Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-04-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 avril 1859 01 avril 1859
Description : 1859/04/01 (A4,N67). 1859/04/01 (A4,N67).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295029
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
102 L'ISTHME DE SUEZ, 1er AVRIL.
» son bien-être. Et si, par son art et sa science, il
» peut vaincre les difficultés que la nature met sur
» son chemin, il se trouve placé dans une position
» presque divine. Mais si, dans cette concurrence et
» cette lutte pour la suprématie, il s'élève de misérables
» jalousies, une petite politique d'intrigues et des pas-
a sions mesquines, ce* n'est guère pour la gloire de la
b nation qui commet cette faute. Le peuple anglais
» fait avec l'Inde un commerce plus grand que tout
11 le reste du monde ensemble. S'il y a quelqu'un qui
» tire avantage du canal de Suez, ce sera lui. »
Après avoir caractérisé et dénoncé la politique
de lord Palmerston sur ce point, et l'immense im-
popularité dont elle couvre l'Angleterre dans le
monde, l'orateur persistait encore :
» Il y a une autre partie du monde placée dans la
» même condition que l'isthme de Suez, c'est l'isthme
» de Panama, et dans ce moment les peuples de l'A-
» mérique, de la France et de l'Angleterre prennent
» un vif intérêt à l'établissement d'un canal et d'un
» chemin de fer à travers cet isthme. Mais, s'il est
» dans l'intérêt de l'humanité que l'obstacle de l'isthme
» de Panama soit enlevé, il est dix fois plus impor-
» tant que l'isthme de Suez soit percé, parce que les
» communications avec l'Inde et la Chine seraient
» beaucoup plus faciles, et que la plus grande partie
» du commerce du monde trouverait de grands avan-
» tages. La route de l'isthme de Panama donne ac-
» cès aux côtes occidentales de l'Amérique et peut-
» être aussi à nos possessions de l'Australie. Mais
» ces dernières seraient encore plus rapprochées par
» un canal à travers l'isthme Suez que par le
» canal de Panama. En effet, par le canal de Suez,
» l'Australie, l'archipel de l'Inde, la Chine, l'Inde,
» les côtes orientales d'Afrique, les côtes de la baie
» du Bengale se trouveraient plus rapprochés, et je
» pense que personne ne mettra en doute qu'une bien
» plus grande partie -de la surface de la terre sera
» ouverte au commerce par un canal à travers
» l'isthme de Suez que par un canal à travers
» l'isthme de Panama. (Écoutez 1 écoutez!)
» Je cherche en vain quelques arguments contre ce
» proj et. »
Aux préoccupations rétrogrades de lord Palmers-
ton, M. Rœbuck comparait la conduite généreuse du
viœ-roQ.. Il l'applaudissait de vouloir ouvrir une nou-
velle route à travers son pays aux progrès moraux
et matériels de l'humanité.
« Nous avons, disait-il, l'habitude de parler des
» Egyptiens et de leur souverain comme de barba-
» res. Ces barbares prétendus nous ont donné un-
« magnifique exemple. »
Et prenant la question de plus haut :
« Ceux qui représentent le peuple anglais feraient
o bien de prouver aux -nations et au monde entier
* que ce peuple De partage point l'égoïsme du der-
» nier gouvernement ( lord Palmerston venait de
» tomber), et que le gouvernement s'est trompé sur
» le sentiment de la nation anglaise et qu'il l'a mal
» interprété. S'il y a une chose qui peut nous conci-
» lier les peuples de l'Europe plus que' toute autre,
» et parmi eux le peuple français, ce serait de prou-
» ver que les Anglais sont un peuple magnanime,
fi qu'ils ne s'opposent point à ce qui est dans l'intérêt
Il du bien-être de leurs frères, et que comme nation,
» ils ont la volonté d'aider l'humanité à vaincre la
» nature. (Ecoutez! Ecoutez! )
Ces nobles et généreux accents ne manquèrent pas
de produire une vive émotion sur la Chambre des
Communes. M. Rœbuck était soutenu par les mem-
bres les plus' érninents de l'assemblée M. Griffith
déclarait « ne point comprendre comment il pouvait
être dans la politique de l'Angleterre d'entraver un
projet qui faciliterait le commerce du monde en-
tier. »
M. Milner Gibson proclamait qu'en portant sa
motion devant la Chambre, son honorable collègue
rendait un vrai service au pays, et comme preuve de
l'opinion sympathique de l'Angleterre, il citait les
meetings qui, dans toutes les villes commerciales du
Royaume-Uni, avaient approuvé le projet de M. de
Lesseps. Il réclamait donc que la Turquie fût aban-
donnée sur cette question à sa libre initiative.
