Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1859 15 juin 1859
Description : 1859/06/15 (A4,N72). 1859/06/15 (A4,N72).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529507c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
180 L'ISTHME DE SUEZ,
quer notre conscience de Français et notre devoir de ci-
toyens. Dans la guerre qui sévit en Italie, la Gazette
de Trieste fait des vœux pour le succès de l'Autriche ;
tous nos vœux sont pour le succès de la France.
Nous ne l'en blâmons point nous en pourrait-elle
blâmer? Et parce que nous désirons réunir tous les
peuples et tous les gouvernements autour d'un projet
qui doit réaliser tant de bienfaits pour le genre hu-
main, peut-on croire que pour cela nous irions déser-
ter le drapeau de notre pays, ou nous montrer indiffé-
rents, soit à son triomphe, soit à ses revers.
Cette situation, qui est la nôtre, est encore bien plus
celle deM. Ferdinand de Lesseps. Quand son pays, qu'il
a tant servi et qu'il sert encore à sa manière, a engagé
dans une lutte sa puissance et son drapeau, il lui
doit sans hésitation tout le tribut de son concours, et
si l'Autriche prétendait ne l'aider dans le percement
de l'isthme qu'à la condition de lui faire abdiquer
et ses obligations et son cœur de citoyen, elle lui
imposerait une condition injuste, blessante pour son
honneur, qui ne pourrait pas être acceptée, et qu'à
coup sûr et à tout risque il n'accepterait pas.
Posons un exemple à la Gazette de Trieste. Nos grandes
maisons financières deParis ont formé une Société inter-
nationale pour l'exploitation des chemins de fer au -
trichiens. A cette Société sont fortement intéressés
les plus riches banquiers de Vienne. Ces banquiers
sans contredit, dans leur patriotisme, assistent leur
gouvernement de tout leur crédit, de tous leurs ef-
forts. La Gazette de Trieste trouverait-elle honorable et
légitime que, pour châtier ou arrêter ces actes de
loyauté, le gouvernement français s'évertuât à nuire,
comme il le pourrait facilement, à ces sociétés, aux-
quelles sont mêlés les intérêts indivisibles des deux
nations ?
Si donc M. de Lesseps a usé de son influence pour
envoyer sur le sol italien quelques volontaires turbu-
lents en Egypte ; en un mot, s'il a renforcé les alliés
de quelques hommes de plus, il nous semble que
l'Autriche doit l'en honorer, non le lui imputer à
crime, comme nous honorerions tout Autrichien qui
agirait de même dans un cas analogue.
Entendons-nous bien ; nous soutenons que, dans
cette conjoncture, M. de Lesseps n'a fait que remplir
exactement son devoir, et qu'au point de vue, soit
de la morale, soit du droit, soit des convenances, quand
même il aurait spontanément et avec préméditation
provoqué le départ de ce léger renfort pour l'armée
alliée, sa conduite devrait être l'objet du respect et
non de la rancune de tous les hommes qui compren-
nent les lois et les sentiments du patriotisme.
Mais après avoir établi nettement et absolument le
principe, nous devons maintenant examiner les cir-
constances qui ont donné lieu aux récriminations
publiées.
M. de Lesseps était sur une terre neutre et amie.
Il 1 a le plus immense intérêt à ce que la paix de
l'Egypte ne soit point troublée par des colisions po-
litiques ; il est personnellement tout dévoué au gou-
vernement du vice-roi. Le hasard le met en pré-
sence d'un tumulte d'où peuvent sortir des compli-
cations et pour 1 Égypte et pour la diplomatie euro-
péenne, et enfin pour cette entreprise dont il est l'àme
et le représentant dans le monde. Il harangue les
groupes agités ; il leur fait sentir l'odieux de la vio-
lence ; il fait appel à leur respect pour l'hospitalité
reçue; et, prenant avantage des ardeurs dont le bouil-
lonnement les égare, il leur rappelle que ce n'est pas
par des émeutes à Alexandrie, mais par leur courage
et leur présence sur les champs de bataille, qu'ils peu-
vent servir la cause de leur patrie absente. Ce langage
est accueilli; les listes d'engagés se forment librement
et de très-fâcheuses difficultés sont ainsi écartées au
profit de la tranquillité de la ville, de la dignité du
gouvernement égyptien et des exaltés eux-mêmes.
