Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-03-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mars 1859 15 mars 1859
Description : 1859/03/15 (A4,N66). 1859/03/15 (A4,N66).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529501w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
86 L'ISTHME DE SUEZ, MARDI 15 MARS.
»Dans quelques semaines peut-être, le premier coup de
pioche sera donné, et il retentira dans le monde entier.
Il excitera les applaudissements de tous les peuples ci-
vilisés, et même de l'Angleterre, revenue au sentiment
des droits de tous et à celui de ses propres intérêts. Il
faut même le dire, ce n'est pas à la nation anglaise qu'il
faut attribuer l'opposition dont ont retenti les lambris
du Parlement même. L'Angleterre moderne sait combien
il importe à sa dignité comme à sa prospérité de faci-
liter les relations internationales au lieu de les borner;
Dans un grand nombre de meetings, le percement de
l'isthme de Suez a trouvé en Angleterre de nombreux et
éloquents défenseurs. Au sein du Parlement, des voix
populaires et respectées lord John Russel, M. Gladstone,
M. Bright et d'autres encore se sont prononcés dans le
même sens, et si dans le Parlement, des orateurs ont fait
entendre leur voix contre le percement de l'isthme de
Suez, c'est qu'ils réprésentaient, du moins le plus re-
nommé, une politique vieillie, dont ils sont les derniers
et, grâce à Dieu, les impuissants interprètes.
» Tout marche donc à souhait pour l'isthme de Suez.
» MICIIEL CHEVALLIER. »
D'un autre côté, le traité Hardon ajoute encore à la
confiance que la presse a toujours montrée sur 1 issue
heureuse et avantageuse de l'entreprise. Ce traité,
discuté et commenté par plusieurs de nos feuilles pé-
riodiques, a satisfait autant les partisans du canal
qu'il a déconcerté ses adversaires : la Patrie, YAhhbur,
la Gazette du Midi, etc., etc., applaudissent à cette
nouvelle promesse d'une prompte et bonne exécution,
et voici comment cet acte est apprécié par la Pairie :
CI Que n'a-t-on pas dit sur les frais énormes qu'exige-
rait le percement de l'isthme de Suez ! S'il fallait en
croire les Anglais, lord Palmerston et l'ingénieur Ste-
phenson, on dépenserait 600,000,000. Cependant, la
Compagnie universelle a toujours soutenu que le ca-
pital de la souscription suffirait à l'accomplissement de
cette œuvre titanique. Mais voici qui est plus fort : l'en-
trepreneur qui se charge de ces travaux s'engage à faire
sur la somme de 200,000 millions des économies pour la
Compagnie et pour lui des bénéfices considérables. Je
cite un passage du journal l'Isthme de Suez. »
Ici l'écrivain reproduit, en effet, l'analyse que nous
avons publiée des principales clauses du traité ; et sur
l'entrepreneur lui même il fournit ensuite au public
les renseignements suivants :
« Cet entrepreneur est celui qui a construit toutes les
gares et stations du chemin de fer de Cherbourg, et qui
s'est bâti, dans l'avenue de l'Impératrice, un château
gothique qu'admirent en passant tous les promeneurs du
bois de Boulogne. Les conditions du marché conclu par
lui sont vraiment fort curieuses :
« Les économies obtenues sur les prix de base des de-
r vis seront la seule rémunération de l'entrepreneur ;
) 60 0/0 sont attribués à la Compagnie, 40 0/0 à l'entre-
» preneur. Ainsi les deux parties sont intéressées à la
D meilleure administration possible des travaux. Il y
) aura concours entre elles pour ménager la dépense.
» Autre chose encore : la Compagnie a stipulé que l'en-
» trepreneur devrait intéresser ses propres travailleurs
» d'au moins 25 0/0 à la participation de ses bénéfices.
» Ce système a réussi admirablement au même entre-
D preneur dans d'autres travaux analogues. Il confond,
» en effet, dans la même pensée tous les agents et tous
D les bénéficiaires du travail. La Compagnie est l'émule
» et l'auxiliaire de l'entrepreneur; les travailleurs, sub-
» ordonnés de l'entrepreneur, sont les émules et les
» auxiliaires de la Compagnie. »
» Jugez quelle va être l'émulation de ces divers asso-
ciés! Comme ils vont s'encourager, s'exciter, se sur-
veiller, et garantir de concert les intérêts communs !
