Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-07-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juillet 1859 01 juillet 1859
Description : 1859/07/01 (A4,N73). 1859/07/01 (A4,N73).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529508s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 199
évaluant à 10 millions de francs le mouvement com-
mercial d'Aden, et à 75,000 tonneaux le mouvement
maritime. Le cabotage par les Arabes s'élève à plus
de 20,000 tonneaux. Ces résultats sont acquis, nous les
constatons sans les discuter. La possession d'Aden est
reconnue, elle n'est pas offensive; la France y entre-
tient un agent consulaire.
» Il n'en est pas de même de Périm, qui ne peut être
qu'une position militaire ou rien. La mer Rouge est
une mer libre, ayant plus de six cents lieues de côtes
habitées, où tous les pavillons de commerce ont pu
trafiquer en paix jusqu'à présent sous la protection deg
consuls et des vaisseaux de guerre de leur nation. Le
monde maritime tout entier accorde-t-il à l'Angleterre
le droit de fermer cette mer selon son bon plaisir?
L'îlot de Périm, fortifié, approvisionné et armé, com-
mandera le détroit de Bab-el-Mandeb beaucoup plus
que le célèbre rocher de Gibraltar ne commande le
détroit qui sépare l'Espagne du Maroc; il défendra
l'entrée ou la sortie de la mer Rouge, comme les bat-
teries anglaises ou françaises défendent Porsmouth ou
Cherbourg.
» Est-ce à dire que nous voulions comprimer la force
expansive qui tend de plus en plus à pousser hors de
ses limites le vieux monde européen? On ne le croira
pas. La France, avec moins de passion et d'ardeur
peut-être, mais avec autant d'intelligence et plus de
désintéressement, est entrée sans hésitation dans le
grand courant qui entraine l'Occident vers l'Orient.
Que ce mouvement représente des idées ou des intérêts,
des influences ou des, affaires, peu importe; toujours
est-il squ'iLn',est de notre part ni exclusif ni égoïste,
Nous ne ferons pas à nos voisins l'injure de, croire qu'ils
aient sitôt oublié les récents succès de nos armes et de
notre diplomatie, cordialement unies dans les mers de
la Chine aux armes et à la diplomatie de l'Angleterre :
nous aimons, nous, à nous en souvenir, sans ignorer
pourtant que nous ne serons ni les premiers ni les plus
ardents.à. en profiter; mais ce loyal concours nous
donne le droit d'exiger que les routes soient libres vers
cet Orient ouvert à tous, où en ce moment encore notre
pavillon, uni cette fois au pavillon espagnol, poursuit
glorieusement son œuvre commencée.
» C'est au nom du droit universel des nations, au
nom de la liberté des mers, au nom de la civilisation
elle-même qu'on peut demander à l'Angleterre ce que
signifient les fortifications de l'île de Périm ?
» Lorsque les Russes, après la paix de Paris, furent
contraints d'évacuer l'île aux Serpens, il sembla con-
venu que les Anglais évacueraient l'île de Périm. Ces
deux îles, sous le pavillon ottoman, devaient être ren-
dues à leur destination essentiellement neutre, comme
points géographiques nécessaires à la navigation; des
phares, et non des forts (les phares n'ont pas besoin
d'être protégés), devaient éclairer et non pas comman-
der les bouches du Danube et le détroit de Bab-el-
Mandeb.
11 On sait que depuis cette époque l'île aux Serpens
M porte plus qu:un feu, allumé sur une tour inoffen-
sive. On vient nous révéler que l'île de Périm se couvre
de batteries et n'a pas encore un fanal. Nous, avons cru
de notre devoir de le dire à la France et à l'Europe
» Le secrétaire de la rédaction,
» F. CkMrs. »
RÉPONSE DU TIMES-
« Tout en s'attachant sans relâche à la poursuite des
Autrichiens, le gouvernement français trouve occasion
d'imprimer, comme une communication semi-officielle
dans le Journal des Débats, une répétition d'un de ces
griefs de journaux qui ne sont jamais mis en avant
qu'avec l'intention de cavser une friction déplaisante
sur le travail de la machine diplomatique. Lorsque le
cabinet français a quelques légers mécontentements pour
des raisons trop ridicules à avouer; lorsque les diplomates
français s'éveillent d'un accès d'assoupissement et cher-
chent quelque sujet pour une jolie petite discussion, I'oell
diplomatique entreuovert se promène sur la carte du mon-
de, cherchant quelque petit point de discorde et, faute de
mieux, il s'est toujours arrêté dans ces derniers, temps
sur un mauvais fragment de rocher à l'extrémité orien-
tale de la mer Rouge ; cette petite .île de Périm, à l'en-
trée du détroit de Bab-el-Mandeb, est dans '« ces occasions,
ce que devint le petit îlot de Monte-Christo, après .que
Dumas eut écrit son roman. Chaque Français a quelque
chose à dire là-dessus. Périm n'abonde pas en diamants
et en trésors cachés comme le roc de Monte-Christo ;
mais il est hérissé de canons. Il se mire dans les vapeurs
du soleil effrayant de fortifications, et terrifie les. char-
bonniers qui T7ont approvisionner de houille les stations
de la Compagnie péninsulaire orientale, ainsi que les
gémissantes barques africaines qui, surchargées de pèle-
rins, sont parfois entraînées en vue de ses. embrasures.
