Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juin 1859 01 juin 1859
Description : 1859/06/01 (A4,N71). 1859/06/01 (A4,N71).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529506z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
166 L'ISTHME DE SUEZ,
» des opérations militaires contre ses provinces in-
» surgées. »
Il nous semble difficile de donner plus clairement
le signal de la révolte ou de l'agression aux ennemis
soit intérieurs soit extérieurs du gouvernement du
sultan. Si c'est là, envers la Turquie, le langage
d'un ami, c'est certainement celui d'un ami bien in-
discret et bien imprudent.
Toutefois la situation de la Turquie d'Europe n'est
rien encore, si on la compare à celle de la Turquie
d'Afrique. C'est l'Egypte surtout qui trouble le som-
meil de la feuille de Londres. Elle la dénonce au monde
comme un laboratoire où se « brassent a toute espèce
de méfaits et de noirs complots. Naturellement ce
sont les Français qui manipulent cette chimie infer-
nale, et c'est M. Ferdinand de Lesseps qui les dirige
dans ces criminelles opérations. Naturellement encore
le vice-roi est leur complice et leur victime. Ici nous
ne pouvons plus nous contenter d'une simple analyse,
il faut citer. Nous nous reprocherions de dérober aux
lecteurs un seul mot du texte original, un seul trait
de ce coup de foudre soudain et isolé dont nous nous
réservons de dire le secret. -
PAUL BOUDET.
» Mais il est une autre partie de l'empire où, se-
lon quelques rapports, il se brasse des méfaits. En
Europe, les chrétiens sont opposés aux mahométans, et
les populations sont enflammées ; en Afrique, l'excita
tion est confinée dans un palais, et l'ambition brûle
seulement dans la poitrine d'un pacha. On peut dire
que le vice-roi égyptien est suspect d'un désir de relâ-
cher un peu les liens de son allégeance, et que ses es-
pérances sont fixées sur ce grand champion des oppri-
més, l'empereur des Français. Saïd Pacha s'est entouré
plus que jamais de conseillers français, et il apprend
d'eux que le droit des nobles esprits est de fouler aux
pieds les traités qui rendent une province dépendante
d'une autorité centrale. Le résultat de ces conseils est
un désir à peine caché de prendre avantage de toute
perturbation pouvant s'élever en Turquie dans le but
d'obtenir, sinon l'indépendance, au moins une plus
large mesure de pouvoir. L'influence française en ce
moment est suprême, et M. de Lesseps, dont le projet
n'est rien moins que prohibé, a la permission de dé-
penser le capital de ses actionnaires, en tant qu'il
existe , à commencer ses travaux pour l'un de ses
môles gigantesques sur la Méditerranée.
» Quoiqu'il ne soit pas douteux que la France a tou-
jours eu un désir de rivaliser avec notre pays en
Egypte, où l'ambition de ses gouvernements a subi
deux échecs si signalés, et quoiqu'elle voulût volontiers
rendre le vice-roi Indépendant de la Porte, si elle y
pouvait substituer sa propre protection, pourtant nous
consentons à voir sans la plus légère alarme ces intri-
gues du prince ignorant qui gouverne au Caire. Plût à
Dieu qu'il n'existât point d'autres dangers pour la Tur-
quie et pour DOUS que ceux qu'on peut machiner sur
les bords du Nil l Nous avons peu de souci de ce que
peuvent faire les aventuriers français au service de
l'Egypte, parce que nous savons que l'Angleterre en
cette matière ne souffrira pas qu'on se joue d'elle un
moment. Les Anglais n'ont point le désir d'occuper des
places au service du vice-roi. Ils n'ont point la souplesse
requise des hommes qui veulent s'initier dans la faveur
d'un prince oriental ; ils ne sont pas gens a oublier les
habitudes et le type moral de leur pays.
