Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-05-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mai 1859 01 mai 1859
Description : 1859/05/01 (A4,N69). 1859/05/01 (A4,N69).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65295044
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
140 L'ISTHME DE SUEZ, 1er MAI
de mangliers, platanes, cocotiers, et d'autres arbres
taillés de façon à former des corbeilles et des pagodes.
A l'intérieur des maisons, il y avait des salons avec des
portes glissant à travers des ouvertures circulaires.
» Nous nous rendîmes ensuite à l'habitation particu-
lière du bon gentleman, en entrant par un arc de triom-
phe chinois. Il me dit avoir 10 milles de routes carros-
sables autour de sa propriété : elle est située sur une
belle étendue de terrain accidenté, conquis sur un jun-
gle, et disposé avec un goût rare. Dans les environs,
un tigre tua dernièrement un homme. Dans son jardin,
je trouvai jacko (un singe), vivant dans une cage en jonc,
tout près d'un porc-épic ; il y avait aussi quelques oiseaux
rares. Plus loin, quelques buffles brahmines de très-
petite taille, une chèvre de cachemire et une famille de
jeunes kangourous. Il y avait toutes sortes de belles
fleurs, qui m'étaient inconnues, placées autour dans d'é-
normes vases chinois. J'y aperçus pour la première fois
l'arbre à thé en pleine terre; il est de la famille des
camélias, haut de 3 ou 4 pied&àpeu près, et porte une
petite fleur blanche. On me montra aussi la « fleur de
la lune, » espèce de convolvulus qui ne s'ouvre que
dans la nuit. Il y avait un parterre de « timbales des
singes, » — fleur qui recueille de l'eau , et au dessous
de laquelle jacko vient se rafraîchir dans les jungles.
Le palmier à éventails, arbre magnifique, rendit de l'eau
fraîche et limpide, en y faisant des incisions avec le
canif. Quelques plantes grimpantes étaient conduites
sur des fils de fer, de façon à imiter des dragons ayant
des coquilles d'oeuf à la place des yeux; et il y avait
une quantité des fameux arbres nains, — les premiers
que j'aie vus, — de petits chênes, de dix-huit pouces de
hauteur, semblables à de petits vieillards décrépits.
» La maison était magnifiquement meublée dans le
style anglais, mais avec des lanternes tout autour. A six
heures, les hôtes arrivèrent, — presque tous des An-
glais, — vêtus de vestes et de pantalons blancs. Le
diner fut admirablement servi, en bon style de Londres,
et tous les accessoires, tels que vaisselle, verres, vins
et plats étaient parfaits. La manière tranquille et atten-
tive dont les petits Chinois faisaient le service, méritait
tout éloge. Après le dîner, nous fimes une promenade à
travers les salons, ornés d'estampes anglaises représentant
la famille royale, de statuettes, de curiosités provenant
de toutes les parties du monde, et de rares objets en
jade. Nous y trouvâmes aussi le portrait du fils de la
maison, qui est élevé à Edimbourg; il était vêtu à la
mode anglaise. »
Pour extrait : ERNEST DESPLACES.
OPINION D'UN ACTIONNAIRE.
Dans tous les temps, et surtout depuis que la civilil
sation a chassé la barbarie, on a construit des ponts,
on a établi des routes, on a creusé des canaux pour
rendre les communications plus commodes, plus promp-
tes et plus économiques.
Lorsque Louis XIV a fait creuser le canal de Tou-
louse, qui a illustré Riquet, personne en Europe ne
s'est avisé de contester au roi de France ce droit de
propriété gouvernemental.
Si, a l'exemple de Louis XIV, le vice-roi d'Egypte
avait exécuté, à ses frais, le canal de Suez, pour l'uti-
lité internationale de son pays, cette entreprise serait
un droit de propriété, que raisonnablement personne
ne pourrait lui contester.
Admettons par supposition que la surface du globe
terrestre ne formât qu'un seul État, il pourrait se faire
que le monarque , voulant augmenter les moyens de
communications, ordonnât de réunir la mer Caspienne
avec le Tigre qui se jette dans le golfe Persi jue; on
obtiendrait par le Volga et 1 Oural, qui se jettent tous
les deux dans la mer Caspienne, une communication
de plus entre le nord de l'Europe et les Indes. Il pour-
rait également ordonner la réunion de la mer Caspienne
avec la mer Noire.
