Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-05-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mai 1859 15 mai 1859
Description : 1859/05/15 (A4,N70). 1859/05/15 (A4,N70).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529505j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
15 MAI. JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 163
lieux, il apprend en ces termes à son pays quel parti
il peut tirer des marchés de l'Afrique orientale , le
jour où une communication continue entre les deux
mers mettra la marine méditerranéenne à une dis-
tance énormément rapprochée de ces rivages où se
trouvent Maiotte, Madagascar, la Réunion, le Zan-
zibar, et toutes ces vastes côtes abondant en toute
espèce de produits naturels et d'objets d'échange et
de transports pour notre marine commerciale.
MONGIN.
1) Il me reste à remplir une obligation que tout auteur
contracte envers le public auquel il s'adresse; cette
obligation, c'est de se demander, dans son for intérieur,
non pas si son livre est bien fait (l'on n'est jamais tenu
qu'à faire ce qu'on peut), mais s'il était utile et à pro-
pos de l'écrire et de le livrer à la publicité.
» Eh bien ! ma réponse à cette question est aussi nette-
ment affirmative qu'elle l'était il y a sept ans. Au re-
tour de mon voyage, en 1849, je traçais les lignes sui-
vantes, que je retrouve dans mes notes, et que je n'é-
crirais pas d'une manière bien différente aujourd'hui :
« Le grand courant commercial se dirigeant des mers
» de l'Inde et de la Chine vers l'Europe, se compose
Il d'un nombre infini d'affluents qui se rapprochent et
» se confondent en suivant une ligne tangente au cap
» de Bonne-Espérance, d'où ils se portent vers l'At-
» lautique. Un de ces affluents, le plus modeste sans
» doute, mais le plus intéressant pour la France, puis-
» qu'il compte parmi ses tributaires l'ile de la Réunion,
Il Sainte-Marie, Nossi-bé et Maïotte, s'alimente de cou-
a rants secondaires prenant leur source aux rivages
» de l'Afrique orientale, de la grande île de Madagas-
Il car et des petits archipels qui entourent celle-ci
» comme des satellites.
» Le jour où le génie civilisateur de l'ancien monde,
» secouant sa torpeur et reprenant force et courage
» pour les grandes entreprises, aura contraint la Mé-
» diterranée et l'Océan indien à s'unir à travers l'is-
» thme de Suez, le grand courant commercial dont il
» vient d'être question se dé ournera vers le nord pour
» pénétrer dans la mer Rouge. Alors tous les affluents
» qui partent des îles de Mascareigne, de l'île Malgache
» et de toute la partie de la côte orientale d'Afrique
» au sud du cap Delgado, passeront à peu de distance
» du groupe des Comores , et pourront faire escale à
Il Maïotte, dont l'importance sera ainsi considérable-
» ment accrue. »
» Ces appréciations me paraissent maintenant mieux
fondées que jamais. La question du percement de l'is-
thme de Suez, qui, depuis l'époque où le vainqueur des
Pyramides s'en préoccupa, n'avait été sérieusement agi-
tée que par une école philosophique célèbre, dont quel-
ques membres remplissent, en ce moment, de hautes
fonctions dans les régions gouvernementale et indus-
trielle, cette question si importante a été complétement
élaborée par des études récentes, et non-seulement elle
est résolue scientifiquement) mais encore elle est à la
veille d'une solution pratique. Demain, peut-être, la
pioche du travailleur entamera le sol des antiques
merveilles, le sol classique de l'Egypte, et dans peu
d'années, à coup sûr, les deux mers seront unies à ja-
mais à travers les terres sablonneuses de la patrie des
Pharaons. Alors ce que j'ai dit et écrit de Maïotte, ce
que tous les esprits clairvoyants en ont pensé se réa-
lisera ; les intérêts de Maïotte et des autres colonies
françaises situées dans les mêmes régions ne seront
plus, sans doute, le côté principal de la question ; car
celle-ci aura grandi de toute la distance qui sépare un
fait de détail d'un fait général, les intérêts d'une na-
tion de ceux du monde entier. Mais la valeur de notre
établissement, loin d'être diminuée, prendra, au con-
traire, des proportions plus considérables, par suite
même de l'accroissement incalculable de vitalité qui
se sera produit dans les contrées voisines, c'est-à-dire
Madagascar et l'Afrique orientale. La civilisation mo-
derne, héritière de la civilisation gréco romaine, ne
mentira pas à son origine, et quand elle aura ouvert au
commerce européen la voie jadis suivie par les flottes
des Ptolémée et des César, elle saura se montrer di-
gne de sa devancière et faire de grandes choses dans
les régions illustrées par ces grands noms. Ainsi les
localités dont ce livre traite fixeront de nouveau, et à
un bien plus haut degré qu'autrefois, l'attention qui
s'est détournée d'elles, et le livre lui-même aura recon-
quis cette opportunité qu'il avait perdue et qui sem-
blait devoir lui manquer longtemps.
