Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-05-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 mai 1859 15 mai 1859
Description : 1859/05/15 (A4,N70). 1859/05/15 (A4,N70).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529505j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
15 MAI. JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 149
trompeuses; M. le sous-gouverneur de Damiette, tous
les consuls, la famille du respectable M. Suzrur, ont
fait pavoiser les consulats ; partout, les démonstra-
tions les plus cordiales nous ont environnés. Nous
avons été les objets de l'hospitalité la plus splendide,
et à notre retour le consul anglais a bien voulu aussi
nous adresser une gracieuse invitation que le temps
ne nous a pas permis d'accepter.
Le beau site de Damiette et tous ces empresse-
ments affectueux avaient pourtant pour la commis-
sion moins d'attraits que la plage nue et stérile qui
s'étend autour du port Saïd.
Le mercredi 20 avril, quatre barques nous rece-
vaient à 2 kilomètres de la ville.
Malgré les ensablements fréquents, avec le secours
des bras, des jambes, des épaules des vigoureux pê-
cheurs de Matarieh, nos barques se dirigent sans
détour vers Tennys, ancienne ville égyptienne et
romaine, précisément sur la ligne du canal maritime.
Le premier rayon de soleil du lendemain a éclairé
notre visite sur l'île où ces ruines sont éparses. De-
puis l'expédition d'Egypte , Tennys et ses fouilles
n'ont pas dû recevoir une compagnie plus nombreuse.
Au milieu des débris de briques qui couvrent plus
d'un kilomètre du sol, de profondes excavations met-
tent à découvert des ruines même faites pour étonner
les yeux qui ont vu Peluse et Carthage. Des fonda-
tions romaines, deux monticules où s'élevaient des
temples, une colonne de marbre à fleur de terre, des
monceaux de matériaux à la surface, et au-dessous
quatre citernes avec leurs voûtes et leur ciment in-
tacts ; des restes d'arceaux dans toutes les directions.
tels sont les témoins qui nous ont raconté les rava-
ges des siècles et l'ancienne splendeur de ces lieux,
en même temps que ce spectacle nous apprenait les
ressources que nous offraient ces décombres pour les
matériaux dont nous avions besoin, et nous encoura-
geaient de l'espoir de relever ces tristes restes.
Chacun se retire pensif, les mains chargées de frag
ments de vases et de statuettes dont le temps n'a pu
entièrement effacer le dessin ou les empreintes.
Nos ingénieurs ont calculé que les matériaux qu'on
pourrait recueillir sur ce sol pour la construction du
port Saïd devaient s'élever au moins à 15,000 mètres
cubes.
Dans la même matinée, après notre visite à Ten-
nys, nous avons franchi la dernière bouche de la
branche tannitique en face de la tour de Gemileh.
Nos barques y déposaient nos bagages et nos tentes,
destinées à un nouveau désert.
Plus de 20 kilomètres nous séparaient de la butte
Philigret; notre impatiente ardeur nous les fait par-
courir à pied sur les bords de la Méditerranée, char-
gés de coquillages et de couches de sable.
La commission y surprend l'ingénieur hydrographe,
M. Larousse, la sonde à la main, descendant de sa
barque pour coter sous sa tente les différentes pro-
fondeurs du rivage.
Nos toiles, surmontées des couleurs égyptiennes, se
dressent provisoirement au pied de la butte isolée
pour être transportées sur la ligne dès que les pre-
mières opérations y seront achevées.
C'est encore le désert, mais avec la haute mer au
nord, les lagunes au midi, et entre les deux une ban-
quette stérile qui s'élargit ou se rétrécit en raison
du niveau des eaux.
C'est un spectacle grandiose, tout peuplé de sou-
venirs, éveillant à la fois l'imagination et la pensée.
