Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-05-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mai 1859 01 mai 1859
Description : 1859/05/01 (A4,N69). 1859/05/01 (A4,N69).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295044
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
1er MAI. JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 143
commerce sait parfaitement que c'est dans ces contrées
de l'extrême Orient qu'il a aujourd'hui le plus de chan-
ces de trouver de nombreux débouchés pour l'exubé-
rante et toujours croissante production des manufac-
tures européennes.
Parmi le groupe d'Etats dont se compose le monde
Indo-Chinois, il en est un dont notre commerce a de sé-
rieux motifs de se préoccuper ; c'est la Birmanie, qui,
par sa position géographique comme par ses ressources
naturelles, y tient l'un des premiers rangs. Les rap-
ports de nos commandants de marine constatent, en
outre, un fait qui est de nature à encourager les ten-
tatives de notre commerce, c'est que tout ce qui est
français ou d'origine française est en général favorable-
ment accueilli dans l'empire birman. Nous y avons
laissé quelques souvenirs, et, vers la fin de l'ancienne
monarchie, nous y avons, pendant plusieurs années,
occupé un poste (syriam) conjointement avec les Hol-
landais et les Anglais. Il importe donc aujourd'hui que
notre commerce se préoccupe de ce pays, de ses res-
sources, de ses productions, de l'état de ses relations
avec les divers ports de l'Inde ou de l'occident ; il im-
porte qu'il se rende compte surtout des progrès qu'y
a fait, en un assez court espace d'années, celui de
l'Angleterre. Nous allons essayer de le dire en quelques
mots.
Rappelons d'abord que l'empire birman, partie en
quelque sorte du continent annamite, est formé de
quatre provinces principales comptant, dit-on, quatre
millions d'habitants (1), à savoir : Laos, Martaban, A va
et Pégu. Commercialement et politiquement, c'est cette
dernière province qui est la plus importante. Par sa si-
tuation sur le golfe du Bengale, non loin des bouches
du Gange et vis a-vis des établissement de l'Inde an-
glaise, le Pégu paraît des plus favorablement placés
pour les relations commerciales ; il est, en outre, l'une
des clefs de la Chine, avec laquelle il communique soit
directement soit par le Tonkin.
Les Anglais, avec leur génie d'entreprise et leur ha-
bileté colonisatrice, ont de bonne heure et parfaitement
compris l'avantage de cette position, et ils se sont em-
pressés de se créer, sur le littoral de la Birmanie, des
points fixes qui , aujourd'hui, sont en pleine voie de
prospérité. Ce sont au fégu, Rangoun, et, sur la côte
d'Aracan, Akyab, puis encore, au fond du golfe de Mar-
tabau, l'établissement de Moulmain. Ces trois points, en
corrélation directe avec les colonies britanniques de
l'Inde, forment comme un trait d'union entre celles-ci
et les empires chinois et japonais.
Rangoun est de beaucoup le plus important de ces
trois comptoirs anglais. Situé à l'extrémité sud de l'em-
(1) L'empire de Burmah ou de Birmah était autrefois beaucoup
plus étendu. Avant la guerre anglaise de 1824, il s'étendait, sous le
nom d'empire d'Ava, depuis la province chinoise de Yun-Nan au
nord, jusqu'à l'isthme de Kraw au sud, et embrassait à l'est les
royaumes de Siam et de Laos. Il comptait alors, dit-on, une popula-
l¡flll de 17 millions d'habitants. Cette observation peut expliquer les
différences énormes qu'on trouve, au sujet de la population bir-
mane, entre les diverses statistiques.
pire birman, il est, avec le port de Bassien, le principal
entrepôt de la province de Pégu, annexée en partie
depuis 1852 à l'Inde britannique. C'est, à proprement
parler, la bouche commerciale de la Birmanie. Avant
l'annexion de 1852, l'étendue des cultures, dans le dis-
trict de Rangoun, ne dépassait pas 60,000 ares. En 1851,
d'après des données officielles (1), ces cultures couvraient
217,966 ares. En 1850, on estimait la population du Pégu
à environ 300,000 âmes ; elle serait aujourd'hui de 570,180.
Le commerce du Pégu avec le Bengale, Singapore et
la Malaisie ne dépassait guère, en 1853, 5 millions de
roupies (12,500,000 fr.) ; on l'estime, pour 1857, à 20 mil-
lions de roupies, ou 50 millions de francs. En quatre ans,
il aurait donc quadruplé. Voilà les fruits très-positifs de
l'intervention du commerce anglais dans ces parages.
