Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-07-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 juillet 1859 15 juillet 1859
Description : 1859/07/15 (A4,N74). 1859/07/15 (A4,N74).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295096
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
214 L'ISTHME DE SUEZ,
Le Times dernièrement, en récapitulant avec peu de
générosité les désastres de l'Autriche, attribuait la
plus large part de leur responsabilité à la routine de
ses généraux, à l'immobilité de ses administrateurs.
Le Times, si fier de ses lumières et de son esprit de
progrès, n'a point voulu, sans doute, attendre pour
s'éclairer des leçons analogues à celles de l'Autriche.
Il reconnaît enfin l'utilité du percement de l'isthme
pour son pays. Toutefois, qu'il y prenne garde : la
routine sur mer ne vaut pas mieux que la routine sur
terre. La routine du monopole n'est pas plus de notre
siècle que la routine du despotisme, et s'il pouvait se
montrer complaisant ou indulgent aux vieilles pas-
sions routinières, qui, dans cette question, apprécient
si mal les besoins et la situation de l'Angleterre, la
Gazette de Vienne pourrait bien rendre un jour au Times
les compliments que celui-ci prodigue avec une abon-
dance si plein de charité à l'Autrichè malheureuse.
Un exemple qu'il rappelle lui-même va lui démon-
trer au surplus les défaillances et les misères de cette
routine. C'est la routine qui, pendant un si grand
nombre d'années, a combattu le projet du lieutenant
Waghorn comme elle combat aujourd'hui le projet de
M. de Lesseps, et peut-être, si nous recherchions dans
la collection du Times, découvririons-nous dans ses
colonnes elles-mêmes des arguments contre la route
postale par l'Egypte, analogues à ceux qu'il a si
longtemps opposés à la route maritime par l'isthme.
C'est la routine qui a empoisonné la vie et hâté la
fin de cet Anglais infortuné ; c'est la routine qui, si
elle eût pu prévaloir, eût privé l'Angleterre de cette
communication qui, aujourd'hui, fait l'orgueil et la
joie du Times. Et c'est la routine qui ferme aujour-
d'hui obstinément les yeux sur les avantages du ca-
nal comme elle les fermait, il y a vingt ans, par les
mêmes préjugés, par les mêmes motifs, par les mêmes
mesquines envies, sur l'heureuse combinaison de
Waghorn.
Les amis du Times ont été les adversaires du pro-
jet Waghorn ; les amis du Times ont été, et certains
de ces amis sont encore, les ennemis acharnés du pro-
jet Lesseps. Les amis du Times chantent aujourd'hui,
après le fait, Je génie de Waghorn: nous pouvons leur
prédire qu'après l'événement accompli, ils ne s'appli-
queront plus de nouveau qu'à enterrer dans l'oubli
l'opposition déplorable qu'ils ont faite à une autre
route bien plus féconde que la route Waghorn pour la
prospérité et pour la puissance de l'Angleterre.
Au surplus, sur le fait capital, nous sommes dès à
présent en plein accord avec le Times. Les intérêts
de l'Angleterre sont parfaitement à l'abri; elle a tout
ce qu'elle peut désirer pour elle personnellement dans
les chemins de fer et les autres avantages dont elle
jouit en Egypte. L'exécution du canal ne peut en-
core qu'ajouter à ces avantage3; elle est donc tout
au moins désintéressée dans la question. Dès lors, ce
n'est et ce ne peut plus être qu'une affaire in-
térieure entre le sultan et le vice-roi, entre la Tur-
quie et l'Egypte. Et sur ce point encore, le Times
veut bien nous donner ample satisfaction ; car dans le
dernier paragraphe de son article, il conclut en di-
sant : « n'avoir aucun désir d'influencer les affaires
» intérieures de l'Egypte et spécialement les conseils
» du vice-roi. »
Voilà de bonnes paroles, mais il faut y conformer
les actes. Le Times aura beau faire, il aura beau ren-
dre hommage aux principes, il n'en sera pas moins
acquis à l'opinion du monde que l'opposition an-
glaise est le seul obstacle qui arrête dans tout l'élan
de son progrès le percement de l'isthme de Suez ; il
n'en est pas moins acquis à l'opinion universelle que
la responsabilité de ces déplorables retards et celle
d'un échec définitif, s'il était possible, pèserait tout
entière sur l'honneur et le nom britannique; il n'en
est pas moins vrai que le Foreign Office et ses agents
ont agi par l'intrigue, par l'intimidation, par la me-
nace occulte à Constantinople et au Caire pour en-
traver la marche de l'entreprise; il n'en est pas moins
vrai que les dernières complications sont dues aux
instructions de lord Malmesbury, aux démarches de
M. Bullwer, aux allures belliqueuses de M. Vaine;
il n'en est pas moins vrai que le cabinet tory a voulu
lancer en tombant ce dernier trait de sa haine à la
France, au continent, au droit public du monde.
