Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-04-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 avril 1859 15 avril 1859
Description : 1859/04/15 (A4,N68). 1859/04/15 (A4,N68).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529503q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
15 AVRIL. JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. m
tion au canal. Nous pouvons dire à coup sûr que
c'est la conduite que suivront partout les agents an-
glais, qui pourront bien manœuvrer souterrainement
contre ce projet, mais ne peuvent hautement avouer
leur pensée et leur résistance.
Comment le pourraient-ils, en effet? Le gouverne-
ment anglais s'est engagé, dans les termes les plus
formels envers la Chambre des communes, de s'abs-
tenir de toute pression à ce sujet, et à Con&tanti-
nople, et au Caire. Une note écrite dans ce sens serait
donc un acte d'accusation, soit contre lui, soit contre
ses agents. Quand on lui reprochait au Parlement de
peser sur le sultan : « Je nie, disait-il ; il n'y a pas
de preuves. » Il est évident qu'il saurait peu de gré à
celui de ses subordonnés qui commettrait l'impru-
dence d'en fournir.
C'est ce qui fait que l'opposition du gouvernement
anglais ne peut avoir ni consistance ni puissance. Si
elle existe, elle ne peut que s'agiter obscurément
dans le bas-fonds de l'intrigue. Mais si elle n'existe
pas, comment peut-il se laisser compromettre à ce
point par l'un de ses subalternes?
Cette situation doit prouver et au gouvernement
de la Porte et au gouvernement égyptien avec quelle
sécurité ils peuvent obéir en cette circonstance à
leurs propres inclinations et aux intérêts de leurs
peuples. Le ministère anglais est lié par l'opinion de
son pays, par ses engagements parlementaires, et
certes M. Green ne reculerait pas devant la rédac
tion d'une note s'il ne savait d'avance que cette dé.
marche le conduirait à un blâme et à un désaveu
inévitables.
Cependant, nous avons parlé des bonnes dispositions
du pacha d'Egypte, des bonnes dispositions de la
Porte : celles du vice-roi sont certes incontestables.
Les dispositions et les décisions de la Porte sont-elles
beaucoup plus douteuses?
Pour résoudre cette dernière question, il va nous
suffire de résumer les faits le plus brièvement possi-
ble.
Au commencement de 1855, M. Ferdinand de
Lesseps, muni de son acte de concession, se rendit à
Constantinople afin de solliciter du gouvernement du
sultan son adhésion à cet acte. Le négociateur se
présenta au nom du vice-roi. Il fut accueilli et par
le sultan et par ses ministres avec la plus grande
bienveillance, et M. de Lesseps, étant obligé de quitter
Constantinople pendant qu'on délibérait sur la ques-
tion, fut chargé, par le grand-vizir Reschid-Pacha,
d'une lettre adressée au vice-roi, et dans laquelle le
premier ministre exprimait à S. A. toute la sympa-
thie du sultan et du gouvernement pour l'entreprise,
la qualifiant d'entreprise des plus utiles et des plus
intéressantes.
Cette dépêche ; à la date du 1er mars 1855, a été
reproduite dans le premier volume des documents pu-
bliés par M. de Lesseps.
Un an après, au commencement de 1856, le grand-
vizir actuel, Aali-Pacha , était chargé de la mission
de représenter la Turquie au congrès, qui fut cou-
ronné par le traité de paix de Paris. Ce représentant
de la Porte ne manqua aucune occasion de déclarer
à ses collègues et au gouvernement français lui-même
que le sultan ne pouvait voir qu'avec faveur et sym-
pathie le projet du canal de Suez, également favo-
rable aux intérêts de l'empire et aux progrès du
monde, et que son gouvernement était tout disposé
à lui accorder un loyal concours. Dans le courant de
la même année (1856), Aali-Pacha fut remplacé au
grand-vizirat par son prédécesseur, Reschid-Pacha.
C'était le moment où le cabinet anglais et surtout
l'ambassadeur d'Angleterre, lord Stratford de Red-
cliffe , appuyait le projet du chemin de fer de l'Eu-
plirate, qui a depuis si complétement échoué. On pré-
tendait élever une rivalité entre ce projet et le canal
de Suez. On articulait que l'un était incompatible
avec l'autre, et que la Porte penchait pour la com-
munication par l'Euphrate. En ce moment il est no-
toire que l'un des organes du gouvernement turc, et
du grand-vizir personnellement, était le Journal de
Constantinople.
