Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-05-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mai 1859 15 mai 1859
Description : 1859/05/15 (A4,N70). 1859/05/15 (A4,N70).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529505j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
162 L'ISTHME DE SUEZ, 15 MAI.
Ce sont lord John Russel, sir James Graham ,
sir Sydney Herbert, M. Milner Gibson, M. Rœbuck,
qui tous ont combattu sur cette question la politique
ministérielle, et qui tous ont été renommés par leurs
colléges électoraux avec un tel élan, qu'ils n'ont
pas même rencontré devant eux la rivalité d'une
autre candidature.
Il y a donc dans cette question de l'isthme de Suez
une sorte d'influence secrète et pourtant très-explica-
ble, qui sert pour ainsi dire à dévoiler les tendances
des hommes et des partis. Du côté de ses défenseurs,
le libéralisme, la paix, le progrès intelligent et mo-
déré, la concorde avec le continent ; de l'autre, l'an-
cien esprit de monopole, les préjugés du siècle passé,
la guerre des haines, en attendant la guerre des ar-
mes, et l'horreur des améliorations les plus propres à
rapprocher les peuples et à les confondre comme une
famille dans la communauté des intérêts.
Il y a plus encore. Quels sont les hommes sur les-
quels l'Angleterre jette en ce moment les yeux pour
obtenir cette réforme parlementaire qu'elle regarde
comme indispensable à la pureté et à l'exercice loyal
de ses institutions ? Ce sont aussi ceux que nous
signalions tout à l'heure, ceux qui ne veulent point
que l'honneur de l'Angleterre se tache à empêcher la
suppression d'une barrière également fâcheuse pour
ses colonies, pour elle-même et pour tous les autres
peuples.
La réforme sera donnée à l'Angleterre par ces
mêmes esprits élevés qui ont compris combien le pres-
tige de leur pays devait gagner à s'associer au
percement de l'isthme de Suez, à en favoriser l'exé-
cution ou au moins à ne point la combattre. Le pro-
chain ministère réformiste est, si nous ne nous
trompons, forcément destiné à avoir à sa tète lord
John Russel, sir James Graham, M. Milner-Gibson,
auxquels M. Gladstone ne refusera point certainement
son appui, et ce ministère est également celui qui
relèvera l'Angleterre de l'impopularité que des pré-
jugés étroits et une politique rétrograde lui ont valu
sur tout le continent à propos de l'affaire de Suez.
Sous le ministère Palmerston, l'opposition au
canal avait une sorte de caractère plus ou moins
avoué. Sous le ministère Derby, cette opposition n'a
plus été qu'une taquinerie dissimulée et qui n'agis-
sait que par des ressorts cachés et honteux d'eux-
mêmes. Sous le ministère réformiste, sous le minis-
tère libéral, sous le ministère expression de l'An-
gleterre moderne, la question de Suez sera l'une de
celles qui renoueront tous les nœuds de l'affection et
de la cordiale entente des deux pays, gages du retour
à la paix et du progrès du monde.
ERNEST DESPLACES.
LE CANAL DE SUEZ ET L'AFRIQUE ORIENTALE-
Dans cette vaste enquête ouverte depuis cinq ans
sur les effets du percement de l'isthme de Suez, son
influence sur la prospérité du monde, il n'est pas une
science, il n'est pas une seule des ciasses intelligentes
de la société qui n'ait apporté à cette étude son tri-
but, son témoignage, son document, sa preuve et son
opinion motivée. Les ingénieurs, les économistes, les
publicistes, les diplomates, les hommes d'Etat, les ma-
rins, les négociants, les industriels, sont tous venus
successivement attester l'utilité, démontrer le vaste
avenir d'une entreprise qui renouvelle les prodiges
enfantés dans le xvr siècle par les découvertes des
Colomb et des Gama.
On a dit tout ce que le canal de Suez promettait de
progrès au vaste courant d'affaires établi entre l'Inde,
la Chine, les contrées australiennes d'une part et l'Eu-
rope de l'autre; mais on s'est moins appesanti sur
les perspectives que cette route nouvelle offre à nos
relations avec les régions riches et déshéritées de
l'Afrique orientale. On ne connaît peut-être pas assez
quelle est dans cette partie du monde la carrière qu'un
rapprochement dans les distances offrirait spéciale-
ment au commerce français. Nous trouvons à ce point
de vue des considérations aussi remarquables qu'in-
téressantes dans un ouvrage qu'a publié, par ordre du
gouvernement français, M. Guillain, capitaine de la
marine impériale. Cet ouvrage est intitulé : Docu-
ments sur l'histoire, la géographie et le commerce de
l'Afrique orientale.
Il contient, en effet, les documents politiques, his-
toriques, commerciaux et maritimes les plus impor-
tants et les plus dignes d'études sur ces régions jus-
qu'ici trop négligées. Le malheur de ce livre est de
n'être pas assez répandu, surtout dans la classe com-
merciale, où il porterait à la fois le goût et l'intelli-
gence de ces entreprises qui font la prospérité et la
force de l'Angleterre.
A la fin de 1845, le département de la marine prit
la résolution- de faire explorer toute la côte orientale
d'Afrique, et désigna pour cette mission le brick le
Ducouëdic, dont le commandement fut confié à M. le
capitaine Guillain. Cette expédition se prolongea
dans le cours des années 1846, 1847 et 1848, et c'est
le résultat de l'exploration que M. Guillain a con-
signé dans le travail que nous signalons.
