Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-08-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 août 1859 01 août 1859
Description : 1859/08/01 (A4,N75). 1859/08/01 (A4,N75).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529510v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 239
était et serait encore populaire en France; mais notre
pays n'entend point qu'elle consiste à contrecarrer
partout les plus légitimes besoins de la France, et
que le gouvernement anglais se croie obligé de com-
battre au dehors toute entreprise, soit européenne,
soit française, parce qu'elle ne serait pas exclusivement
anglaise ; on veut l'alliance, mais on ne la comprend
pas dans le sens de l'affaiblissement ou de l'humilia-
tion du continent devant le caprice ou l'égoïsme bri-
tannique. Or, il est difficile de se cacher que la question
de Suez n'affaiblisse de plus en plus les sympathies que
portent à l'alliance ses plus sincères et ses plus fi-
dèles partisans par suite des entraves sans dignité
qu'un parti et non la nation dans le Royaume-Uni ne
cesse de porter à la solution de cette affaire.
Le Siècle, certes, a toujours été un des conservateurs
les plus vifs et les plus constants de l'union entre les
deux grands peuples occidentaux; cependant, il ne peut
voir sans regrets, sans un amer sentiment de patrio-
tisme blessé tout ce qui vient de se passer en Turquie
et en Egypte, et dans un article très-digne d'être
cité et d'être remarqué, il expose avec autant de luci-
dité que de talent les émotions que ressent la France
unanime à l'aspect de cette triste et injustifiable hos-
tilité.
Voici cet article, et il est sans doute de nature à
porter quelque conseil à ce ministère libéral, dont le
Siècle est, en France, l'un des défenseurs les plus ac-
crédités :
J. MONGIN.
Le canal de Suez et l'Angleterre.
Une correspondance d'Alexandrie publiée ces jours
derniers par le Constitutionnel donnait de singuliers dé-
tails sur les obstacles que l'Angleterre soulève à Cons-
tantinople et en Egypte contre l'entreprise la plus gé-
néreuse et la plus féconde de ce temps, contre le per-
cement de l'isthme de Suez.
M. Walne, gérant du consulat général d'Angleterre
en Egypte, a eu 1 honneur d'être reçu par le vice-roi et
a communiqué à celui-ci une dépêche de M. Bulwer,
ministre de la reine à Constantinople. M. Walne était
chargé d'appeler respectueusement l'attention du pacha
sur la nécessité d'obtempérer sans aucun retard à l'invi-
tation du grand-vizir en prenant des mesures décisives
pour empêcher la continuation des travaux préparatoires
de la Compagnie universelle du canal maritime de Suez.
Il devait en outre mettre le vice-roi en garde contre
la mauvaise impression causée à Constantinople et en
Europe contre de prétendues vélléités d'indépendance
qu'on lui attribue, etc.
« Monsieur Walne, a répondu le vice-roi sur un
ton de grande bonhomie, expliquons-nous franchement.
Vous savez que pour le canal de Suez j'ai fait tout ce que
vous avez voulu. Il n'y a dans ce moment à Port-Saïd que
des Européens, et je n'ai aucune action directe sur eux.
C'est à MM. les consuls qu'il appartient de trouver les
moyens de les empêcher de rester au service de la Com-
pagnie universelle. Il y a, par exemple, parmi les ou-
vriers, un certain nombre de sujets anglais; vous char-'
geriez-vous de les expulser ? Moi je vous déclare que je
ne m'en charge pas. »
Et comme le vice-roi ajoutait que s'il tenait essentiel-
lement à être agréable à l'Angleterre il tenait aussi à
ne pas déplaire à la France, M. Walne prit sur lui de
calmer les inquiétudes de son interlocuteur. « Je puis
assurer V. A., dit-il, qu'elle n'aura à ce sujet aucune
difficulté avec la France, qui est l'alliée de l'Angleterre,
et dont le gouvernement est parfaitement d'accord avec.
le nôtre sur toutes les questions. »
Le pacha répliqua qu'il n'était pas tout à fait de cet
avis en ce qui concerne les désirs et les intérêts de la
Compagnie de Suez; qu'il avait entendu dire que les
gouvernements de France et d'Angleterre étaient con-
venus de s'abstenir complètement d'exercer aucune
pression à ce sujet, soit à Constantinople, soit à Alexan-
drie, et qu'il serait en effet désirable qu'il en fût ainsi.
