Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-08-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 août 1859 15 août 1859
Description : 1859/08/15 (A4,N76). 1859/08/15 (A4,N76).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295118
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 243
pour cela de demander à M. Green de vouloir bien
lui signifier par écrit ce qu'il lui communiquait ver-
balement. C était une arme que le ministère Derby ne
pouvait se soucier de donner contre lui ; alors la
preuve était faite de tout ce qu'il avait si ardemment
nié devant le parlement. En conséquence M. Green
dut se taire, il fut même remplacé, et la presse an-
glaise, le Times à sa tête, contesta et désavoua les
actes très-justementa ttribués à M. Green.
- Cependant à travers ces défaillances et ces perfidies
souterraines indignes d'un grand gouvernement, la
Compagnie poursuivait son œuvre avec calme et fer-
meté. La commission déléguée publiait et communi-
quait en Turquie et en Egypte le programme de ses
opérations; la guerre d'Italie éclatait ; le cabinet Derby
ne dissimulait que très-médiocrement ses sentiments
malvrillants envers la France; la situation politique
lui donnait un grand ascendant sur le cabinet autri-
chien, possesseur lui-même d'un grand crédit auprès
de la Porte; la France était incontestablement enga-
gée dans une grosse affaire qui longtemps semblait de-
voir être sa principale préoccupation ; elle avait à com-
battre sur le Tessin et sur le Mincio ; elle avait à
veiller sur le Rhin. Toutes ces circonstances parurent
propices aux vieux héritiers des traditions des deux
Pitt, pour se démasquer enfin, profiter du trouble de
l'Europe dans le double but et d'ébranler le gouver-
nement Egyptien lui-même et d'enterrer dans une
action plus énergique et moins cachée ce détestable
canal, coupable de n'avoir pas été conçu pour servir
uniquement et exclusivement les intérêts de l'Angle-
terre en Orient.
Profitant donc des dures nécessités dans lesquelles
elle se trouvait, ce fut l'Autriche qu'au grand détri-
ment de ses peuples et particulièrement de Trieste,
le gouvernement anglais eut la chance de placera l'a-
vant-garde de cette nouvelle campagne.
Ce fut en effet le consul général d'Autriche qui
ouvrit les premières hostilités, tandis que provisoire-
ment s'abstenait le remplaçant de M. Green, M. Walne
qui même déclarait n'avoir pas d'instructions.
Les représentations autrichiennes échouèrent au-
près de Mohammed-Saïd comme avaient échoué les
menaces de M. Green. Mais pendant ce temps une plus
forte trame était organisée à Constautinople et au
Caire par le ministre des affaires étrangères du ca-
binet déchu, lord Malmesbury.
D'abord en Egypte, le ministre en personne osait
enfin se mettre en scène; il avait vu que tous les fan-
tômes évoqués par M. Green s'étaient évanouis de-
vant ce simple mot du vice-roi : « Bemettez-moi une
note écrite. » Il fallait donc faire croire au prince que
le c Ujinet ne reculait pas trop devant sa propre res-
ponsabilité et n'était point arrêté par la crainte du par-
lement. C'était délicat et périlleux; aussi le noble lord
prit-il un terme moyen. Il en fit assez pour convaincre
le prince de l'intervention personnelle du cabinet, et,
assez peu pour ne pas laisser entre ses mains une pièce
probante du rôle joué dms cette affaire par le gou-
vernement anglais. Lord Malmesbury chargea donc
son agent en Egypte, M. Walne, de lire au vice-roi
une dépêche par lui adressée fi cet agent, mais il lui
interdit en même temps d'en laisser la copie, ou du
moins M. Walne la refusa.
Cette dépêche avait pour but d'assurer au vice-roi
qu'il serait abandonné par la France s'il persistait à
respecter les droits de la Compagnie et à laisser s'exé-
cuter le canal ; et M. Walne ajoutait à cette tlirma-
tion de son ministre le sombre tableau des dangers
auxquels le prince exposait et sa dynastie et rIgypte,
en s'attirant la colère des deux gouvernements alliés
d'Angleterre et d'Autriche.
