Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-08-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 août 1859 01 août 1859
Description : 1859/08/01 (A4,N75). 1859/08/01 (A4,N75).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529510v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 237
au démembrement de l'empire britannique en sépa-
rant l'Inde de l'Angleterre. (Oh !) Mon noble ami, lors-
qu'il était premier ministre de la couronne, fit, avec
une prudence à mon sens très-contestable, circuler
ces deux raisons dans le monde. Or, c'est là une af-
faire pour laquelle on ressent un profond intérêt en
France et dans le continent (Ecoutez !), cela ne peut
pas être nié. Lorsque vous vous êtes isolés et séparés de
la France sur la question dee principautés, vous vous
êtes rabattus sur l'appui de l'Autriche. Je ne vous
demande pas la valeur ou la solidité de cet appui, si
vous y voulez avoir recours au jour de la nécessité,
mais avez-vous même l'appui de l'Autriche sur ce
point? Non, il n'y a pas un Etat en Europe qui ne
déclare que l'opposition de l'Angleterre à ce projet,
opposition que je dis n'être pas celle du peuple an-
glais, ni, jusqu'à la fin de cette séance, celle du parle-
ment anglais, mais l'opposition secrète et ténébreuse
du gouvernement exécutif (Ecoutez) ; il n'est pas un Etat
en Europe qui ne dénonce la politique de cette opposition
comme une politique insoutenable et égoïste.
» Mais le noble vicomte présente ces deux raisons :
nous avons à nous opposer au projet du canal de
Suez, parce qu'il démembrerait la Turquie et qu'il
a une tendance à démembrer l'empire britannique. Il
donne la première place dans ses discours en cette
chambre au démembrement de la Turquie. (Oh !)
Dans son esprit, c'est la première raison, et le dé-
membrement de l'Angleterre n'est que la seconde.
(Oh ! oh 1) Je vous demande bien pardon ; je repro-
duis strictement ce qu'a dit mon noble ami. J'espère
que le temps de la Chambre ne sera pas dissipé en
me forçant à entrer dans des explications. (Rires.)
» Voilà l'ordre de préséance dans lequel mon noble
ami expose ses raisons; mais d'autres pays ne les
envisageront pas de la même manière. N'est-il pas,
au contraire, parfaitement évident que toute l'Europe
conclura que le motif réel de votre opposition est
que vous supposez le canal dangereux à l'empire
britannique et que vous n'y jetez hypocritement l'in-
térêt allégué de la Turquie que comme un simple
moyen de justifier votre politique? Ceux qui ont étu-
dié la question ne peuvent s'empêcher d'avouer que
cette opinion est aujourd'hui très-répandue sur le
continent, et il vaut mieux, après tout, que la Chambre
des communes soit instruite de ce qu'on pense et de
ce qu'on dit au dehors sur la politique anglaise, tan-
dis qu'il est temps de considérer notre conduite
plutôt que de nous laisser envelopper profondément
dans des controverses sur de faux prétextes et de
compromettre l'honneur du pays, en maintenant des
propositions qui sont et seront toujours insoutena-
bles. (Ecoutez!)
» Est-il réellement vrai qu'aucune de ces raisons ne
puisse bond fide constituer un terrain politique pour
opposer une résistance politique à un projet essentiel-
lement commercial et qui apparemment promet de
grands avantages au monde? Est-il vrai que ce canal
doit effectuer le démembrement de la Turquie, en lui
enlevant l'Egypte? Cette connexion de l'Egypte avec
la Turquie repose-t elle réellement sur le pouvoir de
celle-ci à faire marcher ses armées à travers l'isthme
de Suez contre celle-là? La Chambre des communes
est-elle disposée à adopter cette manière de voir?
Pensez-vous qu'en ce moment la raison pour laquelle
l'Egypte est subordonnée à la Turquie, soit. que, si
elle refusait de payer son tribut ou violait le droit du
sultan, le sultan pourrait envoyer des troupes à tra-
vers l'isthme pour soumettre le pacha et dompter sa
résistance? Ce peut être l'opinion du noble vicomte,
et, si lui ou d'autres membres de cette Chambre la
nourrissent, j'accorde qu'ils sont conséquents en se
laissant guider par elle. Mais je pense que cette opi-
nion ne peut pas être défendue. L'Egypte est subor-
donnée à la Turquie, non par rapport à la puissance
du sultan, mais par rapport aux intérêts de l'Europe
et par les garanties des puissances européennes ; et les
moyens de maintenir cette connexion entre les deux
pays, sont précisément aussi forts et aussi efficaces,
que le canal soit fait ou non.
