Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-05-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mai 1859 01 mai 1859
Description : 1859/05/01 (A4,N69). 1859/05/01 (A4,N69).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295044
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
132 L'ISTHME DE SUEZ, 1er MAI.
l'œuvre qui va s'accomplir, et elles y contribueront par
le travail d'ouvriers libres, dont le salaire sera plus bas
encore que ne l'avait prévu la Compagnie interna-
tionale.
» Parvenue à l'extrémité de la ligne projetée du ca-
nal d'eau douce, c'est-à-dire à l'endroit où il atteint le
parcours du canal maritime, la caravane à suivi vers
le Sud la ligne de cette grande voie interocéanique.
Chemin faisant, les hommes spéciaux ont pu déterminer
certaines rectifications du tracé qui permettront de di-
minuer considérablement la quantité des déblais à
opérer pour creuser le canal, et qui augmenteront la
somme totale des économies.
» M. de Lesseps et ses compagnons sont arrivés à
Suez, où ils ont campé dans les premiers jours de ce
mois.
» Pendant ces opérations, des études spéciales se
poursuivaient simultanément par des agents de la
Compagnie du côté de Suez et du côté de Péluse.
D Vers Suez, on trouve les montagnes de l'Attaka.
Leurs carrières donneront des pierres de taille en
abondance et par blocs considérables. La Compagnie
ne sera pas obligée d'aller les chercher à grands frais,
comme on l'avait cru d'abord, dans certaines iles de la
Méditerranée.
» Vers Péluse, M. Larousse , ingénieur hydrographe
de notre marine impériale, s'occupait en même temps
de compléter les sondages de la baie, afin de détermi-
ner d'une manière précise où s'ouvrira l'embouchure
du canal.
1 Tels étaient les objets principaux du voyage de
M. de Lesseps , et on voit combien ils sont essentiels,
De Suez, les voyageurs sont revenus au Caire, d'où ils
doivent repartir presque immédiatement pour complé-
ter l'exécution de leur mission en se rendant à Péluse,
en vue des travaux de M. Larousse.
Il Pendant ce temps, on a dû continuer de préparer à
Paris les études et les travaux qui ont pour objet la
construction des machines, le choix et l'acquisition des
instruments, le logement ainsi que l'alimentation des
employés et ouvriers.
» Ainsi, depuis la formation de la Compagnie, rien
n'a été négligé pour la poursuite du but qu'il s'agit
d'atteindre, et tout prouve qu'on fait chaque jour un
nouveau progrès dans cette voie.
» Mais, dira-t-on, les obstacles politiques ne subsis-
tent ils pas? L'opposition qu'a rencontré le projet est-
elle surmontée?
» A ces questions, nous répondrons : Oui et non.
» Les choses de ce monde ne vont pas ordinairement
au gré des esprits impatiens. Les obstacles ne s'écartent
pas en quelques heures par la seule raison qu'ils gê-
nent. Ce serait trop commode. Or, il est parfaitement
certain qu'une des puissances européennes à laquelle
sont dues toutes sortes d'égards et de ménagements,
n'a pas vu avec plaisir commencer l'entreprise. Sa ré-
pugnance est-elle complétement dissipée ? On ne peut le
dire ; mais il est certain qu'elle a diminué considéra-
blement, sous l'empire du fait acquis, dont nos voisins
font toujours très-grand cas. Ils font cas aussi des témoi-
gnages de la conscience publique, et nul peuple au
monde n'aime à se mettre obstinément en révolte
contre tous les principes d'équité et de civilisation.
» Tant que ce sentiment, qui grandit tous les jours
chez nos voisins, en ce qui touche le percement de
l'isthme de Suez, n'aura pas acquis assez de force pour
dominer complètement la répugnance dont nous avons
parlé, l'exécution du canal maritime de Suez sera expo-
sée à des difficultés de détail, à des contrariétés peut-
être ; mais la cause est gagnée, le succès définitif a été
assuré par les souscripteurs qui ont formé le capital de
la Compagnie.
