Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-08-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 août 1859 01 août 1859
Description : 1859/08/01 (A4,N75). 1859/08/01 (A4,N75).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529510v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
232 L'ISTHME DE SÛE2,
ans, et continuées sans interruption par la Compagnie
depuis près de trois mois.
D'où vient ce brusque changement dans 1 attitude de
la Porte ? A quoi attribuer cette décision si tardive
dans une question qui engage déjà tant de légitimes
intérêts ? Comment ce document, jusqu'ici secret, ap-
parait-il tout d'abord dans les mains des agents anglais ?
C'est sur quoi l'opinion publique sera prochainement
édifiée.
Les observations que M. Walne présenta à S. A. de
la part de l'honorable M. Bulwer portèrent sur deux
points principaux. Le gérant du consulat général
d'Angleterre était chargé d'abord d'appeler respec-
tueusement l'attention de S. A. sur la nécessité d'ob-
tempérer sans aucun retard à l'invitation vizirielle en
prenant des mesures décisives pour empêcher la con-
tinuation des opérations préparatoires dont la Compa-
gnie universelle du canal maritime de Suez était au-
torisée à poursuivre l'exécution sur le terrain de sa
concession. Il devait, en second lieu, mettre S. A. en
garde contre la mauvaise impression causée à Cons-
tantinople et en Europe par de prétendues velléités
d'indépendance qu'on lui attribue, velléités que pour-
raient justifier, aux yeux de certains esprits mal inten-
tionnés, disait M. Bulwer, les soins et le développement
que S. A. donne, depuis quelque temps, aux cadres et
à l'organisation de son armée.
— Monsieur Walne, a répondu le vice-roi, sur un
ton de grande bonhomie , expliquons-nous franche-
ment. Vous savez que pour le canal de Suez, j'ai fait
tout ce que vous avez voulu. Il n'y a, dans ce moment,
à Port-Saïd que des Européens, et je n'ai aucune
action directe sur eux. C'est à MM. les consuls qu'il
appartient de trouver les moyens de les empêcher de
rester au service de la Compagnie universelle. Il y a,
par exemple, parmi les ouvriers, un certain nombre
de sujets anglais ; vous chargeriez-vous de les expul-
ser ? Moi, je vous déclare que je ne m'en charge pas.
Je ne puis empêcher les sujets britanniques d'exercer
librement et pacifiquement leur industrie sur le sol de
l'Égypte.
J'ai fait à cet égard, je le répète, tout ce que vous avez
voulu ; mais si je tiens essentiellement à être agréable
à l'Angleterre, je tiens aussi à ne pas déplaire à la
France.
— Que Votre Altesse n'ait pas d'inquiétude, ré-
pondit M. Walne ; je puis l'assurer qu'elle n'aura à ce
sujet aucune difficulté avec la France qui est l'alliée
de l'Angleterre, et dont le gouvernement est parfaite-
ment d'accord avec le nôtre sur toutes les questions.
— Monsieur Walne, permettez-moi de ne pas être
tout à fait de cet avis, en ce qui concerne les désirs et
les intérêts de la Compagnie du canal de Suez. J'ai
entendu dire que les gouvernements de France et d'An-
gleterre étaient convenus de s'abstenir complétement
d'exercer aucune pression à ce sujet, soit à Constanti-
nople, soit à Alexandrie, et je crois qu'il serait désirable
qu'il en fût ainsi; quant à moi, j'ai cédé jusqu'ici à vos
désirs avec un empressement que votre gouvernement
ne peut méconnaître, et sur de simples conversations.
Les choses prennent maintenant Une tournure assez
grave pour me faire un devoir de me mettre en mesure
de couvrir ma propre responsabilité. Si vous croyez
devoir insister sur vos dernières observations, remettez-
moi donc une note écrite, et alors seulement je pourrai
aviser.
— Je supplie Votre Altesse de ne pas se méprendre
ainsi sur le caractère de mes démarches; je n'ai pas
d'instructions de mon gouvernement pour traiter cette
affaire par écrit. Dans cette circonstance, je viens sim-
plement, de la part de l'honorable M. Bulwer, qui ne
fait lui-même qu'obéir aux sentiments personnels qu'il
professe pour Votre Altesse et pour les intérêts de l'em-
pire ottoman. «
» — Eh bien! monsieur Walne, remerciez sincèrement
M. Bulwer et rapportez-lui tout cela.
Quant aux inquiétudes que l'on pourrait concevoir
au sujet de l'état militaire de l'Egypte, continua le vice-
roi, S. M. I. le sultan ne les partage certainement pas.
