retrait
de la flotte est-il dû, comme nous aimerions à le
croire, à l'intervention de lord John Russel, qui a si
solennellement et si énergiquement protesté contre
tout acte de contrainte et contre toute manoeuvre
politique dans la question du canal? En fout csJ.il
ne sera plus possible au gouvernement anglais d'at-
tester son innocence. La main de sa diplomatie est
manifeste dans le complot que nous avons raconté.
Ces incidents ne sont-ils qu'un legs posthume de la jo-
li tique à laquelle il a succédé? Faut-il y voir sa. pro:
pre connivence? Quoi qu'il en soit, le parti libéra se
démentira aux yeux du monde; il se désavouera dans
ses sentiments les plus nobles et les plus inel).igeut8 '-
s'il ne repousse pas toute complicité dans cette triste
histoire, et nous pouvons le dire, il rompra avec le senti-
ment de la France. Ce n'est certes pas là ce que nous'
attendons d'hommes tels que MM. Gladstone, Gibson,
Sydney Herbert, etc., etc. ; -ce n'est point là ce que
nous attendons de lord John Russel, qui a flétri l'op-
position des tories au canal de Suez par ces ineffa-
1 çables paroles :
« L'opposition faite à ce projet est de nature à enT
a tretenir l'opinion trop répandue sur le continent de
» l'Europe, que, poussés par nos instine-ts égoïstes et
» notre jalousie commerciale, nous sommes prêts à
» sacrifier ou à entraver le commerce de toutes les
» autres nations; je crois que cette accusation n'est pas
» juste ; mais je ne voudrais pas qu'elle pût devenir
» vraie ; j'ai la confiance que la chambre adoptera
» la motion de l'honorable et docte membre (M. Rœ-
» buck), et en l'adoptant, nous montrerons, pour ce
» sujet du moins, que nous sommes prêts à nous
» entendre avec le reste du monde, sans chercher à
» satisfaire des idées égoïstes. »
S'il en était autrement nous rappellerions encore
ces paroles de M. Gladstone suppliant l'Angleterre
de ne pas se jeter dans une lutte ou elle aurait contre
elle toutes les nations et la honte d'une infaillible
défaite. Un instant sans doute, dans de terribles et
pressantes conjonctures, elle a pu séparer l'Autriche
de ce faisceau des gouvernements et des peuples
réclamant avec unanimité l'exécution du plus court
et du plus profitable passage entre l'Orient et l'Occi-
dent; mais déjà cette unanimité est rétablie, l'Autri,
che a retiré les instructions qu'elle avait données à
son consul général en Égypte, et nous pouvons ajou -
ter en toute confiance qu'elle est revenue à tout
être appuyé par la présence d'une puissante flotte
an glaise dans le port égyptien.
Quel était le projet qui réunissait toute cette puis-
sance et toute cette forcelvers les embouchures du Nil ?
Le Times lui même va nous le dire. Dans une corres-
pondance que nous publions plus bas il attribue à
cette manifestation combinée cette double pensée :
1° de contenir le vice-roi dans ses prétendues idées
d'indépendance; 20 de lui prêter main forte, c'est-à-
dire de le contraindre à porter le coup mortel au canal
de Suez.
Bouleverser l'Egypte, la replonger dans cette anar-
chie qui a si bien servi les empiétements de l'Angle-
terre dans les Indes, employer et compromettre la
Sublime-Porte dans cette œuvre, et, par la même
occasion, se défaire de ce cauchemar du percement
de l'isthme, était-ce donc la tentative que. sous le
voile du voyage impérial, était chargée d'aller ac-
complir la flotte britannique?
Il est certain que cette sorte d'agression morale, ce
déploiement menaçant effectué à l'improviste devant
les rivages d'Alexandrie, ont causé en Europe un pro-
fond étonnement. Il est certain que cette flotte n'a
été considérée rien moins que comme une colombe de
paix, soit en Egypte, soit à Constantinople, et dans
cette dernière ville, où l'on pouvait connaître mieux
qu'ailleurs la signification de ces mesures, voici,
d'après la Presse d'Orient, l'opinion qui circulait,
même parmi les conseillers, de là Porte avec assez de
gravité pour que ce journal se soit cru autorisé à
en instruire le public. Nous lisons dans son numéro
du 3 août, qui nous est arrivé le 12 :
« Depuis deux jours le bruit s'est répandu à Cons-
» tantinople qu'une escadre anglaise s'était dirigée
1 sur Alexandrie.
