Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-07-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juillet 1859 15 juillet 1859
Description : 1859/07/15 (A4,N74). 1859/07/15 (A4,N74).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295096
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
216 L'ISTHME DE SUEZ,
lui était concédée, pour le décider à donner à l'An-
gleterre ce chemin de fer jusqu'à la mer Rouge
qu'elle sollicitait si vainement et depuis si longtemps.
Et ce chemin de fer, qui est aussi une œuvre analo-
gue au canal, il a été résolu et a été achevé sans le
consentement ou la ratification de la Porte, et la di-
plomatie anglaise alors soutenait avec raison que le
traité de 1841 investissait le vice-roi de toutes les fa-
cultés nécessaires pour décréter et entreprendre ce
travail.
Pourtant, le Times aujourd'hui a le courage d'ac-
cuser M. de Lesseps de s'être montré hostile à une
affaire qui lui doit son succès, pour avoir un prétexte
de le rendre odieux ou de dépopulariser son entre-
prise dans l'opinion publique de l'Angleterre. Nous
ne connaissons rien de plus triste et de plus dou-
loureux au cœur des honnêtes gens que l'ingratitude
calomniant le bienfait pour se dispenser du devoir de
la reconnaissance.
Nous aurions encore beaucoup à dire si nous vou-
lions, dans tous leurs points et dans toutes leurs in-
exactitudes, relever les diverses assertions de l'article
du Times. Il faudrait pour cela consacrer une dis-
cussion ou une rectification presqu'à chacune de ses
-lignes. Notre cadre ne nous permet pas ce travail de
bénédictin, et nous nous en rapportons aux lecteurs
pour suppléer à ce que nous avons été forcés d'o-
mettre ou de laisser passer.
ERNEST DESPLACES.
L'ARTICLE DU TIMES.
On lit dans le Times du 8 juillet :
» Les régions plus éloignées .qui sont rattachées au
système européen continuent à ressentir l'agitation com-
muniquée par les grands événements de l'Europe. Nous
avons fait récemment allusion à l'empire turc, et
avancé que, non-seulement sur le Danube, mais aussi
en Afrique, il existait des desseins de secouer la supré-
matie de la Porte et de transférer le pouvoir souverain
aux gouvernements locaux, à Bukarest, à Belgrade,
au Caire et à Tunis. Quel que soit le sort réservé à l'Eu-
rope dans un petit nombre de prochaines années, on
doit cependant espérer que les deux monarques qu'on
croit être d'accord pour l'humiliation de l'Autriche con-
sentiront à permettre à l'autre « malade » d'Europe de
recouvrer ses forces Quant aux provinces chrétiennes
de la Turquie, nous devons confesser que lorsque la
cour de Vienne sera placée dans un état de due sou-
mission, le maintien de la sujétion de ces provinces à
la Porte dépendra de la volonté de Napoléon et d'Alexan-
dre. Il est impossible à une puissance insulaire
comme l'Angleterre, si elle n'a un allié continental, de
donner aucune espèce d'assistance effective à la con-
servation de la suzeraineté de Cônstâiitiûôple. Mais ce
n'est point de ce côté que notre attention est pour le
moment Appelée.
» Si nous sommes bien informés, la jalousie des au..
torités turques est éveillée par cette évidente insubor-
dination du vice-roi d'Egypte dont nous avons précé-
demment parlé. Saïd-Pacba est, depuis son accession,
plus disposé à accepter la direction française qu'aucun
autre de ses prédécesseurs, sans excepter Méhémet-Ali
lui-même. 11 a envoyé des troupes pour aider son
maître dans la guerre de Russie, mais il parut affecter
avec le sultan une égalité d'amitié et considérer seu-
lement qu'il secourait un souverain, son collègue, dans
l'embarras. Depuis ce temps, l'irritation présumée delà
France contre la Porte, le résultat des différences d'o-
pinion sur le Monténégro, les Principautés et autres
questions ont encouragé le vice-roi a se jeter plus com-
.plétement dans les bras des aventuriers français qui
l'entourent. Ceux-ci consistant en hommes qui dési-
rent se concilier à la fois le ,vice-roi au Caire et l'em-
pereur des Français dans leur pays, n'ont rien épargné
pour persuader à Saïd-Pacha que sa véritable politique
est de miner graduellement l'autorité de la Porte, de
prendre avantage de tout symptôme de faiblesse à
Constantinople, et de se rendre indépendant, ou bien de
se placer sous le protectorat plus honorable et plus
civilisateur de la France.
