Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juin 1859 01 juin 1859
Description : 1859/06/01 (A4,N71). 1859/06/01 (A4,N71).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529506z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
164 L'ISTHME DE SUEZ,
CHRONIQUE DE L'ISTHME.
Les travaux préparatoires auxquels M. Ferdinand
de Lesseps est allé présider en personne se poursui-
vent sans relâche dans l'isthme. Le promoteur du
canal leur communique son infatigable activité, et il
est admirablement secondé par les administrateurs
qui sont restés à côté de lui, par l'ingénieur en chef
directeur général des travaux, et par les agents de
l'entrepreneur général. Les opérations au port Said
marchent sans interruption. Le navire l'Isis, porteur
du second chargement de bois destiné à l'apponte-
ment et expédié de Marseille, a opéré son débarque-
ment. Le brick ottoman l'Etna a terminé en quatre
jours le déchargement du phare, de ses accessoires
et autres objets emportés d'Alexandrie. Le capitaine
du brick, de retour dans ce dernier port, a rendu
compte de la facilité que l'état de la côte et de la mer
lui avait présenté pour ses opérations. Ainsi chaque
jour de nouveaux faits, de nouvelles épreuves vien-
nent attester la bonne tenue et la sécurité de la baie
de Péluse.
Un des ingénieurs attachés à la Compagnie,
M. Laroche, a fait commencer le montage du phare.
M. Larousse, ingénieur hydrographe, continue ses
études hydrographiques sur le lac Menzaleh. Des
sections de géomètres travaillent sur tout le parcours
de l'isthme. Enfin, le représentant de l'entrepreneur,
M. Alf. Feinieux, s'occupe de préparer le creusement
des puits.
En même temps tout s'organise pour la prochaine
campagne dont les résultats, nous l'espérons, seront
de nature à satisfaire le public et à convaincre les
plus incrédules.
Les affaires de la Compagnie sont donc en Egypte
dans la situation la plus satisfaisante. Les travaux
s'exécutent dans toute la mesure possible, et le consul
d'Angleterre a déclaré qu'il n'avait aucune réclama-
tion à faire à ce sujet.
Cependant les dépêches télégraphiques ont annoncé,
il y a quelques jours, que le consul d'Autriche avait
cru devoir présenter quelques observations. Cet inci-
dent a étonné tout le monde. L'Autriche, par ses
personnages les plus éminents, par les démonstrations
les plus éclatantes, par toutes les marques de sympa-
thies qu'elle a prodiguées à M. Ferd. de Lesseps dans
ses nombreux voyages à Vienne, à Trieste, à Venise,
etc. ; par les délibérations explicites de ses ministres
les plus influents, n'a jamais dissimulé l'importance
qu'elle attachait à l'exécution du canal de Suez. Il
est hors de doute que Trieste est une des villes qui
ont le plus à gagner à l'achèvement de cette œuvre,
et l'opposition de l'Autriche au projet ne serait pas
autre chose qu'un acte d'abdication et d'abnégation
inouï. Aussi sommes-nous parfaitement convaincus
que dans cette circonstance le consul de S. M. I. et R.
ou a cédé à des obsessions étrangères, ou est loin de
se conformer aux instructions qu'il doit avoir reçues.
Il y a beaucoup d'intrigues en Egypte, et nous soup-
çonnons fort M le consul d'Autriche de s'être laissé
prendra à l'un des piéges que ces intrigues sèment
de toute part sous les pas des personnes qu'elles sup-
posent avoir quelque influence.
Au surplus, nos informations nous apprennent que
repoussée par le vice-roi, cette démarche n'a pas eu
d'autre suite, et nous pensons que le cabinet de Vienne
saura bien en empêcher le renouvellement.
D'un autre côté, le gouvernement de S. A. le vice-
roi, ne cesse de témoigner tout l'intérêt qu'il attache
à cette grande conception, issue de son initiative.
