Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-07-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juillet 1859 15 juillet 1859
Description : 1859/07/15 (A4,N74). 1859/07/15 (A4,N74).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295096
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 211
questions non - moins essentielles impliquées par
l'ouverture du canal de Suez , couvriront, du côté
de l'Afrique et de la Syrie, ses possessions peut-être
tout autant menacées.
Tout d'ailleurs, dans la situation actuelle, convie
le Sultan à cet acte de bon gouvernement et de
bonne administration. La Frac ce vient de conclure
une paix glorieuse qui rehausse son influence. L'Au-
triche, redevenue par notre modération dans la vic-
toire, notre alliée et notre amie, est rendue au res-
souvenir de ses intérêts naturels : elle conserve. Ve-
nise, elle conserve Trieste, elle conserve l'Adriatique,
son débouché nécessaire vers la Méditerranée et l'O-
rient ; et dès lors, elle revient à désirer, à réclamer
l'exécution du canal de Suez comme un des plus
profonds besoins de ses peuples, comme un des élé-
ments les plus précieux de la prospérité de Trieste
et de Venise. On sait que nous n'avons jamais envi-
sagé que comme une des plus dures nécessités de sa
guerre la transitoire opposition faite au canal par son
consul en Egypte s'évertuant à se concilier les
bonnes grâces de l'ancien cabinet tory. La nouvelle
communauté italienne tout entière, constituée
à l'État fédératif et indépendant, coopérera par
toutes les lois de sa position et de son avenir à l'ou-
verture de la route qui doit introduire son commerce
et sa marine dans les grandes mers de l'autre hémi-
sphère. L'Espagne enfin n'a pas cessé un instant de
faire entendre sa voix en faveur du projet de M. de
Lesseps, et son roi est l'un des hauts protecteurs de la
Compagnie universelle. L'Angleterre seule avait jus-
qu'ici opposé à la volonté unanime l'action d'une in-
timidation inavouée et honteuse d'elle-même. C'est
cette action, poussée par le ministère Derby, qui a
contraint la Porte à faire une démarche récente, dont
en ce moment même le Times la remercie en l'aban-
donnant. La Porte pourtant avait un moyen bien
simple de résistance : elle n'avait qu'à demander aux
diplomates anglais une note écrite constatant leur
opposition, et à l'instant même toute la fantasmago-
rie se fût évanouie. L'Angleterre, dans son caractère
public et officiel, ne peut donc pas et ne veut pas
mettre obstacle au percement de l'isthme. Mais au-
jourd'hui le ministère des manœuvres souterraines
est tombé. Une administration libérale régit les des -
tinées de la Grande-Bretagne. Dans cette adminis-
tration, les membres les plus considérables et les
plus influents sur la majorité libérale ont élevé les
protestations les plus énergiques contre le rôle que,
dans cette question, des passions aveuglées et inin-
telligentes faisaient jouer à leur pays. Lord John
Russell est aujourd'hui l'homme d'Etat chargé de la
direction des affaires étrangères. C'est lui désormais
qui inspirera et dictera l'attitude des agents anglais
au dehors. Le prestige de lord John Russell est un
pTestige rare mais toujours puissant; c'est celui d'une
inébranlable consistance dans ses principes et d'une
inviolable honnêteté. Honest John, voilà le titre po-
pulaire de cet homme illustre dans la Grande-Breta-
gne. Dès lors, ses opinions passées nous garantissent,
garantissent à l'Europe, à l'Egypte et à la Turquie
que ce qu'il a blâmé et dénoncé dans le ministère
tory, il ne le continuera ni ne l'exécutera lui-même.
C'est donc, selon nous, le programme de lord John
Russell, sur la question de Suez, que nous allons
mettre sous les yeux et des agents anglais en Orient
et des gouvernements intéressés à connaître ses sen-
timents. Pour cela, nous n'avons pas ii remonter au
delà de la dernière discussion qui a eu lieu dans la
chambre des communes à propos de ce grand projet.
