Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-07-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 juillet 1859 01 juillet 1859
Description : 1859/07/01 (A4,N73). 1859/07/01 (A4,N73).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529508s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
194 L'ISTHME DE SUEZ,
Cet acte de l'organe le plus influent que possédât, en
Angleterre, l'opposition au percement de l'isthme, a
produit à Paris une profonde et heureuse sensation.
Cette sensation, il l'eût faite dans tous les cas ; mais
elle a pris une nouvelle force des conjonctures en
présence desquelles il vient de s'accomplir.
Par suite de la pression de ses agents sur les bords
du Bosphore et en Egypte, le ministère Derby avait
enfin réussi à entraîner, soit le gouvernement du sul-
tan, soit le gouvernement du vice-roi à des repré-
sentations défavorables aux progrès poursuivis du
canal des deux mers. La nouvelle de ces embarras
est venue en Europe et à Londres avant le 23 juin, et
par conséquent la déclaration du Tim,ps peut être con-
sidérée comme une sorte de désaveu des résolutions
malheureusement trop précipitées qui ont été prises
soit à Constantinople, soit au Caire.
Il est certain que ces résolutions n'ont pas produit
un moins fâcheux effet à Londres même qu'en France,
et que la bourse de la Cité a accueilli avec un cri de
confusion la part qu'on y attribue au cabinet déchu.
Il n'est donc pas étonnant que le Times, qui peut
parfois ne point apprécier exactement le sentiment
public, et chercher même dans ses commencements à
le détourner ou le modifier, mais qui se fait toujours
un devoir et un système de le suivie dès que son
courant s'est manifestement prononcé , ait com-
pris que le moment était venu pour lui de se
mettre à la fois du côté de la justice, de l'intérêt uni-
versel, de l'unanimité de l'opinion européenne et de
lft très-grande majorité de l'opinion anglaise.
Cependant cet échec subit a singulièrement décon-
certé le petit nombre d'individus qui, parmi nous ,
pensent se rendre agréables aux passions britanni-
ques eu décriant le canal de Suez. Ils sentent que la
déclaration du Times dérobe le terrain sou3 leurs pas.
Ils cherchent une explication à ce qu'ils considèrent
comme une conversion fâcheuse, et voici celle qu'ils
ont trouvée :
La Porte et l'Égypte s'étant compromises aux yeux
de l'Europe, et engagées par leurs dernières démar-
ches, le Times, dans sa profondeur, aurait jugé le
moment propice pour les abandonner, pour exonérer
l'Angleterre de la responsabilité des obstacles qu'elle
a suscités, et laisser retomber sur les gouvernements
qu'elle a contraints tout l'odieux d'une opposition dont
elle recueillerait seule le bénéfice.
Nous n'avons pas besoin de dire notre pensée sur
ce machiavélisme de commentateurs. Nous avons eu
à exprimer plus d'un dissentiment avec le Times,
mais nous ne lui avons jamais prêté ni tant de roue-
rie ni tant de puérilité. Ce sont là des licences que les
amis seuls se permettent, et le résultat infaillible de
cette tactique serait pour lui de se discréditer à
Constantinople et au Caire, et de ne pas trouver une
seule dupe en Europe.
La vérité n'est pas là, et selon nous le journal an-
glais a bien voulu dire ce qu'il a dit. Ses paroles sont
nettes et affirmatives, son engagement est absolu :
« L'Angleterre, on y peut compter, sera satisfaite de
voir le canal exécuté. L'Angleterre, elle le sait, en
retirera les principaux bénéfices. »
Dès lors, sans contredit, tout dissentiment doit
disparaître et a disparu entre les entrepreneurs
du canal et le gouvernement britannique. Il n'y
a plus qu'un cri et qu'une volonté en Occident
comme en Orient. Il n'y a plus qu'à se mettre ardem-
ment à l'œuvre tous ensemble et tous d'accord pour
obtenir l'autorisation du sultan, si elle est jugée né-
cessaire, pour lever tous les obstacles, de quelque
nature qu'ils soient.