« Quant à moi, ajouta-t-il, j'ai cédé jusqu'ici à vos dé
sirs avec un empressement que votre gouvernement ne
peut méconnaître, et sur de simples conversations. Les
choses, maintenant, prennent une tournure assez grave
pour me faire un devoir de me mettre en me-ure de
couvrir ma propre responsabilité. Si vous croyez devoir
insister sur ces dernières observations, remettez-moi
donc une note écrite, et alors seulement je pourrai avi-
ser. »
M. Walne s'excusa alors, supplia le pacha de ne pas
se méprendre sur le caractère de sa démarche; l'assu-
rant qu'il n'avait pas mission de traiter cette affaire par
écrit; qu'il agissait seulement sous l'inspiration de
M. Bulwer.
Nous avons cru devoir reproduire avec quelques dé-
tails cet incident, parce qu'il est significatif et. donne
la mesure de l'action déplorable que le gouvernement
anglais exerce dans cette affaire, à Constantinople
comme en Egypte.
Le grand-vizir, qui avait jusqu'ici donné tant de té-
moignages de sympathie à l'œuvre du canal, se pro-
nonce tout à coup contre elle. La démarche de M. Walne
prouverait, s'il en était besoin, que l'ambassadeur an-
glais n'a pas été étranger à ce brusque revirement. D'un
autre côté, M. Walne ne se gêne guère pour faire en-
tendre au vice-roi qu'il est bien bon de se préoccuper
de la France; que le gouvernement français, allié du
gouvernement anglais, s'estimera fort heureux d'opi.
ner du bonnet, et que ce serait folie d'attribuer à la
France un désir qui ne serait pas en parfait accord
avec le désir de l'Angleterre.
Nul plus que nous assurément n'attache de prix à
l'alliance des deux grandes nations occidentales; nous
l'avons défendue en toute occasion, nous l'avons consi-
dérée et nous la considérons encore comme un gage de
civilisation et de paix, mais c'est à la condition que
les deux nations exerceront une influence égale', que
l'une ne s'attachera pas à contrecarrer les projets de
l'autre, que l'Angleterre ne cherchera pas à amoindrir
la France, et réciproquement.
Ce qui se passe, depuis trop longtemps déjà, pour le
canal de Suez est une preuve que les agents anglais ne
était et serait encore populaire en France; mais notre
pays n'entend point qu'elle consiste à contrecarrer
partout les plus légitimes besoins de la France, et
que le gouvernement anglais se croie obligé de com-
battre au dehors toute entreprise, soit européenne,
soit française, parce qu'elle ne serait pas exclusivement
anglaise ; on veut l'alliance, mais on ne la comprend
pas dans le sens de l'affaiblissement ou de l'humilia-
tion du continent devant le caprice ou l'égoïsme bri-
tannique. Or, il est difficile de se cacher que la question
de Suez n'affaiblisse de plus en plus les sympathies que
portent à l'alliance ses plus sincères et ses plus fi-
dèles partisans par suite des entraves sans dignité
qu'un parti et non la nation dans le Royaume-Uni ne
cesse de porter à la solution de cette affaire.
Le Siècle, certes, a toujours été un des conservateurs
les plus vifs et les plus constants de l'union entre les
deux grands peuples occidentaux; cependant, il ne peut
voir sans regrets, sans un amer sentiment de patrio-
tisme blessé tout ce qui vient de se passer en Turquie
et en Egypte, et dans un article très-digne d'être
cité et d'être remarqué, il expose avec autant de luci-
dité que de talent les émotions que ressent la France
unanime à l'aspect de cette triste et injustifiable hos-
tilité.
Voici cet article, et il est sans doute de nature à
porter quelque conseil à ce ministère libéral, dont le
Siècle est, en France, l'un des défenseurs les plus ac-
crédités :
J. MONGIN.
Le canal de Suez et l'Angleterre.
Une correspondance d'Alexandrie publiée ces jours
derniers par le Constitutionnel donnait de singuliers dé-
tails sur les obstacles que l'Angleterre soulève à Cons-
tantinople et en Egypte contre l'entreprise la plus gé-
néreuse et la plus féconde de ce temps, contre le per-
cement de l'isthme de Suez.
