Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-07-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juillet 1859 01 juillet 1859
Description : 1859/07/01 (A4,N73). 1859/07/01 (A4,N73).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529508s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
196 L'ISTHME DE SUEZ,
monie avec ses actes patents, manifestera ses inten-
tions conformes aux intérêts de l'Angleterre aussi
bien qu'aux vœux du monde, l'Egypte et la Turquie,
rendues à élles-mêmes, s'empresseront de doter et le
monde et leurs populations de ce vaste instrument de
civilisation et de richesse.
Or, ce jour est très-proche, et le ralliement du Times
en est le précurseur,
R ERNEST DESPLAGES.
LA POLITIQUE DU CABINET ANGLAIS.
Les séances de la chambré des communes sont sus-
pendues jusqu'à' -l'issue des réélections nécessitées
par l'investiture des membres du cabinet qui font
partie de cette assemblée. On attendait avec quelque
curiosité le résultat de ces élections. On supposait
pour quelques-unes d'entr'elles que les torys vou-
draient encore une fois essayer leur crédit sur l'opinion
électorale. Cependant, les nominations ministérielles
ou sont effectuées ou nous semblent dès à présent as
surées. Dans le vaste district de Marylebone, sirBenja-
min Hall, représentant de ce collége, et qui de son
vote a appuyé la motion de M. Roebuck, sera certai-
nement remplacé par un candidat de la même cou-
leur. Dans la cité, lord John Russel, dont on se
rappelle le discours si sensé et si ferme en, faveur
du canal de Suez, et qui occupe le poste important
de ministre des affaires étrangères, a été réélu sans
opposition, au milieu des marques les plus vives de
la sympathie et de la confiance électorales, et dans
son discours de remercîment, le noble lord s'est ap-
pliqué à protester de sa résolution à maintenir la
neutralité de l'Angleterre dans les conflits actuels et
à conserver les plus cordiales relations avec la nation
française. A Oxford, où les torys conservent une
grande influence, ils ont voulu combattre l'élection
de l'éloquent et honorable M. Gladstone, qui s'est
toujours montré l'ami généreux autant que judicieux
de l'alliance française, et a combattu dans toutes les
.occasions, avec sa haute supériorité, la résistance des
anciennes administrations au percement de' l'isthme.
M. Gladstone a été réélu, et il occupe avec John Rus-
sel un des postes les plus éminents du gouverne-
ment, celui de chancelier de l'Echiquier. Un troisième
partisan du canal, membre du cabinet, M. Milner'
Gibson, a été élu de son côté à Ashton-sur-Lyne.
M. Gibson avec M. Cobden représente dans le cabi-
net le parti réformiste avancé. Avant son élection, il
a dans un meeting, aux applaudissements de ses au-
diteurs, exposé la politique intérieure et extérieure
que devait suivre, selon lui, le cabinet auquel il est
associé. Nous croyons intéressant d'analyser ou de
citer les plus saillantes parties de cette sorte de pro-
gramme.
L'orateur d'abord explique l'esprit qui a présidé à
la formation du cabinet. La majorité qui a renversé
le ministère Derby se composait des quatre fractions
du grand parti libéral : la section qui vote avec lord
Palmerston, les peelites, les adhérents nombreux de
lord John Russell, et enfin le parti radical. C'est
dans les représentants de ces quatre fractions que le
cabinet a été choisi afin de conserver au parti libé-
ral, cette union qui vient de lui donner la victoire,
et dont le maintien peut seul rendre cette victoire
fructueuse et durable.
Faisons observer que la composition de ce cabinet
correspond en effet à ces quatre grandes divisions du
parti. Les peelites y sont représentés par M. Glad-
stone et sir Sydney Herbert ; la fraction de lord
John Russell, par ce noble lord et sir Charles Wood;
la fraction des radicaux par MM. Milner Gibson et
Cobden. En dehors de cette combinaison restent
MM. Bright et Rœbuck dont les sentiments sur la
question de Suez sont bien connus. Ainsi, sur l'ensem-
ble du parti libéral, les chefs de trois fractions sur qua-
tre ont déjà manifesté leur politique relativement à
l'affaire du canal, et, sans préjuger l'opinion actuelle
de lord Palmerston, nous avoiis pu observer dans
l'article du Times les symptômes des modifications
que cette situation nouvelle a dû apporter dans sa
manière de voir.
