Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-07-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juillet 1859 15 juillet 1859
Description : 1859/07/15 (A4,N74). 1859/07/15 (A4,N74).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295096
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 213
anglais avait épuisé la matière et clos la discussion.
Il avait présenté, sur la nature de l'occupation de Pé-
rim, des explications qui, si elles sont sincères, comme
nous aimons à n'en pas douter, peuvent être jug'ées
satisfaisantes, et il les avait terminées par cette con-
clusion honorable et décisive : « La France est maî-
tresse d'abréger, si elle le croit possible, la route
entre l'Orient et l'Occident ; l'Angleterre verrait avec
bonheur l'accomplissement de l'ouverture de l'isthme,
et elle reconnaît qu'elle retirerait de l'achèvement de
ce projet les plus gros bénéfices. »
En ce qui concerne les intérêts commerciaux et
politiques de la Grande-Bretagne, le limes du 8 juil-
let abonde dans le même sens. Le temps est passé,
dit-il et par deux fois, où ce projet pouvait faire le
moindre tort aux intérêts anglais. Ces intérêts pos-
sèdent aujourd'hui une communication commode
avec l'Inde au moyen du chemin de fer entre Alexan-
drie et Suez. Bientôt le télégraphe de la mer Rouge
mettra, pour la transmission des nouvelles, Bombay
à quelques heures de Londres. Ainsi dans tous les
cas, les intérêts britanniques sont amplement sauve-
gardés.
Toutefois, il restait encore l'objection politique. Le
Times la lève à son tour. Lord Palmerston avait pré-
tendu que l'ouverture du passage pouvait plus ou
moins compromettre la sécurité des Indes anglaises.
Le Times reconnaît que c'est là « une mauvaise rai-
son » et que les Indes anglaises n'ont rien à craindre
de l'établissement d'une route exclusivement réser-
vée aux opérations du commerce, aux transactions
internationales et aux échanges des deux hémi-
sphères.
Cette vérité, le ministre des affaires étrangères,
lord John Russell, l'avait proclamée et prouvée long-
temps avant le Times.
Au demeurant, et en nous limitant à la lettre
stricte des déclarations du Times, le canal de Suez
ne peut aujourd'hui causer aucun dommage com-
mercial à l'Angleterre ; il ne présente à son empire
asiatique aucun danger politique : voilà ce dont ce
journal proteste, le 8 juillet, après avoir, le 23 juin,
solennellement affirmé que l'Angleterre verrait avec
joie l'exécution du canal, et que les plus gros profits
de cette exécution seraient pour elle.
Sur ces quatre points, le Times a raison, et enfin
est d'accord avec l'opinion de son pays, constatée
par le vote unanime des meetings des vingt-deux
cités les plus importantes du Royaume-Uni, par les
manifestations de la grande majorité de la presse
britannique, par les discours et les votes des mem-
bres les plus considérables, les plus patriotes et les
influents de la majorité libérale dans la chambre des
communes.
Mais, selon nous, le Times ne va pas encore assez
loin; nous lui avons prouvé, et il ne s'est jamais
-
avisé de nous répondre, que, dans les immenses
changements que la face du globe subit depuis quel.
que temps, ce qui pouvait être un système odieuse-
ment et intolérablement égoïste en 1804, ou même
en 1834, mais enfin dans une certaine mesure un
système d'égoïsme rationnel, n'est plus maintenant
qu'une routine aveugle, sacrifiant les intérêts les
plus actuels et les plus pressants de la Grande-Bre-
tagne à un préjugé décrépit.
