Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1859 15 juin 1859
Description : 1859/06/15 (A4,N72). 1859/06/15 (A4,N72).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529507c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 185
fondations de sa capitale sur le territoire même de
Charles XII, et que sur les bords fangeux de la Néwa
s'élevait à son ordre une ville de granit en commu-
nication facile avec l'Occident, son regard se fixait
à l'Orient sur les immenses cours d'eau qui sillon-
naient le nord de l'Asie pour en faire des canaux
qui devaient relier toutes les mers à son vaste em-
pire.
Sous son règne déjà la Baltique, par le Volga et le
Don, était réunie à la mer Caspienne et à la mer Noire ;
par l'Obi, l'Irtisch, Yleneissei, Y Angara, la Lena et
YAmur, que les Russes prononcent Amour, il reliait
la Russie d'Europe à l'océan Glacial et au grand océan
Pacifique.
En construisant des forts sur tous ces fleuves, de-
puis la Kama jusqu'à la mer d' Okhotsclr" il faisait
naître sur la carte et à la civilisation Eklttherinebourg,
Solimskaïa sur la Kama; il agrandissait Tobolsk sur
Y Irtisch; il fondait Tomsk sur la Tom, Jeneiseisch et
Krasnoiark sur le fleuve leneissei, qui, sorti de la
Mongolie, va, dans un cours de mille lieues, ouvrir
un golfe couvert d'îles, auquel il donne son nom, en
face de la mer de Kara et des glaces polaires. Les forts
d'Alachanskoï et d'Irkoursk devenaient des villes qui
commandaient le cours de l'Angara à sa sortie du lac
Baïkal. Selinginsk, sur la Selenga, et Albazine sur
l'Amur, devenaient des centres que devaient agrandir
les populations mongoles et tartares.
L'empereur de la Chine, ému de ce travail gigan-
tesque d'une nation dont il se croyait séparé par les
steppes sablonneuses de la Mongolie et les déserts
salins du Gobi, dirigea des troupes sur la vallée de
l'Amur, où divers combats eurent lieu entre les trou-
pes des deux nations. Albazine, surprise par les
troupes tartares chinoises, fut obligée de capituler,
et les cosaques qui la défendaient devinrent à Pé-King
la souehe d'où sortit cette population grecque russe
qui augmente de jour en jour dans la capitale de la
Chine.
- Depuis, la Russie occupée plus sérieusement en
Occident, avait abandonné le cours de l'Amur à la
Chine, par le traité de 1689. Mais elle obtint de bàtir
un couvent et une église russe à Pé-King, afin de
conserver à la religion chrétienne les descendants
des Russes pris dans la guerre et d'entretenir une
mission composée de dix personnes, qui serait renou-
velée tous les dix ans.
Ce traité passé à la frontière tartare , sous l'in-
fluence d'un missionnaire français, le père Gerbillon,
plénipotentiaire de l'empereur de la Chine, fut renou-
velé depuis par le traité du 14 juin 1728.
L'article 5 de ce dernier traité contenait les dispo-
sitions suivantes : « Les Russes occuperont à l'avenir,
» à Pé-King, le Kouan ou cour qu'ils habitent en ce
» moment. D'après les désirs de l'ambassade russe,
» il sera construit une église avec l'assistance du
» gouvernement chinois. Le prêtre qui réside à Pé-
a King, et les trois autres qu'on y attend, selon les
» conventions, seront logés dans le Kouan ci-dessus
» mentionné. Trois prêtres seront attachés à la même
» église et recevront les mêmes provisions que le
» prêtre actuel. Il sera permis aux Russes d'adorer
» leur Dieu selon les rites de leur religion. On recevra
» encore dans cette maison quatre jeunes étudiants
» et deux d'un âge plus avancé, sachant les langues
D russe et latine, que l'ambassadeur désire laisser à
» Pé-King pour apprendre les langues du pays. Ils
» seront nourris aux frais de l'empereur , et auront
» la liberté de retourner dans leur pays aussitôt qu'ils
» auront fini leurs études. »
C'est par suite de ce traité que l'influence russe
s'est fait toujours sentir à Pé-King et qu'elle dominera
de plus en plus. Une population russe assez nom-
breuse, que la politique moscovite s'est bien gardée
de rappeler, y est mêlée à la population de la capitale
chinoise. Deux établissements politiques et religieux
y avaient été fondés. Le premier est au midi de la
ville tartare et se nomme Hœi toung Kouan, dans la
rue Toung siang mi siang, et l'autre, qui se nomme
Pei-Tang, à l'angle nord-est de la ville tartare.