Nous défions toute logique de contester ces conclu-
sions tirées des prémisses du Times. Nous devons donc
regarder et nous regardons, dès à présent, l'opposi-
tion anglaise comme éteinte. Ce n'est point certaine-
ment avec légèreté, ce n'est point sans avoir consulté
les inspirateurs habituels et aujourd'hui officiels-de
sa politique, que le Times a pu faire un pas aussi dé-
cidé et aussi éclatant dans des voies qui, jusqu'ici,
n'avaient point été les siennes. L'Europe et la France
prennent acte avec joie et sympathie des faits recon-
nus et constatés par le Times, et elles s'applaudissent
désormais de compter l'Angleterre et son journal le
plus important parmi ceux qui proclament l'utilité
générale et les immenses avantages du canal de
Suez.
Toutefois, ne le dissimulons point, le Times fait une
réserve. Il soupire après la réalisation du projet; il
en admet les larges profits pour l'Angleterre, mais il
a peine encore à croire à sa praticabilité. Il va même
plus loin. Dans une autre partie de son article, il le
qualifie de fou et d'illusoire. On le voit, le Times reste
encore fidèle à sa foi dansi'infaiilibilité de M. Stephen-
son. Hélas ! de toutes les erreurs humaines, les su-
perstitions sont les plus tenaces. Mais qu'importe au
fond de la chose? Cette incrédulité aurait son poids,
si la Compagnie universelle demandait au Times de
s'associer à l'entreprise par ses capitaux ou sollicitait
les capitaux de l'Angleterrre. Or, si elle est prête à
s'associer aux Anglais dans le cas où cela leur serait
agréable, elle n'a pas besoin de leurs capitaux, elle
ne leur demande rien. Le seul secours qu'elle
réclame, comme suffisant, à la sympathie britan-
nique, c'est le secours de sa neutralité. C'est peu
sans doute dans une affaire qu'elle verrait se réaliser
avec bonheur, de laquelle elle a, de son aveu, à reti-
rer de si beaux avantages, et certainement l'Angle-
terre donnera plus et mieux. Mais enfin, nous le répé-
tons, il suffit à la Compagnie de la neutralité de
l'Angleterre, à la condition que cette neutralité sera
sincère, complète, nettement déclarée ; qu'elle aura
fait ce qu'il faut pour en convaincre les gouverne-
Cet acte de l'organe le plus influent que possédât, en
Angleterre, l'opposition au percement de l'isthme, a
produit à Paris une profonde et heureuse sensation.
Cette sensation, il l'eût faite dans tous les cas ; mais
elle a pris une nouvelle force des conjonctures en
présence desquelles il vient de s'accomplir.
Par suite de la pression de ses agents sur les bords
du Bosphore et en Egypte, le ministère Derby avait
enfin réussi à entraîner, soit le gouvernement du sul-
tan, soit le gouvernement du vice-roi à des repré-
sentations défavorables aux progrès poursuivis du
canal des deux mers. La nouvelle de ces embarras
est venue en Europe et à Londres avant le 23 juin, et
par conséquent la déclaration du Tim,ps peut être con-
sidérée comme une sorte de désaveu des résolutions
malheureusement trop précipitées qui ont été prises
soit à Constantinople, soit au Caire.
Il est certain que ces résolutions n'ont pas produit
un moins fâcheux effet à Londres même qu'en France,
et que la bourse de la Cité a accueilli avec un cri de
confusion la part qu'on y attribue au cabinet déchu.
Il n'est donc pas étonnant que le Times, qui peut
parfois ne point apprécier exactement le sentiment
public, et chercher même dans ses commencements à
le détourner ou le modifier, mais qui se fait toujours
un devoir et un système de le suivie dès que son
courant s'est manifestement prononcé , ait com-
pris que le moment était venu pour lui de se
mettre à la fois du côté de la justice, de l'intérêt uni-
versel, de l'unanimité de l'opinion européenne et de
lft très-grande majorité de l'opinion anglaise.
Cependant cet échec subit a singulièrement décon-
certé le petit nombre d'individus qui, parmi nous ,
pensent se rendre agréables aux passions britanni-
ques eu décriant le canal de Suez. Ils sentent que la
déclaration du Times dérobe le terrain sou3 leurs pas.
