Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-08-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 août 1859 15 août 1859
Description : 1859/08/15 (A4,N76). 1859/08/15 (A4,N76).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295118
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
254 L'ISTHME DE SUEZ,
populaire et coupable qu'elle soit. Son premier effet
sera de mettre un point d'arrêt sur la rapide commu-
nication maintenant presque entière dans nos mains;
on a beau immerger le télégaphe de la mer Rouge ,
le câble sera comparativement inutile, si l'on ne peut
transmettre ses messages à trttvers la France et la
Méditerranée; la route par l'Egypte peut n'être pas
fermée, mais son importance est si grande que des
steamers armés doivent être employés pour escorter
les malles. Or, en ce cas, la route la plus rapide sera
fermée en fait, et les steamers éprouveront des en-
traves et des délais, par la nécessité des précautions.
Notre flotte n'est pas maintenant assez forte pour ba-
layer la Méditerranée dès le commencement de la
guerre; nous ne voyons pas comment le numéraire
pourra être envoyé par l'Egypte, et même par le Cap
une forte remise de fonds requerra une escadre pour
la convoyer. Cette seule circonstance, simple incident
inhérent à des hostilités avec une puissance de premier
ordre, accroitra énormément les embarras du gouver-
nement indien; la seule ressource sera d'envoyer une
forte escadre à l'entrée de la mer Rouge et de faire
des patrouilles dans la Méditerranée avec une flotte à
vapeur absorbant ainsi une section non sans impor-
tance de nos forces, uniquement pour tenir une route
ouverte.
) Sur la route la plus longue les choses sont encore
pires : la vapeur n'a pas été généralement employée
pour le transport des marchandises lourdes autour du
cap. Nos vaisseaux venant de la Chine et de l'Inde sont
les plus riches de ceux qui traversent l'Océan, et dans
un degré proportionné ils seront des objets d'attaque.
Le système des lettres de marque n'a jamais été finale-
ment abandonné. Tout hardi armateur du Havre, tout
Américain sans scrupule s'en munira, et dans peu de
mois les risques de guerre s'ajouteront aux charges de
notre commerce dispendieux. Le commerce supportera
ces frais, car, à l'exception de la soie et de l'indigo, la
demande s'accroîtra, les prix du salpêtre, des graines,
de toutes les fibres, de tous les articles d'alimentation,
augmenteront comme ils ont commencé à le faire pen-
dant la guerre de Russie. Mais la guerre change le
commerce en spéculation, et quoique quelques fortunes
puissent être faites plus rapidement et sur une plus
large échelle, la masse de commerçants souffrira des
inconvénients seulement surpassés par les pertes pécu-
niaires directes. L'effet sur le marché de l'argent dans
l'Inde dépendra naturellement de la durée de la guerre;
mais sensitif comme l'est notre marché, nous pouvons
affirmer à coup sûr que la fluctuation et la perte résul-
tante sera trois fois celle du change de Londres. Chaque
mouvement dans le pays lui-même produira des ap-
préhensions exagérées par la certitude que l'Angleterre
ne peut nous envoyer de secours, et, comme nous l'in-
diquions la semaine dernière , trois de nos grandes
cités ne sont pas exemptes d'un danger actuel d'atta-
que. La guerre, nous le craignons, ne procurera pas
aux Anglo-Indiens l'excitation agréable qu'elle pourra
donner aux tranquilles Anglais. a
L'AYINIR DE L'INDE JUGÉ FlR Ll lim.
On dirait que pas un jour ne se peut passer sans que
la presse anglaise elle-même ne fournisse quelques
arguments nouveaux sur l'intérêt urgent de ce pays
à percer l'isthme de Suez. C'est ainsi que le Times
du 21 juillet, se préoccupant de l'avenir de l'empire
indien, se demande si les sacrifices que coûte cet em-
pire devront être indéfiniment continués; il s'effraie
surtout du voisinage perpétuel de troupes européennes
que cette possession exige pour sa conservation ; il y
voit l'impossibilité pour l'Angleterre de maintenir
sur son propre territoire et pour la défense de son sol,
une armée respectable. Sans doute l'Inde peut être une
école pour les soldats britanniques, mais elle est très-
loin. Et au jour du danger, comment la métropole
pourrait elle faire revenir à temps ses forces les plus
solides et les plus exercées d'une contrée aussi loin-
taine ?