Dans un article sous la date du 20 novembre 1856,
cette feuille jugea qu'il était opportun et utile de faire
connaître au monde les sentiments de la Turquie.
Nous allons citer textuellement ses paroles, et après
qu'on les aura lues, nous n'aurons pas besoin de faire
remarquer que c'était bien au nom et avec l'autori-
sation du gouvernement turc que parlait le Journal
de Constantinople.
« A propos du chemin de l'Euphrate, nous crûmes
devoir émettre quelques idées sur le projet du perce-
ment de l'isthme de Suez Ce que nous avons dit a été
remarqué par les journaux d'Europe, comme si nous
eussions exprimé une opinion surprenante. Qu'avions-
nous affirmé ? Que le percement de l'isthme de Suez ne pou-
vait, considéré en lui-même, trouver de contradicteurs sérieux,
et qu'il n'y avait de difficile dans cette question que
l'entente diplomatique. Ce n'est pas la première fois
que nous avons tenu ce langage, et nous ne savons
pourquoi on l'a considéré comme une nouveauté ; on a
même voulu y voir la manifestation d'une pensée supérieure à
la nôtre. Nous ne sommes pas maîtres d'empêcher les interpré-
tations ; mais nous pouvons dire qu'il n'est jamais entré
dans notre pensée NI DANS CELLE DE LA SUBLIME PORTE
de faire l'esprit fort vis-à-vis des données certaines de la
science. Les savants, les hommes experts ont étudié
toutes les questions pratiques et économiques du perce-
ment de l'isthme de Suez; et lorsqu'ils en affirment les
immenses avantages, nous ne sommes pas assez pré-
somptueux pour les nier, d'autant plus que nous serions
embarrassés de soutenir notre opposition, si nous avions
à en faire. Nous avons lu tout ce qui a été écrit sur ce
sujet dans les livres et dans les journaux, et nous avons
tion au canal. Nous pouvons dire à coup sûr que
c'est la conduite que suivront partout les agents an-
glais, qui pourront bien manœuvrer souterrainement
contre ce projet, mais ne peuvent hautement avouer
leur pensée et leur résistance.
Comment le pourraient-ils, en effet? Le gouverne-
ment anglais s'est engagé, dans les termes les plus
formels envers la Chambre des communes, de s'abs-
tenir de toute pression à ce sujet, et à Con&tanti-
nople, et au Caire. Une note écrite dans ce sens serait
donc un acte d'accusation, soit contre lui, soit contre
ses agents. Quand on lui reprochait au Parlement de
peser sur le sultan : « Je nie, disait-il ; il n'y a pas
de preuves. » Il est évident qu'il saurait peu de gré à
celui de ses subordonnés qui commettrait l'impru-
dence d'en fournir.
C'est ce qui fait que l'opposition du gouvernement
anglais ne peut avoir ni consistance ni puissance. Si
elle existe, elle ne peut que s'agiter obscurément
dans le bas-fonds de l'intrigue. Mais si elle n'existe
pas, comment peut-il se laisser compromettre à ce
point par l'un de ses subalternes?
Cette situation doit prouver et au gouvernement
de la Porte et au gouvernement égyptien avec quelle
sécurité ils peuvent obéir en cette circonstance à
leurs propres inclinations et aux intérêts de leurs
peuples. Le ministère anglais est lié par l'opinion de
son pays, par ses engagements parlementaires, et
certes M. Green ne reculerait pas devant la rédac
tion d'une note s'il ne savait d'avance que cette dé.
marche le conduirait à un blâme et à un désaveu
inévitables.
Cependant, nous avons parlé des bonnes dispositions
du pacha d'Egypte, des bonnes dispositions de la
Porte : celles du vice-roi sont certes incontestables.
Les dispositions et les décisions de la Porte sont-elles
beaucoup plus douteuses?
Pour résoudre cette dernière question, il va nous
suffire de résumer les faits le plus brièvement possi-
ble.