Maintenant une autre -politique, un autre sys-
tème et d'autres hommes dirigent l'Angleterre. Nous
comptons dans le cabinet les plus illustres, les plus
expérimentés et les plus éloquents des membres qui,
dans le parlement, ont pris en main la défense de
cette grande cause de laliberté des communications et
de la réciprocité internationale. La paix va rendre
l'Europe à la pensée, à la poursuite de ses grands
travaux d'utilité publique. Le canal de Suez est
essentiellement la plus grande de ces entreprises, et
les hommes d'État auxquels nous venons de faire al-
lusion, après avoir combattu et condamné les procé-
dés inconstitutionnels du cabinet Derby, dans l'affaire
du canal, se montreront fidèles et à leurs antécédents
et à la prévoyante sagesse de leur politique, en lais -
sant la Turquie et l'Egypte régler librement, à l'abri
des intrigues et des pressions cachées, une question
qui concerne à la fois le bien-être de leurs populations,
la popularité de leurs conseils, les intérêts de l'Eu-
rope, les développements de la civilisation.
Nous remercions donc le Times d'avoir, par ses dé-
clarations, simplifié cette tâche à son gouvernement
et au monde ; mais nous l'en remercierions bien plus
cordialement si, en même temps, il ne mêlait à
ces bonnes dispositions une acrimonie dont nous ne
pouvons comprendre ni le but ni l'opportunité. Que
veut-il et à qui en veut-il ? Pourquoi ne point se plier
franchement aux nécessités du droit et des choses ? I
Le Times dernièrement, en récapitulant avec peu de
générosité les désastres de l'Autriche, attribuait la
plus large part de leur responsabilité à la routine de
ses généraux, à l'immobilité de ses administrateurs.
Le Times, si fier de ses lumières et de son esprit de
progrès, n'a point voulu, sans doute, attendre pour
s'éclairer des leçons analogues à celles de l'Autriche.
Il reconnaît enfin l'utilité du percement de l'isthme
pour son pays. Toutefois, qu'il y prenne garde : la
routine sur mer ne vaut pas mieux que la routine sur
terre. La routine du monopole n'est pas plus de notre
siècle que la routine du despotisme, et s'il pouvait se
montrer complaisant ou indulgent aux vieilles pas-
sions routinières, qui, dans cette question, apprécient
si mal les besoins et la situation de l'Angleterre, la
Gazette de Vienne pourrait bien rendre un jour au Times
les compliments que celui-ci prodigue avec une abon-
dance si plein de charité à l'Autrichè malheureuse.
Un exemple qu'il rappelle lui-même va lui démon-
trer au surplus les défaillances et les misères de cette
routine. C'est la routine qui, pendant un si grand
nombre d'années, a combattu le projet du lieutenant
Waghorn comme elle combat aujourd'hui le projet de
M. de Lesseps, et peut-être, si nous recherchions dans
la collection du Times, découvririons-nous dans ses
colonnes elles-mêmes des arguments contre la route
postale par l'Egypte, analogues à ceux qu'il a si
longtemps opposés à la route maritime par l'isthme.
C'est la routine qui a empoisonné la vie et hâté la
fin de cet Anglais infortuné ; c'est la routine qui, si
elle eût pu prévaloir, eût privé l'Angleterre de cette
communication qui, aujourd'hui, fait l'orgueil et la
joie du Times. Et c'est la routine qui ferme aujour-
d'hui obstinément les yeux sur les avantages du ca-
nal comme elle les fermait, il y a vingt ans, par les
mêmes préjugés, par les mêmes motifs, par les mêmes
mesquines envies, sur l'heureuse combinaison de
Waghorn.
