Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-05-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mai 1859 01 mai 1859
Description : 1859/05/01 (A4,N69). 1859/05/01 (A4,N69).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295044
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
134 L'ISTHME DE SUEZ, 1er MAI.
ne serait que dans l'intention de se réserver à elle
seule le bénéfice du transit par l'Egypte.
Mais ce serait évidemment provoquer et justifier
tous les actes d'opposition ou de violence que les
États-Unis pourraient faire au projet appuyé par les
Anglais. Il ne peut pas exister deux poids et deux me.-
sures, l'une ponr l'Asie et l'autre pour l'Amérique.
Nous serions les premiers à nous récrier contre toute
atteinte de la république transatlantique à la liberté
et aux résolutions d'un État indépendant. Mais si
une pareille conduite viole le droit des gens du côté
de l'isthme de Panama, elle le violerait avec tout
aussi peu d'équité du côté de l'isthme de Suez.
Nous applaudissons à la fermeté du président de
Costa-Rica, qui amis à la disposition de M. Belly et
de ses agents toutes les ressources en son pouvoir
pour l'exécution de son projet, et nous applaudissons
avec le même élan à la conduite du vice-roi d'Egypte
qui accorde les mêmes encouragements et le même
concours à une entreprise grosse de conséquences
encore plus belles pour le bien-être de ses peuples et
le progrès de la civilisation. Si M. Green était encore
en Egypte, et qu'il renouvelât ses tentatives, il nous
semble que le vice-roi n'aurait pas d'autre réponse
à lui faire que de lui lire le petit extrait que nous
venons de reproduire de la lettre de Grey-Town.
RNEST DESPIACES.
LA PUISSANCE DES FAITS.
La discussion porte toujours ses fruits. L'entreprise
de l'isthme de Suez a surtout à se féliciter de ses ré-
sultats. Elle a produit, dans toutes les couches de la
société du continent d'Europe, une unanimité presque
sans exemple en faveur de cette grande conception.
En Angleterre même, le projet est appuyé par les
esprits les plus éminents et les plus distingués en de-
hors et en dedans du parlement. Il a obtenu la sanc-
tion de 22 meetings, le concours de la grande majo-
rité de la presse britannique ; il n'a pas reçu au delà
des mers un accueil moins sympathique. La presse de
l'Amérique, de l'Asie, des contrées australiennes, l'a
expressément secondé de toute son approbation. Ja-
mais pensée d'utilité publique ne mérita mieux le ti-
tre d'universelle, à en juger par les encouragements
et l'intérêt qu'elle a recueillis dans toutes les parties du
monde.
La prospérité du grand empire britannique dans les
Indes orientales est, comme nous l'avons souvent dit,
spécialement rattachée à l'heureuse issue de cette
question, et il est remarquable que les journaux in-
diens eux-mêmes ont, dès le premier moment, accor-
dé la préférence au canal maritime par l'isthme sur le
plan conçu et avorté d'un chemin de fer aboutissant
au golfe Persique par la vallée de l'Euphrate. Au-
jourd'hui, nous trouvons dans le Bombay-Times du 3
mars une manifestation plus explicite de l'opinion
des populations anglaises dans l'Inde. L'une des der-
nières réunions de la Société asiatique de Bombay vient
d'entendre la lecture d'un mémoire également re-
marquable et par la compétence de son auteur, et
par la science de ses vues, et par la solidité de son
argumentation. Ce document sans contredit produira
son effet et en Europe et en Angleterre. Il émane d'un
des officiers supérieurs de la marine anglaise. Il porte
le témoignage de son expérience des localités et de
grandes connaissances nautiques. Malgré les détails
techniques qui ne sont peut-être pas à la portée de
tout le monde, nous croyons devoir reproduire en en-
tier ce travail important, qui restera comme une ins-
truction pratique pour les navigateurs. Mais en même
temps nous ferons ici l'analyse de cette opinion ferme
et décidée, empruntant un poids considérable d'auto-
rité et de sincérité à la position de celui qui l'ex-
prime.
Nous avons toujours prétendu que de toutes les
nations du monde, l'Angleterre serait celle qui tire-
rait le plus grand profit de la réalisation du canal de
Suez. M. le commander Barker est énergiquement
de la même opinion, et il s'étonne non sans vivacité
que de toutes les nations civilisées du globe, l'Angle-
terre soit la seule à entraver l'exécution du canal
maritime. Il y voit avec raison une déplorable incon-
séquence avec les doctrines de liberté commerciale
dont son pays a fait le symbole de sa politique, et l'on
sait avec quelle force ces inconséquences ont été ex-
ploitées par les adversaires de cette politique.
La conclusion de l'ensemble du travail est qu'il se-
rait difficile d'apprécier l'immensité des services que
le monde et la civilisation doivent tirer du percement
de l'isthme de Suez.
Mais il est un autre point de vue sous lequel ce
document nous touche plus particulièrement, c'est
celui qui traite des prétendues difficultés de la navi-
gation de la mer Rouge et des préjugés qu'on a accu-
mulés autour d'elle. Pour la navigation à vapeur et
pour la navigation à hélice auxiliaire, la question
n'en est plus une, et nous nous sommes efforcés de dé-
montrer que la route nouvelle présentait également
de sensibles avantages pour la navigation à voiles.
C'est derrière ce dernier côté de la question que se
sont retranchés en désespoir de cause les adversaires
du canal, ne disputant plus sur la possibilité de son
exécution', mais sur la somme des revenus que doit
lui rapporter le passage des navires qui le traverse-
ront. Les navires à voiles n'avaient aucun avantage
à se diriger sur l'isthme de Suez ; ils devaient conti-
nuer à préférer le détour long, pénible et périlleux du
Cap. On a présenté des calculs à l'appui de cette as-
sertion invraisemblable. Nous les avons combattus.
