Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-04-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 avril 1859 15 avril 1859
Description : 1859/04/15 (A4,N68). 1859/04/15 (A4,N68).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529503q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
118 L'ISTHME DE SUEZ, 15 AVRIL.
vu que, si l'on n'était pas unanime sur le tracé et les
travaux d'exécution, on Pétait du moins quant aux im-
menses résultats qui en découleraient pour l'Orient et l'Occident
Ce serait une trop grande puérilité de notre part que de
prétendre manquer à cette unanimité si bien constatée par
le journal l'Isthme de Suez, dont la discussion est si cal-
me et si savante, et dont nous reproduisons plus loin
un article signé par M. Ferdinand de Lesseps, afin que
l'on puisse bien en juger. Dénigrer une si grande èntre-
prise, ce serait s'engager à prouver que Us moyens qui abrègent
les distances et multiplient les relations entre les peuples ne
doivent pas être employés. Nous nous insurgerions seuls
contre la pensée du siècle, et nous ne nous sentons pas
de force à jouer le rôle ridicule et vain d'un Titan.
» Il ne peut donc pas se trouver d'opposants sur les avan-
tages économiques du percement de l'isthme de Suez. Sous ce
rapport, AUCUNE VOLONTÉ NE S'ÉLÈVE NULLE PART COMME
AUCUNE DIFFICULTÉ ; mais on ne peut nier que ce projet n'ait
donné lieu à des dissidences d'un caractère purement
politique, et le gouvernement impérial ne peut qu'at-
tendre la fin de ces dissidences. »
Il est impossible de désirer une profession de foi
plus explicite, et le rédacteur déclarait sans contradic-
tion exprimer les sentiments de la Porte. D'après la
Porte donc, « le percement de l'isthme de Suez ne peut
» en lui-même trouver un contradicteur sérieux. Il
» n'est jamais entré dans sa pensée de fairel'esprit fort
» vis-à-vis des données certaines de la science. L'exé-
» cution de ce travail présente les plus immenses
» perspectives aux intérêts de l'Orient et de l'Occi-
» dent. C'est l'opinion unanime ; c'est celle du gou-
» vernement turc. Il ne peut donc se trouver d'op-
» posants sur les avantages économiques de l'isthme
» de Suez, et sous ce rapport aucune volonté ne s'é-
» lève nulle part, comme aucune difficulté.
Un seul nuage troublait encore les résolutions
de la Sublime-Porte. Elle pouvait craindre que l'Eu-
rope ne fût pas en complet accord sur ce qu'on appelle
à Constantinople la pensée du siècle. C'était évidem-
ment une allusion aux répugnances exprimées à cette
époque non par l'Europe; dont les gouvernements
sympathisaient ardemment avec le projet, mais par
lord Palmerston seulement. Nous aurons tout à l'heure
à revenir sur ce côté de la question.
La mort soudaine de Reschid-Pacha replaça à la
tète du gouvernement ottoman le plénipotentiaire de
Paris, S. A. Aali-Pacha. Le projet marche cependant,
la compagnie va être organisée. C'est en ce moment
que le premier ministre de Turquie, d'après tout ce
qu'ont rapporté la presque unanimité des journaux, et
d'après ce que nous croyons savoir nous-même, dé-
clare à quelques-uns des représentants européens que
le gouvernement turc n'a aucune objection à faire à
la poursuite de l'entreprise, et que pour sa part il la
considère comme également avantageuse à la Tur-
quie, à l'Europe et à la civilisation.
Après cet exposé, nous invoquons le jugement de
tous les esprits sincères et impartiaux. La Turquie
ira-t-elle pas autorisé l'exécution du canal, morale-
ment, implicitement, et même explicitement, en at-
testant si souvent l'utilité de la pensée, sa sympathie,
son bon vouloir et la grandeur des résultats qu'elle
en attend pour le bien de ses peuples? N'a-t-elle pas
clairement ratifié aux yeux des nations l'initiative
du vice-roi d'Egypte? Il est vrai que, dans leur dé-
sespoir, les adversaires du canal de Suez prétendent
que cette ratification ne peut émaner que d'un fir-
man solennel signé par le sultan. C'est n'est pas là le
moins du monde la pensée ni la forme de la seule ré-
serve faite par le vice-roi d'Égypte. Il s'est simplement
réservé : « l'autorisation, la ratification de la Porte; »
et certes il est impossible de méconnaître ces carac-
tères dans l'ensemble concordant des circonstances
que nous venons d'exposer et qui se sont succédé
pendant trois ans.