Cependant, M. Milner Gibson, après avoir indiqué
cette distribution du pouvoir entre les divers grou-
pes de la majorité, s'être applaudi d'avoir M. Cob-
den pour collègue, et avoir exprimé le regret de ne
point voir figurer aux affaires leur ami com-
mun , le populaire M. Bright, a abordé la ques-
tion étrangère, et sur ce sujet, qui absorbe toutes
les pensées en Angleterre comme sur le 'continent,
il a développé son programme en ces termes.
« Il est un sujet qui l'emporte sur tous les autres dans
vos esprits : c'est le danger de voir l'Angleterre mêlée
aux disputes, et peut-être, ce qu'à Dieu ne plaise,
engagée dans la guerre sévissant à cette heure sur le
continent. Je crois que la politique du gouvernement
est de conserver la paix et de maintenir une stricte et
impartiale neutralité. Je suis un de ceux qui désirent
spécialement cultiver des relations amicales avec toutes
les puissances étrangères, tout en maintenant en même
temps notre indépendance et notre dignité. Mais je
désire par-dessus tout qu'il n'y ait. rien de notre faute si ncus
ne conservons pas une entente cordiale et amicale avec notre plus
proche voisine, la France. Certains hommes s'imaginent
qu'il est nécessaire de fomenter des haines nationales et
d'encourager l'idée que nous avons des ennemis naturels
dans le monde. Je ne professe pas une telle doctrine. Il
est d'autres personnes qui pensent qu'en nous tenant
toujours dans des conditions de lutte et dans un état de
haine envers les étrangers, nous nourrissons dans notre
pays un esprit national et patriotique. Je repousse
également cette doctrine. Je soutiens la maxime que la
monie avec ses actes patents, manifestera ses inten-
tions conformes aux intérêts de l'Angleterre aussi
bien qu'aux vœux du monde, l'Egypte et la Turquie,
rendues à élles-mêmes, s'empresseront de doter et le
monde et leurs populations de ce vaste instrument de
civilisation et de richesse.
Or, ce jour est très-proche, et le ralliement du Times
en est le précurseur,
R ERNEST DESPLAGES.
LA POLITIQUE DU CABINET ANGLAIS.
Les séances de la chambré des communes sont sus-
pendues jusqu'à' -l'issue des réélections nécessitées
par l'investiture des membres du cabinet qui font
partie de cette assemblée. On attendait avec quelque
curiosité le résultat de ces élections. On supposait
pour quelques-unes d'entr'elles que les torys vou-
draient encore une fois essayer leur crédit sur l'opinion
électorale. Cependant, les nominations ministérielles
ou sont effectuées ou nous semblent dès à présent as
surées. Dans le vaste district de Marylebone, sirBenja-
min Hall, représentant de ce collége, et qui de son
vote a appuyé la motion de M. Roebuck, sera certai-
nement remplacé par un candidat de la même cou-
leur. Dans la cité, lord John Russel, dont on se
rappelle le discours si sensé et si ferme en, faveur
du canal de Suez, et qui occupe le poste important
de ministre des affaires étrangères, a été réélu sans
opposition, au milieu des marques les plus vives de
la sympathie et de la confiance électorales, et dans
son discours de remercîment, le noble lord s'est ap-
pliqué à protester de sa résolution à maintenir la
neutralité de l'Angleterre dans les conflits actuels et
à conserver les plus cordiales relations avec la nation
française. A Oxford, où les torys conservent une
grande influence, ils ont voulu combattre l'élection
de l'éloquent et honorable M. Gladstone, qui s'est
toujours montré l'ami généreux autant que judicieux
de l'alliance française, et a combattu dans toutes les
.occasions, avec sa haute supériorité, la résistance des
anciennes administrations au percement de' l'isthme.