Il connaît trop le respect et le dévoûment que j'ai pour
sa personne, et il n'oubliera pas que j'ai été assez heu-
reux pour lui en donner souvent des preuves. La bonne
- organisation des troupes égyptiennes a été une ressource
pour l'empire dans la dernière guerre ; je n'ai pas besoin
de vous rappeler que mes soldats ont fait leurs preuves
à Silistrie et ailleurs; S. M. sait bien qu'elle peut tou-
jours compter sur eux, si elle avait jam&is à faire appel
à leur concours. Tenez, les voilà tous rangés devant
vous, dites-moi vous-même ce que vous en pensez.
— Je trouve, Altesse, que ces troupes ont fort bon
aspect; mais, puisque Votre Altesse daigne me deman-
der ma pensée tout entière, elle ne m'en voudra
pas de lui dire en toute franchise que si ses soldats
sont bipn sous les armes, ils seraient encore plus uti-
lement employés peut-être aux travaux des champs.
— Monsieur Walne, ceci est votre avis à vous,
mais ce n'est pas le mien à moi, qui gouverne l'Egypte.
Les cadres actuels de mon armée ne dépassent pas les
limites posées par les autorisations de S. M. le sultan.
L'état politique de l'Europe est fort grave, il pourrait
en résulter des complications menaçantes pour l'OrienL;
tous les Etats développent leurs armements. Je consi-
dère comme un devoir de simple prudence de tenir l'E-
gypte en bon état de défense ; qui sait ce qui peut pas-
ser par la tête de certains gouvernements ? 1
Après ces réflexions, faites avec beaucoup de bien-
veillance et marquées au coin du plus grand bon sens,
on assure que l'honorable M. Walne n'a pas jugé à
propos d'insister, et s'est retiré assez peu satisfait du
résultat de son entrevue.
Pour extrait: P. DUBOI
UNE NOUVELLE ÉVOLUTION DU TIMES
Il y a souvent à compter deux fois avec le Times,
et il n'est pas rare que son opinion du lendemain soit
la contradiction de son opinion de la veille. C'est ainsi
qu'après sa conversion récente nous étions heureux
de le ranger au nombre des partisans impartiaux et
ans, et continuées sans interruption par la Compagnie
depuis près de trois mois.
D'où vient ce brusque changement dans 1 attitude de
la Porte ? A quoi attribuer cette décision si tardive
dans une question qui engage déjà tant de légitimes
intérêts ? Comment ce document, jusqu'ici secret, ap-
parait-il tout d'abord dans les mains des agents anglais ?
C'est sur quoi l'opinion publique sera prochainement
édifiée.
Les observations que M. Walne présenta à S. A. de
la part de l'honorable M. Bulwer portèrent sur deux
points principaux. Le gérant du consulat général
d'Angleterre était chargé d'abord d'appeler respec-
tueusement l'attention de S. A. sur la nécessité d'ob-
tempérer sans aucun retard à l'invitation vizirielle en
prenant des mesures décisives pour empêcher la con-
tinuation des opérations préparatoires dont la Compa-
gnie universelle du canal maritime de Suez était au-
torisée à poursuivre l'exécution sur le terrain de sa
concession. Il devait, en second lieu, mettre S. A. en
garde contre la mauvaise impression causée à Cons-
tantinople et en Europe par de prétendues velléités
d'indépendance qu'on lui attribue, velléités que pour-
raient justifier, aux yeux de certains esprits mal inten-
tionnés, disait M. Bulwer, les soins et le développement
que S. A. donne, depuis quelque temps, aux cadres et
à l'organisation de son armée.
— Monsieur Walne, a répondu le vice-roi, sur un
ton de grande bonhomie , expliquons-nous franche-
ment. Vous savez que pour le canal de Suez, j'ai fait
tout ce que vous avez voulu. Il n'y a, dans ce moment,
à Port-Saïd que des Européens, et je n'ai aucune
action directe sur eux. C'est à MM. les consuls qu'il
appartient de trouver les moyens de les empêcher de
rester au service de la Compagnie universelle. Il y a,
par exemple, parmi les ouvriers, un certain nombre
de sujets anglais ; vous chargeriez-vous de les expul-
ser ? Moi, je vous déclare que je ne m'en charge pas.