Un fait remarquable, c'est que l'insurrection des Ci-
payes de l'Inde, en 1857 et 1858, n'a nullement affecté la
tranquillité de la province du Pégu. Le revenu, pour
l'année expirant au 30 avril 1858, s'y est élevé à plus de
40 laks de roupies (2), soit à environ 10 millions de francs
et a présenté un accroissement d'autant plus remarqua-
ble qu'il paraît uniquement dû aux progrès de la popu-
lation et au développement du commerce.
Le principal produit du Pégu ( on pourrait presque
dire de toute la Birmanie) est le riz, qui constitue la
nourriture principale de la population. Le Pégu en ex-
pédie de fortes quantités en Chine et dans le bassin de
l'Inde. En 1855, l'exportation n'était encore que de
80,338 tonnes, en 1857-58, elle s'est élevée à 354,882 tonnes.
C'est par Rangoun, et plus encore peut-être par Akyab
(côte d'Arracan), que se font les expéditions de cette
denrée, qui y est habituellement d'un remarquable bon
marché. Les autres articles d'exportation du Pégu sont
en première ligne, le bois de Teck, si précieux pour la
mâture et la construction, puis l'huile de pétrole, les
laques, surtout l'espèce connue sous le nom de Stick-
Lac ; certaines drogues pour la pharmacie ; les toiles
dites Guny, pour la confection des sacs ; du minerai de
fer de très-bonne qualité, dit-on ; des marbres, dont les
bâtiments de la Compagnie des Indes forment leur lest;
du plomb, de l'étain, du cuivre, tous objets de fort
chargement ; enfin, des pierres précieuses, des rubis,
des diamants, de l'argent, de la cire, du cachou, de
l'ivoire, et une foule de matières tinctoriales, drogues
pharmaceutiques et produits premiers, propres aux arts
industriels.
Quant aux importations que fait le Pégu, elles sont de
deux sortes, celles qu'y apporte le grand cabotage de
l'Inde, et qui se composent des produits et denrées des
contrées indiennes ; puis celles qui, directement ou par
les entrepôts anglais de l'Inde, proviennent des fabriques
d'Occident : les cotonnades, les lainages, les métaux,
les outils, la quincaillerie, un peu de verrerie, de la
houille, etc. Les indoues, toiles peintes et tissus dits
(1) Annales du commerce extérieur. C'est à cette importante
publication du dépôt du commerce que nous empruntons la plupart
des données numériques consignées dans cet article.
(2) La roupie vaut 2 fr. 50 cent. — Le lak de roupies compte
100,000 roupies et vaut ainsi 250,000 fr.
commerce sait parfaitement que c'est dans ces contrées
de l'extrême Orient qu'il a aujourd'hui le plus de chan-
ces de trouver de nombreux débouchés pour l'exubé-
rante et toujours croissante production des manufac-
tures européennes.
Parmi le groupe d'Etats dont se compose le monde
Indo-Chinois, il en est un dont notre commerce a de sé-
rieux motifs de se préoccuper ; c'est la Birmanie, qui,
par sa position géographique comme par ses ressources
naturelles, y tient l'un des premiers rangs. Les rap-
ports de nos commandants de marine constatent, en
outre, un fait qui est de nature à encourager les ten-
tatives de notre commerce, c'est que tout ce qui est
français ou d'origine française est en général favorable-
ment accueilli dans l'empire birman. Nous y avons
laissé quelques souvenirs, et, vers la fin de l'ancienne
monarchie, nous y avons, pendant plusieurs années,
occupé un poste (syriam) conjointement avec les Hol-
landais et les Anglais. Il importe donc aujourd'hui que
notre commerce se préoccupe de ce pays, de ses res-
sources, de ses productions, de l'état de ses relations
avec les divers ports de l'Inde ou de l'occident ; il im-
porte qu'il se rende compte surtout des progrès qu'y
a fait, en un assez court espace d'années, celui de
l'Angleterre. Nous allons essayer de le dire en quelques
mots.
Rappelons d'abord que l'empire birman, partie en
quelque sorte du continent annamite, est formé de
quatre provinces principales comptant, dit-on, quatre
millions d'habitants (1), à savoir : Laos, Martaban, A va
et Pégu. Commercialement et politiquement, c'est cette
dernière province qui est la plus importante. Par sa si-
tuation sur le golfe du Bengale, non loin des bouches
du Gange et vis a-vis des établissement de l'Inde an-
glaise, le Pégu paraît des plus favorablement placés
pour les relations commerciales ; il est, en outre, l'une
des clefs de la Chine, avec laquelle il communique soit
directement soit par le Tonkin.
