Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juin 1859 01 juin 1859
Description : 1859/06/01 (A4,N71). 1859/06/01 (A4,N71).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529506z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
168 L'ISTHME DE SUEZ,
à l'occupation française? Est-ce que quelques-uns
de nos bataillons de zouaves ou de chasseurs ont dé-
barqué sur les bords du Nil, comme l'ont fait mainte
fois, dans ces derniers temps, les habits rouges d'An-
gleterre ? Est-ce que, seulement, nous avons entendu
parler de la plus légère modification ministérielle ou
administrative dans le gouvernement égyptien ou
même dans l'entourage du prince? Est-ce que les
choses ne marchent pas aujourd'hui comme elles mar-
chaient hier, il y a un mois, il y a un an ? D'où
viennent ces clameurs et ces alarmes, et le Times,
lui-même, est-il sincère en les criant si haut ? Il suffit
de relire son propre article. L'Angleterre, certes,
d'après ses aveux, a sa part et sa trop large part peut-
être d'influence en Egypte. Le Times la proclame- in-
déracinable et irrésistible. Il regarde du haut en bas
toutes les prétendues tentatives qu'on pourrait faire
pour l'ébranler. Il est certain que l'Angleterre doit
une immense gratitude au gouvernement d'Egypte,
et le Times ne l'aurait pas oublir, si le mot recon-
naissance n'était rayé de son vocabulaire. Ces titres
du vice-roi à la reconnaissance britannique, le Times
en énumère lui-même quelques-uns. Ils ont été pro-
clamés en plein parlement par les hommes les plus
considérables, et encore dernièrement, à propos des
félicitations votées par la chambre des communes
à l'armée indienne pour avoir mis fin à la révolte
qui, par parenthèse, n'est pas finie, un membre no
table du parti tory lui-même proposait d'associer
le vice-roi Saïd-Pacha aux remercîments décernés à
cette armée. Voilà l'homme que le Times ne recule
pas à dénoncer aujourd'hui comme ennemi de l'Angle-
terre et traître à son propre suzerain.
C'est cet homme lui-même qui a construit à ses
frais ce chemin de fer d'Alexandrie à Suez, que le
Times a la candeur d'appeler notre chemin. Donc, il
était dans les besoins et dans l'intérêt de l'Angleterre.
Et comme ce journal ne saurait trop accumuler la
mauvaise foi et l'ingratitude, c'est M. Ferdinand de
Lesseps qu'il accuse d'avoir voulu entraver l'exécution
de cette voie, lorsqu'au contraire il est notoire, il est
public qu'il a employé tout le crédit qu'une vieille
amitié peut lui donner auprès du vice-roi dans le but
de faire accorder à l'Angleterre cette satisfaction et
au commerce ce moyen plus rapide de communication.
Quelle qu'en soit la valeur intrinsèque, il n'y a
donc rien de vrai dans les diverses allégations du
Times. La France et le vice-roi sont et seront les stricts
observateurs des traités. La France n'a rien perdu de
ses droits à l'amitié de l'Egypte. Elle y veut sa part
et saura la défendre ; mais elle n'a ni le désir ni l'am-
bition d'empiéter sur autrui. Pourquoi donc tout cet
échafaudage d'imputations et de fureurs? Pourquoi
ce torrent de calomnies pleuvant inopinément sur un
prince ami, bienveillant, inoffensif? Hélas 1 un seul
mot du Times va nous donner le secret de cette
grande énigme. Le projet du canal Lesseps n'est rien
moins que prohibé. Le vice-roi reste fidèle à ses enga-
gements. Il ne veut point souiller son nom en violant
la promesse glorieuse qu'il a faite au monde. Il ne
veut point tromper la confiance de ces milliers d'ac-
tionnaires qui, à l'appel de son représentant, sont ac-
courus sous le drapeau de cette magnifique entreprise ;
et comme le Times n'ose pas, tout .intrépide qu'il est,
se déshonorer hardiment en avouant son hostilité
contre cette œuvre, espoir et volonté du monde, il
accuse le vice-roi de trahison, il accuse la France de
déloyauté, il accuse la Russie de complot, il dénonce
la Turquie comme impuissante et misérable ; il s'en
prend à l'Europe tout entière, afin d'avoir un prétexte
d'aboutir à faire manœuvrer sur son papier les flottes
invincibles et les soldats innombrables de la Grande-
Bretagne.