» Que ces conseils aboutissent maintenant à quelque
acte ouvert, nous ne le pensons pas. Saïd-Pacha peut
parler avec mépris du sultan ; mais il n'est pas proba-
ble qu'il aille plus loin sans recevoir de Paris-le mot
d'ordre. Ce mot naturellement dépend beaucoup de la
durée de la guerre italienne. Si la soumission de l'Au-
triche permet à Napoléon de faire une paix capable de
contenter son peuple et qui soit dans les proportions
des préparatifs et des promesses effectuées dans les
cinq derniers mois, il est probable que le monde, quoi-
que plein d'anxiété et attendant péniblement l'avenir,
pourra obtenir quelque répit d'hostilités. Dans ce cas,
la situation de la Turquie sera sensiblement améliorée.
L'État aura le temps de se relever quelque peu de l'ex-
haustion de la dernière guerre, et quoique la désaffec-
tion des chrétiens doive sans doute continuer à exister,
pour aboutir à quelque dislocation future de l'Empire,
les vassaux mahométans reviendront probablement à
leurs devoirs d'allégeance. Mais que le pacha d:Égypte
soit en train maintenant d'intriguer pour son indépen-
dance, en conséquence de la notion que la guerre sera
longue et générale, c'est ce qui semble suffisamment
certain.
» Cette recrudescence de l'ambition égyptienne a eu
pour effet de remettre M. de Lesseps en pleine ac-
tivité. Nous, comme nation, avons très-peu de motifs de
nous inquiéter des actes de ce personnage remuant. Le
temps est depuis longtemps passé dans lequel son pré-
cieux projet pouvait faire un tort quelconque aux inté-
rêts anglais. Lord Palmerston a donné une mauvaise rai-
son pour une bonne décision, en basant son opposition
au canal sur le motif qu'il laisserait l'Inde britannique
moins de sécurité. Ce discours, comme on devait s'y
attendre, a intéressé les Français et particulièrement la
clique qui est au service du pacha à pousser plus que
jamais leur œuvre. Il fut un temps où l'Égypte était
non-seulement indépendante de l'Europe, mais où il
semblait qu'un envahisseur d'Afrique allait monter sur
le trône du sultau. En ce moment, la commuaioation
lui était concédée, pour le décider à donner à l'An-
gleterre ce chemin de fer jusqu'à la mer Rouge
qu'elle sollicitait si vainement et depuis si longtemps.
Et ce chemin de fer, qui est aussi une œuvre analo-
gue au canal, il a été résolu et a été achevé sans le
consentement ou la ratification de la Porte, et la di-
plomatie anglaise alors soutenait avec raison que le
traité de 1841 investissait le vice-roi de toutes les fa-
cultés nécessaires pour décréter et entreprendre ce
travail.
Pourtant, le Times aujourd'hui a le courage d'ac-
cuser M. de Lesseps de s'être montré hostile à une
affaire qui lui doit son succès, pour avoir un prétexte
de le rendre odieux ou de dépopulariser son entre-
prise dans l'opinion publique de l'Angleterre. Nous
ne connaissons rien de plus triste et de plus dou-
loureux au cœur des honnêtes gens que l'ingratitude
calomniant le bienfait pour se dispenser du devoir de
la reconnaissance.
Nous aurions encore beaucoup à dire si nous vou-
lions, dans tous leurs points et dans toutes leurs in-
exactitudes, relever les diverses assertions de l'article
du Times. Il faudrait pour cela consacrer une dis-
cussion ou une rectification presqu'à chacune de ses
-lignes. Notre cadre ne nous permet pas ce travail de
bénédictin, et nous nous en rapportons aux lecteurs
pour suppléer à ce que nous avons été forcés d'o-
mettre ou de laisser passer.
ERNEST DESPLACES.
L'ARTICLE DU TIMES.