» Je veux ajouter une pensée à l'égard de l'em-
pire turc. Dans mon esprit, il n'y aurait pas de mé-
thode moins sage pour s'efforcer de soutenir, soit
l'indépendance, soit l'intégrité de la Turquie, que de
rendre leur connexion à cet empire fâcheux et oné-
reux aux provinces qui le compose. Or, voulez-vous
réellement fortifier et resserrer les liens unissant la
Turquie et l'Egypte ou la Turquie et les principautés,
car le principe est justement le même? Poursuivez
cet objet par les méthodes de la prudence et de la
conciliation. Tâchez de les confondre dans les nœuds
d'une affection mutuelle ; mais n'allez pas en Egypte ;
mais ne lui dites pas : Il Voici un projet qui, s'il peut
» être exécuté, tendrait puissamment, nous l'admet-
» tons, au développement de vos ressources matériel-
» les ; pourtant nous vous empêcherons d'en recueillir
» les avantages, parce que nous pensons qu'ils affai-
» bliraient votre connexion avec la Turquie. » De
cette façon vous conduisez le pacha et le peuple
égyptien à la conclusion immédiate que leur connexion
avec la Turquie implique leur pauvreté et leur dégra-
dation comparative, puisqu'elle contrarie la pour-
suite des moyens les plus propres à promouvoir leur
puissance et leur prospérité. Voilà pour la première
raison du noble vicomte.
« Quant à la seconde raison, j'avoue que j'y viens
avec un sentiment pénible. Mon noble ami et le sous-
secrétaire d'Etat pour les affaires étrangères, préten-
dent tous deux que l'ouverture du canal sera dange-
reuse à l'empire britannique dans l'Inde, parce qu'il
permettra à des puissances étrangères d'avoir l'a-
vance sur nous pour l'expédition d'armements hos-
au démembrement de l'empire britannique en sépa-
rant l'Inde de l'Angleterre. (Oh !) Mon noble ami, lors-
qu'il était premier ministre de la couronne, fit, avec
une prudence à mon sens très-contestable, circuler
ces deux raisons dans le monde. Or, c'est là une af-
faire pour laquelle on ressent un profond intérêt en
France et dans le continent (Ecoutez !), cela ne peut
pas être nié. Lorsque vous vous êtes isolés et séparés de
la France sur la question dee principautés, vous vous
êtes rabattus sur l'appui de l'Autriche. Je ne vous
demande pas la valeur ou la solidité de cet appui, si
vous y voulez avoir recours au jour de la nécessité,
mais avez-vous même l'appui de l'Autriche sur ce
point? Non, il n'y a pas un Etat en Europe qui ne
déclare que l'opposition de l'Angleterre à ce projet,
opposition que je dis n'être pas celle du peuple an-
glais, ni, jusqu'à la fin de cette séance, celle du parle-
ment anglais, mais l'opposition secrète et ténébreuse
du gouvernement exécutif (Ecoutez) ; il n'est pas un Etat
en Europe qui ne dénonce la politique de cette opposition
comme une politique insoutenable et égoïste.
» Mais le noble vicomte présente ces deux raisons :
nous avons à nous opposer au projet du canal de
Suez, parce qu'il démembrerait la Turquie et qu'il
a une tendance à démembrer l'empire britannique. Il
donne la première place dans ses discours en cette
chambre au démembrement de la Turquie. (Oh !)
Dans son esprit, c'est la première raison, et le dé-
membrement de l'Angleterre n'est que la seconde.
(Oh ! oh 1) Je vous demande bien pardon ; je repro-
duis strictement ce qu'a dit mon noble ami. J'espère
que le temps de la Chambre ne sera pas dissipé en
me forçant à entrer dans des explications. (Rires.)