La Russie fait étudier toute les langues de l'Asie
dans ses universités; elle possède un grand nombre de
sinologues érudits, parmi lesquels il faut compter le
R. père Yacinthe Pitchoniew, dont l'Europe savante
connaît les travaux ; l'archimandrite Vinianime,
homme distingué et d'un noble caractère ; le R. P.
Avacum, savant modeste ; Anlonoivitz Goskewitch,
employé au département asiatique ; le laborieux
Léontiewski et une foule d'autres employés comme
professeurs aux universités de Kasan, d'irkoursk, d'As-
trakan, ou chargés des affaires internationales à
Kiakhta, à Orembourg, à Samarcande à Khiva et jusque
dans l'Indoustan.
La Russie ne néglige aucun moyen d'influence,
elle possède des imprimeries en caractères de toutes
les langues de l'Asie dans toutes les universités asia-
tiques, et les presses sont toujours en grande activité.
Il faut le reconnaître, tous les Russes sont animés
de l'esprit de leur gouvernement et doués du plus
merveilleux instinct de patriotisme. Aussi on les
voit seconder de toutes leurs forces et toute leur in-
telligence ce travail intérieur qui tend à faire de
leur pays la grande patrie, comme ils l'appellent dans
leurs solennités littéraires ou industrielles, dans la
chaire de leurs écoles et sur leurs théâtres. J'ai vu
un marchand russe donner cent mille roubles à la
Société de géographie de Saint-Pétersbourg pour un
prix de découvertes en Asie.
Leur prépondérance dans_l'Asie centrale s'accroit
de jour en Jour lis a a-r suzeraineté sur
la Perse à la suite >-jt,'aSkewzt, ils oc-
cupent par leur ;::J;)fJ;_ll de la mer Cas-
fondations de sa capitale sur le territoire même de
Charles XII, et que sur les bords fangeux de la Néwa
s'élevait à son ordre une ville de granit en commu-
nication facile avec l'Occident, son regard se fixait
à l'Orient sur les immenses cours d'eau qui sillon-
naient le nord de l'Asie pour en faire des canaux
qui devaient relier toutes les mers à son vaste em-
pire.
Sous son règne déjà la Baltique, par le Volga et le
Don, était réunie à la mer Caspienne et à la mer Noire ;
par l'Obi, l'Irtisch, Yleneissei, Y Angara, la Lena et
YAmur, que les Russes prononcent Amour, il reliait
la Russie d'Europe à l'océan Glacial et au grand océan
Pacifique.
En construisant des forts sur tous ces fleuves, de-
puis la Kama jusqu'à la mer d' Okhotsclr" il faisait
naître sur la carte et à la civilisation Eklttherinebourg,
Solimskaïa sur la Kama; il agrandissait Tobolsk sur
Y Irtisch; il fondait Tomsk sur la Tom, Jeneiseisch et
Krasnoiark sur le fleuve leneissei, qui, sorti de la
Mongolie, va, dans un cours de mille lieues, ouvrir
un golfe couvert d'îles, auquel il donne son nom, en
face de la mer de Kara et des glaces polaires. Les forts
d'Alachanskoï et d'Irkoursk devenaient des villes qui
commandaient le cours de l'Angara à sa sortie du lac
Baïkal. Selinginsk, sur la Selenga, et Albazine sur
l'Amur, devenaient des centres que devaient agrandir
les populations mongoles et tartares.