M. Gladstone a été réélu, et il occupe avec John Rus-
sel un des postes les plus éminents du gouverne-
ment, celui de chancelier de l'Echiquier. Un troisième
partisan du canal, membre du cabinet, M. Milner'
Gibson, a été élu de son côté à Ashton-sur-Lyne.
M. Gibson avec M. Cobden représente dans le cabi-
net le parti réformiste avancé. Avant son élection, il
a dans un meeting, aux applaudissements de ses au-
diteurs, exposé la politique intérieure et extérieure
que devait suivre, selon lui, le cabinet auquel il est
associé. Nous croyons intéressant d'analyser ou de
citer les plus saillantes parties de cette sorte de pro-
gramme.
L'orateur d'abord explique l'esprit qui a présidé à
la formation du cabinet. La majorité qui a renversé
le ministère Derby se composait des quatre fractions
du grand parti libéral : la section qui vote avec lord
Palmerston, les peelites, les adhérents nombreux de
lord John Russell, et enfin le parti radical. C'est
dans les représentants de ces quatre fractions que le
cabinet a été choisi afin de conserver au parti libé-
ral, cette union qui vient de lui donner la victoire,
et dont le maintien peut seul rendre cette victoire
fructueuse et durable.
Faisons observer que la composition de ce cabinet
correspond en effet à ces quatre grandes divisions du
parti. Les peelites y sont représentés par M. Glad-
stone et sir Sydney Herbert ; la fraction de lord
John Russell, par ce noble lord et sir Charles Wood;
la fraction des radicaux par MM. Milner Gibson et
Cobden. En dehors de cette combinaison restent
MM. Bright et Rœbuck dont les sentiments sur la
question de Suez sont bien connus. Ainsi, sur l'ensem-
ble du parti libéral, les chefs de trois fractions sur qua-
tre ont déjà manifesté leur politique relativement à
l'affaire du canal, et, sans préjuger l'opinion actuelle
de lord Palmerston, nous avoiis pu observer dans
l'article du Times les symptômes des modifications
que cette situation nouvelle a dû apporter dans sa
manière de voir.
Cependant, M. Milner Gibson, après avoir indiqué
cette distribution du pouvoir entre les divers grou-
pes de la majorité, s'être applaudi d'avoir M. Cob-
den pour collègue, et avoir exprimé le regret de ne
point voir figurer aux affaires leur ami com-
mun , le populaire M. Bright, a abordé la ques-
tion étrangère, et sur ce sujet, qui absorbe toutes
les pensées en Angleterre comme sur le 'continent,
il a développé son programme en ces termes.
« Il est un sujet qui l'emporte sur tous les autres dans
vos esprits : c'est le danger de voir l'Angleterre mêlée
aux disputes, et peut-être, ce qu'à Dieu ne plaise,
engagée dans la guerre sévissant à cette heure sur le
continent. Je crois que la politique du gouvernement
est de conserver la paix et de maintenir une stricte et
impartiale neutralité. Je suis un de ceux qui désirent
spécialement cultiver des relations amicales avec toutes
les puissances étrangères, tout en maintenant en même
temps notre indépendance et notre dignité. Mais je
désire par-dessus tout qu'il n'y ait. rien de notre faute si ncus
ne conservons pas une entente cordiale et amicale avec notre plus
proche voisine, la France. Certains hommes s'imaginent
qu'il est nécessaire de fomenter des haines nationales et
d'encourager l'idée que nous avons des ennemis naturels
dans le monde. Je ne professe pas une telle doctrine. Il
est d'autres personnes qui pensent qu'en nous tenant
toujours dans des conditions de lutte et dans un état de
haine envers les étrangers, nous nourrissons dans notre
pays un esprit national et patriotique. Je repousse
également cette doctrine. Je soutiens la maxime que la
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