Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1859 15 juin 1859
Description : 1859/06/15 (A4,N72). 1859/06/15 (A4,N72).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529507c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 179
gné la commission dans l'isthme, et qui, de retour,
sont unanimes à présager hautement à l'affaire un
magnifique et infaillible avenir. Ces témoignages ,
en plusieurs occasions, n'ont pas peu contribué à: ré-
pandre la vérité et à tenir en échec la malveillance
plus ou moins anonyme qui s'acharne déplorable-
ment à seconder des intrigues dont l'inspiration et
la source ne sont certes pas f, ançaises.
Nous ferions souvent sourire et plus souvent rougir
nos lecteurs si nous leur racontions tous les petits
moyens, toutes les ignobles perfidies par lesquelles
certaines gens essaient de surprendre la naïveté des
ignorants ou des crédules. Tout cela se dit à huit
clos ou à l'oreille; ne pouvant rester exposé un
instant à la clarté du jour. Mais parfois ces propos
plus que légers, quand ils ne sont pas mal intention-
nés, rencontrent de rudes contradicteurs devant les-
quels ils s'empressent de battre en retraite; et nous
pouvons en citer un exemple tout récent.
Dans une réunion où se trouvaient des personnages
de finance, tant français qu'étrangers, l'un d'eux pro-
clamait carrément que l'entreprise du canal de Suez
était détestable comme affaire ; que les dépenses se-
raient gigantesques et ne pouvaient manquer de
dépasser les devis et toutes les prévisions. Quelques-
uns des auditeurs abondaient dans ces prédictions si-
nistres; d'autres en étaient naturellement émus. L'en-
trepreneur général des travaux du canal était présent,
on sait qu'il vient d'examiner en personne le terrain
sur lequel il doit opérer; il opposait les témoignages
de ses observations et de ses études à ces entraîne-
ments de la passion. La passion, suivant son usage,
insistait cependant, et son contradicteur recourut à
l'argument le plus capable de la refroidir, à un argu-
ment finncier. Il proposa à son interlocuieur de pa-
rier cent mille francs qu'il ferait une économie de qua-
rante millions dans les travaux sur les projets et les
devis de la commission internationale a Rendons-nous
chez un notaire, dit-il, dressons-y mutuellement notre
engagement en ces termes, et non-seulement je suis
prêt à tenir ce pari envers un seul, mais encore en-
vers tous ceux qui voudront l'accepter. »
Cette proposition mit un terme au débat. L'offre
fut refusée à l'unanimité.
ERNEST DESPLACES.
LA GAZETTE DE TRIESTE ET LES VOLONTAIRES
D'ALEXANDRIE.
Nous avons quelques observations à soumettre à
la Gazette de Trieste.
Nous avons raconté la noble conduite de M. Fer-
dinand de Lesseps à Alexandrie dans une circons-
tance difficile et menaçante pour la tranquillité de
cette ville. Exaltés par la nouvelle de l'insurrec-
tion toscane, les réfugiés italiens- s'étaient ras-
semblés, et, après des manifestations tumul- -
tueuses, se portaient vers le consulat d'Autriche
dans des intentions apparentes de nature à offenser -
cette puissance et à compromettre le gouvernement
du vice-roi. M. de Lesseps vint à bout de calmer ces
têtes ardentes en leur indiquant les moyens de ser-
vir l'Italie plus utilement et plus surement que par
des cris et des atteintes injustifiables à l'ordre et à
la neutralité égyptienne. Il eut le bonheur de réus-
sir, et peu de jours après, un certain nombre de
volontaires s'embarquèrent pour aller s'engager sous
les drapeaux du roi Victor."Emmanuel.