L'empereur des Français fait, dit-on, le rêve qu'à une
époque prochaine Marseille sera la reine du commerce
de l'Orient, et que les vaisseaux de l'Amérique e.t de
l'Angleterre, au lieu de doubler le Cap, descendront dans
la Méditerranée et feront voile sans obstacles à traver
un grand canal maritime unissant. la Méditerranée et
la mer Rouge. Marseille qui,, en attendant, est ruinée
par des taxes de port excessives et déprimée par toutes
les entraves vexatoires qui peuvent déprimer un port
possédant de grands avantages matériels, doit alors en-
richir son revenu des droits commerciaux de ce trafic et
devenir le grand marché entre l'Orient et l'Occident.
L Angleterre, la -. erfide Angleterre aperçoit la destinée
réservée à Marseille aussi clairement que Junon aperçut
la gloire réservée aux Troyens errants, et l'Angleterre,
comme Junon, remue ciel et terre pour jeter des obsta,
cles dans la voie. L'Angleterre s'est emparée de l'île de
Périm qui est tout à côté de la côte-d'Arabie et, à ce
qu'affirment les Débats, n'est pas à plus de 6 milles de
la côte d'Afrique. Elle a fortifié cette île, l'a entourée
de routes. Elle a caché dans ses cavernes des canons
prêts au moment opportun à garnir ses murailles.
Elle a de plus assemblé une flotte autour- Ce ee roc et à
Aden, et ses vaisseaux pratiquent des études très- signi.
ficatives sur la côte d'Arabie et dans la direction de-la
côte d'Afrique» Pour le moment, on parle seulement do
évaluant à 10 millions de francs le mouvement com-
mercial d'Aden, et à 75,000 tonneaux le mouvement
maritime. Le cabotage par les Arabes s'élève à plus
de 20,000 tonneaux. Ces résultats sont acquis, nous les
constatons sans les discuter. La possession d'Aden est
reconnue, elle n'est pas offensive; la France y entre-
tient un agent consulaire.
» Il n'en est pas de même de Périm, qui ne peut être
qu'une position militaire ou rien. La mer Rouge est
une mer libre, ayant plus de six cents lieues de côtes
habitées, où tous les pavillons de commerce ont pu
trafiquer en paix jusqu'à présent sous la protection deg
consuls et des vaisseaux de guerre de leur nation. Le
monde maritime tout entier accorde-t-il à l'Angleterre
le droit de fermer cette mer selon son bon plaisir?
L'îlot de Périm, fortifié, approvisionné et armé, com-
mandera le détroit de Bab-el-Mandeb beaucoup plus
que le célèbre rocher de Gibraltar ne commande le
détroit qui sépare l'Espagne du Maroc; il défendra
l'entrée ou la sortie de la mer Rouge, comme les bat-
teries anglaises ou françaises défendent Porsmouth ou
Cherbourg.
» Est-ce à dire que nous voulions comprimer la force
expansive qui tend de plus en plus à pousser hors de
ses limites le vieux monde européen? On ne le croira
pas. La France, avec moins de passion et d'ardeur
peut-être, mais avec autant d'intelligence et plus de
désintéressement, est entrée sans hésitation dans le
grand courant qui entraine l'Occident vers l'Orient.
Que ce mouvement représente des idées ou des intérêts,
des influences ou des, affaires, peu importe; toujours
est-il squ'iLn',est de notre part ni exclusif ni égoïste,
Nous ne ferons pas à nos voisins l'injure de, croire qu'ils
aient sitôt oublié les récents succès de nos armes et de
notre diplomatie, cordialement unies dans les mers de
la Chine aux armes et à la diplomatie de l'Angleterre :
nous aimons, nous, à nous en souvenir, sans ignorer
pourtant que nous ne serons ni les premiers ni les plus
ardents.à. en profiter; mais ce loyal concours nous
donne le droit d'exiger que les routes soient libres vers
cet Orient ouvert à tous, où en ce moment encore notre
pavillon, uni cette fois au pavillon espagnol, poursuit
glorieusement son œuvre commencée.
