Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-07-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juillet 1859 01 juillet 1859
Description : 1859/07/01 (A4,N73). 1859/07/01 (A4,N73).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529508s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
198 L'ISTHME DE SUEZ,
jetés en plein chenal, un peu plus près cependant du
Ras-Séjan, font que la seule et véritable passe pour
entrer dans la mer Rouge ou pour en sortir, se trouve
sous Périm même dont la côte est accore.
» Entre File de la côte arabique il n'y a qu'un étroit
canal fréquenté seulement par les caboteurs du pays, les
boutres arabes.
a Périm est située à 30 lieues d'Aden, à 45 lieues de
Moka; l'ile a environ 15 milles de circonférence; elle
est plate et à peu près ronde"; sa plus grande hauteur
au-dessus du niveau de la mer n'excède pas 10 mètres.
» Lorsque les Anglais occupèrent Périm, ils prétendirent
l'avoir achetée du sultan de Raheïta, pour y établir un
phare. Ce sultan protesta et proteste encore, assure-t_
on, contre une cession qu'il n'a pas consentie, et pour
laquelle il n'a rien accepté ni rien reçu ; ce dont il donne
une assez bonne raison, c'est que l'ile ne lui appartenait
pas.
» Toujours est-il que vendue ou prise, l'île de Périm
porte aujourd'hui le pavillon anglais flottant sur un fort
et non pas sur un phare : en attendant qu'elle éclaire
le détroit de Bab-el-Mandeb, elle parait disposé à le
garder; ce n'est pas une vigie, c'est une sentinelle.
a Une route de ceinture bordant la mer entoure déjà
rUe entière. Deux autres routes partant du port et une
troisième allant du nord au sud la traversent en tous
sens.
» Le port, situé dans la partie sud-ouest de l'ile, est
excellent, et peut contenir et abriter des navires d'un
grand tirant d'eau ; des quais et un môle sont en con-
struction
» Il n'y a pas d'eau douce sur Périm, mais plusieurs
vastes citernes sont déjà remplies. L'eau est prise sur
la côte voisine et transportée à peu de frais par des
boutres arabes : elle suffit dès à présent aux besoins
des travailleurs et de la garnison. Chaque homme reçoit
par jour trois gallons d'eau et les rations attribuées
aux soldats de l'armée des Indes.
il La garnison se compose de quelques compagnies de
cipayes et de sapeurs-mineurs commandées par des
officiers anglais. Un officier d'artillerie est gouverneur
de l'ile, et un officier du génie, M. Moore, dirige les
travaux.
» Le nombre des travailleurs, indiens ou arabes, est
forcément réglé sur la quantité d'eau dont l'ile est ac-
tuellement approvisionnée ; mais de nouvelles citernes
sont en construction, et l'on se propose d'établir à Périm,
comme à Aden, des appareils distillatoires semblables à
ceux qui sont en usage dans la marine.
» Les canons ne se montrent pas encore, il est vrai,
aux embrasures des batteries ; mais on sait qu'ils sont
en magasin, et Aden n'est pas loin pour y pourvoir dans
tous les cas; quarante-huit heures y suffiraient. Des
fusils de rempart à longue portée les remplacent en
attendant.
» Cinq bâtiments de guerre anglais, sous le comman.
dement d'un capitaine de vaisseau portant le guidon de
Commodore, stationnent à Aden et dans la mer Rouge.
La corvette Auckland et la goélette Constance se trouvaient
récemment à Périm.
If Des expériences de tir intéressantes et significatives
ont été exécutées en 1858 dans le détroit de Bab-el
Mandeb; une frégate mouillée sous Périm a pu lancer
facilement ses boulets sur la côte d'Arabie , fort avant
dans les terres, et, de l'autre côté, dans la direction du
Ras-Domeïrah, se convaincre qu'elle croiserait ses feux
avec une batterie établie sur la côte des Danakil.
» Nous croyons inutile d'ajouter aucun commentaire
aux détails qui précèdent. Il nous semble difficile d'ad-
mettre que les Anglais ne voient dans Périm qu'un
rocher devant servir de base à un phare ou de point
d'appui à quelque trouçon de câble électrique.
» Nous avons parlé d'Aden. Nous trouvons aux mêmes
sources quelques renseignements sur cette place mili-
taire et commerciale qui complètent les observations
qu'on vient de lire.