La Compagnie vient encore de recevoir une preuve
marquée de la sollicitude et de la bienveillance de
S. A. Le prince, en quelques jours, a fait creuser par
10,000 ouvriers un canal de communication entre le
Nil, un peu au-dessus de Damiette, et le lac Menzaleh,
à proximité duquel est située l'embouchure du canal
maritime. Ce canal de communication, pour être
poussé jusqu'à Port-Saïd, ne demande qu'une courte
tranchée dans le lido qui sépare le lac de la mer. Il a
15 mètres de large, lm ,50 de profondeur, et il est
terminé. Indépendamment de ses avantages pour
l'approvisionnement des chantiers, pour l'alimentation
et le bien-être des ouvriers qui y sont employés, il
versera dans le lac iMenzaleh une quantité considé-
rable d'eau douce qui contribuera à y faciliter la
circulation des barques et à multiplier le poisson qui
fourmille dans ce lac, produisant par conséquent
pour les travailleurs des vivres lu is, économiques et
abondants.
Cependant, M. de Lesseps, à Alexandrie, poursuit
assidûment auprès du gouvernement égyptien la so-
lution de toutes les questions de détail qui doivent
aplanir les difficultés et assurer la rapidité de la
marche de l'entreprise. Pendant son séjour, il a eu
l'occasion, par l'ascendant de son caractère et la po-
pularité de sa personne, de rendre à la ville d'Alexan-
drie une tranquillité que des circonstances regretta-
bles avaient troublée, et de servir à la fois la France,
l'Italie et l'Egypte.
Lorsque les Italiens résidant à Alexandrie ont connu
le soulèvement de la Toscane , ils se sont réunis en
groupes, ont parcouru les rues au cri de vive l' /talie!
vive la France ! et se sont portés au consulat de Tos-
cane , dont ils ont détaché et brûlé l'écusson , en y
substituant le pavillon sarde.
Ils se dirigeaient ensuite, pour exécuter des dé-
monstrations, vers d'autres consulats, et il allait être
impossible à la police locale de ne pas intervenir
pour maintenir l'ordre, réprimer le tumulte et faire
respecter les droits diplomatiques. C'était une chance
de collision toujours fâcheuse, en Orient plus qu'ail-
leurs, entre les Européens et la force publique. Par
a
CHRONIQUE DE L'ISTHME.
Les travaux préparatoires auxquels M. Ferdinand
de Lesseps est allé présider en personne se poursui-
vent sans relâche dans l'isthme. Le promoteur du
canal leur communique son infatigable activité, et il
est admirablement secondé par les administrateurs
qui sont restés à côté de lui, par l'ingénieur en chef
directeur général des travaux, et par les agents de
l'entrepreneur général. Les opérations au port Said
marchent sans interruption. Le navire l'Isis, porteur
du second chargement de bois destiné à l'apponte-
ment et expédié de Marseille, a opéré son débarque-
ment. Le brick ottoman l'Etna a terminé en quatre
jours le déchargement du phare, de ses accessoires
et autres objets emportés d'Alexandrie. Le capitaine
du brick, de retour dans ce dernier port, a rendu
compte de la facilité que l'état de la côte et de la mer
lui avait présenté pour ses opérations. Ainsi chaque
jour de nouveaux faits, de nouvelles épreuves vien-
nent attester la bonne tenue et la sécurité de la baie
de Péluse.
Un des ingénieurs attachés à la Compagnie,
M. Laroche, a fait commencer le montage du phare.
M. Larousse, ingénieur hydrographe, continue ses
études hydrographiques sur le lac Menzaleh. Des
sections de géomètres travaillent sur tout le parcours
de l'isthme. Enfin, le représentant de l'entrepreneur,
M. Alf. Feinieux, s'occupe de préparer le creusement
des puits.
En même temps tout s'organise pour la prochaine
campagne dont les résultats, nous l'espérons, seront
de nature à satisfaire le public et à convaincre les
plus incrédules.
Les affaires de la Compagnie sont donc en Egypte
dans la situation la plus satisfaisante. Les travaux
s'exécutent dans toute la mesure possible, et le consul
d'Angleterre a déclaré qu'il n'avait aucune réclama-
tion à faire à ce sujet.
