Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-08-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 août 1859 15 août 1859
Description : 1859/08/15 (A4,N76). 1859/08/15 (A4,N76).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295118
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 255
aient fait tirer des coups de feu pour un objet sérieux.
Mais d'excellentes autorités militaires affirment qu'une
armée de 300,000 hommes serait à peine suffisante pour
garder l'Inde, et que les cinq sixièmes de cette armée
doivent se composer d'indigènes. A cette immense ar-
mée quelques-uns proposent d'ajouter encore des trou-
pes irrégulières.
9 Mais ce qui eet arrivé déjà à notre armée de l'Inde,
pourrait fort bien arriver encore. En outre, cette armée
est complétement inutile pour la défense de notre pays,
et" l'Angleterre pourrait devenir une province française
avant qu'un seul homme de l'armée indienne de la reine
eût pu venir à notre aile, et mettre à notre service sa
vigueur, son habileté et son expérience. La France n'a
point fait comme nous. La nombreuse armée que la
France entretient dans sa colonie africaine est comme
une pépinière d'où elle tire d'excellents soldats qui la
servent ensuite sur le continent. Ce sont des zouaves,
des turcos, des chasseurs d'Afrique qui- ont chassé
l'Autriche de la Lombardie.
» De tels soldats vieillis dans le métier des armes sont
assurés de battre les troupes les plus exercées, les mieux
disciplinées, qui ne savent de l'art de la guerre que ce
qu'elles ont appris à la parade et dans les champs de
manœuvre. Voilà ce qu'ont fait les soldats français à
Solferino ; voilà ce qu'ils feraient partout ailleurs. Fai-
sons-nous un tel usage de notre empire indien ? Cepen-
dant les dépenses qu'il nous occasionne sont ruineuses.
» Le pays profitera de ces dépenses ; mais alors que
le profit viendra, il se peut que nous renoncions à la
colonie. En attendant, l'armée absorbe tout le profit, et
pour la soumission du peuple, nous payons plus qu'il ne
vaut. Qu'avons-nous donc à faire? Nous nous flattons
orgueilleusement de gouverner l'Inde tout entière, mais
nous y gagnons peu d'honneur, et notre domination
est incessamment menacée Mais l'Inde ne nous rend
aucune force en retour de celle que nous lui donnons.
» Fatalement, les dépenses que nous faisons dans
l'Inde amèneront les choses à un point d'arrêt. Or, que
sera l'Angleterre du jour où elle cessera de faire les
sacrifices qu'exige sa marche en avant?
» Pendant que les ports de nos côtes méridionales
sont insuffisamment défendus, que Portsmouth a une
faible garnison, et que la moindre alarme imposerait à
notre armée cent devoirs qu'il lui serait impossible de
remplir, nous prodiguons le sang de mill.ers de braves
soldats et des sommes considérables pour rester maitres
de contrées qui ne nous donnent aucun profit. Quelle
sanglante satire pour notre ambition, si Douvres devait
un jour tomber au pouvoir d'un ennemi, qui dès lors
trouverait facile la conquête de cette île, et cela parce
que nous nous sommes privés de soldats pour le besoin
de l'Asie centrale !
1 L'Angleterre est une grande nation qui commet de
grandes erreurs, mais qui peut les reconnaître. Rien
n'est plus impraticable que la voie dans laquelle elle
est maintenant engagée. Il faut qu'on s'arrête à la fin
dans cette voie, car la question est de savoir si l'Angle-
terre ou l'Inde sera la première ruinée. Peut-être y a-t-
il un troisième parti à prendre ; nous espérons et avons
confiance qu'il y en a un, mais il ne s'est pas encore
révélé, et nous ne connaissons personne qui ait assez
d'autorité pour oser le proposer. )
LES RUSSES DANS LA HAUTE ASIE.
III.
En même temps que le gouvernement de la Sibérie
orientale fait construire un chemin de fer de Nicolaïew
à la baie de Castries, où s'élèvera une grande forte-
resse maritime, Alexandropol, le gouvernement de
Saint-Pétersbourg fait hâter l'achèvement du chemin
de fer de Moscou à Nijni-Nowogorod, sur le Volga !
Ce sont, en effet, les travaux qui doivent le plus
venir en aide au commerce et aux relations actives,
ainsi qu'aux nécessités du vaste plan qu'a conçu la
Russie.