Il est certain, dans cet état de choses, que les autori-
tés locales de l'Angleterre, ou de toute autre fraction de
l'empire universel, ne s'opposeraient pas aux ordres du
ministre des travaux publics de l'univers.
Que les monarques et les gouvernements s'entendent
pour multiplier les travaux d'utilité universelle, ils au-
ront mérité le titre de bienfaiteurs de l'humanité.
La France, qui a une grande part dans le percement
de l'isthme de Suez, aura contribué à réaliser cette
idée.
Pour moi, citoyen obscur, sans calculer mes intérêts
personnels, je m'estime heureux d'avoir, dans la mesure
de mes facultés, contribué à la réalisation d'une entre-
prise utile, et d'associer mon nom à une œuvre glo-
rieuse pour la France.
DOT,
propriétaire, et officier d'infantcrie en retraite.
Toulon, avril 1859.
CORRESPONDANCES ENTRE L'EUROPE ET L'AUSTRALIE.
L'administration du Post-Office britannique a
publié l'avis suivant, en ce qui concerne le nou-
veau service des malles entre l'Europe et l'Australie
touchant à Maurice et à la Réunion.
« L'ancien contrat du gouvernement, pour le trans-
port des malles d'Australie, étant arrivé à expiration, le
nouveau qu'elle a conclu avec la Compagnie péninsu-
laire et orientale entre en vigueur. D'après ce nouveau
contrat une communication régulière mensuelle viâ Suez
est assurée entre l'Europe et les colonies australien-
nes, y compris la Tasmanie et la Nouvelle-Zélande. Les
steamers de cette ligne , au lieu de passer comme pré -
cédemment par Ceylan, toucheront à Maurice, et feront
en même temps le service postal de cette dernière colo-
nie , à laquelle une communication mensuelle régulière
avec l'Europe se trouve ainsi assurée.
» La première malle suivant le nouvel itinéraire, sera
fermée à Londres le 12 mars, au matin, pour les corres-
pondances dirigées l'id Soutampthon (partie lourde de la
malle), et le 18 mars au soir pour les correspondances
l'id Marseille (partie légère).
de mangliers, platanes, cocotiers, et d'autres arbres
taillés de façon à former des corbeilles et des pagodes.
A l'intérieur des maisons, il y avait des salons avec des
portes glissant à travers des ouvertures circulaires.
» Nous nous rendîmes ensuite à l'habitation particu-
lière du bon gentleman, en entrant par un arc de triom-
phe chinois. Il me dit avoir 10 milles de routes carros-
sables autour de sa propriété : elle est située sur une
belle étendue de terrain accidenté, conquis sur un jun-
gle, et disposé avec un goût rare. Dans les environs,
un tigre tua dernièrement un homme. Dans son jardin,
je trouvai jacko (un singe), vivant dans une cage en jonc,
tout près d'un porc-épic ; il y avait aussi quelques oiseaux
rares. Plus loin, quelques buffles brahmines de très-
petite taille, une chèvre de cachemire et une famille de
jeunes kangourous. Il y avait toutes sortes de belles
fleurs, qui m'étaient inconnues, placées autour dans d'é-
normes vases chinois. J'y aperçus pour la première fois
l'arbre à thé en pleine terre; il est de la famille des
camélias, haut de 3 ou 4 pied&àpeu près, et porte une
petite fleur blanche. On me montra aussi la « fleur de
la lune, » espèce de convolvulus qui ne s'ouvre que
dans la nuit. Il y avait un parterre de « timbales des
singes, » — fleur qui recueille de l'eau , et au dessous
de laquelle jacko vient se rafraîchir dans les jungles.
Le palmier à éventails, arbre magnifique, rendit de l'eau
fraîche et limpide, en y faisant des incisions avec le
canif. Quelques plantes grimpantes étaient conduites
sur des fils de fer, de façon à imiter des dragons ayant
des coquilles d'oeuf à la place des yeux; et il y avait
une quantité des fameux arbres nains, — les premiers
que j'aie vus, — de petits chênes, de dix-huit pouces de
hauteur, semblables à de petits vieillards décrépits.