Cependant les dépêches télégraphiques ont annoncé,
il y a quelques jours, que le consul d'Autriche avait
cru devoir présenter quelques observations. Cet inci-
dent a étonné tout le monde. L'Autriche, par ses
personnages les plus éminents, par les démonstrations
les plus éclatantes, par toutes les marques de sympa-
thies qu'elle a prodiguées à M. Ferd. de Lesseps dans
ses nombreux voyages à Vienne, à Trieste, à Venise,
etc. ; par les délibérations explicites de ses ministres
les plus influents, n'a jamais dissimulé l'importance
qu'elle attachait à l'exécution du canal de Suez. Il
est hors de doute que Trieste est une des villes qui
ont le plus à gagner à l'achèvement de cette œuvre,
et l'opposition de l'Autriche au projet ne serait pas
autre chose qu'un acte d'abdication et d'abnégation
inouï. Aussi sommes-nous parfaitement convaincus
que dans cette circonstance le consul de S. M. I. et R.
ou a cédé à des obsessions étrangères, ou est loin de
se conformer aux instructions qu'il doit avoir reçues.
Il y a beaucoup d'intrigues en Egypte, et nous soup-
çonnons fort M le consul d'Autriche de s'être laissé
prendra à l'un des piéges que ces intrigues sèment
de toute part sous les pas des personnes qu'elles sup-
posent avoir quelque influence.
Au surplus, nos informations nous apprennent que
repoussée par le vice-roi, cette démarche n'a pas eu
d'autre suite, et nous pensons que le cabinet de Vienne
saura bien en empêcher le renouvellement.
D'un autre côté, le gouvernement de S. A. le vice-
roi, ne cesse de témoigner tout l'intérêt qu'il attache
à cette grande conception, issue de son initiative.
La Compagnie vient encore de recevoir une preuve
marquée de la sollicitude et de la bienveillance de
S. A. Le prince, en quelques jours, a fait creuser par
10,000 ouvriers un canal de communication entre le
Nil, un peu au-dessus de Damiette, et le lac Menzaleh,
à proximité duquel est située l'embouchure du canal
maritime. Ce canal de communication, pour être
poussé jusqu'à Port-Saïd, ne demande qu'une courte
tranchée dans le lido qui sépare le lac de la mer. Il a
15 mètres de large, lm ,50 de profondeur, et il est
terminé. Indépendamment de ses avantages pour
l'approvisionnement des chantiers, pour l'alimentation
et le bien-être des ouvriers qui y sont employés, il
versera dans le lac iMenzaleh une quantité considé-
rable d'eau douce qui contribuera à y faciliter la
circulation des barques et à multiplier le poisson qui
fourmille dans ce lac, produisant par conséquent
pour les travailleurs des vivres lu is, économiques et
abondants.
Cependant, M. de Lesseps, à Alexandrie, poursuit
assidûment auprès du gouvernement égyptien la so-
lution de toutes les questions de détail qui doivent
aplanir les difficultés et assurer la rapidité de la
marche de l'entreprise. Pendant son séjour, il a eu
l'occasion, par l'ascendant de son caractère et la po-
pularité de sa personne, de rendre à la ville d'Alexan-
drie une tranquillité que des circonstances regretta-
bles avaient troublée, et de servir à la fois la France,
l'Italie et l'Egypte.
Lorsque les Italiens résidant à Alexandrie ont connu
le soulèvement de la Toscane , ils se sont réunis en
groupes, ont parcouru les rues au cri de vive l' /talie!
vive la France ! et se sont portés au consulat de Tos-
cane , dont ils ont détaché et brûlé l'écusson , en y
substituant le pavillon sarde.
Ils se dirigeaient ensuite, pour exécuter des dé-
monstrations, vers d'autres consulats, et il allait être
impossible à la police locale de ne pas intervenir
pour maintenir l'ordre, réprimer le tumulte et faire
respecter les droits diplomatiques. C'était une chance
de collision toujours fâcheuse, en Orient plus qu'ail-
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