» Cependant, en dehors de l'Angleterre, on rencontre
des journaux qui semblent prendre un grand plaisir à
propager à l'encontre de cette œuvre grandiose tous
les mauvais bruits imaginables , toutes les nouvelles
controuvées. Tantôt ils représentent le vice-roi qui a
donné la concession comme défavorable à l'entreprise,
tantôt des ouvriers et employés de la Compagnie au-
raient été arrêtés par ses ordres. Une fois ce sont les
Bédouins qui menacent d'interrompre les travaux. Une
autre fois, les matériaux envoyés en Egypte pour les
travaux actuels du canal n'auraient pas été admis au
débarquement. Toutes ces nouvelles sont fausses. Le
vice-roi n'a point cessé un seul instant de protéger l'en-
treprise; des fonctionnaires qui s'étaient mépris sur ses
intentions ont été rappelés à l'ordre. L'un deux a été
destitué. Les habitants du pays montrent les meilleures
dispositions et s'offrent à prendre part aux travaux.
Les matériaux ont été débarqués en franchise, et un
journal égyptien, le Progresso, qui, passant à tort pour
semi-officiel, accréditait toutes ces faussetés, a été in-
vité à la circonspection.
» On concevrait qu'en Angleterre un patriotisme
trompé triomphât des échecs que pourrait éprouver le
canal de Suez. Mais on ne comprend pas quelle déplo-
rable satisfaction on semble trouver ailleurs à se per-
suader et à persuader aux autres que le canal rencon-
trera des obstacles insurmontables ; quel plaisir peut-on
avoir à supposer l'avortement d'une œuvre si belle à
tous les points de vue, si intéressante pour tout le
monde, pour le philosophe comme pour le commerçant,
pour la civilisation, pour la religion et pour l'huma-
nité ?
» C'est ce dont on ne peut se rendre compte, à moins
qu'on ne l'explique par les plus tristes infirmités de
l'esprit humain.
) Un spirituel abbé, que la fantaisie populaire voulut
pendre un jour dans les rues de Paris , sauva sa vie
par ce mot rempli de bon sens : « Citoyens, quand
vous m'aurez mis à la lanterne, y verrez-vous plus
clair ? » — Nous disons, de même : Quand on aurait
réussi, par de faux bruits et de malignes inventions, à
créer quelque obstacle au canal de Suez, en passerait-
t-on plus vite d'une mer à l'autre ?
Pour extrait : P. DUBOIS.
l'œuvre qui va s'accomplir, et elles y contribueront par
le travail d'ouvriers libres, dont le salaire sera plus bas
encore que ne l'avait prévu la Compagnie interna-
tionale.
» Parvenue à l'extrémité de la ligne projetée du ca-
nal d'eau douce, c'est-à-dire à l'endroit où il atteint le
parcours du canal maritime, la caravane à suivi vers
le Sud la ligne de cette grande voie interocéanique.
Chemin faisant, les hommes spéciaux ont pu déterminer
certaines rectifications du tracé qui permettront de di-
minuer considérablement la quantité des déblais à
opérer pour creuser le canal, et qui augmenteront la
somme totale des économies.
» M. de Lesseps et ses compagnons sont arrivés à
Suez, où ils ont campé dans les premiers jours de ce
mois.
» Pendant ces opérations, des études spéciales se
poursuivaient simultanément par des agents de la
Compagnie du côté de Suez et du côté de Péluse.
D Vers Suez, on trouve les montagnes de l'Attaka.
Leurs carrières donneront des pierres de taille en
abondance et par blocs considérables. La Compagnie
ne sera pas obligée d'aller les chercher à grands frais,
comme on l'avait cru d'abord, dans certaines iles de la
Méditerranée.
» Vers Péluse, M. Larousse , ingénieur hydrographe
de notre marine impériale, s'occupait en même temps
de compléter les sondages de la baie, afin de détermi-
ner d'une manière précise où s'ouvrira l'embouchure
du canal.
1 Tels étaient les objets principaux du voyage de
M. de Lesseps , et on voit combien ils sont essentiels,
De Suez, les voyageurs sont revenus au Caire, d'où ils
doivent repartir presque immédiatement pour complé-
ter l'exécution de leur mission en se rendant à Péluse,
en vue des travaux de M. Larousse.
Il Pendant ce temps, on a dû continuer de préparer à
Paris les études et les travaux qui ont pour objet la
construction des machines, le choix et l'acquisition des
instruments, le logement ainsi que l'alimentation des
employés et ouvriers.
