Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-07-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juillet 1859 15 juillet 1859
Description : 1859/07/15 (A4,N74). 1859/07/15 (A4,N74).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295096
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
222 - L'ISTHME DE SUEZ,
» viennent d'être créés à Nicolaïeff, qui sera désormais
JI le Liverpool de la Rmsie , et l'on va jeter les fonda-
» tions du Portsmouth russe dans la baie de Castries ! »
sous la direction de l'adjudant général de Moura-
wieff, comte de l'Amur, gouverneur de la Sibérie
orientale !
MARCHAL (de Lunéville).
(La suite au prochain numéro.)
NAUFRAGE DU SILISTRIE.
Nous empruntons au Sémaphore de Marseille des
détails curieux et pleins d'un douloureux intérêt sur
le naufrage du paquebot turc le Silistrie, faisant le ser-
vice des passagers entre Alexandrie et Constanti-
nople. Nos lecteurs y trouveront une démonstration
nouvelle de la nécessité pour l'Egypte et la Turquie -
elle-même de mettre ces tristes éléments de sa
marine et de sa navigation en contact plus direct et
plus permanent avec la navigation et la civilisation
européenne, et ce résultat sera encore l'un de ceux
du canal de Suez.
PAUL BOUDET.
Alexandrie, ltr juillet.
Le 24 juin dernier, le bateau à vapeur à hélice Silis-
tria, commandé par le capitaine Moussa-Bey, portant
pavillon ottoman, sortait des passes d'Alexandrie, se
rendant à Constantinople, en touchant à Rhodes et à
Smyrne.
Le temps était magnifique, et tout faisait présager une
heureuse traversée. Les départs directs pour Constanti-
nople sans toucher les côtes de la Syrie, étant devenus
très-rares depuis la cessation des voyages du Lloyd au-
trichien, beaucoup de passagers qui attendaient depuis
longtemps dans notre ville, ne voulant pas allonger
leur voyage en passant par la Syrie, profitèrent de ce
départ, et c'est avec 360 personnes, passagers et équi-
page compris, que partit le Silistria pour sa desti-
nation.
Le vendredi, jour du départ, se passa sans que rien
vînt troubler dans sa marche le bateau ottoman; ce-
pendant le capitaine et l'équipage s'aperçurent que le
navire faisait de l'eau, Mais Moussa-Bey trouva que cette
eau n'était point inquiétante, et ordonna de pomper
tout en continuant le voyage.
Dans la nuit de vendredi au samedi, l'eau ne dimi-
nuait pas; cependant on maintenait l'équilibre entre
l'entrée et la sortie, au moyen des pompes du bord. Le
samedi matin, les passagers, en se réveillant, furent
étonnés de voir tout l'équipage travailler à la pompe. Au
bout de quelques heures, un murmure décourageant se
fit entendre au milieu des marins qui y travaillaient,
cette dernière ne pouvant plus suffire, l'eau gagnant
d'une manière sensible. C'est alors que le capitaine de-
1 manda main-forte aux passagers pour aider les hommes
du bord à tenir tête à la voie d'eau; 28 passagers, mate-
lots autrichiens, offrirent spontanément leurs services.
La pompe ne suffisant plus, on fit usage des grands
pots de fer qui servent à jeter les résidus de charbon à
la mer, ainsi que de toutes les barriques du bord, que
l'on métamorphosa en seaux à l'aide d'une corde passée
à la partie supérieure. Avec ce secours l'eau n'aug-
menta pas, mais la diminution était peu sensible ; cepen-
dant on reprenait courage, et avec ce manège de pom-
pes et de seaux on pouvait aller encore assez longtemps
pour atteindre un port et se réparer.
On pompait donc depuis plusieurs heures, quand tout
à coup un grand bruit se fit entendre dans la machine;
le gouvernail reçut un ébranlement terrible; les passa-
gers furent saisis d'effroi, et le capitaine cria : Stop !. Le
bateau à vapeur s'arrêta. On était à 150 milles d'Alexan-
drie. Au même instant, l'eau fit irruption par l'arrière,
et, malgré le travail opiniâtre de la pompe et des seaux,
l'eau gagnait rapidement, et le danger devenait immi-
nent. Ceux qui pompaient commençaient à désespérer,
voyant tous leurs efforts inutiles ; ils prévinrent le com-
mandant qu'il fallait songer aux mesures de sauvetage.