Lord John Russell, on se le rappelle, a défendu la
motion Rœbuck. Cette motion avait pour objet d'in-
terdire au gouvernement toute immixtion hostile à M
question, soit au Caire, soit à Constantinople. Pour
l'empêcher de passer, le chancelier de l'échiquier du
cabinet tory, M. Disraeli, déniait qu'aucune tentative,
aucune démarche de cette nature eût jamais été
faite par le gouvernement anglais, et promettait
pour l'avenir la neutralité et même la bienveillance
du ministère. On sait aujourd'hui comment ces en-
gagements solennels ont été observés : lord John
Russell fut de ceux qui ne voulurent pas s'en con-
tenter. Il persista à demander à la chambre le vote
de la proposition ; il exprima l'appréhension que les
affirmations de M. Disraëli fussent loin d'être exemp-
tes d'erreur, et enfin abordant le fond de la question
elle-même, il exprimait sa pensée, sa politique et ses
principes en ces termes dans la séance du 2 juin
1858 :
LORD JOHN RUSSELL. « En considérant la ques-
tion, je suis disposé à en éliminer les trois quarts des
arguments qui ont été présentés dans cette séance.
On a dit que c'était une spéculation chimérique; que
les obstacles physiques à la construction du canal
étaient presque insurmontables ou au moins énormes,
et que le gouvernement turc a un tel intérêt à em-
pêcher l'accomplissement du travail, qu'on est cer-
tain qu'il usera de toute son influence et de tous ses
efforts pour l'empêcher. Accordant toutes ces propo-
sitions , si c'est une spéculation chimérique, si les
obstacles naturels sont à peu près insurmontables,
si le gouvernement turc a des raisons personnelles
de refuser son assentiment, ne s'ensuit-il pas qu'il
n'est pas besoin d'employer l'influence et la puis-
sance de l'Angleterre ?
» On dit, cependant, et on répète souvent qu'il y a
des raisons pour lesquelles , dans son propre intérêt,
l'Angleterre doit empêcher la construction du canal.
Voyons ; le dommage qu'elle peut subir viendra de
la paix ou de la guerre. Je ne peux concevoir que,
durant une période dé paix, l'établissement de moyens
questions non - moins essentielles impliquées par
l'ouverture du canal de Suez , couvriront, du côté
de l'Afrique et de la Syrie, ses possessions peut-être
tout autant menacées.
Tout d'ailleurs, dans la situation actuelle, convie
le Sultan à cet acte de bon gouvernement et de
bonne administration. La Frac ce vient de conclure
une paix glorieuse qui rehausse son influence. L'Au-
triche, redevenue par notre modération dans la vic-
toire, notre alliée et notre amie, est rendue au res-
souvenir de ses intérêts naturels : elle conserve. Ve-
nise, elle conserve Trieste, elle conserve l'Adriatique,
son débouché nécessaire vers la Méditerranée et l'O-
rient ; et dès lors, elle revient à désirer, à réclamer
l'exécution du canal de Suez comme un des plus
profonds besoins de ses peuples, comme un des élé-
ments les plus précieux de la prospérité de Trieste
et de Venise. On sait que nous n'avons jamais envi-
sagé que comme une des plus dures nécessités de sa
guerre la transitoire opposition faite au canal par son
consul en Egypte s'évertuant à se concilier les
bonnes grâces de l'ancien cabinet tory. La nouvelle
communauté italienne tout entière, constituée
à l'État fédératif et indépendant, coopérera par
toutes les lois de sa position et de son avenir à l'ou-
verture de la route qui doit introduire son commerce
et sa marine dans les grandes mers de l'autre hémi-
sphère. L'Espagne enfin n'a pas cessé un instant de
faire entendre sa voix en faveur du projet de M. de
Lesseps, et son roi est l'un des hauts protecteurs de la
Compagnie universelle. L'Angleterre seule avait jus-
qu'ici opposé à la volonté unanime l'action d'une in-
timidation inavouée et honteuse d'elle-même. C'est
cette action, poussée par le ministère Derby, qui a
contraint la Porte à faire une démarche récente, dont
