Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-08-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 août 1859 01 août 1859
Description : 1859/08/01 (A4,N75). 1859/08/01 (A4,N75).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529510v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 233
désintéressés du canal de Suez. Ses déclarations ne
permettaient pas le doute. Il venait de déclarer que,
dans aucun cas, l'ouverture de l'isthme ne pouvait
causer le moindre dommag'e aux intérêts anglais.
Il était allé bien plus loin ! Il déclarait au gouverne-
ment français que loin de faire aucune objection à
l'entreprise, il la verrait réussir avec bonheur; que de
toutes les nations, la nation anglaise était celle qui en
devait retirer les plus beaux avantages, et dès lors
nous nous croyions assuré que le Times logiquement
consacrerait son influence iL aider les efforts de M. Ferd.
de I.esseps, ou que du moins il verrait avec regret les
embarras suscités à cette noble conception.
Il n'en est rien cependant, et le 25 de ce mois, dans
sa correspondance particulière de Constantinople, le
Times voudrait faire croire au public, et annonce avec
une joie très peu déguisée que le projet va mourir et
qu'il touche à sa dernière heure. Le Times se piesse
beaucoup trop ; nous pouvons le rassurer. Nous som-
mes parfaitement convaincu que les difficultés sus-
citées accidentellement par la diplomatie anglaise
auront leur terme, et que ce terme sera celui où ces
déplorables intrigues seront mises au grand jour, et
traînées à la lumière du parlement et de l'Europe.
On n'escamote pas une pensée de cette grandeur ; or
jusqu'ici la violence et l'intimidation de la diplomatie
anglaise elles-mêmes n'ont osé procéder que par l'es-
camotage.
La vérité aura son jour prochain et la conscience
publique, et le droit des gens, et l'intérêt universel.
Commençons toutefois par citer l'édifiante corres-
pondance dont nous gratifie le Times ; nous la ferons
suivre de quelques-unes des abondantes réflexions que
suggère presque à chaque ligne cette pièce curieuse.
« Constantinople, 13 juillet.
» Le canal de Suez est entré dans la dernière phase
de son existence ; incapable d'obtenir la sanction de la
Porte au projet dans lequel il s'est embarqué, M. de Les-
seps a recouru aux derniers expédients, celui de com-
mencer son entreprise sans la permission voulue. Nos
lecteurs déjà connaissent probablement le fait que cer-
taines opérations ont été commencées dans le voisinage
de Péluse, et ce procédé a tiré, de Scheriff-Pacha, minis-
tre des affaires étrangères d'Égypte, une notification à
l'effet que la sanction de la Sublime-Porte n'ayant pas
été obtenue, les travaux ne doivent pas continuer.
M. de Lesseps, de la part de la Compagnie, maintient
que les opérations entrent dans la catégorie d'études et
opérations préparatoires autorisées par le vice-roi, et pour
laquelle la permission du sultan n'est pas requise. Par
l'éclat et la cérémonie avec lesquels ces travaux furent
inaugurés il n'y a pas longtemps, il ne peut pas être
douteux que leur promoteur ne les ait regardés comme
quelque chose de plus que de simples épreuves ou essais.
M. de Lesseps au surplus a été soigneux à expliquer
leur objet. Dans une lettre adressée par lui au grand-
vizir, en mars dernier, il dit être sur le point de se ren-
dre en Egypte dans le dessein d'y pratiquer une rigole
de service de Péluse à Suez, rigole qui sera en même temps
un essai destiné à préparer l'ouverture de l'isthme à la grande
navigation. Quelle peut être la force précise de ces
mots : rigole de service ? C'est ce que je ne sais pas; mais
qu'ils signifient un fossé ou quelque chose sur une plus
large échelle, M. de Lesseps, j'en ai la confiance, ne
persuadera pas aisément le gouvernement et le monde
qu'une tranchée pratiquée d'un bouta l'autre de l'isthme
de Péluse à Suez soit une simple affaire d'expérience et
ne formera point partie du travail projeté. Evidemment
la Compagnie universelle approche de sa dissolution, et
il est des personnes qui considèrent la rigole de service
de M. Lesseps comme une place assez appropriée au
dépôt de ses restes; encore un peu et la question du
canal de Suez sera probablement enterrée dans une
large réclamation d'indemnité contre le vice-roi d'É-
gypte. Telle est la fin habituelle des plus magnifiques
projets de l'Orient. Avec la chute du projet tout l'intérêt
de la question s'évanouit, ef le public ne portera pas
beaucoup d'intérêt à Saïd-Pacha, qui s'est mis à co-
quetter alternativement avec la Sublime-Porte, et avec
M. de Lesseps. »
Cette conclusion est ce qu'on appelle faire un pont
d'or à l'ennemi. Que la Compagnie universelle con-
sente seulement à renoncer à ses droits ; qu'elle ne
persiste point dans sa volonté de réaliser l'entreprise,
et le Times lui déploie la perspective des larges in-
demnités qu'elle doit obtenir du gouvernement égyp-
tien. A ces conditions, le Times et ses amis sont prêts,
nous en sommes convaincu, à aider la Compagnie et
à la soutenir dans ses réclamations.