Mais ces émotions ne détournent pas un instant la
commission du but qu'elle vient poursuivre sur ce
théâtre des prospérités passées qu'elle espère renou-
veler. Elle s'est rendue sur ces rives pour l'accom-
plissement d'une mission positive etl plus haute ; elle
y est venue pour mettre à profit le fruit de ma-
gnifiques études, et commencer l'exécution du grand
travail dont les plans lui ont été tracés par la science
et l'autorité de la commission internationale.
Elle y est venue pour déterminer définitivement
le point de l'issue du grand canal sur la Méditerra-
née et préparer les fondements de la ville, qui, sous le
nom si heureusement choisi de port Saïd, doit corres-
pondre avec le port de Suez par les flots unis des deux
mers.
A peine la commission peut-elle rapidement arrê-
ter son attention sur les produits naturels que ces ri-
vages lui offrent pour l'augmentation des revenus de
la Compagnie : l'abondance de la pêche dans le lac et
à la mer, la préparation de la poutarque, la vente du
poisson salé, la facilité de recueillir à peu de frais le
sel blanc cristallisé. Le courant des esprits est ailleurs ;
ces considérations sont inférieures, et leur moment
peut s'ajourner; il s'agit aujourd'hui de l'œuvre elle-
même, non de ses accessoires.
Chacun mesure du pas et de l'œil le sol à creuser, le
sol à édifier : les quais pour contenir les flots, les ha-
bitations solides à la place des tentes mobiles, les
maisons de travailleurs, les refuges de bon secours ;
un phare à élever pour guider les navigateurs, un mina-
ret pour les musulmans, une église pour les chrétiens
Enfin, les derniers calculs sont relevés. Le point est
choisi où, par la déclivité la plus rapide, la mer
semble le plus se prêter à abréger la longueur des
jetées et à simplifier les difficultés et la durée de ces
travaux.
Le jour est désigné ; c'est le lundi 25 avril 1859
que le premier coup de pioche doit satisfaire l'impa-
tience du monde et terminer la mission de la députa-
tion déléguée.
De Damiette à Benah, avril 1859.
A. DE CORBIN DE MANGOUX.
P. S. Pour donner à ce rapide itinéraire un com-
trompeuses; M. le sous-gouverneur de Damiette, tous
les consuls, la famille du respectable M. Suzrur, ont
fait pavoiser les consulats ; partout, les démonstra-
tions les plus cordiales nous ont environnés. Nous
avons été les objets de l'hospitalité la plus splendide,
et à notre retour le consul anglais a bien voulu aussi
nous adresser une gracieuse invitation que le temps
ne nous a pas permis d'accepter.
Le beau site de Damiette et tous ces empresse-
ments affectueux avaient pourtant pour la commis-
sion moins d'attraits que la plage nue et stérile qui
s'étend autour du port Saïd.
Le mercredi 20 avril, quatre barques nous rece-
vaient à 2 kilomètres de la ville.
Malgré les ensablements fréquents, avec le secours
des bras, des jambes, des épaules des vigoureux pê-
cheurs de Matarieh, nos barques se dirigent sans
détour vers Tennys, ancienne ville égyptienne et
romaine, précisément sur la ligne du canal maritime.
Le premier rayon de soleil du lendemain a éclairé
notre visite sur l'île où ces ruines sont éparses. De-
puis l'expédition d'Egypte , Tennys et ses fouilles
n'ont pas dû recevoir une compagnie plus nombreuse.
Au milieu des débris de briques qui couvrent plus
d'un kilomètre du sol, de profondes excavations met-
tent à découvert des ruines même faites pour étonner
les yeux qui ont vu Peluse et Carthage. Des fonda-
tions romaines, deux monticules où s'élevaient des
temples, une colonne de marbre à fleur de terre, des
monceaux de matériaux à la surface, et au-dessous
quatre citernes avec leurs voûtes et leur ciment in-
tacts ; des restes d'arceaux dans toutes les directions.
tels sont les témoins qui nous ont raconté les rava-
ges des siècles et l'ancienne splendeur de ces lieux,
en même temps que ce spectacle nous apprenait les
ressources que nous offraient ces décombres pour les
matériaux dont nous avions besoin, et nous encoura-
geaient de l'espoir de relever ces tristes restes.