Les Anglais, avec leur génie d'entreprise et leur ha-
bileté colonisatrice, ont de bonne heure et parfaitement
compris l'avantage de cette position, et ils se sont em-
pressés de se créer, sur le littoral de la Birmanie, des
points fixes qui , aujourd'hui, sont en pleine voie de
prospérité. Ce sont au fégu, Rangoun, et, sur la côte
d'Aracan, Akyab, puis encore, au fond du golfe de Mar-
tabau, l'établissement de Moulmain. Ces trois points, en
corrélation directe avec les colonies britanniques de
l'Inde, forment comme un trait d'union entre celles-ci
et les empires chinois et japonais.
Rangoun est de beaucoup le plus important de ces
trois comptoirs anglais. Situé à l'extrémité sud de l'em-
(1) L'empire de Burmah ou de Birmah était autrefois beaucoup
plus étendu. Avant la guerre anglaise de 1824, il s'étendait, sous le
nom d'empire d'Ava, depuis la province chinoise de Yun-Nan au
nord, jusqu'à l'isthme de Kraw au sud, et embrassait à l'est les
royaumes de Siam et de Laos. Il comptait alors, dit-on, une popula-
l¡flll de 17 millions d'habitants. Cette observation peut expliquer les
différences énormes qu'on trouve, au sujet de la population bir-
mane, entre les diverses statistiques.
pire birman, il est, avec le port de Bassien, le principal
entrepôt de la province de Pégu, annexée en partie
depuis 1852 à l'Inde britannique. C'est, à proprement
parler, la bouche commerciale de la Birmanie. Avant
l'annexion de 1852, l'étendue des cultures, dans le dis-
trict de Rangoun, ne dépassait pas 60,000 ares. En 1851,
d'après des données officielles (1), ces cultures couvraient
217,966 ares. En 1850, on estimait la population du Pégu
à environ 300,000 âmes ; elle serait aujourd'hui de 570,180.
Le commerce du Pégu avec le Bengale, Singapore et
la Malaisie ne dépassait guère, en 1853, 5 millions de
roupies (12,500,000 fr.) ; on l'estime, pour 1857, à 20 mil-
lions de roupies, ou 50 millions de francs. En quatre ans,
il aurait donc quadruplé. Voilà les fruits très-positifs de
l'intervention du commerce anglais dans ces parages.
Un fait remarquable, c'est que l'insurrection des Ci-
payes de l'Inde, en 1857 et 1858, n'a nullement affecté la
tranquillité de la province du Pégu. Le revenu, pour
l'année expirant au 30 avril 1858, s'y est élevé à plus de
40 laks de roupies (2), soit à environ 10 millions de francs
et a présenté un accroissement d'autant plus remarqua-
ble qu'il paraît uniquement dû aux progrès de la popu-
lation et au développement du commerce.
Le principal produit du Pégu ( on pourrait presque
dire de toute la Birmanie) est le riz, qui constitue la
nourriture principale de la population. Le Pégu en ex-
pédie de fortes quantités en Chine et dans le bassin de
l'Inde. En 1855, l'exportation n'était encore que de
80,338 tonnes, en 1857-58, elle s'est élevée à 354,882 tonnes.
C'est par Rangoun, et plus encore peut-être par Akyab
(côte d'Arracan), que se font les expéditions de cette
denrée, qui y est habituellement d'un remarquable bon
marché. Les autres articles d'exportation du Pégu sont
en première ligne, le bois de Teck, si précieux pour la
mâture et la construction, puis l'huile de pétrole, les
laques, surtout l'espèce connue sous le nom de Stick-
Lac ; certaines drogues pour la pharmacie ; les toiles
dites Guny, pour la confection des sacs ; du minerai de
fer de très-bonne qualité, dit-on ; des marbres, dont les
bâtiments de la Compagnie des Indes forment leur lest;
du plomb, de l'étain, du cuivre, tous objets de fort
chargement ; enfin, des pierres précieuses, des rubis,
des diamants, de l'argent, de la cire, du cachou, de
l'ivoire, et une foule de matières tinctoriales, drogues
pharmaceutiques et produits premiers, propres aux arts
industriels.
Quant aux importations que fait le Pégu, elles sont de
deux sortes, celles qu'y apporte le grand cabotage de
l'Inde, et qui se composent des produits et denrées des
contrées indiennes ; puis celles qui, directement ou par
les entrepôts anglais de l'Inde, proviennent des fabriques
d'Occident : les cotonnades, les lainages, les métaux,
les outils, la quincaillerie, un peu de verrerie, de la
houille, etc. Les indoues, toiles peintes et tissus dits
(1) Annales du commerce extérieur. C'est à cette importante
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