Voilà tout le but de cette grosse déclamation. Le
Times, après avoir désavoué M. Green, après avoir
nié ses tentatives d'intimidation, se fait le second de
M. Green, et il essaie de la presse après avoir vu avor-
ter les diplomates de sa coterie.
Allons donc au fond des choses. Le Times voudrait.
que le canal ne se fît point, mais il a honte de l'avouer :
c'est un bon sentiment. Pour masquer son embarras,
il a donc eu recours à la fécondité de son imagina-
tion, et de là cet ouragan d'injures et cet outrageux
réquisitoire contre tous les gouvernements qui portent
quelque sympathie au canal. D'un côté, il faudrait
ifaire peur au vice-roi, et de l'autre, il ne faudrait pas
s'exposer à soulever le cœur à l'Europe. Le vice-roi
est donc un traître, et qu'il y fasse attention, car la
vigilance du Times et tous ses engins de guerre sont
déjà armés contre lui. Dans la situation, tout cela n'est
que comique,, car le vice-roi n'ayant aucune espèce
d'intention de violer ni de changer les traités, la me-
nace tombe d'elle-même, et ce quos ego s'adresse à des
flots tout apaisés.
Le vice-roi sait parfaitement, et l'Europe aussi
sait, Dieu merci, qu'il n'a rien, absolument rien à
craindre en persistant à doter l'humanité du canal de
Suez. La preuve en est d'abord dans les détours et les
circonlocutions que le Times est obligé d'inventer pour
donner un air décent à sa menace et ne la point faire
huer aux quatre points cardinaux de l'Angleterre.
Le vice-roi sait de plus les engagements solennels
pris en juin dernier par le ministère anglais de-
vant la chambre des communes, et il sait que ces
engagements ont pu seuls empêcher cette chambre
de voter une résolution qui mettait à jamais un
terme aux intrigues occultes. Le Times voudrait faire
croire à l'Egypte que les flottes et les armées de la
Grande-Bretagne sont au service des quelques esprits
incurables et arriérés qui ont montré contre le perce-
ment de l'isthme une hostilité systématique. Or, nous
le défions d'obtenir de la-chambre des communes
à l'occupation française? Est-ce que quelques-uns
de nos bataillons de zouaves ou de chasseurs ont dé-
barqué sur les bords du Nil, comme l'ont fait mainte
fois, dans ces derniers temps, les habits rouges d'An-
gleterre ? Est-ce que, seulement, nous avons entendu
parler de la plus légère modification ministérielle ou
administrative dans le gouvernement égyptien ou
même dans l'entourage du prince? Est-ce que les
choses ne marchent pas aujourd'hui comme elles mar-
chaient hier, il y a un mois, il y a un an ? D'où
viennent ces clameurs et ces alarmes, et le Times,
lui-même, est-il sincère en les criant si haut ? Il suffit
de relire son propre article. L'Angleterre, certes,
d'après ses aveux, a sa part et sa trop large part peut-
être d'influence en Egypte. Le Times la proclame- in-
déracinable et irrésistible. Il regarde du haut en bas
toutes les prétendues tentatives qu'on pourrait faire
pour l'ébranler. Il est certain que l'Angleterre doit
une immense gratitude au gouvernement d'Egypte,
et le Times ne l'aurait pas oublir, si le mot recon-
naissance n'était rayé de son vocabulaire. Ces titres
du vice-roi à la reconnaissance britannique, le Times
en énumère lui-même quelques-uns. Ils ont été pro-
clamés en plein parlement par les hommes les plus
considérables, et encore dernièrement, à propos des
félicitations votées par la chambre des communes
à l'armée indienne pour avoir mis fin à la révolte
qui, par parenthèse, n'est pas finie, un membre no
table du parti tory lui-même proposait d'associer
le vice-roi Saïd-Pacha aux remercîments décernés à
cette armée. Voilà l'homme que le Times ne recule
pas à dénoncer aujourd'hui comme ennemi de l'Angle-
terre et traître à son propre suzerain.
C'est cet homme lui-même qui a construit à ses
frais ce chemin de fer d'Alexandrie à Suez, que le
Times a la candeur d'appeler notre chemin. Donc, il
était dans les besoins et dans l'intérêt de l'Angleterre.
