Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1859 15 juin 1859
Description : 1859/06/15 (A4,N72). 1859/06/15 (A4,N72).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529507c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 187
« A Monsieur le directeur du JOURNAL D'AGRICULTURE
l'UATIQUE.
» C'est un bien beau pays que l'Egypte, habité par
une belle et bonne population, sobre et intelligente.
Le sol qu'elle cultive est d'uue fertilité telle, que les
récoltes s'y succèdent avec une merveilleuse rapidité,
ensemencées, les unes, comme le blé, l'orge, le trèfle,
les légumes, sur un simple labour écorchant à peine la
terre, c'est-à-dire sans engrais et presque sans travaux ;
les autres, comme le coton, le lin, le sésame, le riz,
l'indigo, la canne à sucre, avec moins de préparation
que les céréales n'en demandent en Europe.
» Pendant notre intéressant voyage d'exploration de
la magnifique concession de la Compagnie universelle
du canal maritime de Suez, nous avons parcouru toute
la basse Egypte, voyageant tantôt au milieu des plus
belles campagnes, tantôt sur la limite du désert, le long
des oasis de palmiers, d'orangers, de citronniers, d'oli-
viers; puis, dans ce qu'on appelle le désert, et qui fut
autrefois la riche terre de Gessen ; plus tard, descendant ,
la branche orientale du Nil, admirant tour à tour, selon
le plus ou moins d'eau versée par les canaux, les champs
de céréales, les bersimes (trèfle blanc), le coton, le sé -
same, le riz, dont les cultures annoncent l'approche de
Damiette ; enfin, traversant les lacs Menzaleh, dont l'eau
recouvre à peine le sol de 70 cent. en moyenne, et qui,
après avoir contenu des villes populeuses et florissantes
sous la domination de la Grèce et de Rome, ont vu leur
territoire ruiné par l'invasion de la mer et leurs cam-
pagnes abandonnées. Il y aurait peu à faire pour les
rendre à la culture; actuellement ils fourmillent de
poisson en telle quantité, que le récit des faits dont
nous avons Tîté témoins ou qui nous ont été racontés en
pourraient être accueillis en Europe que comme l'effet
d'un mirage.
» Hier, à huit heures du matin, M. de Lesseps, en
présence des délégués du conseil d'administration, de
l'entrepreneur général, de 150 employés européens et
ouvriers arabes, inaugurait l'ouverture de la tranchée
du canal maritime et l'inauguration de Port-Saïd.
» Les terrains concédés par le firman du vice-roi
comprennent plus de 100,000 hectares exploitables à
partir du jour où le canal d'eau douce leur apportera
l'eau et les limons du Nil. Nous avons chaque jour exa-
miné les terres qu'il arrosera. Je vous affirme, Monsieur,
que le sable les recouvre à peine, que des traces d'an-
ciennes cultures ont été retrouvées presque partout,
comme dans la terre de Gessen, et que des ruines,
des débris de poteries émaillent le sol sur de vastes
espaces.
Il D'un autre côté, le canal d'eau douce côtoiera dans
une grande partie de son parcours les oasis déjà exploi-
tées et complantées de massifs immenses d'orangers et
de palmiers. Ce dern er arbre surtout, dont le rendement
moyen est calculé à raison de 10 fr. par pieJ, et qui
produit dès les premières années de sa plantation, sous
qui les céréales, les prairies artificielles verdissent et
prospèrent comme sous les vignobles du Graisivaudan,
sera pour la Compagnie une ressource considérable.
Combien de personnes ont traité d'exagérées les
estimations du rendement des terres de la concession,
portées dans les premières études à 250 fr. l'hectare !
Dans tous les villages où nous avons passé, les scheiks
accouraient nous offrir leur concours. Nous prenions
auprès d'eux les renseignements les plus utiles. Ils ont
été unanimes à élever à ce chiffre, en moyenne, le re-
venu des terres nues : à 500 ou 600 fr. celui des cultures
industrielles, et jusqu'à 1,000 fr. le produit d'un hectare
de palmiers, dans lequel il peut être planté 120 pieds
d'arbres. Dans le voisinage des villes, le fermage des
terres a triplé depuis quelques années, grâce au chemin
de fer et à quelques routes. Les facilités de commu-
nications que donnera le canal d'eau douce aux terres
de la concession les feront participer aux mêmes avan-
tages.
» L'exactitude de ces évaluations nous a été confirmée
par un Français fort intelligent établi dans le pays de-
puis 25 ans, M. Grégoire, dont le journal l'Isthme de Suez
contenait une lettre intéressante dans son numéro du
1er avril dernier.