Mais la Compagnie a un but honorable, glorieux,
utile ; elle entend y persévérer. Quelle indemnité,
d'ailleurs, pourrait équivaloir pour elle aux bénéfices,
aux magnificences de la concession le jour où le pro-
jet sera réalisé! Le transit du commerce des deux
parties du monde les plus opulentes et les plus peu-
plées ! l'entrepôt à Timsali de la navigation uni-
verselle ! les revenus d'immenses territoires d'une
richesse traditionnelle dès que l'eau les fécondera ! la
progression rapide du mouvement d'échange et de
passage résultant d'une abréviation de trois mille
lieues sur six mille dans les communications entre
l'Orient et l'Occident ! l'Asie, jusqu'aux extrémités de
la Chine, mise à la portée1, et livrée à l'exploitation du
cabotage occidental! voilà ce qui constitue la conces-
sion, la propriété, la richesse et l'infaillible avenir de
la Compagnie ; et nous ne connaissons point de si
riche indemnité, dans la mesure des ressources égyp-
tiennes, qui puisse en être la compensation.
Toutefois, nous ne saurions trop admirer ici la
charmante moralité du Times. Il sait qu'en donnant
cours à la notification de son ministre le Vice-Roi n'a
cédé qu'à la menace et à la pression de l'agent an-
glais instruit par lord^^p]^Hi|y ; il sait que la
main coërcitive de FAn Let~~e-a D instant sur-
monté cette volonté ^mpS,, e; il sait que
désintéressés du canal de Suez. Ses déclarations ne
permettaient pas le doute. Il venait de déclarer que,
dans aucun cas, l'ouverture de l'isthme ne pouvait
causer le moindre dommag'e aux intérêts anglais.
Il était allé bien plus loin ! Il déclarait au gouverne-
ment français que loin de faire aucune objection à
l'entreprise, il la verrait réussir avec bonheur; que de
toutes les nations, la nation anglaise était celle qui en
devait retirer les plus beaux avantages, et dès lors
nous nous croyions assuré que le Times logiquement
consacrerait son influence iL aider les efforts de M. Ferd.
de I.esseps, ou que du moins il verrait avec regret les
embarras suscités à cette noble conception.
Il n'en est rien cependant, et le 25 de ce mois, dans
sa correspondance particulière de Constantinople, le
Times voudrait faire croire au public, et annonce avec
une joie très peu déguisée que le projet va mourir et
qu'il touche à sa dernière heure. Le Times se piesse
beaucoup trop ; nous pouvons le rassurer. Nous som-
mes parfaitement convaincu que les difficultés sus-
citées accidentellement par la diplomatie anglaise
auront leur terme, et que ce terme sera celui où ces
déplorables intrigues seront mises au grand jour, et
traînées à la lumière du parlement et de l'Europe.
On n'escamote pas une pensée de cette grandeur ; or
jusqu'ici la violence et l'intimidation de la diplomatie
anglaise elles-mêmes n'ont osé procéder que par l'es-
camotage.
La vérité aura son jour prochain et la conscience
publique, et le droit des gens, et l'intérêt universel.
Commençons toutefois par citer l'édifiante corres-
pondance dont nous gratifie le Times ; nous la ferons
suivre de quelques-unes des abondantes réflexions que
suggère presque à chaque ligne cette pièce curieuse.
« Constantinople, 13 juillet.