Cela, dirons-nous, est beaucoup plus facile si la
route de l'Inde, abrégée de trois mille lieues, conduit
les transports anglais par l'isthme de Suez au lieu du
cap de Bonne-Espérance; enfin, le Times ne craint
pas de présager mélancoliquement le jour où il fau-
dra que l'un des pays ruine l'autre, c'est-à-dire le
jour où il faudra qu'ils se séparent, et cependant
c'est en vue d'une telle possession que lord Palmers-
ton croit devoir combattre le canal de Suez, dont tout
le monde, en Angleterre, reconnaît les avantages
commerciaux et maritimes, uniquement contrebalan-
ces dans quelques esprits offusqués par des pré-
jugés politiques, qui veulent voir le danger des Indes
du côté de la France et non du côté de l'Asie et dans
les Indes même.
Voici, au surplus, quelques-unes des réflexions du
Times sur ce sujet ; elles jettent un triste jour sur ce
que le Times lui même, dans une autre occasion, ap-
pelait : « la fabrique de la puissance artificielle » de
l'Angleterre.
JULES HosÉ.
« N'est-il pas bien étrange que l'armée laissée à la
défense de ces îles, étant bien comptée, ne soit pas aussi
considérable que l'armée que nous entretenons dans
l'Inde? A une époque où d'imposantes autorités mili-
taires affirment que nous serions hors d'état de rassem-
bler trente mille hommes pour repousser une invasion,
cinq mille hommes sont actuellement sur le point de
partir pour l'Orient. Il est démontré que nous devons
avoir une armée de l'Inde qui soit propre à tous les
points de vue à conjurer les dangers qui pourraient me-
nacer notre colonie. On démontre avec non moins de
vérité que l'armée anglaise doit saisir cette opportunité
d'apprendre le métier des armes, et d'obtenir les résul-
tats que les troupes françaises obtiennent dans l'Algérie,
et les troupes russes dans le Caucase.
» Certainement, si l'Angleterre doit jamais être enva-
hie, il est fort à désirer qu'elle possède des soldats qui
aient senti l'odeur de la poudre, et des officiers qui
populaire et coupable qu'elle soit. Son premier effet
sera de mettre un point d'arrêt sur la rapide commu-
nication maintenant presque entière dans nos mains;
on a beau immerger le télégaphe de la mer Rouge ,
le câble sera comparativement inutile, si l'on ne peut
transmettre ses messages à trttvers la France et la
Méditerranée; la route par l'Egypte peut n'être pas
fermée, mais son importance est si grande que des
steamers armés doivent être employés pour escorter
les malles. Or, en ce cas, la route la plus rapide sera
fermée en fait, et les steamers éprouveront des en-
traves et des délais, par la nécessité des précautions.
Notre flotte n'est pas maintenant assez forte pour ba-
layer la Méditerranée dès le commencement de la
guerre; nous ne voyons pas comment le numéraire
pourra être envoyé par l'Egypte, et même par le Cap
une forte remise de fonds requerra une escadre pour
la convoyer. Cette seule circonstance, simple incident
inhérent à des hostilités avec une puissance de premier
ordre, accroitra énormément les embarras du gouver-
nement indien; la seule ressource sera d'envoyer une
forte escadre à l'entrée de la mer Rouge et de faire
des patrouilles dans la Méditerranée avec une flotte à
vapeur absorbant ainsi une section non sans impor-
tance de nos forces, uniquement pour tenir une route
ouverte.
) Sur la route la plus longue les choses sont encore
pires : la vapeur n'a pas été généralement employée
pour le transport des marchandises lourdes autour du
cap. Nos vaisseaux venant de la Chine et de l'Inde sont
les plus riches de ceux qui traversent l'Océan, et dans
un degré proportionné ils seront des objets d'attaque.