Après lui, l'éloquent M. Gladstone éleva le débat à
sa plus grande hauteur ; il réduisit facilement en
poussière toutes les chicanes élevées par lord Pal-
merston et le sous-secrétaire d'État au ministère des
affaires étrangères, qui n'elffeuraient pas même les
grandes considérations développées par M. Rœbuck.
Il qualifia la résistance souterraine du gouvernement
de « système d'intervention coupable et arbitraire,
Il injustifiable et égoïste. Cette opposition , dit-il, est
» inconvenante, injuste, illégitime. Elle se fonde sur
Il des moyens illégitimes. Elle n'aurait jamais dû
» être élevée. Elle a été faite sans la sanction et sans
» l'approbation des chambres. » Il invitait l'assemblée
à n'en point partager la responsabilité. Il lui faisait
toucher du doigt les dangers et les hontes de cette
lutte immorale contre l'Europe et l'humanité, et il
concluait en indiquant la connexité de cette question
avec la grande politique, la politique nouvelle, la po-
litique de communauté, et non plus d'isolement et de
haine, qui doit être désormais la règle et est le pro-
chain avenir de l'Angleterre libérale. Citons cepen-
dant cette conclusion qui sera certainement le pro-
gramme politique du premier cabinet réformiste, dont
les événements nous annoncent l'inévitable accession
au pouvoir.
« Je suis profondément convaincu que dans l'état
» où se trouve l'opinion générale sur ce sujet, non-
» seulement la politique adoptée est une fausse po-
» litique, mais qu'elle est diamétralement opposée
» son bien-être. Et si, par son art et sa science, il
» peut vaincre les difficultés que la nature met sur
» son chemin, il se trouve placé dans une position
» presque divine. Mais si, dans cette concurrence et
» cette lutte pour la suprématie, il s'élève de misérables
» jalousies, une petite politique d'intrigues et des pas-
a sions mesquines, ce* n'est guère pour la gloire de la
b nation qui commet cette faute. Le peuple anglais
» fait avec l'Inde un commerce plus grand que tout
11 le reste du monde ensemble. S'il y a quelqu'un qui
» tire avantage du canal de Suez, ce sera lui. »
Après avoir caractérisé et dénoncé la politique
de lord Palmerston sur ce point, et l'immense im-
popularité dont elle couvre l'Angleterre dans le
monde, l'orateur persistait encore :
» Il y a une autre partie du monde placée dans la
» même condition que l'isthme de Suez, c'est l'isthme
» de Panama, et dans ce moment les peuples de l'A-
» mérique, de la France et de l'Angleterre prennent
» un vif intérêt à l'établissement d'un canal et d'un
» chemin de fer à travers cet isthme. Mais, s'il est
» dans l'intérêt de l'humanité que l'obstacle de l'isthme
» de Panama soit enlevé, il est dix fois plus impor-
» tant que l'isthme de Suez soit percé, parce que les
» communications avec l'Inde et la Chine seraient
» beaucoup plus faciles, et que la plus grande partie
» du commerce du monde trouverait de grands avan-
» tages. La route de l'isthme de Panama donne ac-
» cès aux côtes occidentales de l'Amérique et peut-
» être aussi à nos possessions de l'Australie. Mais
» ces dernières seraient encore plus rapprochées par
» un canal à travers l'isthme Suez que par le
» canal de Panama. En effet, par le canal de Suez,
» l'Australie, l'archipel de l'Inde, la Chine, l'Inde,
» les côtes orientales d'Afrique, les côtes de la baie
» du Bengale se trouveraient plus rapprochés, et je
» pense que personne ne mettra en doute qu'une bien
» plus grande partie -de la surface de la terre sera
» ouverte au commerce par un canal à travers
» l'isthme de Suez que par un canal à travers
» l'isthme de Panama. (Écoutez 1 écoutez!)