Le Volga est une des plus larges artères de l'em-
pire; en même temps qu'il met la capitale et la mer
Baltique en communication avec Astrakan et la mer
Caspienne , par un de ses affluents considérables, la
Kama qui coule dans le Volga, près de Kasan, la na-
vigation à vapeur touche aux monts Ourals en quel-
ques heures.
La ville si industrielle d'Ekatherinbourg ne sera pas
longtemps sans être reliée à Tobolsk, sur YIrtirch,
par des rails, au milieu d'un pays si riche en mines
de toutes sortes, et l'on rejoindra, dans un temps
prochain, les lignes de vapeurs sur L'llneisey, l'An-
gara et le lac Baïkal à des rails-lvay soudés aux ri-
vages de ces vastes cours d'eau. En hiver on résoudra
la question de la locomotion à l'aide des traîneaux à
vapeur.
C'est ainsi qu'en peu de temps la Russie d'Europe
touchera en quatre ou cinq jours aux extrémités de
l'Asie, et que les villes florissantes de Omsk, Barnaoul,
Tomsk, Krosnoïarsk, Irkoursk, Nerschinsk trouveront de
nouveaux éléments de prospérité dans les relations
ouvertes par le fleuve Amur.
Le système de colonies allemandes a si bien réussi
à la Russie que dans un temps rapproché on verra
des villages, et des villes à l'européenne, sur les ri-
vages encore déserts du fleuve tartare.
Cette évolution si rapide et si heureuse de l'em-
pire moscovite mérite qu'on se rejette en arrière et
que par une revue rétrospective on s'initie à sa mar-
che ascendante!
11 y a un siècle et demi que les Russes passèrent
les monts Ourals et secouèrent le joug des Kirghis-
Mongols. La richesse des magnifiques fourrures de
zibeline attira les chasseurs ; ceux ci ayant pénétré
dans les steppes et dans les forêts trouvèrent établis
des Cosaques aventureux qui s'étaient soustraits aux
mains de la justice, ou aux poursuites intolérantes de
la religion orthodoxe. A ces Cosaques se joignirent
bientôt de nobles exilés ou des prisonniers suédois et
aient fait tirer des coups de feu pour un objet sérieux.
Mais d'excellentes autorités militaires affirment qu'une
armée de 300,000 hommes serait à peine suffisante pour
garder l'Inde, et que les cinq sixièmes de cette armée
doivent se composer d'indigènes. A cette immense ar-
mée quelques-uns proposent d'ajouter encore des trou-
pes irrégulières.
9 Mais ce qui eet arrivé déjà à notre armée de l'Inde,
pourrait fort bien arriver encore. En outre, cette armée
est complétement inutile pour la défense de notre pays,
et" l'Angleterre pourrait devenir une province française
avant qu'un seul homme de l'armée indienne de la reine
eût pu venir à notre aile, et mettre à notre service sa
vigueur, son habileté et son expérience. La France n'a
point fait comme nous. La nombreuse armée que la
France entretient dans sa colonie africaine est comme
une pépinière d'où elle tire d'excellents soldats qui la
servent ensuite sur le continent. Ce sont des zouaves,
des turcos, des chasseurs d'Afrique qui- ont chassé
l'Autriche de la Lombardie.
» De tels soldats vieillis dans le métier des armes sont
assurés de battre les troupes les plus exercées, les mieux
disciplinées, qui ne savent de l'art de la guerre que ce
qu'elles ont appris à la parade et dans les champs de
manœuvre. Voilà ce qu'ont fait les soldats français à
Solferino ; voilà ce qu'ils feraient partout ailleurs. Fai-
sons-nous un tel usage de notre empire indien ? Cepen-
dant les dépenses qu'il nous occasionne sont ruineuses.
» Le pays profitera de ces dépenses ; mais alors que
le profit viendra, il se peut que nous renoncions à la
colonie. En attendant, l'armée absorbe tout le profit, et
pour la soumission du peuple, nous payons plus qu'il ne
vaut. Qu'avons-nous donc à faire? Nous nous flattons
orgueilleusement de gouverner l'Inde tout entière, mais
nous y gagnons peu d'honneur, et notre domination
est incessamment menacée Mais l'Inde ne nous rend
aucune force en retour de celle que nous lui donnons.