» HENRY D'AUDIGIER. »
L'Akhbar , qui a toujours apprécié à sa juste valeur
pour notre colonie algérienne l'importance du perce-
ment de l'Isthme, tient assidûment ses lecteurs au
courant de ses progrès, et le traité Hardon lui inspire
les réflexions suivantes :
« Nous avons annoncé dans un de nos derniers numé-
ros le départ pour l'Egypte de M. de Lesseps et de M. A.
Hardon, entrepreneur des travaux préparatoires du ca-
nal. Aujourd'hui nous avons sous les yeux le traité signé
le 14 février courant, entre ce dernier et la Compagnie
universelle du canal de Suez.
» Aux clameurs poussées sur la faiblesse prétendue
des estimations des devis, nous ne connaissons point de
plus accablantes réponses que celle des clauses de ce
contrat. M. Hardon, possesseur d'une grande fortune
gagnée par son industrie et sa capacité, d'une habileté
et d'une expérience dont il a fait les preuves, prend
envers la Compagnie les plus explicites engagements,
lui assurant au minimum, avec garantie d'un cautionne-
ment de 1 million 200,000 fr., l'exécution des travaux
au prix des devis, et lui offrant les perspectives les plus
vraisemblables d'un beau rabais, puisque l'entrepreneur
ne peut retirer ses bénéfices que des économies obte-
nues sur les prix établis et que la Compagnie participe
au partage de ces économies pour les 3/5e» ou 60 0/0.
» La Compagnie vient d'obtenir le versement d'un
second à-compte sur les actions souscrites, avec autant
de facilité qu'elle avait eu le premier. Non-seulement
la masse compacte des actionnaires a répondu à son
appel, mais une très-grande partie lui a donné plus d'ar-
gent qu'elle n'en avait demandé. Un tiers au moins a
profité de la faculté de verser les deux cinquièmes des
actions.
» Fortement constituée dès le principe, la Société re-
çoit de cette nouvelle adhésion une force et une soli-
dité considérables.
» Au point de vue purement matériel, il en résulte
qu'elle se compose, comme nous l'avons déjà dit, d'ac-
tionnaires sérieux qui viennent de s'attacher par des
liens encore plus étroits à l'entreprise, et dont le con-
cours persistant est évidemment acquis.
» Au point de vue moral, ce fait contient un enseigne-
ment : c'est qu'il y a toujours en France des ressources
certaines pour les affaires qui, ayant un but utile et
lucratif à la fois, se présentent au public avec des garan-
ties de gestion probe autant qu'intelligente.
à Nous apprenons de source certaine que les travaux
»Dans quelques semaines peut-être, le premier coup de
pioche sera donné, et il retentira dans le monde entier.
Il excitera les applaudissements de tous les peuples ci-
vilisés, et même de l'Angleterre, revenue au sentiment
des droits de tous et à celui de ses propres intérêts. Il
faut même le dire, ce n'est pas à la nation anglaise qu'il
faut attribuer l'opposition dont ont retenti les lambris
du Parlement même. L'Angleterre moderne sait combien
il importe à sa dignité comme à sa prospérité de faci-
liter les relations internationales au lieu de les borner;
Dans un grand nombre de meetings, le percement de
l'isthme de Suez a trouvé en Angleterre de nombreux et
éloquents défenseurs. Au sein du Parlement, des voix
populaires et respectées lord John Russel, M. Gladstone,
M. Bright et d'autres encore se sont prononcés dans le
même sens, et si dans le Parlement, des orateurs ont fait
entendre leur voix contre le percement de l'isthme de
Suez, c'est qu'ils réprésentaient, du moins le plus re-
nommé, une politique vieillie, dont ils sont les derniers
et, grâce à Dieu, les impuissants interprètes.
» Tout marche donc à souhait pour l'isthme de Suez.