» Mais la sujétion de l'Egypte à la Porte et l'entière
exclusion de toute influence européenne illégitime est
un sujet d'importance vitale pour nous, et nous pouvons
dire que maintenant les labeurs de plusieurs années
ont été couronnés de succès. Nous avons complété nos
communications avec rInde; nous avons fait notre che-
min de fer d'Alexandrie à Suez, que le canal Lesseps,
dans son origine, avait pour objet d'interrompre; en cet
instant, le télégraphe est posé tout le long de la mer
Rouge; nous- avons conclu des arrangements pour
transporter des troupes dans l'Inde à travers l'isthme ;
et dans ces entreprises nous sommes obligés de recon-
naître que les vice-rois ont montré beaucoup de bon
sens et de modération. Telles sont les bases solides de
l'influence anglaise; tant que nous les aurons toutes, les
intrigues et les fanfaronnades de nos rivaux continen-
taux ne peuvent avoir que de petits résultats. Le pacha
sait combien il a à gagner avec nous ; ce sont les An-
glais qui soutiennent le chemin de fer, sa propriété en
très grande partie; et les steamers qui fréquentent le
port de Suez rivaliseront bientôt en nombre et en gran-
deur avec ceux qui traversent l'Atlantique. Aucune autre
nation n'a des ressources au total comparables à celles-
là, et ne peut conférer de semblables bénéfices à un prince
ami. D'autre part, le plus léger signe d'une disposition
à échapper au traité de 1840 appellerait sur le vice-roi
tout le poids de la puissance anglaise. Nous tenons
Malte et Corfou d'un côté, Bombay et Aden de l'autre,
et flottes et armées s'avanceraient de ces deux points
opposés pour mettre un ambitieux gouvernement à la
raison. Les vues attribuées à Saïd-Pacha ne sont point
vraisemblablement destinées à survivre à l'agitation na-
turellement causée par une soudaine convulsion en
Europe. #
UN SECOND DE M. GREEN.
Nous venons de soumettre au jugement public le
chef-d'œuvre de convenance, de courtoisie et do
loyauté que le Times a cru devoir éditer dans ses
colonnes. L'Egypte, la France, la Russie, le continent
tout entier n'y sont certes pas épargnés, et la Tur-
quie elle-même a sa part dans cette flagellation gé-
nérale. Il est impossible de rabaisser plus outrageu -
sement un gouvernement allié faisant désormais
partie de l'équilibre européen. Nous aimons à suppo-
ser que le journaliste, dans son transport, a outrepassé
son but. Est-ce qu'il aurait voulu ouvrir devant l'Eu-
rope la question du partage de l'empire ottoman?
C'est pourtant la conclusion.la plus directe à tirer de
» des opérations militaires contre ses provinces in-
» surgées. »
Il nous semble difficile de donner plus clairement
le signal de la révolte ou de l'agression aux ennemis
soit intérieurs soit extérieurs du gouvernement du
sultan. Si c'est là, envers la Turquie, le langage
d'un ami, c'est certainement celui d'un ami bien in-
discret et bien imprudent.
Toutefois la situation de la Turquie d'Europe n'est
rien encore, si on la compare à celle de la Turquie
d'Afrique. C'est l'Egypte surtout qui trouble le som-
meil de la feuille de Londres. Elle la dénonce au monde
comme un laboratoire où se « brassent a toute espèce
de méfaits et de noirs complots. Naturellement ce
sont les Français qui manipulent cette chimie infer-
nale, et c'est M. Ferdinand de Lesseps qui les dirige
dans ces criminelles opérations. Naturellement encore
le vice-roi est leur complice et leur victime. Ici nous
ne pouvons plus nous contenter d'une simple analyse,
il faut citer. Nous nous reprocherions de dérober aux
lecteurs un seul mot du texte original, un seul trait
de ce coup de foudre soudain et isolé dont nous nous
réservons de dire le secret. -
PAUL BOUDET.
» Mais il est une autre partie de l'empire où, se-
lon quelques rapports, il se brasse des méfaits. En
Europe, les chrétiens sont opposés aux mahométans, et
les populations sont enflammées ; en Afrique, l'excita
tion est confinée dans un palais, et l'ambition brûle
seulement dans la poitrine d'un pacha. On peut dire
que le vice-roi égyptien est suspect d'un désir de relâ-
cher un peu les liens de son allégeance, et que ses es-
pérances sont fixées sur ce grand champion des oppri-
més, l'empereur des Français. Saïd Pacha s'est entouré
plus que jamais de conseillers français, et il apprend
d'eux que le droit des nobles esprits est de fouler aux
pieds les traités qui rendent une province dépendante
d'une autorité centrale. Le résultat de ces conseils est
un désir à peine caché de prendre avantage de toute
perturbation pouvant s'élever en Turquie dans le but
d'obtenir, sinon l'indépendance, au moins une plus
large mesure de pouvoir. L'influence française en ce
moment est suprême, et M. de Lesseps, dont le projet
n'est rien moins que prohibé, a la permission de dé-
penser le capital de ses actionnaires, en tant qu'il
existe , à commencer ses travaux pour l'un de ses
môles gigantesques sur la Méditerranée.