Je ne puis empêcher les sujets britanniques d'exercer
librement et pacifiquement leur industrie sur le sol de
l'Égypte.
J'ai fait à cet égard, je le répète, tout ce que vous avez
voulu ; mais si je tiens essentiellement à être agréable
à l'Angleterre, je tiens aussi à ne pas déplaire à la
France.
— Que Votre Altesse n'ait pas d'inquiétude, ré-
pondit M. Walne ; je puis l'assurer qu'elle n'aura à ce
sujet aucune difficulté avec la France qui est l'alliée
de l'Angleterre, et dont le gouvernement est parfaite-
ment d'accord avec le nôtre sur toutes les questions.
— Monsieur Walne, permettez-moi de ne pas être
tout à fait de cet avis, en ce qui concerne les désirs et
les intérêts de la Compagnie du canal de Suez. J'ai
entendu dire que les gouvernements de France et d'An-
gleterre étaient convenus de s'abstenir complétement
d'exercer aucune pression à ce sujet, soit à Constanti-
nople, soit à Alexandrie, et je crois qu'il serait désirable
qu'il en fût ainsi; quant à moi, j'ai cédé jusqu'ici à vos
désirs avec un empressement que votre gouvernement
ne peut méconnaître, et sur de simples conversations.
Les choses prennent maintenant Une tournure assez
grave pour me faire un devoir de me mettre en mesure
de couvrir ma propre responsabilité. Si vous croyez
devoir insister sur vos dernières observations, remettez-
moi donc une note écrite, et alors seulement je pourrai
aviser.
— Je supplie Votre Altesse de ne pas se méprendre
ainsi sur le caractère de mes démarches; je n'ai pas
d'instructions de mon gouvernement pour traiter cette
affaire par écrit. Dans cette circonstance, je viens sim-
plement, de la part de l'honorable M. Bulwer, qui ne
fait lui-même qu'obéir aux sentiments personnels qu'il
professe pour Votre Altesse et pour les intérêts de l'em-
pire ottoman. «
» — Eh bien! monsieur Walne, remerciez sincèrement
M. Bulwer et rapportez-lui tout cela.
Quant aux inquiétudes que l'on pourrait concevoir
au sujet de l'état militaire de l'Egypte, continua le vice-
roi, S. M. I. le sultan ne les partage certainement pas.
Il connaît trop le respect et le dévoûment que j'ai pour
sa personne, et il n'oubliera pas que j'ai été assez heu-
reux pour lui en donner souvent des preuves. La bonne
- organisation des troupes égyptiennes a été une ressource
pour l'empire dans la dernière guerre ; je n'ai pas besoin
de vous rappeler que mes soldats ont fait leurs preuves
à Silistrie et ailleurs; S. M. sait bien qu'elle peut tou-
jours compter sur eux, si elle avait jam&is à faire appel
à leur concours. Tenez, les voilà tous rangés devant
vous, dites-moi vous-même ce que vous en pensez.
— Je trouve, Altesse, que ces troupes ont fort bon
aspect; mais, puisque Votre Altesse daigne me deman-
der ma pensée tout entière, elle ne m'en voudra
pas de lui dire en toute franchise que si ses soldats
sont bipn sous les armes, ils seraient encore plus uti-
lement employés peut-être aux travaux des champs.
— Monsieur Walne, ceci est votre avis à vous,
mais ce n'est pas le mien à moi, qui gouverne l'Egypte.
Les cadres actuels de mon armée ne dépassent pas les
limites posées par les autorisations de S. M. le sultan.
L'état politique de l'Europe est fort grave, il pourrait
en résulter des complications menaçantes pour l'OrienL;
tous les Etats développent leurs armements. Je consi-
dère comme un devoir de simple prudence de tenir l'E-
gypte en bon état de défense ; qui sait ce qui peut pas-
ser par la tête de certains gouvernements ? 1
Après ces réflexions, faites avec beaucoup de bien-
veillance et marquées au coin du plus grand bon sens,
on assure que l'honorable M. Walne n'a pas jugé à
propos d'insister, et s'est retiré assez peu satisfait du
résultat de son entrevue.
Pour extrait: P. DUBOI
UNE NOUVELLE ÉVOLUTION DU TIMES
Il y a souvent à compter deux fois avec le Times,
et il n'est pas rare que son opinion du lendemain soit
la contradiction de son opinion de la veille. C'est ainsi
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