Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1859-04-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 avril 1859 15 avril 1859
Description : 1859/04/15 (A4,N68). 1859/04/15 (A4,N68).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529503q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
114 L'ISTHME DE SUEZ, 15 AVRIL.
par les tribus et leurs cheicks, avec un empressement
et une sympathie qui leur ap'aniraient les obstacles s'il
s'en pouvait trouver. Ainsi il est complétement inexact
que le gouvernement égyptien ait élevé la moindre
difficulté relativement aux vues qui amenaient M. de
Lesseps en Egypte. Nous avons maintenant à racon-
ter les résultats de ces explorations et de ces travaux
préparatoires, préliminaire indispensable et naturel
de toute opération de cette nature.
Partie le 21 mars munie de tous les objets néces-
saires au succès de son voyage, la caravane s'est
dirigée sur le centre de l'isthme, portant d'abord
ses études et ses reconnaissances sur le terrain que
doit traverser le canal d'eau douce, l'Ouadée-Toumi-
lat (vallée de Gessen), marchant ainsi vers le lac
Timsah. Dans la reconnaissance de la vallée, les ob-
servations les plus intéressantes et les plus avanta-
geuses ont été faites.
Le canal d'eau douce sera rectifié de façon à pré-
senter des économies nouvelles sur les devis. Les dé-
légués du Conseil, qui ont la pratique de l'agriculture,
ont été étonnés de la richesse des terres qui, dès à
présent, ont été gagnées sur le désert dès qu'on y a
fait arriver l'eau. Dans la première partie de la route,
entre le Caire et l'isthme, où il y a vingt ans l'on ne
voyait que du sable, les voyageurs ont passé au
milieu de jardins et de prairies couvertes de bestiaux.
De Korein à Salbieh, dans la vallée, ils ont longé de
magnifiques cultures, comprenant 80,000 pieds de
palmiers, arrosés par des puits nombreux, et ils ont
abouti au seuil d'El Guisr, vers le lac Timsah, après
avoir vérifié encore la fécondité et la facilité d'arrose-
ment du vaste plateau qui s'étend au-dessus du lac,
et qui ajoutera encore considérablement aux sur-
faces cultivables.
Sur les belles perspectives que présente sous ce
rapport l'entreprise de la culture, nous ne pouvons
mieux faire que de laisser parler notre correspondant
lui-même :
« Quand on n'a pas visité pas à pas, comme nous
» venons de le faire, la ligne projetée de nos travaux,
Il on ne peut se faire une juste idée de la magnificence
» et de la richesse de notre concession. Partout une
» terre bonne et cultivable, même sur le grand pla-
» teau au nord de la vallée, représenté à tort sur la
» carte comme un sol montueux. Partout de l'eau
» douce et fécondante à une profondeur de trois à
» cinq mètres, excepté pourtant vers Suez. Partout
» des broussailles épaisses pouvant fournir d'excellent
» combustible, et sur les coteaux, au nord du lac
» Timsah, des carrières inépuisables de chaux, de
» sable et de moellons. »
Ces dernières paroles nous reportent naturellement
aux facilités observées pour l'exécution du canal
maritime. Les fouilles, comme on vient de le voir,
ont amené la découverte des matériaux les plus pré-
cieux et les plus économiques pour la construction du
port central du lac Timsah et pour les travaux que
doivent occasionner les besoins de la ligne maritime.
Ces carrières sont, en effet, au centre même de l'isthme,
et, en outre, tout le terrain de l'isthme fournit en abon-
dance les meilleurs cailloux à béton. Une étude nou-
velle des localités a fait reconnaître qu'au seuil d'El-
guisr, par exemple, une légère inflexion dans la
ligne du canal maritime allait infailliblement éco-
nomiser un mouvement de terre de plusieurs millions
de mètres cubes.
La présence de l'eau potable à une profondeur
de 3 à 5 mètres, a fourni la certitude de pouvoir
approvisionner d'eau potable les travailleurs moyen-
nant des frais très-peu considérables, sans les dépenses
des appareils distillatoires, et sans avoir à attendre
que le canal d'eau douce fut arrivé au lac Timsah.