» Fatalement, les dépenses que nous faisons dans
l'Inde amèneront les choses à un point d'arrêt. Or, que
sera l'Angleterre du jour où elle cessera de faire les
sacrifices qu'exige sa marche en avant?
» Pendant que les ports de nos côtes méridionales
sont insuffisamment défendus, que Portsmouth a une
faible garnison, et que la moindre alarme imposerait à
notre armée cent devoirs qu'il lui serait impossible de
remplir, nous prodiguons le sang de mill.ers de braves
soldats et des sommes considérables pour rester maitres
de contrées qui ne nous donnent aucun profit. Quelle
sanglante satire pour notre ambition, si Douvres devait
un jour tomber au pouvoir d'un ennemi, qui dès lors
trouverait facile la conquête de cette île, et cela parce
que nous nous sommes privés de soldats pour le besoin
de l'Asie centrale !
1 L'Angleterre est une grande nation qui commet de
grandes erreurs, mais qui peut les reconnaître. Rien
n'est plus impraticable que la voie dans laquelle elle
est maintenant engagée. Il faut qu'on s'arrête à la fin
dans cette voie, car la question est de savoir si l'Angle-
terre ou l'Inde sera la première ruinée. Peut-être y a-t-
il un troisième parti à prendre ; nous espérons et avons
confiance qu'il y en a un, mais il ne s'est pas encore
révélé, et nous ne connaissons personne qui ait assez
d'autorité pour oser le proposer. )
LES RUSSES DANS LA HAUTE ASIE.
III.
En même temps que le gouvernement de la Sibérie
orientale fait construire un chemin de fer de Nicolaïew
à la baie de Castries, où s'élèvera une grande forte-
resse maritime, Alexandropol, le gouvernement de
Saint-Pétersbourg fait hâter l'achèvement du chemin
de fer de Moscou à Nijni-Nowogorod, sur le Volga !
Ce sont, en effet, les travaux qui doivent le plus
venir en aide au commerce et aux relations actives,
ainsi qu'aux nécessités du vaste plan qu'a conçu la
Russie.
Le Volga est une des plus larges artères de l'em-
pire; en même temps qu'il met la capitale et la mer
Baltique en communication avec Astrakan et la mer
Caspienne , par un de ses affluents considérables, la
Kama qui coule dans le Volga, près de Kasan, la na-
vigation à vapeur touche aux monts Ourals en quel-
ques heures.
La ville si industrielle d'Ekatherinbourg ne sera pas
longtemps sans être reliée à Tobolsk, sur YIrtirch,
par des rails, au milieu d'un pays si riche en mines
de toutes sortes, et l'on rejoindra, dans un temps
prochain, les lignes de vapeurs sur L'llneisey, l'An-
gara et le lac Baïkal à des rails-lvay soudés aux ri-
vages de ces vastes cours d'eau. En hiver on résoudra
la question de la locomotion à l'aide des traîneaux à
vapeur.
C'est ainsi qu'en peu de temps la Russie d'Europe
touchera en quatre ou cinq jours aux extrémités de
l'Asie, et que les villes florissantes de Omsk, Barnaoul,
Tomsk, Krosnoïarsk, Irkoursk, Nerschinsk trouveront de
nouveaux éléments de prospérité dans les relations
ouvertes par le fleuve Amur.
Le système de colonies allemandes a si bien réussi
à la Russie que dans un temps rapproché on verra
des villages, et des villes à l'européenne, sur les ri-
vages encore déserts du fleuve tartare.
Cette évolution si rapide et si heureuse de l'em-
pire moscovite mérite qu'on se rejette en arrière et
que par une revue rétrospective on s'initie à sa mar-
che ascendante!
11 y a un siècle et demi que les Russes passèrent
les monts Ourals et secouèrent le joug des Kirghis-
Mongols. La richesse des magnifiques fourrures de
zibeline attira les chasseurs ; ceux ci ayant pénétré
dans les steppes et dans les forêts trouvèrent établis
des Cosaques aventureux qui s'étaient soustraits aux
mains de la justice, ou aux poursuites intolérantes de
la religion orthodoxe. A ces Cosaques se joignirent
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