» La maison était magnifiquement meublée dans le
style anglais, mais avec des lanternes tout autour. A six
heures, les hôtes arrivèrent, — presque tous des An-
glais, — vêtus de vestes et de pantalons blancs. Le
diner fut admirablement servi, en bon style de Londres,
et tous les accessoires, tels que vaisselle, verres, vins
et plats étaient parfaits. La manière tranquille et atten-
tive dont les petits Chinois faisaient le service, méritait
tout éloge. Après le dîner, nous fimes une promenade à
travers les salons, ornés d'estampes anglaises représentant
la famille royale, de statuettes, de curiosités provenant
de toutes les parties du monde, et de rares objets en
jade. Nous y trouvâmes aussi le portrait du fils de la
maison, qui est élevé à Edimbourg; il était vêtu à la
mode anglaise. »
Pour extrait : ERNEST DESPLACES.
OPINION D'UN ACTIONNAIRE.
Dans tous les temps, et surtout depuis que la civilil
sation a chassé la barbarie, on a construit des ponts,
on a établi des routes, on a creusé des canaux pour
rendre les communications plus commodes, plus promp-
tes et plus économiques.
Lorsque Louis XIV a fait creuser le canal de Tou-
louse, qui a illustré Riquet, personne en Europe ne
s'est avisé de contester au roi de France ce droit de
propriété gouvernemental.
Si, a l'exemple de Louis XIV, le vice-roi d'Egypte
avait exécuté, à ses frais, le canal de Suez, pour l'uti-
lité internationale de son pays, cette entreprise serait
un droit de propriété, que raisonnablement personne
ne pourrait lui contester.
Admettons par supposition que la surface du globe
terrestre ne formât qu'un seul État, il pourrait se faire
que le monarque , voulant augmenter les moyens de
communications, ordonnât de réunir la mer Caspienne
avec le Tigre qui se jette dans le golfe Persi jue; on
obtiendrait par le Volga et 1 Oural, qui se jettent tous
les deux dans la mer Caspienne, une communication
de plus entre le nord de l'Europe et les Indes. Il pour-
rait également ordonner la réunion de la mer Caspienne
avec la mer Noire.
Il est certain, dans cet état de choses, que les autori-
tés locales de l'Angleterre, ou de toute autre fraction de
l'empire universel, ne s'opposeraient pas aux ordres du
ministre des travaux publics de l'univers.
Que les monarques et les gouvernements s'entendent
pour multiplier les travaux d'utilité universelle, ils au-
ront mérité le titre de bienfaiteurs de l'humanité.
La France, qui a une grande part dans le percement
de l'isthme de Suez, aura contribué à réaliser cette
idée.
Pour moi, citoyen obscur, sans calculer mes intérêts
personnels, je m'estime heureux d'avoir, dans la mesure
de mes facultés, contribué à la réalisation d'une entre-
prise utile, et d'associer mon nom à une œuvre glo-
rieuse pour la France.
DOT,
propriétaire, et officier d'infantcrie en retraite.
Toulon, avril 1859.
CORRESPONDANCES ENTRE L'EUROPE ET L'AUSTRALIE.
L'administration du Post-Office britannique a
publié l'avis suivant, en ce qui concerne le nou-
veau service des malles entre l'Europe et l'Australie
touchant à Maurice et à la Réunion.
« L'ancien contrat du gouvernement, pour le trans-
port des malles d'Australie, étant arrivé à expiration, le
nouveau qu'elle a conclu avec la Compagnie péninsu-
laire et orientale entre en vigueur. D'après ce nouveau
contrat une communication régulière mensuelle viâ Suez
est assurée entre l'Europe et les colonies australien-
nes, y compris la Tasmanie et la Nouvelle-Zélande. Les
steamers de cette ligne , au lieu de passer comme pré -
cédemment par Ceylan, toucheront à Maurice, et feront
en même temps le service postal de cette dernière colo-
nie , à laquelle une communication mensuelle régulière
avec l'Europe se trouve ainsi assurée.
» La première malle suivant le nouvel itinéraire, sera
fermée à Londres le 12 mars, au matin, pour les corres-
pondances dirigées l'id Soutampthon (partie lourde de la
malle), et le 18 mars au soir pour les correspondances
l'id Marseille (partie légère).
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