Mais la Porte, dans sa prudence et les ménage-
ments obligés de sa situation envers la puissance
anglaise, juge à la fois inutile et surabondant de se
compromettre, par un acte officiel, envers les résis-
tances qu'on lui dit exister dans le gouvernement
anglais. Elle désire que le canal s'exécute. Elle a
tout haut fait connaître ce désir. Elle se regarde
dès lors comme dégagée de toute responsabilité en-
vers le monde, envers les peuples, pour les entraves,
d'ailleurs indirectes et illégitimes, que les intrigues
britanniques pourraient susciter au .travail. Telle est
la position. Nous ne craignons pas de dire qu'elle au-
torise hautement et le pacha d'Egypte et la com-
pagnie universelle à persévérer dans la poursuite
de leur but. Nous ne craignons pas de dire que l'at-
titude du gouvernement anglais lui-même est de
nature à encourager cette résolution. Nous ne sommes
plus, en effet, au temps où il est encore possible de
soutenir, avec lord Palmerston, que le projet n'est
pas praticable; que les capitaux lui feront défaut;
que la Turquie le voit d'un mauvais ceil ; qu'elle y
découvre des inconvénients pour l'intégrité de l'em-
pire. La prise de possession de Périm et de l'île Ca-
maran ont assez démontré de quel côté, et de quel
seul côté cette intégrité était menacée. L'Egypte est
attachée à la Turquie par les liens étroits des traités,
placés sous la garantie de toutes les grandes puis-
sances, et le Bosphore égyptien, en donnant à cette
possession une nouvelle et immense importance, ne
peut qu'intéresser l'Europe à la maintenir énergique-
ment envers et contre tous, dans la situation où elle
se trouve aujourd'hui. Le canal de Suez est donc un
gage certain de la conservation de l'Egypte à la
dynastie de Mehemet-Ali et à la suzeraineté de la
Turquie. C'est ce qui est également et profondément
senti et au Caire et à Constantinople.
Dès lors, sur quelle base désormais peut reposer la
seule difficulté survivante à l'achèvement de ce grand
vu que, si l'on n'était pas unanime sur le tracé et les
travaux d'exécution, on Pétait du moins quant aux im-
menses résultats qui en découleraient pour l'Orient et l'Occident
Ce serait une trop grande puérilité de notre part que de
prétendre manquer à cette unanimité si bien constatée par
le journal l'Isthme de Suez, dont la discussion est si cal-
me et si savante, et dont nous reproduisons plus loin
un article signé par M. Ferdinand de Lesseps, afin que
l'on puisse bien en juger. Dénigrer une si grande èntre-
prise, ce serait s'engager à prouver que Us moyens qui abrègent
les distances et multiplient les relations entre les peuples ne
doivent pas être employés. Nous nous insurgerions seuls
contre la pensée du siècle, et nous ne nous sentons pas
de force à jouer le rôle ridicule et vain d'un Titan.
» Il ne peut donc pas se trouver d'opposants sur les avan-
tages économiques du percement de l'isthme de Suez. Sous ce
rapport, AUCUNE VOLONTÉ NE S'ÉLÈVE NULLE PART COMME
AUCUNE DIFFICULTÉ ; mais on ne peut nier que ce projet n'ait
donné lieu à des dissidences d'un caractère purement
politique, et le gouvernement impérial ne peut qu'at-
tendre la fin de ces dissidences. »
Il est impossible de désirer une profession de foi
plus explicite, et le rédacteur déclarait sans contradic-
tion exprimer les sentiments de la Porte. D'après la
Porte donc, « le percement de l'isthme de Suez ne peut
» en lui-même trouver un contradicteur sérieux. Il
» n'est jamais entré dans sa pensée de fairel'esprit fort
» vis-à-vis des données certaines de la science. L'exé-
» cution de ce travail présente les plus immenses
» perspectives aux intérêts de l'Orient et de l'Occi-
» dent. C'est l'opinion unanime ; c'est celle du gou-
» vernement turc. Il ne peut donc se trouver d'op-
» posants sur les avantages économiques de l'isthme
» de Suez, et sous ce rapport aucune volonté ne s'é-
» lève nulle part, comme aucune difficulté.