Au commencement de 1855, M. Ferdinand de
Lesseps, muni de son acte de concession, se rendit à
Constantinople afin de solliciter du gouvernement du
sultan son adhésion à cet acte. Le négociateur se
présenta au nom du vice-roi. Il fut accueilli et par
le sultan et par ses ministres avec la plus grande
bienveillance, et M. de Lesseps, étant obligé de quitter
Constantinople pendant qu'on délibérait sur la ques-
tion, fut chargé, par le grand-vizir Reschid-Pacha,
d'une lettre adressée au vice-roi, et dans laquelle le
premier ministre exprimait à S. A. toute la sympa-
thie du sultan et du gouvernement pour l'entreprise,
la qualifiant d'entreprise des plus utiles et des plus
intéressantes.
Cette dépêche ; à la date du 1er mars 1855, a été
reproduite dans le premier volume des documents pu-
bliés par M. de Lesseps.
Un an après, au commencement de 1856, le grand-
vizir actuel, Aali-Pacha , était chargé de la mission
de représenter la Turquie au congrès, qui fut cou-
ronné par le traité de paix de Paris. Ce représentant
de la Porte ne manqua aucune occasion de déclarer
à ses collègues et au gouvernement français lui-même
que le sultan ne pouvait voir qu'avec faveur et sym-
pathie le projet du canal de Suez, également favo-
rable aux intérêts de l'empire et aux progrès du
monde, et que son gouvernement était tout disposé
à lui accorder un loyal concours. Dans le courant de
la même année (1856), Aali-Pacha fut remplacé au
grand-vizirat par son prédécesseur, Reschid-Pacha.
C'était le moment où le cabinet anglais et surtout
l'ambassadeur d'Angleterre, lord Stratford de Red-
cliffe , appuyait le projet du chemin de fer de l'Eu-
plirate, qui a depuis si complétement échoué. On pré-
tendait élever une rivalité entre ce projet et le canal
de Suez. On articulait que l'un était incompatible
avec l'autre, et que la Porte penchait pour la com-
munication par l'Euphrate. En ce moment il est no-
toire que l'un des organes du gouvernement turc, et
du grand-vizir personnellement, était le Journal de
Constantinople.
Dans un article sous la date du 20 novembre 1856,
cette feuille jugea qu'il était opportun et utile de faire
connaître au monde les sentiments de la Turquie.
Nous allons citer textuellement ses paroles, et après
qu'on les aura lues, nous n'aurons pas besoin de faire
remarquer que c'était bien au nom et avec l'autori-
sation du gouvernement turc que parlait le Journal
de Constantinople.
« A propos du chemin de l'Euphrate, nous crûmes
devoir émettre quelques idées sur le projet du perce-
ment de l'isthme de Suez Ce que nous avons dit a été
remarqué par les journaux d'Europe, comme si nous
eussions exprimé une opinion surprenante. Qu'avions-
nous affirmé ? Que le percement de l'isthme de Suez ne pou-
vait, considéré en lui-même, trouver de contradicteurs sérieux,
et qu'il n'y avait de difficile dans cette question que
l'entente diplomatique. Ce n'est pas la première fois
que nous avons tenu ce langage, et nous ne savons
pourquoi on l'a considéré comme une nouveauté ; on a
même voulu y voir la manifestation d'une pensée supérieure à
la nôtre. Nous ne sommes pas maîtres d'empêcher les interpré-
tations ; mais nous pouvons dire qu'il n'est jamais entré
dans notre pensée NI DANS CELLE DE LA SUBLIME PORTE
de faire l'esprit fort vis-à-vis des données certaines de la
science. Les savants, les hommes experts ont étudié
toutes les questions pratiques et économiques du perce-
ment de l'isthme de Suez; et lorsqu'ils en affirment les
immenses avantages, nous ne sommes pas assez pré-
somptueux pour les nier, d'autant plus que nous serions
embarrassés de soutenir notre opposition, si nous avions
à en faire. Nous avons lu tout ce qui a été écrit sur ce
sujet dans les livres et dans les journaux, et nous avons
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 5/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6529503q/f5.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6529503q/f5.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6529503q/f5.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6529503q
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6529503q
Facebook
Twitter