» Voilà l'ordre de préséance dans lequel mon noble
ami expose ses raisons; mais d'autres pays ne les
envisageront pas de la même manière. N'est-il pas,
au contraire, parfaitement évident que toute l'Europe
conclura que le motif réel de votre opposition est
que vous supposez le canal dangereux à l'empire
britannique et que vous n'y jetez hypocritement l'in-
térêt allégué de la Turquie que comme un simple
moyen de justifier votre politique? Ceux qui ont étu-
dié la question ne peuvent s'empêcher d'avouer que
cette opinion est aujourd'hui très-répandue sur le
continent, et il vaut mieux, après tout, que la Chambre
des communes soit instruite de ce qu'on pense et de
ce qu'on dit au dehors sur la politique anglaise, tan-
dis qu'il est temps de considérer notre conduite
plutôt que de nous laisser envelopper profondément
dans des controverses sur de faux prétextes et de
compromettre l'honneur du pays, en maintenant des
propositions qui sont et seront toujours insoutena-
bles. (Ecoutez!)
» Est-il réellement vrai qu'aucune de ces raisons ne
puisse bond fide constituer un terrain politique pour
opposer une résistance politique à un projet essentiel-
lement commercial et qui apparemment promet de
grands avantages au monde? Est-il vrai que ce canal
doit effectuer le démembrement de la Turquie, en lui
enlevant l'Egypte? Cette connexion de l'Egypte avec
la Turquie repose-t elle réellement sur le pouvoir de
celle-ci à faire marcher ses armées à travers l'isthme
de Suez contre celle-là? La Chambre des communes
est-elle disposée à adopter cette manière de voir?
Pensez-vous qu'en ce moment la raison pour laquelle
l'Egypte est subordonnée à la Turquie, soit. que, si
elle refusait de payer son tribut ou violait le droit du
sultan, le sultan pourrait envoyer des troupes à tra-
vers l'isthme pour soumettre le pacha et dompter sa
résistance? Ce peut être l'opinion du noble vicomte,
et, si lui ou d'autres membres de cette Chambre la
nourrissent, j'accorde qu'ils sont conséquents en se
laissant guider par elle. Mais je pense que cette opi-
nion ne peut pas être défendue. L'Egypte est subor-
donnée à la Turquie, non par rapport à la puissance
du sultan, mais par rapport aux intérêts de l'Europe
et par les garanties des puissances européennes ; et les
moyens de maintenir cette connexion entre les deux
pays, sont précisément aussi forts et aussi efficaces,
que le canal soit fait ou non.
» Je veux ajouter une pensée à l'égard de l'em-
pire turc. Dans mon esprit, il n'y aurait pas de mé-
thode moins sage pour s'efforcer de soutenir, soit
l'indépendance, soit l'intégrité de la Turquie, que de
rendre leur connexion à cet empire fâcheux et oné-
reux aux provinces qui le compose. Or, voulez-vous
réellement fortifier et resserrer les liens unissant la
Turquie et l'Egypte ou la Turquie et les principautés,
car le principe est justement le même? Poursuivez
cet objet par les méthodes de la prudence et de la
conciliation. Tâchez de les confondre dans les nœuds
d'une affection mutuelle ; mais n'allez pas en Egypte ;
mais ne lui dites pas : Il Voici un projet qui, s'il peut
» être exécuté, tendrait puissamment, nous l'admet-
» tons, au développement de vos ressources matériel-
» les ; pourtant nous vous empêcherons d'en recueillir
» les avantages, parce que nous pensons qu'ils affai-
» bliraient votre connexion avec la Turquie. » De
cette façon vous conduisez le pacha et le peuple
égyptien à la conclusion immédiate que leur connexion
avec la Turquie implique leur pauvreté et leur dégra-
dation comparative, puisqu'elle contrarie la pour-
suite des moyens les plus propres à promouvoir leur
puissance et leur prospérité. Voilà pour la première
raison du noble vicomte.
« Quant à la seconde raison, j'avoue que j'y viens
avec un sentiment pénible. Mon noble ami et le sous-
secrétaire d'Etat pour les affaires étrangères, préten-
dent tous deux que l'ouverture du canal sera dange-
reuse à l'empire britannique dans l'Inde, parce qu'il
permettra à des puissances étrangères d'avoir l'a-
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