Bien plus, l'Autriche elle-même doit en cette occa-
sion des remerciments à M. de Lesseps. Après avoir
assailli le consulat toscan, les groupes se dirigeaient
en effet sur le consulat d'Autriche, et, par ce qu'ils
avaient commis sur le théâtre de leur première ma-
nifestation, il était facile de prévoir ce qu'ils pouvaient
faire sur le second. M. de Lesseps, on peut hardiment
le supposer, a donc, par sa présence d'esprit, sauvé
d'une insulte le pavillon autrichien, l'Egypte d'un
embarras et le cabinet de Vienne lui-même d'une
demande de réparation et d'une complication nou-
velle que certes il ne doit pas juger désirable dans
l'état actuel des affaires. M. Ferdinand de Lesseps a
couvert ici le pavillon et le consulat de l'Autriche.
Certes ce pavillon, nous le reconnaissons, est assez
fort pour se couvrir et se défendre lui-même. Mais, en
même temps, il faut bien avouer que cet acte tout
spontané et tout dévoué de sa part serait loin d'être
un acte d'ingratitude envers l'Autriche, quelles que
fussent ses obligations envers elle.
Toutefois , quelles sont donc les obligations de
M. Ferdinand de Lesseps envers l'Autriche si consi-
dérables qu'elles lui imposeraient en quelque sorte
jusqu'à l'abdication de sa nationalité? Ce sont là des
discussions délicates que nous n'aimons point à abor-
der et qui sont de nature à jeter dans la bienveillance
réciproque un trouble que nous voudrions écarter.
Mais il nous faut bien cependant ne pas laisser la si-
tuation sous le coup des imputations de la Gazette de
Trieste. Soyons donc francs autant que nous voulons
rester modérés. Il est vrai, le gouvernement autri-
chien a montré une vive sollicitude pour le perce-
ment de l'isthme de Suez, et cette sollicitude, elle ne
date pas d'aujourd'hui, elle date de quinze ans.
Il est vrai, lorsque M. de Lesseps s'est trouvé à Vienne
et à Trieste, les personnages les plus considérables
du commerce, de la finance, du monde politique, lui
quer notre conscience de Français et notre devoir de ci-
toyens. Dans la guerre qui sévit en Italie, la Gazette
de Trieste fait des vœux pour le succès de l'Autriche ;
tous nos vœux sont pour le succès de la France.
Nous ne l'en blâmons point nous en pourrait-elle
blâmer? Et parce que nous désirons réunir tous les
peuples et tous les gouvernements autour d'un projet
qui doit réaliser tant de bienfaits pour le genre hu-
main, peut-on croire que pour cela nous irions déser-
ter le drapeau de notre pays, ou nous montrer indiffé-
rents, soit à son triomphe, soit à ses revers.
Cette situation, qui est la nôtre, est encore bien plus
celle deM. Ferdinand de Lesseps. Quand son pays, qu'il
a tant servi et qu'il sert encore à sa manière, a engagé
dans une lutte sa puissance et son drapeau, il lui
doit sans hésitation tout le tribut de son concours, et
si l'Autriche prétendait ne l'aider dans le percement
de l'isthme qu'à la condition de lui faire abdiquer
et ses obligations et son cœur de citoyen, elle lui
imposerait une condition injuste, blessante pour son
honneur, qui ne pourrait pas être acceptée, et qu'à
coup sûr et à tout risque il n'accepterait pas.
Posons un exemple à la Gazette de Trieste. Nos grandes
maisons financières deParis ont formé une Société inter-
nationale pour l'exploitation des chemins de fer au -
trichiens. A cette Société sont fortement intéressés
les plus riches banquiers de Vienne. Ces banquiers
sans contredit, dans leur patriotisme, assistent leur
gouvernement de tout leur crédit, de tous leurs ef-
forts. La Gazette de Trieste trouverait-elle honorable et
légitime que, pour châtier ou arrêter ces actes de
loyauté, le gouvernement français s'évertuât à nuire,
comme il le pourrait facilement, à ces sociétés, aux-
quelles sont mêlés les intérêts indivisibles des deux
nations ?