» Un dernier mot qui renfermera ma plus sérieuse peu
sée, et qui s'adresse plus particulièrement aux hommes
politiques.
1) Lorsque, sous les successeurs d'Alexandre et de Cé-
sar, les flottes égyptiennes accomplissaient le périple
de la mer Erythrée, elles se partageaient, au delà du
détroit, en deux groupes : l'un se dirigeait vers les ri.
vages de l'Asie méridionale, l'autre s'acheminait le
long de la côte orientale d'Afrique. Comme les deux
contrées étaient célèbres par leurs richesses, bien con-
nues et fréquentées par les navigateurs, elles excitaient
également l'intérêt des commerçants de l'époque. De
nos jours, si l'on étudie les perspectives ouvertes par
la canalisation prochaine de l'isthme de Suez, c'est sur-
tout, c'est presque exclusivement. le périple indien qui
attire et absorbe l'attention publique; le périple afri-
cain semble ignoré, et c'est à peine si, parfois, le nom
de l'ile Bourbon est prononcé au milieu des prévisions
auxquelles cet événement donne naissance. Ici l'en-
thousiasme de nos compatriotes fait fausse route. Sans
doute, le commerce français a, dans l'Indo-Chine et l'O-
céanie, quelques débouchés assez précieux pour qu'il
ait à se féliciter de voir abréger la distance qui l'en
sépare; mais de ce côté, les intérêts anglais bénéficie-
ront du changement de route; c'est le pavillon anglais
qu'on rencontre à chaque pas dans le long parcours
d'Aden au Japon et à la Nouvelle-Zélande. Au contraire,
l'embranchement africain de la grande voie maritime
promise à l'Europe peut être dominé par l'intérêt fran-
çais, non seulement parce que nous possédons sur cette
route Bourbon, Sainte-Marie, Maïotte et Nossi-bé, mais
lieux, il apprend en ces termes à son pays quel parti
il peut tirer des marchés de l'Afrique orientale , le
jour où une communication continue entre les deux
mers mettra la marine méditerranéenne à une dis-
tance énormément rapprochée de ces rivages où se
trouvent Maiotte, Madagascar, la Réunion, le Zan-
zibar, et toutes ces vastes côtes abondant en toute
espèce de produits naturels et d'objets d'échange et
de transports pour notre marine commerciale.
MONGIN.
1) Il me reste à remplir une obligation que tout auteur
contracte envers le public auquel il s'adresse; cette
obligation, c'est de se demander, dans son for intérieur,
non pas si son livre est bien fait (l'on n'est jamais tenu
qu'à faire ce qu'on peut), mais s'il était utile et à pro-
pos de l'écrire et de le livrer à la publicité.
» Eh bien ! ma réponse à cette question est aussi nette-
ment affirmative qu'elle l'était il y a sept ans. Au re-
tour de mon voyage, en 1849, je traçais les lignes sui-
vantes, que je retrouve dans mes notes, et que je n'é-
crirais pas d'une manière bien différente aujourd'hui :
« Le grand courant commercial se dirigeant des mers
» de l'Inde et de la Chine vers l'Europe, se compose
Il d'un nombre infini d'affluents qui se rapprochent et
» se confondent en suivant une ligne tangente au cap
» de Bonne-Espérance, d'où ils se portent vers l'At-
» lautique. Un de ces affluents, le plus modeste sans
» doute, mais le plus intéressant pour la France, puis-
» qu'il compte parmi ses tributaires l'ile de la Réunion,
Il Sainte-Marie, Nossi-bé et Maïotte, s'alimente de cou-
a rants secondaires prenant leur source aux rivages
» de l'Afrique orientale, de la grande île de Madagas-
Il car et des petits archipels qui entourent celle-ci
» comme des satellites.