D Il est important aussi de signaler l'immense avan.
tage d'une exploitation agricole à laquelle il ne faut
d'autre construction que la maison du laboureur et des
greniers en jonc ou en briques pour quelques récoltes
industrielles. Les bestiaux couchent dans les pâturages.
Sous cet heureux climat, où il ne pleut jamais, la tem-
pérature est toujours si égale et si douce que les ma-
gnaneries sont en plein air, closes seulement de nattes
à l'entour, et au-dessus de branches de palmiers. J'en ai
visité plusieurs que la maladie n'a jamais envahies, et
j'aurais été tenté de croire qu'elles doivent ce privilège
à l'aération naturelle dont elles jouissent, si les magna-
neries de la Syrie, construites de la même façon, n'étaient
atteintes du même fléau que les nôtres.
» Il en est de même pour les outils aratoires, com-
posés d'une charrue et d'une herse en bois tout à fait
primitives, avec lesqueiles le fellah laboure son champ
et recouvre sa semence. On peut affirmer que, dans peu
d'années, l'agriculture égyptienne sera complétement
modifiée, au point de pouvoir opérer, par l'emploi de
nos instruments européens les plus simples et les plus
économiques, et avec beaucoup moins de peine, cinq ou
six fois le travail qu'elle obtient actuellement de ses
engins lourds et imparfaits.
» Les bœufs utilisés aux labours sont vigoureusement
constitués et se vendent fort bien. L'Egypte possède, en
outre, le buffle et le chameau, dont on peut tirer le plus
utile parti.
» J'ai entendu, avant mon départ, quelques esprits
chagrins s'inquiéter du résultat, au point de vue de
l'agriculture française, de la production des terrains de
la Compagnie. Ils expnmaiet la crainte de voir des blés
d'Egypte envahir nos marchés, créer une concurrence
ruineuse et déprécier nos produits déjà sérieusement
menacés. Que peut faire, quel qu'il soit, le rendement
de 100,000 hectares sur le marché du monde?. Qu'ils se
rassurent! Les blés récoltés par la Compagnie ne suffiront
jamais a la population agglomérée dans les trois centres
créés à Port-Saïd, au lac Timsah et à Suez.
à D'un autre côté, le produit des céréales ne saurait
donner un revenu égal à celui des plantations ou des
« A Monsieur le directeur du JOURNAL D'AGRICULTURE
l'UATIQUE.
» C'est un bien beau pays que l'Egypte, habité par
une belle et bonne population, sobre et intelligente.
Le sol qu'elle cultive est d'uue fertilité telle, que les
récoltes s'y succèdent avec une merveilleuse rapidité,
ensemencées, les unes, comme le blé, l'orge, le trèfle,
les légumes, sur un simple labour écorchant à peine la
terre, c'est-à-dire sans engrais et presque sans travaux ;
les autres, comme le coton, le lin, le sésame, le riz,
l'indigo, la canne à sucre, avec moins de préparation
que les céréales n'en demandent en Europe.
» Pendant notre intéressant voyage d'exploration de
la magnifique concession de la Compagnie universelle
du canal maritime de Suez, nous avons parcouru toute
la basse Egypte, voyageant tantôt au milieu des plus
belles campagnes, tantôt sur la limite du désert, le long
des oasis de palmiers, d'orangers, de citronniers, d'oli-
viers; puis, dans ce qu'on appelle le désert, et qui fut
autrefois la riche terre de Gessen ; plus tard, descendant ,
la branche orientale du Nil, admirant tour à tour, selon
le plus ou moins d'eau versée par les canaux, les champs
de céréales, les bersimes (trèfle blanc), le coton, le sé -
same, le riz, dont les cultures annoncent l'approche de
Damiette ; enfin, traversant les lacs Menzaleh, dont l'eau
recouvre à peine le sol de 70 cent. en moyenne, et qui,
après avoir contenu des villes populeuses et florissantes
sous la domination de la Grèce et de Rome, ont vu leur
territoire ruiné par l'invasion de la mer et leurs cam-
pagnes abandonnées. Il y aurait peu à faire pour les
rendre à la culture; actuellement ils fourmillent de
poisson en telle quantité, que le récit des faits dont
nous avons Tîté témoins ou qui nous ont été racontés en
pourraient être accueillis en Europe que comme l'effet
d'un mirage.
» Hier, à huit heures du matin, M. de Lesseps, en
présence des délégués du conseil d'administration, de
l'entrepreneur général, de 150 employés européens et
ouvriers arabes, inaugurait l'ouverture de la tranchée
du canal maritime et l'inauguration de Port-Saïd.