Simultanément 1 intrigue te compliquait d'une autre
combinaison venue de Constantinople. L'ambassadeur
anglais près la Sublime-Porte, incontestablement as-
sisté par la diplomatie autrichienne , obtenait du
gouvernement turc la fameuse lettre vizirielle dont
il a été tant parlé, qu'il expédiait de son côté à
M. Walne en lui prescrivant de l'appuyer vigoureu-
sement auprès du vice-roi et l'autorisant même à se
servir de son nom pour donner plus de poids à l'ac-
tion qu'il devait exercer.
C'est sous la pression de cette machine d'intrigues
et de coups savamment accumulés que le vice-roi a
laissé lancer par son ministre Sherif-Pacha cette
circulaire dont les journaux anglais ont fait tant de
bruit, et qui a été paralysée par les protestations mo-
tivées du président de la Compagnie, par l'indifférence
des représentants des diverses cours d'Europe et par
la noble attitude du consul général d'Espagne.
Toutefois on savait au forcign-office la répugnance
de la Porte à jouer un rôle si capable de la dépopu-
lariser en Europe, d'irriter contre elle 1 opinion fran-
çaise, et l'on connaissait aussi l'attachement que por-
tait le vice roi au projet qui sera l'honneur de son
nom, la g'loire de son règne et la prospérité de l'E-
gypte. A toutes ces intimidations morales, il était
presque indispensable de donner une sanction maté-
rielle et d'engager la Porte de façon à ce qu'il lui
fut difficile de reculer dans l'avenir. Alors une com-
binaison additionnelle fut formée, et comme son
exécution, sinon sa conception est de date récente,
nous ne savons quelle part il y faut faire au présent
cabinet anglais.
L'armée française allait s'engager dans le fameux
quadrilatère; tout en Europe respirait les armements
et l'extension de la guerre ; soudain on apprend que
« des raisons d'État » avaient déterminé les ministres
sultan à lui conseiller un voyage à Alexandrie, et
nous savons aujourd'hui, par le fait accompli, que ce
voyage dans ses combinaisons mystérieuses devait
pour cela de demander à M. Green de vouloir bien
lui signifier par écrit ce qu'il lui communiquait ver-
balement. C était une arme que le ministère Derby ne
pouvait se soucier de donner contre lui ; alors la
preuve était faite de tout ce qu'il avait si ardemment
nié devant le parlement. En conséquence M. Green
dut se taire, il fut même remplacé, et la presse an-
glaise, le Times à sa tête, contesta et désavoua les
actes très-justementa ttribués à M. Green.
- Cependant à travers ces défaillances et ces perfidies
souterraines indignes d'un grand gouvernement, la
Compagnie poursuivait son œuvre avec calme et fer-
meté. La commission déléguée publiait et communi-
quait en Turquie et en Egypte le programme de ses
opérations; la guerre d'Italie éclatait ; le cabinet Derby
ne dissimulait que très-médiocrement ses sentiments
malvrillants envers la France; la situation politique
lui donnait un grand ascendant sur le cabinet autri-
chien, possesseur lui-même d'un grand crédit auprès
de la Porte; la France était incontestablement enga-
gée dans une grosse affaire qui longtemps semblait de-
voir être sa principale préoccupation ; elle avait à com-
battre sur le Tessin et sur le Mincio ; elle avait à
veiller sur le Rhin. Toutes ces circonstances parurent
propices aux vieux héritiers des traditions des deux
Pitt, pour se démasquer enfin, profiter du trouble de
l'Europe dans le double but et d'ébranler le gouver-
nement Egyptien lui-même et d'enterrer dans une
action plus énergique et moins cachée ce détestable
canal, coupable de n'avoir pas été conçu pour servir
uniquement et exclusivement les intérêts de l'Angle-
terre en Orient.
Profitant donc des dures nécessités dans lesquelles
elle se trouvait, ce fut l'Autriche qu'au grand détri-
ment de ses peuples et particulièrement de Trieste,
le gouvernement anglais eut la chance de placera l'a-
vant-garde de cette nouvelle campagne.