» MICIIEL CHEVALLIER. »
D'un autre côté, le traité Hardon ajoute encore à la
confiance que la presse a toujours montrée sur 1 issue
heureuse et avantageuse de l'entreprise. Ce traité,
discuté et commenté par plusieurs de nos feuilles pé-
riodiques, a satisfait autant les partisans du canal
qu'il a déconcerté ses adversaires : la Patrie, YAhhbur,
la Gazette du Midi, etc., etc., applaudissent à cette
nouvelle promesse d'une prompte et bonne exécution,
et voici comment cet acte est apprécié par la Pairie :
CI Que n'a-t-on pas dit sur les frais énormes qu'exige-
rait le percement de l'isthme de Suez ! S'il fallait en
croire les Anglais, lord Palmerston et l'ingénieur Ste-
phenson, on dépenserait 600,000,000. Cependant, la
Compagnie universelle a toujours soutenu que le ca-
pital de la souscription suffirait à l'accomplissement de
cette œuvre titanique. Mais voici qui est plus fort : l'en-
trepreneur qui se charge de ces travaux s'engage à faire
sur la somme de 200,000 millions des économies pour la
Compagnie et pour lui des bénéfices considérables. Je
cite un passage du journal l'Isthme de Suez. »
Ici l'écrivain reproduit, en effet, l'analyse que nous
avons publiée des principales clauses du traité ; et sur
l'entrepreneur lui même il fournit ensuite au public
les renseignements suivants :
« Cet entrepreneur est celui qui a construit toutes les
gares et stations du chemin de fer de Cherbourg, et qui
s'est bâti, dans l'avenue de l'Impératrice, un château
gothique qu'admirent en passant tous les promeneurs du
bois de Boulogne. Les conditions du marché conclu par
lui sont vraiment fort curieuses :
« Les économies obtenues sur les prix de base des de-
r vis seront la seule rémunération de l'entrepreneur ;
) 60 0/0 sont attribués à la Compagnie, 40 0/0 à l'entre-
» preneur. Ainsi les deux parties sont intéressées à la
D meilleure administration possible des travaux. Il y
) aura concours entre elles pour ménager la dépense.
» Autre chose encore : la Compagnie a stipulé que l'en-
» trepreneur devrait intéresser ses propres travailleurs
» d'au moins 25 0/0 à la participation de ses bénéfices.
» Ce système a réussi admirablement au même entre-
D preneur dans d'autres travaux analogues. Il confond,
» en effet, dans la même pensée tous les agents et tous
D les bénéficiaires du travail. La Compagnie est l'émule
» et l'auxiliaire de l'entrepreneur; les travailleurs, sub-
» ordonnés de l'entrepreneur, sont les émules et les
» auxiliaires de la Compagnie. »
» Jugez quelle va être l'émulation de ces divers asso-
ciés! Comme ils vont s'encourager, s'exciter, se sur-
veiller, et garantir de concert les intérêts communs !
» HENRY D'AUDIGIER. »
L'Akhbar , qui a toujours apprécié à sa juste valeur
pour notre colonie algérienne l'importance du perce-
ment de l'Isthme, tient assidûment ses lecteurs au
courant de ses progrès, et le traité Hardon lui inspire
les réflexions suivantes :
« Nous avons annoncé dans un de nos derniers numé-
ros le départ pour l'Egypte de M. de Lesseps et de M. A.
Hardon, entrepreneur des travaux préparatoires du ca-
nal. Aujourd'hui nous avons sous les yeux le traité signé
le 14 février courant, entre ce dernier et la Compagnie
universelle du canal de Suez.
» Aux clameurs poussées sur la faiblesse prétendue
des estimations des devis, nous ne connaissons point de
plus accablantes réponses que celle des clauses de ce
contrat. M. Hardon, possesseur d'une grande fortune
gagnée par son industrie et sa capacité, d'une habileté
et d'une expérience dont il a fait les preuves, prend
envers la Compagnie les plus explicites engagements,
lui assurant au minimum, avec garantie d'un cautionne-
ment de 1 million 200,000 fr., l'exécution des travaux
au prix des devis, et lui offrant les perspectives les plus
vraisemblables d'un beau rabais, puisque l'entrepreneur
ne peut retirer ses bénéfices que des économies obte-
nues sur les prix établis et que la Compagnie participe
au partage de ces économies pour les 3/5e» ou 60 0/0.
» La Compagnie vient d'obtenir le versement d'un
second à-compte sur les actions souscrites, avec autant
de facilité qu'elle avait eu le premier. Non-seulement
la masse compacte des actionnaires a répondu à son
appel, mais une très-grande partie lui a donné plus d'ar-
gent qu'elle n'en avait demandé. Un tiers au moins a
profité de la faculté de verser les deux cinquièmes des
actions.
» Fortement constituée dès le principe, la Société re-
çoit de cette nouvelle adhésion une force et une soli-
dité considérables.
» Au point de vue purement matériel, il en résulte
qu'elle se compose, comme nous l'avons déjà dit, d'ac-
tionnaires sérieux qui viennent de s'attacher par des
liens encore plus étroits à l'entreprise, et dont le con-
cours persistant est évidemment acquis.
» Au point de vue moral, ce fait contient un enseigne-
ment : c'est qu'il y a toujours en France des ressources
certaines pour les affaires qui, ayant un but utile et
lucratif à la fois, se présentent au public avec des garan-
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