Nous avons cherché à démontrer par l'étude et la
ne serait que dans l'intention de se réserver à elle
seule le bénéfice du transit par l'Egypte.
Mais ce serait évidemment provoquer et justifier
tous les actes d'opposition ou de violence que les
États-Unis pourraient faire au projet appuyé par les
Anglais. Il ne peut pas exister deux poids et deux me.-
sures, l'une ponr l'Asie et l'autre pour l'Amérique.
Nous serions les premiers à nous récrier contre toute
atteinte de la république transatlantique à la liberté
et aux résolutions d'un État indépendant. Mais si
une pareille conduite viole le droit des gens du côté
de l'isthme de Panama, elle le violerait avec tout
aussi peu d'équité du côté de l'isthme de Suez.
Nous applaudissons à la fermeté du président de
Costa-Rica, qui amis à la disposition de M. Belly et
de ses agents toutes les ressources en son pouvoir
pour l'exécution de son projet, et nous applaudissons
avec le même élan à la conduite du vice-roi d'Egypte
qui accorde les mêmes encouragements et le même
concours à une entreprise grosse de conséquences
encore plus belles pour le bien-être de ses peuples et
le progrès de la civilisation. Si M. Green était encore
en Egypte, et qu'il renouvelât ses tentatives, il nous
semble que le vice-roi n'aurait pas d'autre réponse
à lui faire que de lui lire le petit extrait que nous
venons de reproduire de la lettre de Grey-Town.
RNEST DESPIACES.
LA PUISSANCE DES FAITS.
La discussion porte toujours ses fruits. L'entreprise
de l'isthme de Suez a surtout à se féliciter de ses ré-
sultats. Elle a produit, dans toutes les couches de la
société du continent d'Europe, une unanimité presque
sans exemple en faveur de cette grande conception.
En Angleterre même, le projet est appuyé par les
esprits les plus éminents et les plus distingués en de-
hors et en dedans du parlement. Il a obtenu la sanc-
tion de 22 meetings, le concours de la grande majo-
rité de la presse britannique ; il n'a pas reçu au delà
des mers un accueil moins sympathique. La presse de
l'Amérique, de l'Asie, des contrées australiennes, l'a
expressément secondé de toute son approbation. Ja-
mais pensée d'utilité publique ne mérita mieux le ti-
tre d'universelle, à en juger par les encouragements
et l'intérêt qu'elle a recueillis dans toutes les parties du
monde.
La prospérité du grand empire britannique dans les
Indes orientales est, comme nous l'avons souvent dit,
spécialement rattachée à l'heureuse issue de cette
question, et il est remarquable que les journaux in-
diens eux-mêmes ont, dès le premier moment, accor-
dé la préférence au canal maritime par l'isthme sur le
plan conçu et avorté d'un chemin de fer aboutissant
au golfe Persique par la vallée de l'Euphrate. Au-
jourd'hui, nous trouvons dans le Bombay-Times du 3
mars une manifestation plus explicite de l'opinion
des populations anglaises dans l'Inde. L'une des der-
nières réunions de la Société asiatique de Bombay vient
d'entendre la lecture d'un mémoire également re-
marquable et par la compétence de son auteur, et
par la science de ses vues, et par la solidité de son
argumentation. Ce document sans contredit produira
son effet et en Europe et en Angleterre. Il émane d'un
des officiers supérieurs de la marine anglaise. Il porte
le témoignage de son expérience des localités et de
grandes connaissances nautiques. Malgré les détails
techniques qui ne sont peut-être pas à la portée de
tout le monde, nous croyons devoir reproduire en en-
tier ce travail important, qui restera comme une ins-
truction pratique pour les navigateurs. Mais en même
temps nous ferons ici l'analyse de cette opinion ferme
et décidée, empruntant un poids considérable d'auto-
rité et de sincérité à la position de celui qui l'ex-
prime.
Nous avons toujours prétendu que de toutes les
nations du monde, l'Angleterre serait celle qui tire-
rait le plus grand profit de la réalisation du canal de
Suez. M. le commander Barker est énergiquement
de la même opinion, et il s'étonne non sans vivacité
que de toutes les nations civilisées du globe, l'Angle-
terre soit la seule à entraver l'exécution du canal
maritime. Il y voit avec raison une déplorable incon-
séquence avec les doctrines de liberté commerciale
dont son pays a fait le symbole de sa politique, et l'on
sait avec quelle force ces inconséquences ont été ex-
ploitées par les adversaires de cette politique.
La conclusion de l'ensemble du travail est qu'il se-
rait difficile d'apprécier l'immensité des services que
le monde et la civilisation doivent tirer du percement
de l'isthme de Suez.
Mais il est un autre point de vue sous lequel ce
document nous touche plus particulièrement, c'est
celui qui traite des prétendues difficultés de la navi-
gation de la mer Rouge et des préjugés qu'on a accu-
mulés autour d'elle. Pour la navigation à vapeur et
pour la navigation à hélice auxiliaire, la question
n'en est plus une, et nous nous sommes efforcés de dé-
montrer que la route nouvelle présentait également
de sensibles avantages pour la navigation à voiles.
C'est derrière ce dernier côté de la question que se
sont retranchés en désespoir de cause les adversaires
du canal, ne disputant plus sur la possibilité de son
exécution', mais sur la somme des revenus que doit
lui rapporter le passage des navires qui le traverse-
ront. Les navires à voiles n'avaient aucun avantage
à se diriger sur l'isthme de Suez ; ils devaient conti-
nuer à préférer le détour long, pénible et périlleux du
Cap. On a présenté des calculs à l'appui de cette as-
sertion invraisemblable. Nous les avons combattus.
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