Le système des lettres de marque n'a jamais été finale-
ment abandonné. Tout hardi armateur du Havre, tout
Américain sans scrupule s'en munira, et dans peu de
mois les risques de guerre s'ajouteront aux charges de
notre commerce dispendieux. Le commerce supportera
ces frais, car, à l'exception de la soie et de l'indigo, la
demande s'accroîtra, les prix du salpêtre, des graines,
de toutes les fibres, de tous les articles d'alimentation,
augmenteront comme ils ont commencé à le faire pen-
dant la guerre de Russie. Mais la guerre change le
commerce en spéculation, et quoique quelques fortunes
puissent être faites plus rapidement et sur une plus
large échelle, la masse de commerçants souffrira des
inconvénients seulement surpassés par les pertes pécu-
niaires directes. L'effet sur le marché de l'argent dans
l'Inde dépendra naturellement de la durée de la guerre;
mais sensitif comme l'est notre marché, nous pouvons
affirmer à coup sûr que la fluctuation et la perte résul-
tante sera trois fois celle du change de Londres. Chaque
mouvement dans le pays lui-même produira des ap-
préhensions exagérées par la certitude que l'Angleterre
ne peut nous envoyer de secours, et, comme nous l'in-
diquions la semaine dernière , trois de nos grandes
cités ne sont pas exemptes d'un danger actuel d'atta-
que. La guerre, nous le craignons, ne procurera pas
aux Anglo-Indiens l'excitation agréable qu'elle pourra
donner aux tranquilles Anglais. a
L'AYINIR DE L'INDE JUGÉ FlR Ll lim.
On dirait que pas un jour ne se peut passer sans que
la presse anglaise elle-même ne fournisse quelques
arguments nouveaux sur l'intérêt urgent de ce pays
à percer l'isthme de Suez. C'est ainsi que le Times
du 21 juillet, se préoccupant de l'avenir de l'empire
indien, se demande si les sacrifices que coûte cet em-
pire devront être indéfiniment continués; il s'effraie
surtout du voisinage perpétuel de troupes européennes
que cette possession exige pour sa conservation ; il y
voit l'impossibilité pour l'Angleterre de maintenir
sur son propre territoire et pour la défense de son sol,
une armée respectable. Sans doute l'Inde peut être une
école pour les soldats britanniques, mais elle est très-
loin. Et au jour du danger, comment la métropole
pourrait elle faire revenir à temps ses forces les plus
solides et les plus exercées d'une contrée aussi loin-
taine ?
Cela, dirons-nous, est beaucoup plus facile si la
route de l'Inde, abrégée de trois mille lieues, conduit
les transports anglais par l'isthme de Suez au lieu du
cap de Bonne-Espérance; enfin, le Times ne craint
pas de présager mélancoliquement le jour où il fau-
dra que l'un des pays ruine l'autre, c'est-à-dire le
jour où il faudra qu'ils se séparent, et cependant
c'est en vue d'une telle possession que lord Palmers-
ton croit devoir combattre le canal de Suez, dont tout
le monde, en Angleterre, reconnaît les avantages
commerciaux et maritimes, uniquement contrebalan-
ces dans quelques esprits offusqués par des pré-
jugés politiques, qui veulent voir le danger des Indes
du côté de la France et non du côté de l'Asie et dans
les Indes même.
Voici, au surplus, quelques-unes des réflexions du
Times sur ce sujet ; elles jettent un triste jour sur ce
que le Times lui même, dans une autre occasion, ap-
pelait : « la fabrique de la puissance artificielle » de
l'Angleterre.
JULES HosÉ.
« N'est-il pas bien étrange que l'armée laissée à la
défense de ces îles, étant bien comptée, ne soit pas aussi
considérable que l'armée que nous entretenons dans
l'Inde? A une époque où d'imposantes autorités mili-
taires affirment que nous serions hors d'état de rassem-
bler trente mille hommes pour repousser une invasion,
cinq mille hommes sont actuellement sur le point de
partir pour l'Orient. Il est démontré que nous devons
avoir une armée de l'Inde qui soit propre à tous les
points de vue à conjurer les dangers qui pourraient me-
nacer notre colonie. On démontre avec non moins de
vérité que l'armée anglaise doit saisir cette opportunité
d'apprendre le métier des armes, et d'obtenir les résul-
tats que les troupes françaises obtiennent dans l'Algérie,
et les troupes russes dans le Caucase.
» Certainement, si l'Angleterre doit jamais être enva-
hie, il est fort à désirer qu'elle possède des soldats qui
aient senti l'odeur de la poudre, et des officiers qui
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