On lit dans le Times du 8 juillet :
» Les régions plus éloignées .qui sont rattachées au
système européen continuent à ressentir l'agitation com-
muniquée par les grands événements de l'Europe. Nous
avons fait récemment allusion à l'empire turc, et
avancé que, non-seulement sur le Danube, mais aussi
en Afrique, il existait des desseins de secouer la supré-
matie de la Porte et de transférer le pouvoir souverain
aux gouvernements locaux, à Bukarest, à Belgrade,
au Caire et à Tunis. Quel que soit le sort réservé à l'Eu-
rope dans un petit nombre de prochaines années, on
doit cependant espérer que les deux monarques qu'on
croit être d'accord pour l'humiliation de l'Autriche con-
sentiront à permettre à l'autre « malade » d'Europe de
recouvrer ses forces Quant aux provinces chrétiennes
de la Turquie, nous devons confesser que lorsque la
cour de Vienne sera placée dans un état de due sou-
mission, le maintien de la sujétion de ces provinces à
la Porte dépendra de la volonté de Napoléon et d'Alexan-
dre. Il est impossible à une puissance insulaire
comme l'Angleterre, si elle n'a un allié continental, de
donner aucune espèce d'assistance effective à la con-
servation de la suzeraineté de Cônstâiitiûôple. Mais ce
n'est point de ce côté que notre attention est pour le
moment Appelée.
» Si nous sommes bien informés, la jalousie des au..
torités turques est éveillée par cette évidente insubor-
dination du vice-roi d'Egypte dont nous avons précé-
demment parlé. Saïd-Pacba est, depuis son accession,
plus disposé à accepter la direction française qu'aucun
autre de ses prédécesseurs, sans excepter Méhémet-Ali
lui-même. 11 a envoyé des troupes pour aider son
maître dans la guerre de Russie, mais il parut affecter
avec le sultan une égalité d'amitié et considérer seu-
lement qu'il secourait un souverain, son collègue, dans
l'embarras. Depuis ce temps, l'irritation présumée delà
France contre la Porte, le résultat des différences d'o-
pinion sur le Monténégro, les Principautés et autres
questions ont encouragé le vice-roi a se jeter plus com-
.plétement dans les bras des aventuriers français qui
l'entourent. Ceux-ci consistant en hommes qui dési-
rent se concilier à la fois le ,vice-roi au Caire et l'em-
pereur des Français dans leur pays, n'ont rien épargné
pour persuader à Saïd-Pacha que sa véritable politique
est de miner graduellement l'autorité de la Porte, de
prendre avantage de tout symptôme de faiblesse à
Constantinople, et de se rendre indépendant, ou bien de
se placer sous le protectorat plus honorable et plus
civilisateur de la France.
» Que ces conseils aboutissent maintenant à quelque
acte ouvert, nous ne le pensons pas. Saïd-Pacha peut
parler avec mépris du sultan ; mais il n'est pas proba-
ble qu'il aille plus loin sans recevoir de Paris-le mot
d'ordre. Ce mot naturellement dépend beaucoup de la
durée de la guerre italienne. Si la soumission de l'Au-
triche permet à Napoléon de faire une paix capable de
contenter son peuple et qui soit dans les proportions
des préparatifs et des promesses effectuées dans les
cinq derniers mois, il est probable que le monde, quoi-
que plein d'anxiété et attendant péniblement l'avenir,
pourra obtenir quelque répit d'hostilités. Dans ce cas,
la situation de la Turquie sera sensiblement améliorée.
L'État aura le temps de se relever quelque peu de l'ex-
haustion de la dernière guerre, et quoique la désaffec-
tion des chrétiens doive sans doute continuer à exister,
pour aboutir à quelque dislocation future de l'Empire,
les vassaux mahométans reviendront probablement à
leurs devoirs d'allégeance. Mais que le pacha d:Égypte
soit en train maintenant d'intriguer pour son indépen-
dance, en conséquence de la notion que la guerre sera
longue et générale, c'est ce qui semble suffisamment
certain.
» Cette recrudescence de l'ambition égyptienne a eu
pour effet de remettre M. de Lesseps en pleine ac-
tivité. Nous, comme nation, avons très-peu de motifs de
nous inquiéter des actes de ce personnage remuant. Le
temps est depuis longtemps passé dans lequel son pré-
cieux projet pouvait faire un tort quelconque aux inté-
rêts anglais. Lord Palmerston a donné une mauvaise rai-
son pour une bonne décision, en basant son opposition
au canal sur le motif qu'il laisserait l'Inde britannique
moins de sécurité. Ce discours, comme on devait s'y
attendre, a intéressé les Français et particulièrement la
clique qui est au service du pacha à pousser plus que
jamais leur œuvre. Il fut un temps où l'Égypte était
non-seulement indépendante de l'Europe, mais où il
semblait qu'un envahisseur d'Afrique allait monter sur
le trône du sultau. En ce moment, la commuaioation
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