Le capitaine s'y refusa, et donna l'ordre de pomper. Il
était cinq heures du matin.
Au même moment parut un navire à l'horizon.
Quoique la panique à bord fût déjà très-grande, l'es-
poir commença à renaître : ils n'étaient pas seuls au
milieu de l'Océan ! On pria alors le capitaine de vouloir
bien appeler ce navire en mettant le pavillon en berue
et en tirant le canon. Moussa-Bay s'y opposa d'abord;
mais il dut céder aux instances réitérées des passagers.
On tira un coup de canon, le navire ne dérangea pas
sa marche : il n'avait pas entendu. Un second coup de
canon fut tiré ; on attendit : au bout d'un instant le
bâtiment mettait le cap sur le bateau à vapeur. Au
milieu du découragement qui régnait déjà à bord, un cri
de joie partit de toutes parts. Au bout de deux heures
le bateau à vapeur et le navire se rencontrèrent.
C'était un bâtiment marchand turc chargé de bois
qui allait à Alexandrie. Les capitaines se concertèrent,
et il fut décidé que l'on embarquerait immédiatement
à bord du navire les femmes, les enfants et les vieil-
lards , et que le vapeur serait remorqué dans le port Le
plus voisin. Hélas ! on était encore loin des côtes d'É-
gypte !.
Il y avait parmi les passagers un pacha, ex-gouver-
neur de la Mecque, et son harem. Le harem fut embar-
qué le premier à bord du navire ; S. Exc. voulut aussi
suivre le harem, mais Moussa-Bey le pria de ne point
quitter le bord, afin de ne pas donner le premier
l'exemple de la désertion. Le pacha resta. Après le
harem, les femmes, enfants et vieillards des autres
passagers furent embarqués sans difficulté, et le Silistria,
remorqué par le navire, se soutenait toujours, grâce à
l'énergie et au travail opiniâtre des matelots autri-
chiens ; car, sans eux, il faut l'avouer, le bateau à va-
peur aurait depuis longtemps coulé bas.
On marcha ainsi jusqu'au dimanche à midi. A cette
heure, la voie d'eau augmenta, la panique devint ex-
trême, et au milieu des pleurs et du désespoir, les pas-
» viennent d'être créés à Nicolaïeff, qui sera désormais
JI le Liverpool de la Rmsie , et l'on va jeter les fonda-
» tions du Portsmouth russe dans la baie de Castries ! »
sous la direction de l'adjudant général de Moura-
wieff, comte de l'Amur, gouverneur de la Sibérie
orientale !
MARCHAL (de Lunéville).
(La suite au prochain numéro.)
NAUFRAGE DU SILISTRIE.
Nous empruntons au Sémaphore de Marseille des
détails curieux et pleins d'un douloureux intérêt sur
le naufrage du paquebot turc le Silistrie, faisant le ser-
vice des passagers entre Alexandrie et Constanti-
nople. Nos lecteurs y trouveront une démonstration
nouvelle de la nécessité pour l'Egypte et la Turquie -
elle-même de mettre ces tristes éléments de sa
marine et de sa navigation en contact plus direct et
plus permanent avec la navigation et la civilisation
européenne, et ce résultat sera encore l'un de ceux
du canal de Suez.
PAUL BOUDET.
Alexandrie, ltr juillet.
Le 24 juin dernier, le bateau à vapeur à hélice Silis-
tria, commandé par le capitaine Moussa-Bey, portant
pavillon ottoman, sortait des passes d'Alexandrie, se
rendant à Constantinople, en touchant à Rhodes et à
Smyrne.
Le temps était magnifique, et tout faisait présager une
heureuse traversée. Les départs directs pour Constanti-
nople sans toucher les côtes de la Syrie, étant devenus
très-rares depuis la cessation des voyages du Lloyd au-
trichien, beaucoup de passagers qui attendaient depuis
longtemps dans notre ville, ne voulant pas allonger
leur voyage en passant par la Syrie, profitèrent de ce
départ, et c'est avec 360 personnes, passagers et équi-
page compris, que partit le Silistria pour sa desti-
nation.