Or dès cette époque, il n'avait pas eu de peine à
discerner tous, les avantages que, seulement du côté
de l'Afrique orientale, la France pouvait tirer de la
route de l'isthme : aussi a-t-il vu avec une profonde
sympathie et les plus vives espérances le projet qui
a pour but de réaliser cette grande conception; et avec
toute l'autorité de son expérience et de l'étude des
Ce sont lord John Russel, sir James Graham ,
sir Sydney Herbert, M. Milner Gibson, M. Rœbuck,
qui tous ont combattu sur cette question la politique
ministérielle, et qui tous ont été renommés par leurs
colléges électoraux avec un tel élan, qu'ils n'ont
pas même rencontré devant eux la rivalité d'une
autre candidature.
Il y a donc dans cette question de l'isthme de Suez
une sorte d'influence secrète et pourtant très-explica-
ble, qui sert pour ainsi dire à dévoiler les tendances
des hommes et des partis. Du côté de ses défenseurs,
le libéralisme, la paix, le progrès intelligent et mo-
déré, la concorde avec le continent ; de l'autre, l'an-
cien esprit de monopole, les préjugés du siècle passé,
la guerre des haines, en attendant la guerre des ar-
mes, et l'horreur des améliorations les plus propres à
rapprocher les peuples et à les confondre comme une
famille dans la communauté des intérêts.
Il y a plus encore. Quels sont les hommes sur les-
quels l'Angleterre jette en ce moment les yeux pour
obtenir cette réforme parlementaire qu'elle regarde
comme indispensable à la pureté et à l'exercice loyal
de ses institutions ? Ce sont aussi ceux que nous
signalions tout à l'heure, ceux qui ne veulent point
que l'honneur de l'Angleterre se tache à empêcher la
suppression d'une barrière également fâcheuse pour
ses colonies, pour elle-même et pour tous les autres
peuples.
La réforme sera donnée à l'Angleterre par ces
mêmes esprits élevés qui ont compris combien le pres-
tige de leur pays devait gagner à s'associer au
percement de l'isthme de Suez, à en favoriser l'exé-
cution ou au moins à ne point la combattre. Le pro-
chain ministère réformiste est, si nous ne nous
trompons, forcément destiné à avoir à sa tète lord
John Russel, sir James Graham, M. Milner-Gibson,
auxquels M. Gladstone ne refusera point certainement
son appui, et ce ministère est également celui qui
relèvera l'Angleterre de l'impopularité que des pré-
jugés étroits et une politique rétrograde lui ont valu
sur tout le continent à propos de l'affaire de Suez.
Sous le ministère Palmerston, l'opposition au
canal avait une sorte de caractère plus ou moins
avoué. Sous le ministère Derby, cette opposition n'a
plus été qu'une taquinerie dissimulée et qui n'agis-
sait que par des ressorts cachés et honteux d'eux-
mêmes. Sous le ministère réformiste, sous le minis-
tère libéral, sous le ministère expression de l'An-
gleterre moderne, la question de Suez sera l'une de
celles qui renoueront tous les nœuds de l'affection et
de la cordiale entente des deux pays, gages du retour
à la paix et du progrès du monde.
ERNEST DESPLACES.
LE CANAL DE SUEZ ET L'AFRIQUE ORIENTALE-
Dans cette vaste enquête ouverte depuis cinq ans
sur les effets du percement de l'isthme de Suez, son
influence sur la prospérité du monde, il n'est pas une
science, il n'est pas une seule des ciasses intelligentes
de la société qui n'ait apporté à cette étude son tri-
but, son témoignage, son document, sa preuve et son
opinion motivée. Les ingénieurs, les économistes, les
publicistes, les diplomates, les hommes d'Etat, les ma-
rins, les négociants, les industriels, sont tous venus
successivement attester l'utilité, démontrer le vaste
avenir d'une entreprise qui renouvelle les prodiges
enfantés dans le xvr siècle par les découvertes des
Colomb et des Gama.
On a dit tout ce que le canal de Suez promettait de
progrès au vaste courant d'affaires établi entre l'Inde,
la Chine, les contrées australiennes d'une part et l'Eu-
rope de l'autre; mais on s'est moins appesanti sur
les perspectives que cette route nouvelle offre à nos
relations avec les régions riches et déshéritées de
l'Afrique orientale. On ne connaît peut-être pas assez
quelle est dans cette partie du monde la carrière qu'un
rapprochement dans les distances offrirait spéciale-
ment au commerce français. Nous trouvons à ce point
de vue des considérations aussi remarquables qu'in-
téressantes dans un ouvrage qu'a publié, par ordre du
gouvernement français, M. Guillain, capitaine de la
marine impériale. Cet ouvrage est intitulé : Docu-
ments sur l'histoire, la géographie et le commerce de
l'Afrique orientale.
Il contient, en effet, les documents politiques, his-
toriques, commerciaux et maritimes les plus impor-
tants et les plus dignes d'études sur ces régions jus-
qu'ici trop négligées. Le malheur de ce livre est de
n'être pas assez répandu, surtout dans la classe com-
merciale, où il porterait à la fois le goût et l'intelli-
gence de ces entreprises qui font la prospérité et la
force de l'Angleterre.
A la fin de 1845, le département de la marine prit
la résolution- de faire explorer toute la côte orientale
d'Afrique, et désigna pour cette mission le brick le
Ducouëdic, dont le commandement fut confié à M. le
capitaine Guillain. Cette expédition se prolongea
dans le cours des années 1846, 1847 et 1848, et c'est
le résultat de l'exploration que M. Guillain a con-
signé dans le travail que nous signalons.
Or dès cette époque, il n'avait pas eu de peine à
discerner tous, les avantages que, seulement du côté
de l'Afrique orientale, la France pouvait tirer de la
route de l'isthme : aussi a-t-il vu avec une profonde
sympathie et les plus vives espérances le projet qui
a pour but de réaliser cette grande conception; et avec
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