Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juin 1859 01 juin 1859
Description : 1859/06/01 (A4,N71). 1859/06/01 (A4,N71).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529506z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 169
une manifestation quelconque contre le canal de Suez.
Nous le défions d'oser faire formuler en une motion les
menaces semi-énigmatiques qu'il adresse au pacha
d'Egypte, sans soulever parmi les représentants de
l'Angleterre une immense indignation, ou un immense
éclat de rire.
Et l'Europe, le Times, comme de raison, ne s'en
occupe pas ; mais pourtant que dirait-elle? La France,
l'Espagne, l'Italie, la Russie et l'Autriche elle-même
courberaient donc leur tête humiliée sous ces four-
ches caudines d'une nouvelle espèce? On signifierait
donc à l'Europe agenouillée qu'elle doit être à tout
jamais exclue de tout commerce avec l'Orient; que
les portes qui lui ouvriraient cette route doivent lui
être éternellement fermées ; que la religion, que la
civilisation, le progrès des lumières, des richesses,
de l'industrie, des rapports de l'humanité, ne pas-
sent qu'après le bon plaisir d'un peuple rgoïste, en-
nemi nécessaire et oppresseur de tous les autres
peuples? On lui signifierait qu'il n'y a qu'un intérêt
au monde, l'intérêt anglais, et que devant cet intérêt
sacré et exclusif tous les autres sont non avenus ou
illicites? Mais ce serait la pire des dominations uni-
verselles, la domination de la honte et de la peur,
le déshonneur aux yeux de leurs peuples de tous
les gouvernements qui pourraient subir un tel prin-
cipe. Ce serait la coalition de l'Europe pour la grande
pensée dont l'initiative vient du vice-roi d'Egypte.
Ce serait la réalisation de ce mot terrible de M. Glads-
tone que cette politique serait plus désastreuse à l'An-
gleterre que dix révoltes comme celle des Cipayes.
Nous ne savons ce qu'en penserait l'Europe, mais
nous savons à coup sûr ce qu'en penserait la France.
Si nous ouvrions au Times les archives de notre cor-
respondance, il serait un peu ému peut-être des sen-
timents d'irritation que soulève parmi nous, dans les
hommes les plus modérés, cette résistance à un pro-
jet d'une utilité commune, d'un bienfait universel;
et nous n'hésitons pas à dire que si sur cette ques-
tion le Times avait la ridicule prétention de con-
traindre par la force le vice-roi, il reculerait de
frayeur lui-même rien que devant la tempête d'opi-
nion qu'il soulèverait contre lui et les siens et en
France et dans toute l'Europe.
Mais non, le Times, dans cette question, est un mau-
vais raisonneur et un patriote aveugle. Vingt-deux
meetings lui ont dit l'opinion de son pays. La majorité
de la presse anglaise s'est prononcée en faveur du
canal. Tous les hommes les plus éminents de son
propre parti, le parti libéral, sauf lord Palmerston,
ont voté et parlé énergiquement dans le même sens.
Le ministère tory n'a pu éviter un échec qu'en
engageant solennellement sa neutralité en cette cir-
constance. Ceux même qui ne croient pas à la possi-
bilité du canal, ont proclamé que l'Angleterre se
souillerait d'une tache ineffaçable si, le canal étant
possible, elle mettait obstacle à son exécution. Les
temps, d'ailleurs, ont marché et le monde avec eux.
Ce qui, aux yeux de l'égoïsme le plus révoltant, pou-
vait être vrai il y a vingt ans, ne l'est plus aujour-
d'hui. L'Orient est tourné par les Américains de la
Californie, par les Russes du fleuve Amour. Nous
avons pu protester dans ces mêmes colonnes que le
canal de Suez était aujourd'hui le salut de l'Angle-
terre, et personne en Angleterre n'a pu nous répondre
ni réfuter notre argumentation. La vérité est que
pour nos voisins le percement de l'isthme de Suez
sera à la fois un puissant instrument commer-
cial et politique. La vérité est que les promoteurs
de cette pensée y ont vu, selon leur expression, le
bien de tous les peup'es, sans mal pour aucun d'eux.