Un seul nuage troublait encore les résolutions
de la Sublime-Porte. Elle pouvait craindre que l'Eu-
rope ne fût pas en complet accord sur ce qu'on appelle
à Constantinople la pensée du siècle. C'était évidem-
ment une allusion aux répugnances exprimées à cette
époque non par l'Europe; dont les gouvernements
sympathisaient ardemment avec le projet, mais par
lord Palmerston seulement. Nous aurons tout à l'heure
à revenir sur ce côté de la question.
La mort soudaine de Reschid-Pacha replaça à la
tète du gouvernement ottoman le plénipotentiaire de
Paris, S. A. Aali-Pacha. Le projet marche cependant,
la compagnie va être organisée. C'est en ce moment
que le premier ministre de Turquie, d'après tout ce
qu'ont rapporté la presque unanimité des journaux, et
d'après ce que nous croyons savoir nous-même, dé-
clare à quelques-uns des représentants européens que
le gouvernement turc n'a aucune objection à faire à
la poursuite de l'entreprise, et que pour sa part il la
considère comme également avantageuse à la Tur-
quie, à l'Europe et à la civilisation.
Après cet exposé, nous invoquons le jugement de
tous les esprits sincères et impartiaux. La Turquie
ira-t-elle pas autorisé l'exécution du canal, morale-
ment, implicitement, et même explicitement, en at-
testant si souvent l'utilité de la pensée, sa sympathie,
son bon vouloir et la grandeur des résultats qu'elle
en attend pour le bien de ses peuples? N'a-t-elle pas
clairement ratifié aux yeux des nations l'initiative
du vice-roi d'Egypte? Il est vrai que, dans leur dé-
sespoir, les adversaires du canal de Suez prétendent
que cette ratification ne peut émaner que d'un fir-
man solennel signé par le sultan. C'est n'est pas là le
moins du monde la pensée ni la forme de la seule ré-
serve faite par le vice-roi d'Égypte. Il s'est simplement
réservé : « l'autorisation, la ratification de la Porte; »
et certes il est impossible de méconnaître ces carac-
tères dans l'ensemble concordant des circonstances
que nous venons d'exposer et qui se sont succédé
pendant trois ans.
Mais la Porte, dans sa prudence et les ménage-
ments obligés de sa situation envers la puissance
anglaise, juge à la fois inutile et surabondant de se
compromettre, par un acte officiel, envers les résis-
tances qu'on lui dit exister dans le gouvernement
anglais. Elle désire que le canal s'exécute. Elle a
tout haut fait connaître ce désir. Elle se regarde
dès lors comme dégagée de toute responsabilité en-
vers le monde, envers les peuples, pour les entraves,
d'ailleurs indirectes et illégitimes, que les intrigues
britanniques pourraient susciter au .travail. Telle est
la position. Nous ne craignons pas de dire qu'elle au-
torise hautement et le pacha d'Egypte et la com-
pagnie universelle à persévérer dans la poursuite
de leur but. Nous ne craignons pas de dire que l'at-
titude du gouvernement anglais lui-même est de
nature à encourager cette résolution. Nous ne sommes
plus, en effet, au temps où il est encore possible de
soutenir, avec lord Palmerston, que le projet n'est
pas praticable; que les capitaux lui feront défaut;
que la Turquie le voit d'un mauvais ceil ; qu'elle y
découvre des inconvénients pour l'intégrité de l'em-
pire. La prise de possession de Périm et de l'île Ca-
maran ont assez démontré de quel côté, et de quel
seul côté cette intégrité était menacée. L'Egypte est
attachée à la Turquie par les liens étroits des traités,
placés sous la garantie de toutes les grandes puis-
sances, et le Bosphore égyptien, en donnant à cette
possession une nouvelle et immense importance, ne
peut qu'intéresser l'Europe à la maintenir énergique-
ment envers et contre tous, dans la situation où elle
se trouve aujourd'hui. Le canal de Suez est donc un
gage certain de la conservation de l'Egypte à la
dynastie de Mehemet-Ali et à la suzeraineté de la
Turquie. C'est ce qui est également et profondément
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