» Nous ne saurions dire exactement quelles raisons
» ont déterminé un acte aussi grave ; mais nous avons
» des raisons de croire à la vraisemblance de cette
» nouvelle.
« A la Porte on paraît pressentir, depuis une semaine,
» de sérieuses complications du côté de l'Egypte. »
Il n'est certainement pas un esprit éclairé en Eu-
rope qui ne soit frappé de la nature et de la signifi-
cation de toutes ces coïncidences étranges. Que tra-
mait donc la diplomatie anglaise? Evidemment il y
avait un complot, ce complot comptait sur la durée
de la guerre, mais quel était son but définitif ?
Par bonheur la paix, l'heureuse paix de Villafranca
est venue d'un seul coup faire avorter tous ces des-
seins ténébreux. Le sultan, mieux conseillé, n'ira
pas en Egypte pour servir d'innocent instrument
aux vues de la politique anglaise en ce pays. La
flotte qui l'attendait a quitté elle-même Alexandrie,
assez déconcertée, et ne laissant après elle que la
lumière jetée par les événements sur sa destination
suspecte.
Cependant quelle va être maintenant l'attitude du
ministère anglais? Va-t-il prendre pour son compte
la responsabilité de tous les actes que nous venons
d'exposer? Va-t-il assumer devant l'Europe l'o-
dieux de cette tentative sombre qui rappellerait,
sous une autre forme et dans d'autres conditions, la
célèbre histoire de Copenhague « ou l'honneur an-
» glais avait coulé par tous les pores P » Le retrait
de la flotte est-il dû, comme nous aimerions à le
croire, à l'intervention de lord John Russel, qui a si
solennellement et si énergiquement protesté contre
tout acte de contrainte et contre toute manoeuvre
politique dans la question du canal? En fout csJ.il
ne sera plus possible au gouvernement anglais d'at-
tester son innocence. La main de sa diplomatie est
manifeste dans le complot que nous avons raconté.
Ces incidents ne sont-ils qu'un legs posthume de la jo-
li tique à laquelle il a succédé? Faut-il y voir sa. pro:
pre connivence? Quoi qu'il en soit, le parti libéra se
démentira aux yeux du monde; il se désavouera dans
ses sentiments les plus nobles et les plus inel).igeut8 '-
s'il ne repousse pas toute complicité dans cette triste
histoire, et nous pouvons le dire, il rompra avec le senti-
ment de la France. Ce n'est certes pas là ce que nous'
attendons d'hommes tels que MM. Gladstone, Gibson,
Sydney Herbert, etc., etc. ; -ce n'est point là ce que
nous attendons de lord John Russel, qui a flétri l'op-
position des tories au canal de Suez par ces ineffa-
1 çables paroles :
« L'opposition faite à ce projet est de nature à enT
a tretenir l'opinion trop répandue sur le continent de
» l'Europe, que, poussés par nos instine-ts égoïstes et
» notre jalousie commerciale, nous sommes prêts à
» sacrifier ou à entraver le commerce de toutes les
» autres nations; je crois que cette accusation n'est pas
» juste ; mais je ne voudrais pas qu'elle pût devenir
» vraie ; j'ai la confiance que la chambre adoptera
» la motion de l'honorable et docte membre (M. Rœ-
» buck), et en l'adoptant, nous montrerons, pour ce
» sujet du moins, que nous sommes prêts à nous
» entendre avec le reste du monde, sans chercher à
» satisfaire des idées égoïstes. »
S'il en était autrement nous rappellerions encore
ces paroles de M. Gladstone suppliant l'Angleterre
de ne pas se jeter dans une lutte ou elle aurait contre
elle toutes les nations et la honte d'une infaillible
défaite. Un instant sans doute, dans de terribles et
pressantes conjonctures, elle a pu séparer l'Autriche
de ce faisceau des gouvernements et des peuples
réclamant avec unanimité l'exécution du plus court
et du plus profitable passage entre l'Orient et l'Occi-
dent; mais déjà cette unanimité est rétablie, l'Autri,
che a retiré les instructions qu'elle avait données à
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