Et comme ce journal ne saurait trop accumuler la
mauvaise foi et l'ingratitude, c'est M. Ferdinand de
Lesseps qu'il accuse d'avoir voulu entraver l'exécution
de cette voie, lorsqu'au contraire il est notoire, il est
public qu'il a employé tout le crédit qu'une vieille
amitié peut lui donner auprès du vice-roi dans le but
de faire accorder à l'Angleterre cette satisfaction et
au commerce ce moyen plus rapide de communication.
Quelle qu'en soit la valeur intrinsèque, il n'y a
donc rien de vrai dans les diverses allégations du
Times. La France et le vice-roi sont et seront les stricts
observateurs des traités. La France n'a rien perdu de
ses droits à l'amitié de l'Egypte. Elle y veut sa part
et saura la défendre ; mais elle n'a ni le désir ni l'am-
bition d'empiéter sur autrui. Pourquoi donc tout cet
échafaudage d'imputations et de fureurs? Pourquoi
ce torrent de calomnies pleuvant inopinément sur un
prince ami, bienveillant, inoffensif? Hélas 1 un seul
mot du Times va nous donner le secret de cette
grande énigme. Le projet du canal Lesseps n'est rien
moins que prohibé. Le vice-roi reste fidèle à ses enga-
gements. Il ne veut point souiller son nom en violant
la promesse glorieuse qu'il a faite au monde. Il ne
veut point tromper la confiance de ces milliers d'ac-
tionnaires qui, à l'appel de son représentant, sont ac-
courus sous le drapeau de cette magnifique entreprise ;
et comme le Times n'ose pas, tout .intrépide qu'il est,
se déshonorer hardiment en avouant son hostilité
contre cette œuvre, espoir et volonté du monde, il
accuse le vice-roi de trahison, il accuse la France de
déloyauté, il accuse la Russie de complot, il dénonce
la Turquie comme impuissante et misérable ; il s'en
prend à l'Europe tout entière, afin d'avoir un prétexte
d'aboutir à faire manœuvrer sur son papier les flottes
invincibles et les soldats innombrables de la Grande-
Bretagne.
Voilà tout le but de cette grosse déclamation. Le
Times, après avoir désavoué M. Green, après avoir
nié ses tentatives d'intimidation, se fait le second de
M. Green, et il essaie de la presse après avoir vu avor-
ter les diplomates de sa coterie.
Allons donc au fond des choses. Le Times voudrait.
que le canal ne se fît point, mais il a honte de l'avouer :
c'est un bon sentiment. Pour masquer son embarras,
il a donc eu recours à la fécondité de son imagina-
tion, et de là cet ouragan d'injures et cet outrageux
réquisitoire contre tous les gouvernements qui portent
quelque sympathie au canal. D'un côté, il faudrait
ifaire peur au vice-roi, et de l'autre, il ne faudrait pas
s'exposer à soulever le cœur à l'Europe. Le vice-roi
est donc un traître, et qu'il y fasse attention, car la
vigilance du Times et tous ses engins de guerre sont
déjà armés contre lui. Dans la situation, tout cela n'est
que comique,, car le vice-roi n'ayant aucune espèce
d'intention de violer ni de changer les traités, la me-
nace tombe d'elle-même, et ce quos ego s'adresse à des
flots tout apaisés.
Le vice-roi sait parfaitement, et l'Europe aussi
sait, Dieu merci, qu'il n'a rien, absolument rien à
craindre en persistant à doter l'humanité du canal de
Suez. La preuve en est d'abord dans les détours et les
circonlocutions que le Times est obligé d'inventer pour
donner un air décent à sa menace et ne la point faire
huer aux quatre points cardinaux de l'Angleterre.
Le vice-roi sait de plus les engagements solennels
pris en juin dernier par le ministère anglais de-
vant la chambre des communes, et il sait que ces
engagements ont pu seuls empêcher cette chambre
de voter une résolution qui mettait à jamais un
terme aux intrigues occultes. Le Times voudrait faire
croire à l'Egypte que les flottes et les armées de la
Grande-Bretagne sont au service des quelques esprits
incurables et arriérés qui ont montré contre le perce-
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