Les amis du Times ont été les adversaires du pro-
jet Waghorn ; les amis du Times ont été, et certains
de ces amis sont encore, les ennemis acharnés du pro-
jet Lesseps. Les amis du Times chantent aujourd'hui,
après le fait, Je génie de Waghorn: nous pouvons leur
prédire qu'après l'événement accompli, ils ne s'appli-
queront plus de nouveau qu'à enterrer dans l'oubli
l'opposition déplorable qu'ils ont faite à une autre
route bien plus féconde que la route Waghorn pour la
prospérité et pour la puissance de l'Angleterre.
Au surplus, sur le fait capital, nous sommes dès à
présent en plein accord avec le Times. Les intérêts
de l'Angleterre sont parfaitement à l'abri; elle a tout
ce qu'elle peut désirer pour elle personnellement dans
les chemins de fer et les autres avantages dont elle
jouit en Egypte. L'exécution du canal ne peut en-
core qu'ajouter à ces avantage3; elle est donc tout
au moins désintéressée dans la question. Dès lors, ce
n'est et ce ne peut plus être qu'une affaire in-
térieure entre le sultan et le vice-roi, entre la Tur-
quie et l'Egypte. Et sur ce point encore, le Times
veut bien nous donner ample satisfaction ; car dans le
dernier paragraphe de son article, il conclut en di-
sant : « n'avoir aucun désir d'influencer les affaires
» intérieures de l'Egypte et spécialement les conseils
» du vice-roi. »
Voilà de bonnes paroles, mais il faut y conformer
les actes. Le Times aura beau faire, il aura beau ren-
dre hommage aux principes, il n'en sera pas moins
acquis à l'opinion du monde que l'opposition an-
glaise est le seul obstacle qui arrête dans tout l'élan
de son progrès le percement de l'isthme de Suez ; il
n'en est pas moins acquis à l'opinion universelle que
la responsabilité de ces déplorables retards et celle
d'un échec définitif, s'il était possible, pèserait tout
entière sur l'honneur et le nom britannique; il n'en
est pas moins vrai que le Foreign Office et ses agents
ont agi par l'intrigue, par l'intimidation, par la me-
nace occulte à Constantinople et au Caire pour en-
traver la marche de l'entreprise; il n'en est pas moins
vrai que les dernières complications sont dues aux
instructions de lord Malmesbury, aux démarches de
M. Bullwer, aux allures belliqueuses de M. Vaine;
il n'en est pas moins vrai que le cabinet tory a voulu
lancer en tombant ce dernier trait de sa haine à la
France, au continent, au droit public du monde.
Maintenant une autre -politique, un autre sys-
tème et d'autres hommes dirigent l'Angleterre. Nous
comptons dans le cabinet les plus illustres, les plus
expérimentés et les plus éloquents des membres qui,
dans le parlement, ont pris en main la défense de
cette grande cause de laliberté des communications et
de la réciprocité internationale. La paix va rendre
l'Europe à la pensée, à la poursuite de ses grands
travaux d'utilité publique. Le canal de Suez est
essentiellement la plus grande de ces entreprises, et
les hommes d'État auxquels nous venons de faire al-
lusion, après avoir combattu et condamné les procé-
dés inconstitutionnels du cabinet Derby, dans l'affaire
du canal, se montreront fidèles et à leurs antécédents
et à la prévoyante sagesse de leur politique, en lais -
sant la Turquie et l'Egypte régler librement, à l'abri
des intrigues et des pressions cachées, une question
qui concerne à la fois le bien-être de leurs populations,
la popularité de leurs conseils, les intérêts de l'Eu-
rope, les développements de la civilisation.
Nous remercions donc le Times d'avoir, par ses dé-
clarations, simplifié cette tâche à son gouvernement
et au monde ; mais nous l'en remercierions bien plus
cordialement si, en même temps, il ne mêlait à
ces bonnes dispositions une acrimonie dont nous ne
pouvons comprendre ni le but ni l'opportunité. Que
veut-il et à qui en veut-il ? Pourquoi ne point se plier
franchement aux nécessités du droit et des choses ? I
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