Enfin, les populations voisines ne se sont point
contentées de manifester, pour l'entreprise, les meil-
leur sentiments ; on peut, dès à présent, prévoir une
diminution dans le prix de la main-d'œuvre. « Les
» cheicks des localités où nous nous sommes arrêtés
» et qui sont venus nous entretenir, nous dit notre
» correspondant, comprennent toute l'importance du
» canal maritime et du canal d'eau douce pour leur
» pays. Ils affirment qu'il n'y aura aucune difficulté
» à se procurer des travailleurs libres dans nos con-
» ditions de bon traitement et de paiement régulier.
» Les uns disent que nous n'aurons pas à les payer
» plus de deux piastres et demie à trois piastres,
» d'autres disent trois piastres et demie. Bref, leur
» maximum serait une moyenne de 80 centimes, et
» dans l'Ouadée, le cheick a déclaré que le prix de
» la journée n'était que d'une piastre et demie, c'est-
» à-dire moins de 40 centimes. »
L'ingénieur en chef, M. Mougel-Bey, qui, comme
on le voit, n'a pas donné sa démission et n'en a ja-
mais eu la plus légère pensée, conduit ces opérations
avec une activité et une justesse de coup d'oeil au-
dessus de tout éloge. Il est secondé avec autant de
bonheur que d'intelligence par l'entrepreneur général
des travaux et les hommes de métier que ce dernier
a conduits avec lui. Un seul fait va faire juger des
résultats hautement satisfaisants obtenus jusqu'ici.
On sait que par son contrat, l'entrepreneur général
s'est engagé, ou à exécuter l'ensemble des travaux,
au-dessous des devis de la commission internationale,
ou à partager avec la Compagnie, et à son choix, les
bénéfices résultant des économies qu'il pourra réali-
ser. Or, dès à présent, il se déclare prêt à doubler
son cautionnement de 1,200,000 francs, si l'on veut lui
accorder un marché ferme pour l'exécution de l'en-
treprise au rabais stipulé. Mais il reconnaît loyale-
ment en même temps que la Compagnie aura de bien
plus grands bénéfices à conserver la part qu'elle s'est
réservée dans les économies effectuées, et c'est l'avis
par les tribus et leurs cheicks, avec un empressement
et une sympathie qui leur ap'aniraient les obstacles s'il
s'en pouvait trouver. Ainsi il est complétement inexact
que le gouvernement égyptien ait élevé la moindre
difficulté relativement aux vues qui amenaient M. de
Lesseps en Egypte. Nous avons maintenant à racon-
ter les résultats de ces explorations et de ces travaux
préparatoires, préliminaire indispensable et naturel
de toute opération de cette nature.
Partie le 21 mars munie de tous les objets néces-
saires au succès de son voyage, la caravane s'est
dirigée sur le centre de l'isthme, portant d'abord
ses études et ses reconnaissances sur le terrain que
doit traverser le canal d'eau douce, l'Ouadée-Toumi-
lat (vallée de Gessen), marchant ainsi vers le lac
Timsah. Dans la reconnaissance de la vallée, les ob-
servations les plus intéressantes et les plus avanta-
geuses ont été faites.
Le canal d'eau douce sera rectifié de façon à pré-
senter des économies nouvelles sur les devis. Les dé-
légués du Conseil, qui ont la pratique de l'agriculture,
ont été étonnés de la richesse des terres qui, dès à
présent, ont été gagnées sur le désert dès qu'on y a
fait arriver l'eau. Dans la première partie de la route,
entre le Caire et l'isthme, où il y a vingt ans l'on ne
voyait que du sable, les voyageurs ont passé au
milieu de jardins et de prairies couvertes de bestiaux.
De Korein à Salbieh, dans la vallée, ils ont longé de
magnifiques cultures, comprenant 80,000 pieds de
palmiers, arrosés par des puits nombreux, et ils ont
abouti au seuil d'El Guisr, vers le lac Timsah, après
avoir vérifié encore la fécondité et la facilité d'arrose-
ment du vaste plateau qui s'étend au-dessus du lac,
et qui ajoutera encore considérablement aux sur-
faces cultivables.