» Ainsi, depuis la formation de la Compagnie, rien
n'a été négligé pour la poursuite du but qu'il s'agit
d'atteindre, et tout prouve qu'on fait chaque jour un
nouveau progrès dans cette voie.
» Mais, dira-t-on, les obstacles politiques ne subsis-
tent ils pas? L'opposition qu'a rencontré le projet est-
elle surmontée?
» A ces questions, nous répondrons : Oui et non.
» Les choses de ce monde ne vont pas ordinairement
au gré des esprits impatiens. Les obstacles ne s'écartent
pas en quelques heures par la seule raison qu'ils gê-
nent. Ce serait trop commode. Or, il est parfaitement
certain qu'une des puissances européennes à laquelle
sont dues toutes sortes d'égards et de ménagements,
n'a pas vu avec plaisir commencer l'entreprise. Sa ré-
pugnance est-elle complétement dissipée ? On ne peut le
dire ; mais il est certain qu'elle a diminué considéra-
blement, sous l'empire du fait acquis, dont nos voisins
font toujours très-grand cas. Ils font cas aussi des témoi-
gnages de la conscience publique, et nul peuple au
monde n'aime à se mettre obstinément en révolte
contre tous les principes d'équité et de civilisation.
» Tant que ce sentiment, qui grandit tous les jours
chez nos voisins, en ce qui touche le percement de
l'isthme de Suez, n'aura pas acquis assez de force pour
dominer complètement la répugnance dont nous avons
parlé, l'exécution du canal maritime de Suez sera expo-
sée à des difficultés de détail, à des contrariétés peut-
être ; mais la cause est gagnée, le succès définitif a été
assuré par les souscripteurs qui ont formé le capital de
la Compagnie.
» Cependant, en dehors de l'Angleterre, on rencontre
des journaux qui semblent prendre un grand plaisir à
propager à l'encontre de cette œuvre grandiose tous
les mauvais bruits imaginables , toutes les nouvelles
controuvées. Tantôt ils représentent le vice-roi qui a
donné la concession comme défavorable à l'entreprise,
tantôt des ouvriers et employés de la Compagnie au-
raient été arrêtés par ses ordres. Une fois ce sont les
Bédouins qui menacent d'interrompre les travaux. Une
autre fois, les matériaux envoyés en Egypte pour les
travaux actuels du canal n'auraient pas été admis au
débarquement. Toutes ces nouvelles sont fausses. Le
vice-roi n'a point cessé un seul instant de protéger l'en-
treprise; des fonctionnaires qui s'étaient mépris sur ses
intentions ont été rappelés à l'ordre. L'un deux a été
destitué. Les habitants du pays montrent les meilleures
dispositions et s'offrent à prendre part aux travaux.
Les matériaux ont été débarqués en franchise, et un
journal égyptien, le Progresso, qui, passant à tort pour
semi-officiel, accréditait toutes ces faussetés, a été in-
vité à la circonspection.
» On concevrait qu'en Angleterre un patriotisme
trompé triomphât des échecs que pourrait éprouver le
canal de Suez. Mais on ne comprend pas quelle déplo-
rable satisfaction on semble trouver ailleurs à se per-
suader et à persuader aux autres que le canal rencon-
trera des obstacles insurmontables ; quel plaisir peut-on
avoir à supposer l'avortement d'une œuvre si belle à
tous les points de vue, si intéressante pour tout le
monde, pour le philosophe comme pour le commerçant,
pour la civilisation, pour la religion et pour l'huma-
nité ?
» C'est ce dont on ne peut se rendre compte, à moins
qu'on ne l'explique par les plus tristes infirmités de
l'esprit humain.
) Un spirituel abbé, que la fantaisie populaire voulut
pendre un jour dans les rues de Paris , sauva sa vie
par ce mot rempli de bon sens : « Citoyens, quand
vous m'aurez mis à la lanterne, y verrez-vous plus
clair ? » — Nous disons, de même : Quand on aurait
réussi, par de faux bruits et de malignes inventions, à
créer quelque obstacle au canal de Suez, en passerait-
t-on plus vite d'une mer à l'autre ?
Pour extrait : P. DUBOIS.
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