» Je cherche en vain quelques arguments contre ce
» proj et. »
Aux préoccupations rétrogrades de lord Palmers-
ton, M. Rœbuck comparait la conduite généreuse du
viœ-roQ.. Il l'applaudissait de vouloir ouvrir une nou-
velle route à travers son pays aux progrès moraux
et matériels de l'humanité.
« Nous avons, disait-il, l'habitude de parler des
» Egyptiens et de leur souverain comme de barba-
» res. Ces barbares prétendus nous ont donné un-
« magnifique exemple. »
Et prenant la question de plus haut :
« Ceux qui représentent le peuple anglais feraient
o bien de prouver aux -nations et au monde entier
* que ce peuple De partage point l'égoïsme du der-
» nier gouvernement ( lord Palmerston venait de
» tomber), et que le gouvernement s'est trompé sur
» le sentiment de la nation anglaise et qu'il l'a mal
» interprété. S'il y a une chose qui peut nous conci-
» lier les peuples de l'Europe plus que' toute autre,
» et parmi eux le peuple français, ce serait de prou-
» ver que les Anglais sont un peuple magnanime,
fi qu'ils ne s'opposent point à ce qui est dans l'intérêt
Il du bien-être de leurs frères, et que comme nation,
» ils ont la volonté d'aider l'humanité à vaincre la
» nature. (Ecoutez! Ecoutez! )
Ces nobles et généreux accents ne manquèrent pas
de produire une vive émotion sur la Chambre des
Communes. M. Rœbuck était soutenu par les mem-
bres les plus' érninents de l'assemblée M. Griffith
déclarait « ne point comprendre comment il pouvait
être dans la politique de l'Angleterre d'entraver un
projet qui faciliterait le commerce du monde en-
tier. »
M. Milner Gibson proclamait qu'en portant sa
motion devant la Chambre, son honorable collègue
rendait un vrai service au pays, et comme preuve de
l'opinion sympathique de l'Angleterre, il citait les
meetings qui, dans toutes les villes commerciales du
Royaume-Uni, avaient approuvé le projet de M. de
Lesseps. Il réclamait donc que la Turquie fût aban-
donnée sur cette question à sa libre initiative.
Après lui, l'éloquent M. Gladstone éleva le débat à
sa plus grande hauteur ; il réduisit facilement en
poussière toutes les chicanes élevées par lord Pal-
merston et le sous-secrétaire d'État au ministère des
affaires étrangères, qui n'elffeuraient pas même les
grandes considérations développées par M. Rœbuck.
Il qualifia la résistance souterraine du gouvernement
de « système d'intervention coupable et arbitraire,
Il injustifiable et égoïste. Cette opposition , dit-il, est
» inconvenante, injuste, illégitime. Elle se fonde sur
Il des moyens illégitimes. Elle n'aurait jamais dû
» être élevée. Elle a été faite sans la sanction et sans
» l'approbation des chambres. » Il invitait l'assemblée
à n'en point partager la responsabilité. Il lui faisait
toucher du doigt les dangers et les hontes de cette
lutte immorale contre l'Europe et l'humanité, et il
concluait en indiquant la connexité de cette question
avec la grande politique, la politique nouvelle, la po-
litique de communauté, et non plus d'isolement et de
haine, qui doit être désormais la règle et est le pro-
chain avenir de l'Angleterre libérale. Citons cepen-
dant cette conclusion qui sera certainement le pro-
gramme politique du premier cabinet réformiste, dont
les événements nous annoncent l'inévitable accession
au pouvoir.
« Je suis profondément convaincu que dans l'état
» où se trouve l'opinion générale sur ce sujet, non-
» seulement la politique adoptée est une fausse po-
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