» C'est au nom du droit universel des nations, au
nom de la liberté des mers, au nom de la civilisation
elle-même qu'on peut demander à l'Angleterre ce que
signifient les fortifications de l'île de Périm ?
» Lorsque les Russes, après la paix de Paris, furent
contraints d'évacuer l'île aux Serpens, il sembla con-
venu que les Anglais évacueraient l'île de Périm. Ces
deux îles, sous le pavillon ottoman, devaient être ren-
dues à leur destination essentiellement neutre, comme
points géographiques nécessaires à la navigation; des
phares, et non des forts (les phares n'ont pas besoin
d'être protégés), devaient éclairer et non pas comman-
der les bouches du Danube et le détroit de Bab-el-
Mandeb.
11 On sait que depuis cette époque l'île aux Serpens
M porte plus qu:un feu, allumé sur une tour inoffen-
sive. On vient nous révéler que l'île de Périm se couvre
de batteries et n'a pas encore un fanal. Nous, avons cru
de notre devoir de le dire à la France et à l'Europe
» Le secrétaire de la rédaction,
» F. CkMrs. »
RÉPONSE DU TIMES-
« Tout en s'attachant sans relâche à la poursuite des
Autrichiens, le gouvernement français trouve occasion
d'imprimer, comme une communication semi-officielle
dans le Journal des Débats, une répétition d'un de ces
griefs de journaux qui ne sont jamais mis en avant
qu'avec l'intention de cavser une friction déplaisante
sur le travail de la machine diplomatique. Lorsque le
cabinet français a quelques légers mécontentements pour
des raisons trop ridicules à avouer; lorsque les diplomates
français s'éveillent d'un accès d'assoupissement et cher-
chent quelque sujet pour une jolie petite discussion, I'oell
diplomatique entreuovert se promène sur la carte du mon-
de, cherchant quelque petit point de discorde et, faute de
mieux, il s'est toujours arrêté dans ces derniers, temps
sur un mauvais fragment de rocher à l'extrémité orien-
tale de la mer Rouge ; cette petite .île de Périm, à l'en-
trée du détroit de Bab-el-Mandeb, est dans '« ces occasions,
ce que devint le petit îlot de Monte-Christo, après .que
Dumas eut écrit son roman. Chaque Français a quelque
chose à dire là-dessus. Périm n'abonde pas en diamants
et en trésors cachés comme le roc de Monte-Christo ;
mais il est hérissé de canons. Il se mire dans les vapeurs
du soleil effrayant de fortifications, et terrifie les. char-
bonniers qui T7ont approvisionner de houille les stations
de la Compagnie péninsulaire orientale, ainsi que les
gémissantes barques africaines qui, surchargées de pèle-
rins, sont parfois entraînées en vue de ses. embrasures.
L'empereur des Français fait, dit-on, le rêve qu'à une
époque prochaine Marseille sera la reine du commerce
de l'Orient, et que les vaisseaux de l'Amérique e.t de
l'Angleterre, au lieu de doubler le Cap, descendront dans
la Méditerranée et feront voile sans obstacles à traver
un grand canal maritime unissant. la Méditerranée et
la mer Rouge. Marseille qui,, en attendant, est ruinée
par des taxes de port excessives et déprimée par toutes
les entraves vexatoires qui peuvent déprimer un port
possédant de grands avantages matériels, doit alors en-
richir son revenu des droits commerciaux de ce trafic et
devenir le grand marché entre l'Orient et l'Occident.
L Angleterre, la -. erfide Angleterre aperçoit la destinée
réservée à Marseille aussi clairement que Junon aperçut
la gloire réservée aux Troyens errants, et l'Angleterre,
comme Junon, remue ciel et terre pour jeter des obsta,
cles dans la voie. L'Angleterre s'est emparée de l'île de
Périm qui est tout à côté de la côte-d'Arabie et, à ce
qu'affirment les Débats, n'est pas à plus de 6 milles de
la côte d'Afrique. Elle a fortifié cette île, l'a entourée
de routes. Elle a caché dans ses cavernes des canons
prêts au moment opportun à garnir ses murailles.
Elle a de plus assemblé une flotte autour- Ce ee roc et à
Aden, et ses vaisseaux pratiquent des études très- signi.
ficatives sur la côte d'Arabie et dans la direction de-la
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