L'empereur de la Chine, ému de ce travail gigan-
tesque d'une nation dont il se croyait séparé par les
steppes sablonneuses de la Mongolie et les déserts
salins du Gobi, dirigea des troupes sur la vallée de
l'Amur, où divers combats eurent lieu entre les trou-
pes des deux nations. Albazine, surprise par les
troupes tartares chinoises, fut obligée de capituler,
et les cosaques qui la défendaient devinrent à Pé-King
la souehe d'où sortit cette population grecque russe
qui augmente de jour en jour dans la capitale de la
Chine.
- Depuis, la Russie occupée plus sérieusement en
Occident, avait abandonné le cours de l'Amur à la
Chine, par le traité de 1689. Mais elle obtint de bàtir
un couvent et une église russe à Pé-King, afin de
conserver à la religion chrétienne les descendants
des Russes pris dans la guerre et d'entretenir une
mission composée de dix personnes, qui serait renou-
velée tous les dix ans.
Ce traité passé à la frontière tartare , sous l'in-
fluence d'un missionnaire français, le père Gerbillon,
plénipotentiaire de l'empereur de la Chine, fut renou-
velé depuis par le traité du 14 juin 1728.
L'article 5 de ce dernier traité contenait les dispo-
sitions suivantes : « Les Russes occuperont à l'avenir,
» à Pé-King, le Kouan ou cour qu'ils habitent en ce
» moment. D'après les désirs de l'ambassade russe,
» il sera construit une église avec l'assistance du
» gouvernement chinois. Le prêtre qui réside à Pé-
a King, et les trois autres qu'on y attend, selon les
» conventions, seront logés dans le Kouan ci-dessus
» mentionné. Trois prêtres seront attachés à la même
» église et recevront les mêmes provisions que le
» prêtre actuel. Il sera permis aux Russes d'adorer
» leur Dieu selon les rites de leur religion. On recevra
» encore dans cette maison quatre jeunes étudiants
» et deux d'un âge plus avancé, sachant les langues
D russe et latine, que l'ambassadeur désire laisser à
» Pé-King pour apprendre les langues du pays. Ils
» seront nourris aux frais de l'empereur , et auront
» la liberté de retourner dans leur pays aussitôt qu'ils
» auront fini leurs études. »
C'est par suite de ce traité que l'influence russe
s'est fait toujours sentir à Pé-King et qu'elle dominera
de plus en plus. Une population russe assez nom-
breuse, que la politique moscovite s'est bien gardée
de rappeler, y est mêlée à la population de la capitale
chinoise. Deux établissements politiques et religieux
y avaient été fondés. Le premier est au midi de la
ville tartare et se nomme Hœi toung Kouan, dans la
rue Toung siang mi siang, et l'autre, qui se nomme
Pei-Tang, à l'angle nord-est de la ville tartare.
La Russie fait étudier toute les langues de l'Asie
dans ses universités; elle possède un grand nombre de
sinologues érudits, parmi lesquels il faut compter le
R. père Yacinthe Pitchoniew, dont l'Europe savante
connaît les travaux ; l'archimandrite Vinianime,
homme distingué et d'un noble caractère ; le R. P.
Avacum, savant modeste ; Anlonoivitz Goskewitch,
employé au département asiatique ; le laborieux
Léontiewski et une foule d'autres employés comme
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Kiakhta, à Orembourg, à Samarcande à Khiva et jusque
dans l'Indoustan.
La Russie ne néglige aucun moyen d'influence,
elle possède des imprimeries en caractères de toutes
les langues de l'Asie dans toutes les universités asia-
tiques, et les presses sont toujours en grande activité.
Il faut le reconnaître, tous les Russes sont animés
de l'esprit de leur gouvernement et doués du plus
merveilleux instinct de patriotisme. Aussi on les
voit seconder de toutes leurs forces et toute leur in-
telligence ce travail intérieur qui tend à faire de
leur pays la grande patrie, comme ils l'appellent dans
leurs solennités littéraires ou industrielles, dans la
chaire de leurs écoles et sur leurs théâtres. J'ai vu
un marchand russe donner cent mille roubles à la
Société de géographie de Saint-Pétersbourg pour un
prix de découvertes en Asie.
Leur prépondérance dans_l'Asie centrale s'accroit
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la Perse à la suite >-jt,'aSkewzt, ils oc-
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