M. Walne, gérant du consulat général d'Angleterre
en Egypte, a eu 1 honneur d'être reçu par le vice-roi et
a communiqué à celui-ci une dépêche de M. Bulwer,
ministre de la reine à Constantinople. M. Walne était
chargé d'appeler respectueusement l'attention du pacha
sur la nécessité d'obtempérer sans aucun retard à l'invi-
tation du grand-vizir en prenant des mesures décisives
pour empêcher la continuation des travaux préparatoires
de la Compagnie universelle du canal maritime de Suez.
Il devait en outre mettre le vice-roi en garde contre
la mauvaise impression causée à Constantinople et en
Europe contre de prétendues vélléités d'indépendance
qu'on lui attribue, etc.
« Monsieur Walne, a répondu le vice-roi sur un
ton de grande bonhomie, expliquons-nous franchement.
Vous savez que pour le canal de Suez j'ai fait tout ce que
vous avez voulu. Il n'y a dans ce moment à Port-Saïd que
des Européens, et je n'ai aucune action directe sur eux.
C'est à MM. les consuls qu'il appartient de trouver les
moyens de les empêcher de rester au service de la Com-
pagnie universelle. Il y a, par exemple, parmi les ou-
vriers, un certain nombre de sujets anglais; vous char-'
geriez-vous de les expulser ? Moi je vous déclare que je
ne m'en charge pas. »
Et comme le vice-roi ajoutait que s'il tenait essentiel-
lement à être agréable à l'Angleterre il tenait aussi à
ne pas déplaire à la France, M. Walne prit sur lui de
calmer les inquiétudes de son interlocuteur. « Je puis
assurer V. A., dit-il, qu'elle n'aura à ce sujet aucune
difficulté avec la France, qui est l'alliée de l'Angleterre,
et dont le gouvernement est parfaitement d'accord avec.
le nôtre sur toutes les questions. »
Le pacha répliqua qu'il n'était pas tout à fait de cet
avis en ce qui concerne les désirs et les intérêts de la
Compagnie de Suez; qu'il avait entendu dire que les
gouvernements de France et d'Angleterre étaient con-
venus de s'abstenir complètement d'exercer aucune
pression à ce sujet, soit à Constantinople, soit à Alexan-
drie, et qu'il serait en effet désirable qu'il en fût ainsi.
« Quant à moi, ajouta-t-il, j'ai cédé jusqu'ici à vos dé
sirs avec un empressement que votre gouvernement ne
peut méconnaître, et sur de simples conversations. Les
choses, maintenant, prennent une tournure assez grave
pour me faire un devoir de me mettre en me-ure de
couvrir ma propre responsabilité. Si vous croyez devoir
insister sur ces dernières observations, remettez-moi
donc une note écrite, et alors seulement je pourrai avi-
ser. »
M. Walne s'excusa alors, supplia le pacha de ne pas
se méprendre sur le caractère de sa démarche; l'assu-
rant qu'il n'avait pas mission de traiter cette affaire par
écrit; qu'il agissait seulement sous l'inspiration de
M. Bulwer.
Nous avons cru devoir reproduire avec quelques dé-
tails cet incident, parce qu'il est significatif et. donne
la mesure de l'action déplorable que le gouvernement
anglais exerce dans cette affaire, à Constantinople
comme en Egypte.
Le grand-vizir, qui avait jusqu'ici donné tant de té-
moignages de sympathie à l'œuvre du canal, se pro-
nonce tout à coup contre elle. La démarche de M. Walne
prouverait, s'il en était besoin, que l'ambassadeur an-
glais n'a pas été étranger à ce brusque revirement. D'un
autre côté, M. Walne ne se gêne guère pour faire en-
tendre au vice-roi qu'il est bien bon de se préoccuper
de la France; que le gouvernement français, allié du
gouvernement anglais, s'estimera fort heureux d'opi.
ner du bonnet, et que ce serait folie d'attribuer à la
France un désir qui ne serait pas en parfait accord
avec le désir de l'Angleterre.
Nul plus que nous assurément n'attache de prix à
l'alliance des deux grandes nations occidentales; nous
l'avons défendue en toute occasion, nous l'avons consi-
dérée et nous la considérons encore comme un gage de
civilisation et de paix, mais c'est à la condition que
les deux nations exerceront une influence égale', que
l'une ne s'attachera pas à contrecarrer les projets de
l'autre, que l'Angleterre ne cherchera pas à amoindrir
la France, et réciproquement.
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