Ce fait si honorable et si légitime a inspiré à la
Gazette de Trieste les réflexions suivantes :
« M. de Lesseps oubliant l'accueil qui lui a été
» fait en Autriche, a facilité l'envoi de volontaires
» italiens d'Egypte en Piémont. Plus tard, quand il
» tera question du canal de Suez, l'Autriche lui
a prouvera qu'elle n'a pas oublié l'ingratitude dont
» il vient de se rendre coupable. »
Nous n'avons point mission de parler pour M. de
Lesseps ; mais la sympathie que nous ressentons
pour sa personne et le dévouement que nous portons
à son entreprise nous donnent quelques droits à nous
expliquer franchement sur les plaintes du journal
autrichien, et nous espérons qu'après nous avoir lu,
il en regrettera lui-même l'amertume et l'injustice.
Nous n'avons pas à nous mêler aux conflits de la
guerre et de la politique ; ce serait perdre de vue et
notre rôle et notre spécialité. Organe et défenseur
d'une pensée dont la force est dans son intérêt uni-
versel, placé entre les nations pour les réunir dans
une œuvre commune, instrument de- concorde, de
rapprochement et de paix, nous nous appliquerons
toujours à écarter du canal de Suez toutes les ani-
mosités locales ou nationales que les événements
peuvent faire Eurgir. Il est de ces questions d'huma-
nité, de civilisation, de richesse et d'utilité générale
qui planent même au-dessus de ces grandes luttes
entre les empires, dont l'histoire nous offre malheu-
reusement tant d'exemples, et le percement de l'isthme
de Suez nous paraît être de ce nombre. Ce n'est donc
pas sur ce terrain qu'un ami quel qu'il soit des pro-
grès du monde doit porter les dissentiments ou les
querelles qui ont à s'exercer sur d'autres champs de
bataille.
Qu'au moins il reste un coin, dans le bruit ac-
tul des armes, pour la conciliation et l'union;
et nous n'en apercevons pas de meilleur et de plus
propice que ce projet de la jonction des deux mers,
dont les cités de l'Adriatique entre autres ont à at-
tendre de si beaux résultats.
Cependant, tout attachés que nous sommes à ce tra-
vail de confraternité et de communauté internationales,
nous n'entendons point et nous ne pouvons point abdi-
gné la commission dans l'isthme, et qui, de retour,
sont unanimes à présager hautement à l'affaire un
magnifique et infaillible avenir. Ces témoignages ,
en plusieurs occasions, n'ont pas peu contribué à: ré-
pandre la vérité et à tenir en échec la malveillance
plus ou moins anonyme qui s'acharne déplorable-
ment à seconder des intrigues dont l'inspiration et
la source ne sont certes pas f, ançaises.
Nous ferions souvent sourire et plus souvent rougir
nos lecteurs si nous leur racontions tous les petits
moyens, toutes les ignobles perfidies par lesquelles
certaines gens essaient de surprendre la naïveté des
ignorants ou des crédules. Tout cela se dit à huit
clos ou à l'oreille; ne pouvant rester exposé un
instant à la clarté du jour. Mais parfois ces propos
plus que légers, quand ils ne sont pas mal intention-
nés, rencontrent de rudes contradicteurs devant les-
quels ils s'empressent de battre en retraite; et nous
pouvons en citer un exemple tout récent.
Dans une réunion où se trouvaient des personnages
de finance, tant français qu'étrangers, l'un d'eux pro-
clamait carrément que l'entreprise du canal de Suez
était détestable comme affaire ; que les dépenses se-
raient gigantesques et ne pouvaient manquer de
dépasser les devis et toutes les prévisions. Quelques-
uns des auditeurs abondaient dans ces prédictions si-
nistres; d'autres en étaient naturellement émus. L'en-
trepreneur général des travaux du canal était présent,
on sait qu'il vient d'examiner en personne le terrain
sur lequel il doit opérer; il opposait les témoignages
de ses observations et de ses études à ces entraîne-
ments de la passion. La passion, suivant son usage,
insistait cependant, et son contradicteur recourut à
l'argument le plus capable de la refroidir, à un argu-
ment finncier. Il proposa à son interlocuieur de pa-
rier cent mille francs qu'il ferait une économie de qua-
rante millions dans les travaux sur les projets et les
devis de la commission internationale a Rendons-nous
chez un notaire, dit-il, dressons-y mutuellement notre
engagement en ces termes, et non-seulement je suis
prêt à tenir ce pari envers un seul, mais encore en-
vers tous ceux qui voudront l'accepter. »
Cette proposition mit un terme au débat. L'offre
fut refusée à l'unanimité.