La vérité est que l'Angleterre ne peut pas et ne veut
pas s'engager dans la plus légère démarche ostensi-
ble contre l'accomplissement de cette aspiration des
siècles ; et cette vérité est si forte que, répétons-le en-
core, le Times lui-même a été réduit à nier les dé-
marches intimidatrices de M. Green, dès qu'on les a
dépouillées de leur caractère d'intrigue sourde et de
ténèbres.
Nous pouvons donc inviter le Times à tempérer
ses accès belliqueux. Où M. Green a échoué, il ne
réussira pas. Ses canons ne sont bourrés que d'encre
et d'injures, et leur explosion ne peut avoir d'autres
effets que de salir les canonniers.
ERNEST DESPLACES.
LE CORPS CONS f LA IRE D'ALEXANDRIE
et le viee-roi d'Kçypte.
Pendant que nous discutons avec le Times et que
nous défendons contre ses atteintes ce « prince igno-
rant ., qui, selon ce journal, veut troubler la paix du
monde, la Presse égyptienne nous apporte un témoi-
gnage qui ne laissera pas que d'être quelque peu pé-
nible et embarrassant pour notre terrible confrère.
Aux fêtes du Baïram, une cérémonie solennelle réunit
les principaux corps de l'État autour de la personne
du prince. Le corps consulaire représentant toutes
les puissances amies a sa place marquée dans ces
réceptions. Cette solennité a été célébrée le 4 mai à
Alexandrie. MM. les' consuls ont été admis à présenter
leurs hommages au vice-roi, ayant à leur tête M. Sa-
batier, agent et consul général de France en Egypte.
Au nom du corps qu'il conduisait, notre représen-
tant a adressé au vice-roi, dit la Presse égyptienne,
avec l'accent de la plus profonde conviction, ces pa-
roles que nous avons eu le bonheur d'entendre et que
nous reproduisons.
« ALTESSE,
■» Le corps consulaire saisit toujours avec empres.
une manifestation quelconque contre le canal de Suez.
Nous le défions d'oser faire formuler en une motion les
menaces semi-énigmatiques qu'il adresse au pacha
d'Egypte, sans soulever parmi les représentants de
l'Angleterre une immense indignation, ou un immense
éclat de rire.
Et l'Europe, le Times, comme de raison, ne s'en
occupe pas ; mais pourtant que dirait-elle? La France,
l'Espagne, l'Italie, la Russie et l'Autriche elle-même
courberaient donc leur tête humiliée sous ces four-
ches caudines d'une nouvelle espèce? On signifierait
donc à l'Europe agenouillée qu'elle doit être à tout
jamais exclue de tout commerce avec l'Orient; que
les portes qui lui ouvriraient cette route doivent lui
être éternellement fermées ; que la religion, que la
civilisation, le progrès des lumières, des richesses,
de l'industrie, des rapports de l'humanité, ne pas-
sent qu'après le bon plaisir d'un peuple rgoïste, en-
nemi nécessaire et oppresseur de tous les autres
peuples? On lui signifierait qu'il n'y a qu'un intérêt
au monde, l'intérêt anglais, et que devant cet intérêt
sacré et exclusif tous les autres sont non avenus ou
illicites? Mais ce serait la pire des dominations uni-
verselles, la domination de la honte et de la peur,
le déshonneur aux yeux de leurs peuples de tous
les gouvernements qui pourraient subir un tel prin-
cipe. Ce serait la coalition de l'Europe pour la grande
pensée dont l'initiative vient du vice-roi d'Egypte.
Ce serait la réalisation de ce mot terrible de M. Glads-
tone que cette politique serait plus désastreuse à l'An-
gleterre que dix révoltes comme celle des Cipayes.
Nous ne savons ce qu'en penserait l'Europe, mais
nous savons à coup sûr ce qu'en penserait la France.