» Les terrains concédés par le firman du vice-roi
comprennent plus de 100,000 hectares exploitables à
partir du jour où le canal d'eau douce leur apportera
l'eau et les limons du Nil. Nous avons chaque jour exa-
miné les terres qu'il arrosera. Je vous affirme, Monsieur,
que le sable les recouvre à peine, que des traces d'an-
ciennes cultures ont été retrouvées presque partout,
comme dans la terre de Gessen, et que des ruines,
des débris de poteries émaillent le sol sur de vastes
espaces.
Il D'un autre côté, le canal d'eau douce côtoiera dans
une grande partie de son parcours les oasis déjà exploi-
tées et complantées de massifs immenses d'orangers et
de palmiers. Ce dern er arbre surtout, dont le rendement
moyen est calculé à raison de 10 fr. par pieJ, et qui
produit dès les premières années de sa plantation, sous
qui les céréales, les prairies artificielles verdissent et
prospèrent comme sous les vignobles du Graisivaudan,
sera pour la Compagnie une ressource considérable.
Combien de personnes ont traité d'exagérées les
estimations du rendement des terres de la concession,
portées dans les premières études à 250 fr. l'hectare !
Dans tous les villages où nous avons passé, les scheiks
accouraient nous offrir leur concours. Nous prenions
auprès d'eux les renseignements les plus utiles. Ils ont
été unanimes à élever à ce chiffre, en moyenne, le re-
venu des terres nues : à 500 ou 600 fr. celui des cultures
industrielles, et jusqu'à 1,000 fr. le produit d'un hectare
de palmiers, dans lequel il peut être planté 120 pieds
d'arbres. Dans le voisinage des villes, le fermage des
terres a triplé depuis quelques années, grâce au chemin
de fer et à quelques routes. Les facilités de commu-
nications que donnera le canal d'eau douce aux terres
de la concession les feront participer aux mêmes avan-
tages.
» L'exactitude de ces évaluations nous a été confirmée
par un Français fort intelligent établi dans le pays de-
puis 25 ans, M. Grégoire, dont le journal l'Isthme de Suez
contenait une lettre intéressante dans son numéro du
1er avril dernier.
D Il est important aussi de signaler l'immense avan.
tage d'une exploitation agricole à laquelle il ne faut
d'autre construction que la maison du laboureur et des
greniers en jonc ou en briques pour quelques récoltes
industrielles. Les bestiaux couchent dans les pâturages.
Sous cet heureux climat, où il ne pleut jamais, la tem-
pérature est toujours si égale et si douce que les ma-
gnaneries sont en plein air, closes seulement de nattes
à l'entour, et au-dessus de branches de palmiers. J'en ai
visité plusieurs que la maladie n'a jamais envahies, et
j'aurais été tenté de croire qu'elles doivent ce privilège
à l'aération naturelle dont elles jouissent, si les magna-
neries de la Syrie, construites de la même façon, n'étaient
atteintes du même fléau que les nôtres.
» Il en est de même pour les outils aratoires, com-
posés d'une charrue et d'une herse en bois tout à fait
primitives, avec lesqueiles le fellah laboure son champ
et recouvre sa semence. On peut affirmer que, dans peu
d'années, l'agriculture égyptienne sera complétement
modifiée, au point de pouvoir opérer, par l'emploi de
nos instruments européens les plus simples et les plus
économiques, et avec beaucoup moins de peine, cinq ou
six fois le travail qu'elle obtient actuellement de ses
engins lourds et imparfaits.
» Les bœufs utilisés aux labours sont vigoureusement
constitués et se vendent fort bien. L'Egypte possède, en
outre, le buffle et le chameau, dont on peut tirer le plus
utile parti.
» J'ai entendu, avant mon départ, quelques esprits
chagrins s'inquiéter du résultat, au point de vue de
l'agriculture française, de la production des terrains de
la Compagnie. Ils expnmaiet la crainte de voir des blés
d'Egypte envahir nos marchés, créer une concurrence
ruineuse et déprécier nos produits déjà sérieusement
menacés. Que peut faire, quel qu'il soit, le rendement
de 100,000 hectares sur le marché du monde?. Qu'ils se
rassurent! Les blés récoltés par la Compagnie ne suffiront
jamais a la population agglomérée dans les trois centres
créés à Port-Saïd, au lac Timsah et à Suez.
à D'un autre côté, le produit des céréales ne saurait
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