Chacun se retire pensif, les mains chargées de frag
ments de vases et de statuettes dont le temps n'a pu
entièrement effacer le dessin ou les empreintes.
Nos ingénieurs ont calculé que les matériaux qu'on
pourrait recueillir sur ce sol pour la construction du
port Saïd devaient s'élever au moins à 15,000 mètres
cubes.
Dans la même matinée, après notre visite à Ten-
nys, nous avons franchi la dernière bouche de la
branche tannitique en face de la tour de Gemileh.
Nos barques y déposaient nos bagages et nos tentes,
destinées à un nouveau désert.
Plus de 20 kilomètres nous séparaient de la butte
Philigret; notre impatiente ardeur nous les fait par-
courir à pied sur les bords de la Méditerranée, char-
gés de coquillages et de couches de sable.
La commission y surprend l'ingénieur hydrographe,
M. Larousse, la sonde à la main, descendant de sa
barque pour coter sous sa tente les différentes pro-
fondeurs du rivage.
Nos toiles, surmontées des couleurs égyptiennes, se
dressent provisoirement au pied de la butte isolée
pour être transportées sur la ligne dès que les pre-
mières opérations y seront achevées.
C'est encore le désert, mais avec la haute mer au
nord, les lagunes au midi, et entre les deux une ban-
quette stérile qui s'élargit ou se rétrécit en raison
du niveau des eaux.
C'est un spectacle grandiose, tout peuplé de sou-
venirs, éveillant à la fois l'imagination et la pensée.
Mais ces émotions ne détournent pas un instant la
commission du but qu'elle vient poursuivre sur ce
théâtre des prospérités passées qu'elle espère renou-
veler. Elle s'est rendue sur ces rives pour l'accom-
plissement d'une mission positive etl plus haute ; elle
y est venue pour mettre à profit le fruit de ma-
gnifiques études, et commencer l'exécution du grand
travail dont les plans lui ont été tracés par la science
et l'autorité de la commission internationale.
Elle y est venue pour déterminer définitivement
le point de l'issue du grand canal sur la Méditerra-
née et préparer les fondements de la ville, qui, sous le
nom si heureusement choisi de port Saïd, doit corres-
pondre avec le port de Suez par les flots unis des deux
mers.
A peine la commission peut-elle rapidement arrê-
ter son attention sur les produits naturels que ces ri-
vages lui offrent pour l'augmentation des revenus de
la Compagnie : l'abondance de la pêche dans le lac et
à la mer, la préparation de la poutarque, la vente du
poisson salé, la facilité de recueillir à peu de frais le
sel blanc cristallisé. Le courant des esprits est ailleurs ;
ces considérations sont inférieures, et leur moment
peut s'ajourner; il s'agit aujourd'hui de l'œuvre elle-
même, non de ses accessoires.
Chacun mesure du pas et de l'œil le sol à creuser, le
sol à édifier : les quais pour contenir les flots, les ha-
bitations solides à la place des tentes mobiles, les
maisons de travailleurs, les refuges de bon secours ;
un phare à élever pour guider les navigateurs, un mina-
ret pour les musulmans, une église pour les chrétiens
Enfin, les derniers calculs sont relevés. Le point est
choisi où, par la déclivité la plus rapide, la mer
semble le plus se prêter à abréger la longueur des
jetées et à simplifier les difficultés et la durée de ces
travaux.
Le jour est désigné ; c'est le lundi 25 avril 1859
que le premier coup de pioche doit satisfaire l'impa-
tience du monde et terminer la mission de la députa-
tion déléguée.
De Damiette à Benah, avril 1859.
A. DE CORBIN DE MANGOUX.
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