Le vendredi, jour du départ, se passa sans que rien
vînt troubler dans sa marche le bateau ottoman; ce-
pendant le capitaine et l'équipage s'aperçurent que le
navire faisait de l'eau, Mais Moussa-Bey trouva que cette
eau n'était point inquiétante, et ordonna de pomper
tout en continuant le voyage.
Dans la nuit de vendredi au samedi, l'eau ne dimi-
nuait pas; cependant on maintenait l'équilibre entre
l'entrée et la sortie, au moyen des pompes du bord. Le
samedi matin, les passagers, en se réveillant, furent
étonnés de voir tout l'équipage travailler à la pompe. Au
bout de quelques heures, un murmure décourageant se
fit entendre au milieu des marins qui y travaillaient,
cette dernière ne pouvant plus suffire, l'eau gagnant
d'une manière sensible. C'est alors que le capitaine de-
1 manda main-forte aux passagers pour aider les hommes
du bord à tenir tête à la voie d'eau; 28 passagers, mate-
lots autrichiens, offrirent spontanément leurs services.
La pompe ne suffisant plus, on fit usage des grands
pots de fer qui servent à jeter les résidus de charbon à
la mer, ainsi que de toutes les barriques du bord, que
l'on métamorphosa en seaux à l'aide d'une corde passée
à la partie supérieure. Avec ce secours l'eau n'aug-
menta pas, mais la diminution était peu sensible ; cepen-
dant on reprenait courage, et avec ce manège de pom-
pes et de seaux on pouvait aller encore assez longtemps
pour atteindre un port et se réparer.
On pompait donc depuis plusieurs heures, quand tout
à coup un grand bruit se fit entendre dans la machine;
le gouvernail reçut un ébranlement terrible; les passa-
gers furent saisis d'effroi, et le capitaine cria : Stop !. Le
bateau à vapeur s'arrêta. On était à 150 milles d'Alexan-
drie. Au même instant, l'eau fit irruption par l'arrière,
et, malgré le travail opiniâtre de la pompe et des seaux,
l'eau gagnait rapidement, et le danger devenait immi-
nent. Ceux qui pompaient commençaient à désespérer,
voyant tous leurs efforts inutiles ; ils prévinrent le com-
mandant qu'il fallait songer aux mesures de sauvetage.
Le capitaine s'y refusa, et donna l'ordre de pomper. Il
était cinq heures du matin.
Au même moment parut un navire à l'horizon.
Quoique la panique à bord fût déjà très-grande, l'es-
poir commença à renaître : ils n'étaient pas seuls au
milieu de l'Océan ! On pria alors le capitaine de vouloir
bien appeler ce navire en mettant le pavillon en berue
et en tirant le canon. Moussa-Bay s'y opposa d'abord;
mais il dut céder aux instances réitérées des passagers.
On tira un coup de canon, le navire ne dérangea pas
sa marche : il n'avait pas entendu. Un second coup de
canon fut tiré ; on attendit : au bout d'un instant le
bâtiment mettait le cap sur le bateau à vapeur. Au
milieu du découragement qui régnait déjà à bord, un cri
de joie partit de toutes parts. Au bout de deux heures
le bateau à vapeur et le navire se rencontrèrent.
C'était un bâtiment marchand turc chargé de bois
qui allait à Alexandrie. Les capitaines se concertèrent,
et il fut décidé que l'on embarquerait immédiatement
à bord du navire les femmes, les enfants et les vieil-
lards , et que le vapeur serait remorqué dans le port Le
plus voisin. Hélas ! on était encore loin des côtes d'É-
gypte !.
Il y avait parmi les passagers un pacha, ex-gouver-
neur de la Mecque, et son harem. Le harem fut embar-
qué le premier à bord du navire ; S. Exc. voulut aussi
suivre le harem, mais Moussa-Bey le pria de ne point
quitter le bord, afin de ne pas donner le premier
l'exemple de la désertion. Le pacha resta. Après le
harem, les femmes, enfants et vieillards des autres
passagers furent embarqués sans difficulté, et le Silistria,
remorqué par le navire, se soutenait toujours, grâce à
l'énergie et au travail opiniâtre des matelots autri-
chiens ; car, sans eux, il faut l'avouer, le bateau à va-
peur aurait depuis longtemps coulé bas.
On marcha ainsi jusqu'au dimanche à midi. A cette
heure, la voie d'eau augmenta, la panique devint ex-
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