» Lorsque l'Angleterre voulut' établir une ligne de
bâtiments à vapeur entre Suez et ses possessions de
l'Inde, elle dut chercher un point intermédiaire pour y
établir un dépôt de charbon. Aden , au sud-ouest de
l'Arabie, à quelques milles en dehors du détroit de Bab-
el-Mandeb, se trouvait sur la route directe de Bombay,
Aden offrait un excellent port facile à défendre, Aden
fut pris et occupé, comme hier Périm, aujourd'hui Ca-
maran, demain autre chose.
» Nous n'entreprendrons pas de signaler ici tous les
points du globe dont les Anglais se sont emparés à dif-
férentes époques, uniquement du droit du plus fort, il
nous faudrait faire le tour du monde. Le voyage ne
laisserait pas cependant d'être intéressant et instruc-
tif.
» En attendant, si nous observons dans l'Atlantique
et dans la Méditerranée d'abord, puis après dans la
mer Rouge et l'Océan indien, les relâches fréquentées
par les paquebots anglais, nous les voyons toutes an-
glaises : Gibraltar et Malte de ce côté de l'isthme, et
de l'autre Camaran, Périm et Aden. 11 en résulte que
de Southampton à Bombay, cette magnifique ligne de
navigation n'est interrompue qu'un moment; d'Alexan-
drie à Suez. On a peine à comprendre, en suivant sur
la carte cette longue route ainsi jalonnée et incessam-
ment parcourue par de puissants et rapides vapeurs, on
ne comprend pas, nous le répétons, l'opposition systé-
matique du gouvernement anglais au percement de
l'isthme de Suez. Il y aura du temps perdu et regretté,
mais l'isthme de Suez sera percé quand même,
nous n'en doutons pas, et l'Angleterre, qui aura laissé
à la France le principal honneur de cette grande entre-
prise, ne sera pas la dernière à en profiter. Calcul ou
jalousie, personne ne comprend les obstacles suscités
par les maitres de Dnde à l'accomplissement d'une
œuvre qui doit les rapprocher de cet immense empire,
devenu plus difficile à garder depuis la victoire qu'a-
vant la lutte.
» Encore un mot d'Aden. Cette ville, véritable place
de guerre, fortifiée comme Malte, compte déjà plus de
vingt-cinq mille âmes, une nombreuse garnison et
une armée de travailleurs. Entrepôt de marchandises
anglaises et de l'Inde, elle fait un grand commerce
d'échange avec l'Arabie directement, avec l'Afrique
orientale, par Berbera, rendez-vous des caravanes de
l'intérieur. Nous restons au-dessous de la vérité en
jetés en plein chenal, un peu plus près cependant du
Ras-Séjan, font que la seule et véritable passe pour
entrer dans la mer Rouge ou pour en sortir, se trouve
sous Périm même dont la côte est accore.
» Entre File de la côte arabique il n'y a qu'un étroit
canal fréquenté seulement par les caboteurs du pays, les
boutres arabes.
a Périm est située à 30 lieues d'Aden, à 45 lieues de
Moka; l'ile a environ 15 milles de circonférence; elle
est plate et à peu près ronde"; sa plus grande hauteur
au-dessus du niveau de la mer n'excède pas 10 mètres.
» Lorsque les Anglais occupèrent Périm, ils prétendirent
l'avoir achetée du sultan de Raheïta, pour y établir un
phare. Ce sultan protesta et proteste encore, assure-t_
on, contre une cession qu'il n'a pas consentie, et pour
laquelle il n'a rien accepté ni rien reçu ; ce dont il donne
une assez bonne raison, c'est que l'ile ne lui appartenait
pas.
» Toujours est-il que vendue ou prise, l'île de Périm
porte aujourd'hui le pavillon anglais flottant sur un fort
et non pas sur un phare : en attendant qu'elle éclaire
le détroit de Bab-el-Mandeb, elle parait disposé à le
garder; ce n'est pas une vigie, c'est une sentinelle.
a Une route de ceinture bordant la mer entoure déjà
rUe entière. Deux autres routes partant du port et une
troisième allant du nord au sud la traversent en tous
sens.
» Le port, situé dans la partie sud-ouest de l'ile, est
excellent, et peut contenir et abriter des navires d'un
grand tirant d'eau ; des quais et un môle sont en con-
struction
» Il n'y a pas d'eau douce sur Périm, mais plusieurs
vastes citernes sont déjà remplies. L'eau est prise sur
la côte voisine et transportée à peu de frais par des
boutres arabes : elle suffit dès à présent aux besoins
des travailleurs et de la garnison. Chaque homme reçoit
par jour trois gallons d'eau et les rations attribuées
aux soldats de l'armée des Indes.
il La garnison se compose de quelques compagnies de
cipayes et de sapeurs-mineurs commandées par des
officiers anglais. Un officier d'artillerie est gouverneur
de l'ile, et un officier du génie, M. Moore, dirige les
travaux.