Ce fut en effet le consul général d'Autriche qui
ouvrit les premières hostilités, tandis que provisoire-
ment s'abstenait le remplaçant de M. Green, M. Walne
qui même déclarait n'avoir pas d'instructions.
Les représentations autrichiennes échouèrent au-
près de Mohammed-Saïd comme avaient échoué les
menaces de M. Green. Mais pendant ce temps une plus
forte trame était organisée à Constautinople et au
Caire par le ministre des affaires étrangères du ca-
binet déchu, lord Malmesbury.
D'abord en Egypte, le ministre en personne osait
enfin se mettre en scène; il avait vu que tous les fan-
tômes évoqués par M. Green s'étaient évanouis de-
vant ce simple mot du vice-roi : « Bemettez-moi une
note écrite. » Il fallait donc faire croire au prince que
le c Ujinet ne reculait pas trop devant sa propre res-
ponsabilité et n'était point arrêté par la crainte du par-
lement. C'était délicat et périlleux; aussi le noble lord
prit-il un terme moyen. Il en fit assez pour convaincre
le prince de l'intervention personnelle du cabinet, et,
assez peu pour ne pas laisser entre ses mains une pièce
probante du rôle joué dms cette affaire par le gou-
vernement anglais. Lord Malmesbury chargea donc
son agent en Egypte, M. Walne, de lire au vice-roi
une dépêche par lui adressée fi cet agent, mais il lui
interdit en même temps d'en laisser la copie, ou du
moins M. Walne la refusa.
Cette dépêche avait pour but d'assurer au vice-roi
qu'il serait abandonné par la France s'il persistait à
respecter les droits de la Compagnie et à laisser s'exé-
cuter le canal ; et M. Walne ajoutait à cette tlirma-
tion de son ministre le sombre tableau des dangers
auxquels le prince exposait et sa dynastie et rIgypte,
en s'attirant la colère des deux gouvernements alliés
d'Angleterre et d'Autriche.
Simultanément 1 intrigue te compliquait d'une autre
combinaison venue de Constantinople. L'ambassadeur
anglais près la Sublime-Porte, incontestablement as-
sisté par la diplomatie autrichienne , obtenait du
gouvernement turc la fameuse lettre vizirielle dont
il a été tant parlé, qu'il expédiait de son côté à
M. Walne en lui prescrivant de l'appuyer vigoureu-
sement auprès du vice-roi et l'autorisant même à se
servir de son nom pour donner plus de poids à l'ac-
tion qu'il devait exercer.
C'est sous la pression de cette machine d'intrigues
et de coups savamment accumulés que le vice-roi a
laissé lancer par son ministre Sherif-Pacha cette
circulaire dont les journaux anglais ont fait tant de
bruit, et qui a été paralysée par les protestations mo-
tivées du président de la Compagnie, par l'indifférence
des représentants des diverses cours d'Europe et par
la noble attitude du consul général d'Espagne.
Toutefois on savait au forcign-office la répugnance
de la Porte à jouer un rôle si capable de la dépopu-
lariser en Europe, d'irriter contre elle 1 opinion fran-
çaise, et l'on connaissait aussi l'attachement que por-
tait le vice roi au projet qui sera l'honneur de son
nom, la g'loire de son règne et la prospérité de l'E-
gypte. A toutes ces intimidations morales, il était
presque indispensable de donner une sanction maté-
rielle et d'engager la Porte de façon à ce qu'il lui
fut difficile de reculer dans l'avenir. Alors une com-
binaison additionnelle fut formée, et comme son
exécution, sinon sa conception est de date récente,
nous ne savons quelle part il y faut faire au présent
cabinet anglais.
L'armée française allait s'engager dans le fameux
quadrilatère; tout en Europe respirait les armements
et l'extension de la guerre ; soudain on apprend que
« des raisons d'État » avaient déterminé les ministres
sultan à lui conseiller un voyage à Alexandrie, et
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