en ce moment même le Times la remercie en l'aban-
donnant. La Porte pourtant avait un moyen bien
simple de résistance : elle n'avait qu'à demander aux
diplomates anglais une note écrite constatant leur
opposition, et à l'instant même toute la fantasmago-
rie se fût évanouie. L'Angleterre, dans son caractère
public et officiel, ne peut donc pas et ne veut pas
mettre obstacle au percement de l'isthme. Mais au-
jourd'hui le ministère des manœuvres souterraines
est tombé. Une administration libérale régit les des -
tinées de la Grande-Bretagne. Dans cette adminis-
tration, les membres les plus considérables et les
plus influents sur la majorité libérale ont élevé les
protestations les plus énergiques contre le rôle que,
dans cette question, des passions aveuglées et inin-
telligentes faisaient jouer à leur pays. Lord John
Russell est aujourd'hui l'homme d'Etat chargé de la
direction des affaires étrangères. C'est lui désormais
qui inspirera et dictera l'attitude des agents anglais
au dehors. Le prestige de lord John Russell est un
pTestige rare mais toujours puissant; c'est celui d'une
inébranlable consistance dans ses principes et d'une
inviolable honnêteté. Honest John, voilà le titre po-
pulaire de cet homme illustre dans la Grande-Breta-
gne. Dès lors, ses opinions passées nous garantissent,
garantissent à l'Europe, à l'Egypte et à la Turquie
que ce qu'il a blâmé et dénoncé dans le ministère
tory, il ne le continuera ni ne l'exécutera lui-même.
C'est donc, selon nous, le programme de lord John
Russell, sur la question de Suez, que nous allons
mettre sous les yeux et des agents anglais en Orient
et des gouvernements intéressés à connaître ses sen-
timents. Pour cela, nous n'avons pas ii remonter au
delà de la dernière discussion qui a eu lieu dans la
chambre des communes à propos de ce grand projet.
Lord John Russell, on se le rappelle, a défendu la
motion Rœbuck. Cette motion avait pour objet d'in-
terdire au gouvernement toute immixtion hostile à M
question, soit au Caire, soit à Constantinople. Pour
l'empêcher de passer, le chancelier de l'échiquier du
cabinet tory, M. Disraeli, déniait qu'aucune tentative,
aucune démarche de cette nature eût jamais été
faite par le gouvernement anglais, et promettait
pour l'avenir la neutralité et même la bienveillance
du ministère. On sait aujourd'hui comment ces en-
gagements solennels ont été observés : lord John
Russell fut de ceux qui ne voulurent pas s'en con-
tenter. Il persista à demander à la chambre le vote
de la proposition ; il exprima l'appréhension que les
affirmations de M. Disraëli fussent loin d'être exemp-
tes d'erreur, et enfin abordant le fond de la question
elle-même, il exprimait sa pensée, sa politique et ses
principes en ces termes dans la séance du 2 juin
1858 :
LORD JOHN RUSSELL. « En considérant la ques-
tion, je suis disposé à en éliminer les trois quarts des
arguments qui ont été présentés dans cette séance.
On a dit que c'était une spéculation chimérique; que
les obstacles physiques à la construction du canal
étaient presque insurmontables ou au moins énormes,
et que le gouvernement turc a un tel intérêt à em-
pêcher l'accomplissement du travail, qu'on est cer-
tain qu'il usera de toute son influence et de tous ses
efforts pour l'empêcher. Accordant toutes ces propo-
sitions , si c'est une spéculation chimérique, si les
obstacles naturels sont à peu près insurmontables,
si le gouvernement turc a des raisons personnelles
de refuser son assentiment, ne s'ensuit-il pas qu'il
n'est pas besoin d'employer l'influence et la puis-
sance de l'Angleterre ?
» On dit, cependant, et on répète souvent qu'il y a
des raisons pour lesquelles , dans son propre intérêt,
l'Angleterre doit empêcher la construction du canal.
Voyons ; le dommage qu'elle peut subir viendra de
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