» Le nombre des travailleurs, indiens ou arabes, est
forcément réglé sur la quantité d'eau dont l'ile est ac-
tuellement approvisionnée ; mais de nouvelles citernes
sont en construction, et l'on se propose d'établir à Périm,
comme à Aden, des appareils distillatoires semblables à
ceux qui sont en usage dans la marine.
» Les canons ne se montrent pas encore, il est vrai,
aux embrasures des batteries ; mais on sait qu'ils sont
en magasin, et Aden n'est pas loin pour y pourvoir dans
tous les cas; quarante-huit heures y suffiraient. Des
fusils de rempart à longue portée les remplacent en
attendant.
» Cinq bâtiments de guerre anglais, sous le comman.
dement d'un capitaine de vaisseau portant le guidon de
Commodore, stationnent à Aden et dans la mer Rouge.
La corvette Auckland et la goélette Constance se trouvaient
récemment à Périm.
If Des expériences de tir intéressantes et significatives
ont été exécutées en 1858 dans le détroit de Bab-el
Mandeb; une frégate mouillée sous Périm a pu lancer
facilement ses boulets sur la côte d'Arabie , fort avant
dans les terres, et, de l'autre côté, dans la direction du
Ras-Domeïrah, se convaincre qu'elle croiserait ses feux
avec une batterie établie sur la côte des Danakil.
» Nous croyons inutile d'ajouter aucun commentaire
aux détails qui précèdent. Il nous semble difficile d'ad-
mettre que les Anglais ne voient dans Périm qu'un
rocher devant servir de base à un phare ou de point
d'appui à quelque trouçon de câble électrique.
» Nous avons parlé d'Aden. Nous trouvons aux mêmes
sources quelques renseignements sur cette place mili-
taire et commerciale qui complètent les observations
qu'on vient de lire.
» Lorsque l'Angleterre voulut' établir une ligne de
bâtiments à vapeur entre Suez et ses possessions de
l'Inde, elle dut chercher un point intermédiaire pour y
établir un dépôt de charbon. Aden , au sud-ouest de
l'Arabie, à quelques milles en dehors du détroit de Bab-
el-Mandeb, se trouvait sur la route directe de Bombay,
Aden offrait un excellent port facile à défendre, Aden
fut pris et occupé, comme hier Périm, aujourd'hui Ca-
maran, demain autre chose.
» Nous n'entreprendrons pas de signaler ici tous les
points du globe dont les Anglais se sont emparés à dif-
férentes époques, uniquement du droit du plus fort, il
nous faudrait faire le tour du monde. Le voyage ne
laisserait pas cependant d'être intéressant et instruc-
tif.
» En attendant, si nous observons dans l'Atlantique
et dans la Méditerranée d'abord, puis après dans la
mer Rouge et l'Océan indien, les relâches fréquentées
par les paquebots anglais, nous les voyons toutes an-
glaises : Gibraltar et Malte de ce côté de l'isthme, et
de l'autre Camaran, Périm et Aden. 11 en résulte que
de Southampton à Bombay, cette magnifique ligne de
navigation n'est interrompue qu'un moment; d'Alexan-
drie à Suez. On a peine à comprendre, en suivant sur
la carte cette longue route ainsi jalonnée et incessam-
ment parcourue par de puissants et rapides vapeurs, on
ne comprend pas, nous le répétons, l'opposition systé-
matique du gouvernement anglais au percement de
l'isthme de Suez. Il y aura du temps perdu et regretté,
mais l'isthme de Suez sera percé quand même,
nous n'en doutons pas, et l'Angleterre, qui aura laissé
à la France le principal honneur de cette grande entre-
prise, ne sera pas la dernière à en profiter. Calcul ou
jalousie, personne ne comprend les obstacles suscités
par les maitres de Dnde à l'accomplissement d'une
œuvre qui doit les rapprocher de cet immense empire,
devenu plus difficile à garder depuis la victoire qu'a-
vant la lutte.
» Encore un mot d'Aden. Cette ville, véritable place
de guerre, fortifiée comme Malte, compte déjà plus de
vingt-cinq mille âmes, une nombreuse garnison et
une armée de travailleurs. Entrepôt de marchandises
anglaises et de l'Inde, elle fait un grand commerce
d'échange avec l'Arabie directement, avec l'Afrique
orientale, par Berbera, rendez-vous des caravanes de
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