» Quoiqu'il ne soit pas douteux que la France a tou-
jours eu un désir de rivaliser avec notre pays en
Egypte, où l'ambition de ses gouvernements a subi
deux échecs si signalés, et quoiqu'elle voulût volontiers
rendre le vice-roi Indépendant de la Porte, si elle y
pouvait substituer sa propre protection, pourtant nous
consentons à voir sans la plus légère alarme ces intri-
gues du prince ignorant qui gouverne au Caire. Plût à
Dieu qu'il n'existât point d'autres dangers pour la Tur-
quie et pour DOUS que ceux qu'on peut machiner sur
les bords du Nil l Nous avons peu de souci de ce que
peuvent faire les aventuriers français au service de
l'Egypte, parce que nous savons que l'Angleterre en
cette matière ne souffrira pas qu'on se joue d'elle un
moment. Les Anglais n'ont point le désir d'occuper des
places au service du vice-roi. Ils n'ont point la souplesse
requise des hommes qui veulent s'initier dans la faveur
d'un prince oriental ; ils ne sont pas gens a oublier les
habitudes et le type moral de leur pays.
» Mais la sujétion de l'Egypte à la Porte et l'entière
exclusion de toute influence européenne illégitime est
un sujet d'importance vitale pour nous, et nous pouvons
dire que maintenant les labeurs de plusieurs années
ont été couronnés de succès. Nous avons complété nos
communications avec rInde; nous avons fait notre che-
min de fer d'Alexandrie à Suez, que le canal Lesseps,
dans son origine, avait pour objet d'interrompre; en cet
instant, le télégraphe est posé tout le long de la mer
Rouge; nous- avons conclu des arrangements pour
transporter des troupes dans l'Inde à travers l'isthme ;
et dans ces entreprises nous sommes obligés de recon-
naître que les vice-rois ont montré beaucoup de bon
sens et de modération. Telles sont les bases solides de
l'influence anglaise; tant que nous les aurons toutes, les
intrigues et les fanfaronnades de nos rivaux continen-
taux ne peuvent avoir que de petits résultats. Le pacha
sait combien il a à gagner avec nous ; ce sont les An-
glais qui soutiennent le chemin de fer, sa propriété en
très grande partie; et les steamers qui fréquentent le
port de Suez rivaliseront bientôt en nombre et en gran-
deur avec ceux qui traversent l'Atlantique. Aucune autre
nation n'a des ressources au total comparables à celles-
là, et ne peut conférer de semblables bénéfices à un prince
ami. D'autre part, le plus léger signe d'une disposition
à échapper au traité de 1840 appellerait sur le vice-roi
tout le poids de la puissance anglaise. Nous tenons
Malte et Corfou d'un côté, Bombay et Aden de l'autre,
et flottes et armées s'avanceraient de ces deux points
opposés pour mettre un ambitieux gouvernement à la
raison. Les vues attribuées à Saïd-Pacha ne sont point
vraisemblablement destinées à survivre à l'agitation na-
turellement causée par une soudaine convulsion en
Europe. #
UN SECOND DE M. GREEN.
Nous venons de soumettre au jugement public le
chef-d'œuvre de convenance, de courtoisie et do
loyauté que le Times a cru devoir éditer dans ses
colonnes. L'Egypte, la France, la Russie, le continent
tout entier n'y sont certes pas épargnés, et la Tur-
quie elle-même a sa part dans cette flagellation gé-
nérale. Il est impossible de rabaisser plus outrageu -
sement un gouvernement allié faisant désormais
partie de l'équilibre européen. Nous aimons à suppo-
ser que le journaliste, dans son transport, a outrepassé
son but. Est-ce qu'il aurait voulu ouvrir devant l'Eu-
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