Si nous ouvrions au Times les archives de notre cor-
respondance, il serait un peu ému peut-être des sen-
timents d'irritation que soulève parmi nous, dans les
hommes les plus modérés, cette résistance à un pro-
jet d'une utilité commune, d'un bienfait universel;
et nous n'hésitons pas à dire que si sur cette ques-
tion le Times avait la ridicule prétention de con-
traindre par la force le vice-roi, il reculerait de
frayeur lui-même rien que devant la tempête d'opi-
nion qu'il soulèverait contre lui et les siens et en
France et dans toute l'Europe.
Mais non, le Times, dans cette question, est un mau-
vais raisonneur et un patriote aveugle. Vingt-deux
meetings lui ont dit l'opinion de son pays. La majorité
de la presse anglaise s'est prononcée en faveur du
canal. Tous les hommes les plus éminents de son
propre parti, le parti libéral, sauf lord Palmerston,
ont voté et parlé énergiquement dans le même sens.
Le ministère tory n'a pu éviter un échec qu'en
engageant solennellement sa neutralité en cette cir-
constance. Ceux même qui ne croient pas à la possi-
bilité du canal, ont proclamé que l'Angleterre se
souillerait d'une tache ineffaçable si, le canal étant
possible, elle mettait obstacle à son exécution. Les
temps, d'ailleurs, ont marché et le monde avec eux.
Ce qui, aux yeux de l'égoïsme le plus révoltant, pou-
vait être vrai il y a vingt ans, ne l'est plus aujour-
d'hui. L'Orient est tourné par les Américains de la
Californie, par les Russes du fleuve Amour. Nous
avons pu protester dans ces mêmes colonnes que le
canal de Suez était aujourd'hui le salut de l'Angle-
terre, et personne en Angleterre n'a pu nous répondre
ni réfuter notre argumentation. La vérité est que
pour nos voisins le percement de l'isthme de Suez
sera à la fois un puissant instrument commer-
cial et politique. La vérité est que les promoteurs
de cette pensée y ont vu, selon leur expression, le
bien de tous les peup'es, sans mal pour aucun d'eux.
La vérité est que l'Angleterre ne peut pas et ne veut
pas s'engager dans la plus légère démarche ostensi-
ble contre l'accomplissement de cette aspiration des
siècles ; et cette vérité est si forte que, répétons-le en-
core, le Times lui-même a été réduit à nier les dé-
marches intimidatrices de M. Green, dès qu'on les a
dépouillées de leur caractère d'intrigue sourde et de
ténèbres.
Nous pouvons donc inviter le Times à tempérer
ses accès belliqueux. Où M. Green a échoué, il ne
réussira pas. Ses canons ne sont bourrés que d'encre
et d'injures, et leur explosion ne peut avoir d'autres
effets que de salir les canonniers.
ERNEST DESPLACES.
LE CORPS CONS f LA IRE D'ALEXANDRIE
et le viee-roi d'Kçypte.
Pendant que nous discutons avec le Times et que
nous défendons contre ses atteintes ce « prince igno-
rant ., qui, selon ce journal, veut troubler la paix du
monde, la Presse égyptienne nous apporte un témoi-
gnage qui ne laissera pas que d'être quelque peu pé-
nible et embarrassant pour notre terrible confrère.
Aux fêtes du Baïram, une cérémonie solennelle réunit
les principaux corps de l'État autour de la personne
du prince. Le corps consulaire représentant toutes
les puissances amies a sa place marquée dans ces
réceptions. Cette solennité a été célébrée le 4 mai à
Alexandrie. MM. les' consuls ont été admis à présenter
leurs hommages au vice-roi, ayant à leur tête M. Sa-
batier, agent et consul général de France en Egypte.
Au nom du corps qu'il conduisait, notre représen-
tant a adressé au vice-roi, dit la Presse égyptienne,
avec l'accent de la plus profonde conviction, ces pa-
roles que nous avons eu le bonheur d'entendre et que
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