» Le jour où le génie civilisateur de l'ancien monde,
» secouant sa torpeur et reprenant force et courage
» pour les grandes entreprises, aura contraint la Mé-
» diterranée et l'Océan indien à s'unir à travers l'is-
» thme de Suez, le grand courant commercial dont il
» vient d'être question se dé ournera vers le nord pour
» pénétrer dans la mer Rouge. Alors tous les affluents
» qui partent des îles de Mascareigne, de l'île Malgache
» et de toute la partie de la côte orientale d'Afrique
» au sud du cap Delgado, passeront à peu de distance
» du groupe des Comores , et pourront faire escale à
Il Maïotte, dont l'importance sera ainsi considérable-
» ment accrue. »
» Ces appréciations me paraissent maintenant mieux
fondées que jamais. La question du percement de l'is-
thme de Suez, qui, depuis l'époque où le vainqueur des
Pyramides s'en préoccupa, n'avait été sérieusement agi-
tée que par une école philosophique célèbre, dont quel-
ques membres remplissent, en ce moment, de hautes
fonctions dans les régions gouvernementale et indus-
trielle, cette question si importante a été complétement
élaborée par des études récentes, et non-seulement elle
est résolue scientifiquement) mais encore elle est à la
veille d'une solution pratique. Demain, peut-être, la
pioche du travailleur entamera le sol des antiques
merveilles, le sol classique de l'Egypte, et dans peu
d'années, à coup sûr, les deux mers seront unies à ja-
mais à travers les terres sablonneuses de la patrie des
Pharaons. Alors ce que j'ai dit et écrit de Maïotte, ce
que tous les esprits clairvoyants en ont pensé se réa-
lisera ; les intérêts de Maïotte et des autres colonies
françaises situées dans les mêmes régions ne seront
plus, sans doute, le côté principal de la question ; car
celle-ci aura grandi de toute la distance qui sépare un
fait de détail d'un fait général, les intérêts d'une na-
tion de ceux du monde entier. Mais la valeur de notre
établissement, loin d'être diminuée, prendra, au con-
traire, des proportions plus considérables, par suite
même de l'accroissement incalculable de vitalité qui
se sera produit dans les contrées voisines, c'est-à-dire
Madagascar et l'Afrique orientale. La civilisation mo-
derne, héritière de la civilisation gréco romaine, ne
mentira pas à son origine, et quand elle aura ouvert au
commerce européen la voie jadis suivie par les flottes
des Ptolémée et des César, elle saura se montrer di-
gne de sa devancière et faire de grandes choses dans
les régions illustrées par ces grands noms. Ainsi les
localités dont ce livre traite fixeront de nouveau, et à
un bien plus haut degré qu'autrefois, l'attention qui
s'est détournée d'elles, et le livre lui-même aura recon-
quis cette opportunité qu'il avait perdue et qui sem-
blait devoir lui manquer longtemps.
» Un dernier mot qui renfermera ma plus sérieuse peu
sée, et qui s'adresse plus particulièrement aux hommes
politiques.
1) Lorsque, sous les successeurs d'Alexandre et de Cé-
sar, les flottes égyptiennes accomplissaient le périple
de la mer Erythrée, elles se partageaient, au delà du
détroit, en deux groupes : l'un se dirigeait vers les ri.
vages de l'Asie méridionale, l'autre s'acheminait le
long de la côte orientale d'Afrique. Comme les deux
contrées étaient célèbres par leurs richesses, bien con-
nues et fréquentées par les navigateurs, elles excitaient
également l'intérêt des commerçants de l'époque. De
nos jours, si l'on étudie les perspectives ouvertes par
la canalisation prochaine de l'isthme de Suez, c'est sur-
tout, c'est presque exclusivement. le périple indien qui
attire et absorbe l'attention publique; le périple afri-
cain semble ignoré, et c'est à peine si, parfois, le nom
de l'ile Bourbon est prononcé au milieu des prévisions
auxquelles cet événement donne naissance. Ici l'en-
thousiasme de nos compatriotes fait fausse route. Sans
doute, le commerce français a, dans l'Indo-Chine et l'O-
céanie, quelques débouchés assez précieux pour qu'il
ait à se féliciter de voir abréger la distance qui l'en
sépare; mais de ce côté, les intérêts anglais bénéficie-
ront du changement de route; c'est le pavillon anglais
qu'on rencontre à chaque pas dans le long parcours
d'Aden au Japon et à la Nouvelle-Zélande. Au contraire,
l'embranchement africain de la grande voie maritime
promise à l'Europe peut être dominé par l'intérêt fran-
çais, non seulement parce que nous possédons sur cette
route Bourbon, Sainte-Marie, Maïotte et Nossi-bé, mais
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