Sur les belles perspectives que présente sous ce
rapport l'entreprise de la culture, nous ne pouvons
mieux faire que de laisser parler notre correspondant
lui-même :
« Quand on n'a pas visité pas à pas, comme nous
» venons de le faire, la ligne projetée de nos travaux,
Il on ne peut se faire une juste idée de la magnificence
» et de la richesse de notre concession. Partout une
» terre bonne et cultivable, même sur le grand pla-
» teau au nord de la vallée, représenté à tort sur la
» carte comme un sol montueux. Partout de l'eau
» douce et fécondante à une profondeur de trois à
» cinq mètres, excepté pourtant vers Suez. Partout
» des broussailles épaisses pouvant fournir d'excellent
» combustible, et sur les coteaux, au nord du lac
» Timsah, des carrières inépuisables de chaux, de
» sable et de moellons. »
Ces dernières paroles nous reportent naturellement
aux facilités observées pour l'exécution du canal
maritime. Les fouilles, comme on vient de le voir,
ont amené la découverte des matériaux les plus pré-
cieux et les plus économiques pour la construction du
port central du lac Timsah et pour les travaux que
doivent occasionner les besoins de la ligne maritime.
Ces carrières sont, en effet, au centre même de l'isthme,
et, en outre, tout le terrain de l'isthme fournit en abon-
dance les meilleurs cailloux à béton. Une étude nou-
velle des localités a fait reconnaître qu'au seuil d'El-
guisr, par exemple, une légère inflexion dans la
ligne du canal maritime allait infailliblement éco-
nomiser un mouvement de terre de plusieurs millions
de mètres cubes.
La présence de l'eau potable à une profondeur
de 3 à 5 mètres, a fourni la certitude de pouvoir
approvisionner d'eau potable les travailleurs moyen-
nant des frais très-peu considérables, sans les dépenses
des appareils distillatoires, et sans avoir à attendre
que le canal d'eau douce fut arrivé au lac Timsah.
Enfin, les populations voisines ne se sont point
contentées de manifester, pour l'entreprise, les meil-
leur sentiments ; on peut, dès à présent, prévoir une
diminution dans le prix de la main-d'œuvre. « Les
» cheicks des localités où nous nous sommes arrêtés
» et qui sont venus nous entretenir, nous dit notre
» correspondant, comprennent toute l'importance du
» canal maritime et du canal d'eau douce pour leur
» pays. Ils affirment qu'il n'y aura aucune difficulté
» à se procurer des travailleurs libres dans nos con-
» ditions de bon traitement et de paiement régulier.
» Les uns disent que nous n'aurons pas à les payer
» plus de deux piastres et demie à trois piastres,
» d'autres disent trois piastres et demie. Bref, leur
» maximum serait une moyenne de 80 centimes, et
» dans l'Ouadée, le cheick a déclaré que le prix de
» la journée n'était que d'une piastre et demie, c'est-
» à-dire moins de 40 centimes. »
L'ingénieur en chef, M. Mougel-Bey, qui, comme
on le voit, n'a pas donné sa démission et n'en a ja-
mais eu la plus légère pensée, conduit ces opérations
avec une activité et une justesse de coup d'oeil au-
dessus de tout éloge. Il est secondé avec autant de
bonheur que d'intelligence par l'entrepreneur général
des travaux et les hommes de métier que ce dernier
a conduits avec lui. Un seul fait va faire juger des
résultats hautement satisfaisants obtenus jusqu'ici.
On sait que par son contrat, l'entrepreneur général
s'est engagé, ou à exécuter l'ensemble des travaux,
au-dessous des devis de la commission internationale,
ou à partager avec la Compagnie, et à son choix, les
bénéfices résultant des économies qu'il pourra réali-
ser. Or, dès à présent, il se déclare prêt à doubler
son cautionnement de 1,200,000 francs, si l'on veut lui
accorder un marché ferme pour l'exécution de l'en-
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ment en même temps que la Compagnie aura de bien
plus grands bénéfices à conserver la part qu'elle s'est
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