Que le Times, si vigilant, daigne donc jeter les
yeux sur ce qui se passe en Asie ; qu'il voie la Russie
étreignant la Perse, les Indes, l'Indo-Chine de tous
les côtés; qu'il considère les haines profondes engen-
drées par la répression de la dernière révolte au sein
des populations indoues ; qu'il interroge ses secrètes
mais profondes anxiétés; qu'il se rappelle que les
feux de l'insurrection dans l'Inde ne sont pas éteints
et que l'incendie fume encore ; qu'il réfléchisse qu'en
ce même moment son gouvernement subit la loi d'une
émeute militaire de ses engagés européens. En outre,
qu'en portant les regards vers l'extrême Orient, il e , -
visage les établissements par lesquels la puissance
américaine tourne, de la Californie, tout l'empire
indien; qu'il mesure le pied formidable sur lequel la
Russie s'installe militairement et commercialement
aux bords du fleuve Amur. Dans notre présent numéro,
il trouvera même de nouveaux renseignements à cet
égard : la Russie transporte vers ces localités loin-
taines le centre principal de sa puissance maritime.
Elle est solidement établie à Pékin, où l'on refuse
encore de recevoir les représentants anglais. Une
flotte russe considérable s'apprête à dominer les eaux
des régions chinoises. Le terrain de la lutte entre les
deux prétendants à la suprématie asiatique se com-
plique et s'étend. C'est par l'extrémité de la Chine
que la Russie va désormais porter à l'Angleterre ses
coups les plus sûrs et les plus difficiles à parer. Pour-
tant c'est en la Chine que l'Angleterre espère pour
compenser la décadence commerciale de ses pro-
vinces ruinées de l'Indoustan. Et l'Angleterre persis-
terait à se tenir loin du centre de la grande action
russe et de la concurrence américaine, de'toute la
longueur de la route du Cap comparée à la route de
l'isthme, c'est-à-dire d'une différence de 3,000 lieues
dans la distance ! Et l'Angleterre, les yeux cloués
sur un passé éteint, ne verrait pas que par le canal de
Suez la Providence lui offre en quelque sorte le meil-
leur instrument, ou de sa prépondérance, ou de sa
défense soit commerciale, soit maritime, contre les
éléments de rivalité accumulés autour de ses intérêts
dans ces contrées lointaines ! Ce n'est point du côté du
cap de Bonne-Espérance qu'est désormais le péril de
l'Angleterre. Il est au delà du détroit de la Sonde, et
toute route qui la rapproche du détroit de la Sonde
doit être le premier objet de ses vœux, de sa coopé-
ration et, s'il le fallait, de sa seule initiative.
anglais avait épuisé la matière et clos la discussion.
Il avait présenté, sur la nature de l'occupation de Pé-
rim, des explications qui, si elles sont sincères, comme
nous aimons à n'en pas douter, peuvent être jug'ées
satisfaisantes, et il les avait terminées par cette con-
clusion honorable et décisive : « La France est maî-
tresse d'abréger, si elle le croit possible, la route
entre l'Orient et l'Occident ; l'Angleterre verrait avec
bonheur l'accomplissement de l'ouverture de l'isthme,
et elle reconnaît qu'elle retirerait de l'achèvement de
ce projet les plus gros bénéfices. »
En ce qui concerne les intérêts commerciaux et
politiques de la Grande-Bretagne, le limes du 8 juil-
let abonde dans le même sens. Le temps est passé,
dit-il et par deux fois, où ce projet pouvait faire le
moindre tort aux intérêts anglais. Ces intérêts pos-
sèdent aujourd'hui une communication commode
avec l'Inde au moyen du chemin de fer entre Alexan-
drie et Suez. Bientôt le télégraphe de la mer Rouge
mettra, pour la transmission des nouvelles, Bombay
à quelques heures de Londres. Ainsi dans tous les
cas, les intérêts britanniques sont amplement sauve-
gardés.
Toutefois, il restait encore l'objection politique. Le
Times la lève à son tour. Lord Palmerston avait pré-
tendu que l'ouverture du passage pouvait plus ou
moins compromettre la sécurité des Indes anglaises.
Le Times reconnaît que c'est là « une mauvaise rai-
son » et que les Indes anglaises n'ont rien à craindre
de l'établissement d'une route exclusivement réser-
vée aux opérations du commerce, aux transactions
internationales et aux échanges des deux hémi-
sphères.
Cette vérité, le ministre des affaires étrangères,
lord John Russell, l'avait proclamée et prouvée long-
temps avant le Times.