Ils cherchent une explication à ce qu'ils considèrent
comme une conversion fâcheuse, et voici celle qu'ils
ont trouvée :
La Porte et l'Égypte s'étant compromises aux yeux
de l'Europe, et engagées par leurs dernières démar-
ches, le Times, dans sa profondeur, aurait jugé le
moment propice pour les abandonner, pour exonérer
l'Angleterre de la responsabilité des obstacles qu'elle
a suscités, et laisser retomber sur les gouvernements
qu'elle a contraints tout l'odieux d'une opposition dont
elle recueillerait seule le bénéfice.
Nous n'avons pas besoin de dire notre pensée sur
ce machiavélisme de commentateurs. Nous avons eu
à exprimer plus d'un dissentiment avec le Times,
mais nous ne lui avons jamais prêté ni tant de roue-
rie ni tant de puérilité. Ce sont là des licences que les
amis seuls se permettent, et le résultat infaillible de
cette tactique serait pour lui de se discréditer à
Constantinople et au Caire, et de ne pas trouver une
seule dupe en Europe.
La vérité n'est pas là, et selon nous le journal an-
glais a bien voulu dire ce qu'il a dit. Ses paroles sont
nettes et affirmatives, son engagement est absolu :
« L'Angleterre, on y peut compter, sera satisfaite de
voir le canal exécuté. L'Angleterre, elle le sait, en
retirera les principaux bénéfices. »
Dès lors, sans contredit, tout dissentiment doit
disparaître et a disparu entre les entrepreneurs
du canal et le gouvernement britannique. Il n'y
a plus qu'un cri et qu'une volonté en Occident
comme en Orient. Il n'y a plus qu'à se mettre ardem-
ment à l'œuvre tous ensemble et tous d'accord pour
obtenir l'autorisation du sultan, si elle est jugée né-
cessaire, pour lever tous les obstacles, de quelque
nature qu'ils soient.
Nous défions toute logique de contester ces conclu-
sions tirées des prémisses du Times. Nous devons donc
regarder et nous regardons, dès à présent, l'opposi-
tion anglaise comme éteinte. Ce n'est point certaine-
ment avec légèreté, ce n'est point sans avoir consulté
les inspirateurs habituels et aujourd'hui officiels-de
sa politique, que le Times a pu faire un pas aussi dé-
cidé et aussi éclatant dans des voies qui, jusqu'ici,
n'avaient point été les siennes. L'Europe et la France
prennent acte avec joie et sympathie des faits recon-
nus et constatés par le Times, et elles s'applaudissent
désormais de compter l'Angleterre et son journal le
plus important parmi ceux qui proclament l'utilité
générale et les immenses avantages du canal de
Suez.
Toutefois, ne le dissimulons point, le Times fait une
réserve. Il soupire après la réalisation du projet; il
en admet les larges profits pour l'Angleterre, mais il
a peine encore à croire à sa praticabilité. Il va même
plus loin. Dans une autre partie de son article, il le
qualifie de fou et d'illusoire. On le voit, le Times reste
encore fidèle à sa foi dansi'infaiilibilité de M. Stephen-
son. Hélas ! de toutes les erreurs humaines, les su-
perstitions sont les plus tenaces. Mais qu'importe au
fond de la chose? Cette incrédulité aurait son poids,
si la Compagnie universelle demandait au Times de
s'associer à l'entreprise par ses capitaux ou sollicitait
les capitaux de l'Angleterrre. Or, si elle est prête à
s'associer aux Anglais dans le cas où cela leur serait
agréable, elle n'a pas besoin de leurs capitaux, elle
ne leur demande rien. Le seul secours qu'elle
réclame, comme suffisant, à la sympathie britan-
nique, c'est le secours de sa neutralité. C'est peu
sans doute dans une affaire qu'elle verrait se réaliser
avec bonheur, de laquelle elle a, de son aveu, à reti-
rer de si beaux avantages, et certainement l'Angle-
terre donnera plus et mieux. Mais enfin, nous le répé-
tons, il suffit à la Compagnie de la neutralité de
l'Angleterre, à la condition que cette neutralité sera
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