Si donc M. de Lesseps a usé de son influence pour
envoyer sur le sol italien quelques volontaires turbu-
lents en Egypte ; en un mot, s'il a renforcé les alliés
de quelques hommes de plus, il nous semble que
l'Autriche doit l'en honorer, non le lui imputer à
crime, comme nous honorerions tout Autrichien qui
agirait de même dans un cas analogue.
Entendons-nous bien ; nous soutenons que, dans
cette conjoncture, M. de Lesseps n'a fait que remplir
exactement son devoir, et qu'au point de vue, soit
de la morale, soit du droit, soit des convenances, quand
même il aurait spontanément et avec préméditation
provoqué le départ de ce léger renfort pour l'armée
alliée, sa conduite devrait être l'objet du respect et
non de la rancune de tous les hommes qui compren-
nent les lois et les sentiments du patriotisme.
Mais après avoir établi nettement et absolument le
principe, nous devons maintenant examiner les cir-
constances qui ont donné lieu aux récriminations
publiées.
M. de Lesseps était sur une terre neutre et amie.
Il 1 a le plus immense intérêt à ce que la paix de
l'Egypte ne soit point troublée par des colisions po-
litiques ; il est personnellement tout dévoué au gou-
vernement du vice-roi. Le hasard le met en pré-
sence d'un tumulte d'où peuvent sortir des compli-
cations et pour 1 Égypte et pour la diplomatie euro-
péenne, et enfin pour cette entreprise dont il est l'àme
et le représentant dans le monde. Il harangue les
groupes agités ; il leur fait sentir l'odieux de la vio-
lence ; il fait appel à leur respect pour l'hospitalité
reçue; et, prenant avantage des ardeurs dont le bouil-
lonnement les égare, il leur rappelle que ce n'est pas
par des émeutes à Alexandrie, mais par leur courage
et leur présence sur les champs de bataille, qu'ils peu-
vent servir la cause de leur patrie absente. Ce langage
est accueilli; les listes d'engagés se forment librement
et de très-fâcheuses difficultés sont ainsi écartées au
profit de la tranquillité de la ville, de la dignité du
gouvernement égyptien et des exaltés eux-mêmes.
Bien plus, l'Autriche elle-même doit en cette occa-
sion des remerciments à M. de Lesseps. Après avoir
assailli le consulat toscan, les groupes se dirigeaient
en effet sur le consulat d'Autriche, et, par ce qu'ils
avaient commis sur le théâtre de leur première ma-
nifestation, il était facile de prévoir ce qu'ils pouvaient
faire sur le second. M. de Lesseps, on peut hardiment
le supposer, a donc, par sa présence d'esprit, sauvé
d'une insulte le pavillon autrichien, l'Egypte d'un
embarras et le cabinet de Vienne lui-même d'une
demande de réparation et d'une complication nou-
velle que certes il ne doit pas juger désirable dans
l'état actuel des affaires. M. Ferdinand de Lesseps a
couvert ici le pavillon et le consulat de l'Autriche.
Certes ce pavillon, nous le reconnaissons, est assez
fort pour se couvrir et se défendre lui-même. Mais, en
même temps, il faut bien avouer que cet acte tout
spontané et tout dévoué de sa part serait loin d'être
un acte d'ingratitude envers l'Autriche, quelles que
fussent ses obligations envers elle.
Toutefois , quelles sont donc les obligations de
M. Ferdinand de Lesseps envers l'Autriche si consi-
dérables qu'elles lui imposeraient en quelque sorte
jusqu'à l'abdication de sa nationalité? Ce sont là des
discussions délicates que nous n'aimons point à abor-
der et qui sont de nature à jeter dans la bienveillance
réciproque un trouble que nous voudrions écarter.
Mais il nous faut bien cependant ne pas laisser la si-
tuation sous le coup des imputations de la Gazette de
Trieste. Soyons donc francs autant que nous voulons
rester modérés. Il est vrai, le gouvernement autri-
chien a montré une vive sollicitude pour le perce-
ment de l'isthme de Suez, et cette sollicitude, elle ne
date pas d'aujourd'hui, elle date de quinze ans.
Il est vrai, lorsque M. de Lesseps s'est trouvé à Vienne
et à Trieste, les personnages les plus considérables
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