Au demeurant, et en nous limitant à la lettre
stricte des déclarations du Times, le canal de Suez
ne peut aujourd'hui causer aucun dommage com-
mercial à l'Angleterre ; il ne présente à son empire
asiatique aucun danger politique : voilà ce dont ce
journal proteste, le 8 juillet, après avoir, le 23 juin,
solennellement affirmé que l'Angleterre verrait avec
joie l'exécution du canal, et que les plus gros profits
de cette exécution seraient pour elle.
Sur ces quatre points, le Times a raison, et enfin
est d'accord avec l'opinion de son pays, constatée
par le vote unanime des meetings des vingt-deux
cités les plus importantes du Royaume-Uni, par les
manifestations de la grande majorité de la presse
britannique, par les discours et les votes des mem-
bres les plus considérables, les plus patriotes et les
influents de la majorité libérale dans la chambre des
communes.
Mais, selon nous, le Times ne va pas encore assez
loin; nous lui avons prouvé, et il ne s'est jamais
-
avisé de nous répondre, que, dans les immenses
changements que la face du globe subit depuis quel.
que temps, ce qui pouvait être un système odieuse-
ment et intolérablement égoïste en 1804, ou même
en 1834, mais enfin dans une certaine mesure un
système d'égoïsme rationnel, n'est plus maintenant
qu'une routine aveugle, sacrifiant les intérêts les
plus actuels et les plus pressants de la Grande-Bre-
tagne à un préjugé décrépit.
Que le Times, si vigilant, daigne donc jeter les
yeux sur ce qui se passe en Asie ; qu'il voie la Russie
étreignant la Perse, les Indes, l'Indo-Chine de tous
les côtés; qu'il considère les haines profondes engen-
drées par la répression de la dernière révolte au sein
des populations indoues ; qu'il interroge ses secrètes
mais profondes anxiétés; qu'il se rappelle que les
feux de l'insurrection dans l'Inde ne sont pas éteints
et que l'incendie fume encore ; qu'il réfléchisse qu'en
ce même moment son gouvernement subit la loi d'une
émeute militaire de ses engagés européens. En outre,
qu'en portant les regards vers l'extrême Orient, il e , -
visage les établissements par lesquels la puissance
américaine tourne, de la Californie, tout l'empire
indien; qu'il mesure le pied formidable sur lequel la
Russie s'installe militairement et commercialement
aux bords du fleuve Amur. Dans notre présent numéro,
il trouvera même de nouveaux renseignements à cet
égard : la Russie transporte vers ces localités loin-
taines le centre principal de sa puissance maritime.
Elle est solidement établie à Pékin, où l'on refuse
encore de recevoir les représentants anglais. Une
flotte russe considérable s'apprête à dominer les eaux
des régions chinoises. Le terrain de la lutte entre les
deux prétendants à la suprématie asiatique se com-
plique et s'étend. C'est par l'extrémité de la Chine
que la Russie va désormais porter à l'Angleterre ses
coups les plus sûrs et les plus difficiles à parer. Pour-
tant c'est en la Chine que l'Angleterre espère pour
compenser la décadence commerciale de ses pro-
vinces ruinées de l'Indoustan. Et l'Angleterre persis-
terait à se tenir loin du centre de la grande action
russe et de la concurrence américaine, de'toute la
longueur de la route du Cap comparée à la route de
l'isthme, c'est-à-dire d'une différence de 3,000 lieues
dans la distance ! Et l'Angleterre, les yeux cloués
sur un passé éteint, ne verrait pas que par le canal de
Suez la Providence lui offre en quelque sorte le meil-
leur instrument, ou de sa prépondérance, ou de sa
défense soit commerciale, soit maritime, contre les
éléments de rivalité accumulés autour de ses intérêts
dans ces contrées lointaines ! Ce n'est point du côté du
cap de Bonne-Espérance qu'est désormais le péril de
l'Angleterre. Il est au delà du détroit de la Sonde, et
toute route qui la rapproche du détroit de la Sonde
doit être le premier objet de ses vœux, de sa coopé-
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