ERNEST DESPLACES.
LA GAZETTE DE TRIESTE ET LES VOLONTAIRES
D'ALEXANDRIE.
Nous avons quelques observations à soumettre à
la Gazette de Trieste.
Nous avons raconté la noble conduite de M. Fer-
dinand de Lesseps à Alexandrie dans une circons-
tance difficile et menaçante pour la tranquillité de
cette ville. Exaltés par la nouvelle de l'insurrec-
tion toscane, les réfugiés italiens- s'étaient ras-
semblés, et, après des manifestations tumul- -
tueuses, se portaient vers le consulat d'Autriche
dans des intentions apparentes de nature à offenser -
cette puissance et à compromettre le gouvernement
du vice-roi. M. de Lesseps vint à bout de calmer ces
têtes ardentes en leur indiquant les moyens de ser-
vir l'Italie plus utilement et plus surement que par
des cris et des atteintes injustifiables à l'ordre et à
la neutralité égyptienne. Il eut le bonheur de réus-
sir, et peu de jours après, un certain nombre de
volontaires s'embarquèrent pour aller s'engager sous
les drapeaux du roi Victor."Emmanuel.
Ce fait si honorable et si légitime a inspiré à la
Gazette de Trieste les réflexions suivantes :
« M. de Lesseps oubliant l'accueil qui lui a été
» fait en Autriche, a facilité l'envoi de volontaires
» italiens d'Egypte en Piémont. Plus tard, quand il
» tera question du canal de Suez, l'Autriche lui
a prouvera qu'elle n'a pas oublié l'ingratitude dont
» il vient de se rendre coupable. »
Nous n'avons point mission de parler pour M. de
Lesseps ; mais la sympathie que nous ressentons
pour sa personne et le dévouement que nous portons
à son entreprise nous donnent quelques droits à nous
expliquer franchement sur les plaintes du journal
autrichien, et nous espérons qu'après nous avoir lu,
il en regrettera lui-même l'amertume et l'injustice.
Nous n'avons pas à nous mêler aux conflits de la
guerre et de la politique ; ce serait perdre de vue et
notre rôle et notre spécialité. Organe et défenseur
d'une pensée dont la force est dans son intérêt uni-
versel, placé entre les nations pour les réunir dans
une œuvre commune, instrument de- concorde, de
rapprochement et de paix, nous nous appliquerons
toujours à écarter du canal de Suez toutes les ani-
mosités locales ou nationales que les événements
peuvent faire Eurgir. Il est de ces questions d'huma-
nité, de civilisation, de richesse et d'utilité générale
qui planent même au-dessus de ces grandes luttes
entre les empires, dont l'histoire nous offre malheu-
reusement tant d'exemples, et le percement de l'isthme
de Suez nous paraît être de ce nombre. Ce n'est donc
pas sur ce terrain qu'un ami quel qu'il soit des pro-
grès du monde doit porter les dissentiments ou les
querelles qui ont à s'exercer sur d'autres champs de
bataille.
Qu'au moins il reste un coin, dans le bruit ac-
tul des armes, pour la conciliation et l'union;
et nous n'en apercevons pas de meilleur et de plus
propice que ce projet de la jonction des deux mers,
dont les cités de l'Adriatique entre autres ont à at-
tendre de si beaux résultats.
Cependant, tout attachés que nous sommes à ce tra-
vail de confraternité et de communauté internationales,
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