» Le canal de Suez est entré dans la dernière phase
de son existence ; incapable d'obtenir la sanction de la
Porte au projet dans lequel il s'est embarqué, M. de Les-
seps a recouru aux derniers expédients, celui de com-
mencer son entreprise sans la permission voulue. Nos
lecteurs déjà connaissent probablement le fait que cer-
taines opérations ont été commencées dans le voisinage
de Péluse, et ce procédé a tiré, de Scheriff-Pacha, minis-
tre des affaires étrangères d'Égypte, une notification à
l'effet que la sanction de la Sublime-Porte n'ayant pas
été obtenue, les travaux ne doivent pas continuer.
M. de Lesseps, de la part de la Compagnie, maintient
que les opérations entrent dans la catégorie d'études et
opérations préparatoires autorisées par le vice-roi, et pour
laquelle la permission du sultan n'est pas requise. Par
l'éclat et la cérémonie avec lesquels ces travaux furent
inaugurés il n'y a pas longtemps, il ne peut pas être
douteux que leur promoteur ne les ait regardés comme
quelque chose de plus que de simples épreuves ou essais.
M. de Lesseps au surplus a été soigneux à expliquer
leur objet. Dans une lettre adressée par lui au grand-
vizir, en mars dernier, il dit être sur le point de se ren-
dre en Egypte dans le dessein d'y pratiquer une rigole
de service de Péluse à Suez, rigole qui sera en même temps
un essai destiné à préparer l'ouverture de l'isthme à la grande
navigation. Quelle peut être la force précise de ces
mots : rigole de service ? C'est ce que je ne sais pas; mais
qu'ils signifient un fossé ou quelque chose sur une plus
large échelle, M. de Lesseps, j'en ai la confiance, ne
persuadera pas aisément le gouvernement et le monde
qu'une tranchée pratiquée d'un bouta l'autre de l'isthme
de Péluse à Suez soit une simple affaire d'expérience et
ne formera point partie du travail projeté. Evidemment
la Compagnie universelle approche de sa dissolution, et
il est des personnes qui considèrent la rigole de service
de M. Lesseps comme une place assez appropriée au
dépôt de ses restes; encore un peu et la question du
canal de Suez sera probablement enterrée dans une
large réclamation d'indemnité contre le vice-roi d'É-
gypte. Telle est la fin habituelle des plus magnifiques
projets de l'Orient. Avec la chute du projet tout l'intérêt
de la question s'évanouit, ef le public ne portera pas
beaucoup d'intérêt à Saïd-Pacha, qui s'est mis à co-
quetter alternativement avec la Sublime-Porte, et avec
M. de Lesseps. »
Cette conclusion est ce qu'on appelle faire un pont
d'or à l'ennemi. Que la Compagnie universelle con-
sente seulement à renoncer à ses droits ; qu'elle ne
persiste point dans sa volonté de réaliser l'entreprise,
et le Times lui déploie la perspective des larges in-
demnités qu'elle doit obtenir du gouvernement égyp-
tien. A ces conditions, le Times et ses amis sont prêts,
nous en sommes convaincu, à aider la Compagnie et
à la soutenir dans ses réclamations.
Mais la Compagnie a un but honorable, glorieux,
utile ; elle entend y persévérer. Quelle indemnité,
d'ailleurs, pourrait équivaloir pour elle aux bénéfices,
aux magnificences de la concession le jour où le pro-
jet sera réalisé! Le transit du commerce des deux
parties du monde les plus opulentes et les plus peu-
plées ! l'entrepôt à Timsali de la navigation uni-
verselle ! les revenus d'immenses territoires d'une
richesse traditionnelle dès que l'eau les fécondera ! la
progression rapide du mouvement d'échange et de
passage résultant d'une abréviation de trois mille
lieues sur six mille dans les communications entre
l'Orient et l'Occident ! l'Asie, jusqu'aux extrémités de
la Chine, mise à la portée1, et livrée à l'exploitation du
cabotage occidental! voilà ce qui constitue la conces-
sion, la propriété, la richesse et l'infaillible avenir de
la Compagnie ; et nous ne connaissons point de si
riche indemnité, dans la mesure des ressources égyp-
tiennes, qui puisse en être la compensation.
Toutefois, nous ne saurions trop admirer ici la
charmante moralité du Times. Il sait qu'en donnant
cours à la notification de son ministre le Vice-Roi n'a
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glais instruit par lord^^p]^Hi|y ; il sait que la
main coërcitive de FAn Let~~e-a D instant sur-
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